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INTRODUCTION
15
ontologique, moral et politique extraordinaire
4
. Par conséquent, il s’est
avéré quasiment impossible, malgré toute intention initiale de notre part et
avec un certain regret, en raison de notre formation de juriste, d’écrire sur
l’autonomie d’un point de vue purement juridique, car, épistémologique-
ment et méthodologiquement
5
. l’aboutissement d’une telle décision, par
crainte peut-être d’explorer des objets de connaissance si étrangers, des
domaines qui nous paraissent encore largement des
terrae incognitae
,
serait, on le suppose
ex post
, la description ou plutôt la citation mécanique
4
Il serait inutile, voire impossible de citer ici une bibliographie interminable ; or, la question de l’auto-
nomie, traverse explicitement ou implicitement la majorité des ouvrages de philosophie morale et politi-
que, à travers les notions voisines de liberté, de subjectivité, de dignité, de bonheur, de propriété etc. On
se borne à la citation des contributions qui sont très proches de la problématique de la relation entre la
volonté et la raison comme celle de Harry F
RANKFURT
, « Freedom of the will and the concept of a person »,
in Gary W
ATSON
(ed.),
Free Will
, Oxford, 1982, Joseph R
AZ
,
Engaging Reason
, Oxford, 1999, Joel F
EIN-
BERG
,
Harm to self
, Oxford, 1986, Gerald D
WORKIN
,
The Theory and Practice of autonomy
, Cambridge,
1991, Jeremy W
ALDRON
, « A right to do wrong »,
Ethics
, vol. 92, octobre 1981, pp. 21-39, Michela M
AR-
ZANO
,
Je consens, donc je suis
, P.U.F., 2006, Alain R
ENAUT
,
L’ère de l’individu
, Gallimard, 1989, Jerome
B. S
CHNEEWIND
,
L’invention de l’autonomie. Une historie de la philosophie morale moderne
, Nrf
Essais, Gallimard, Paris, 2001. Voir aussi les deux tomes de la revue
Droits
, consacrés à
La liberté du
consentement
, PUF, Paris, 2009, Marlène J
OUAN
, Sandra L
AUGIER
(dir.),
Comment penser l’autonomie,
Entre compétences et dépendances
, PUF, Paris, 2009, Corinne P
ELLUCHON
,
L’autonomie brisée, bioéthi-
que et philosophie
, PUF, Léviathan, Paris, 2009.
5
Christian A
TIAS
,
Épistémologie juridique
, P.U.F, Paris, 1985. On a opté alors pour une approche qui
associe le droit à la philosophie politique, voire à la philosophie morale en raison de la complexité et de la
pluridisciplinarité de notre objet de recherche. En effet, cette étude entend une jonction entre la philoso-
phie du droit et le droit positif, car il nous semble que la majorité des études sur la liberté ou l’autonomie
de la personne se limite soit à une sorte d’encyclopédisme du droit positif, soit à une pure abstraction.
Pour être plus précis, il n’y a aucune étude de droit public traitant la question de l’autonomie comme
autonomie de la volonté.
A fortiori
, les ouvrages récents sur l’autonomie de la personne, comme celui de
Michela Marzano, portent sur la valeur philosophique de la question sans tenir sérieusement compte de
ses effets juridiques. C’est alors également une critique de la connaissance juridique qu’on essaie d’adres-
ser par l’acceptation implicite de la faiblesse de la science pure du droit d’expliquer les phénomènes nor-
matifs, notamment quand il s’agit des concepts comme l’autonomie qui doivent beaucoup à l’abstraction
philosophique. En outre, le renouveau de la philosophie politique et l’intérêt croissant actuel pour la théo-
rie du droit semblent conforter l’opportunité de notre tentative.
Last but not least
, c’est l’ambigüité du
libéralisme français qui a fait naître en nous l’envie d’aborder un sujet qui touche le cœur de tout régime
libéral. Depuis la période (post)-révolutionnaire, le libéralisme français semble moins préoccupé de la
liberté individuelle que de la libéralisation des institutions. Il nous paraît que cette sorte d’« holisme »
régit même aujourd’hui le domaine sensible de l’autonomie individuelle.
la définition philosophique de la notion, de Véronique RANOUIL, L’autonomie de la volonté : naissance et
évolution d’un concept, préf. de Jean-Philippe LÉVY, travaux et recherches de l’Université de droit d’éco-
nomie et de sciences sociales de Paris, Paris II, P.U.F., 1980. Voir aussi les articles de Jean-Claude VENEZIA,
« Réflexions sur le rôle de la volonté en droit administratif », in Mélanges Pierre Cayser, Tome II,
P.U.A.M., 1979, p. 383 et s. et plus récemment Sébastien SAUNIER, « L’autonomie de la volonté en droit
administratif français : une mise au point », R.F.D.A., 2007, p. 609 et s. La transposition contemporaine du
principe civiliste en droit administratif confirme l’émancipation de l’administration de la loi au nom de son
efficacité, notamment dans le domaine sensible de contrats publics. Traditionnellement méfiante envers le
principe d’autonomie de volonté, la doctrine administrative prend davantage en compte la « privatisation »
du droit public, où les personnes morales publiques peuvent désormais contracter à la façon des personnes
privées. D’autres études récentes ont traité le consentement et le rôle de la volonté dans le droit pénal. Voir
Xavier PIN, Le consentement en matière pénale, thèse, préf. Patrick MAISTRE DU CHAMBON, Bibliothèque
de science criminelle, L.G.D.J., tome 36, Paris, 2002 et Frédéric ARCHER, Le consentement en droit pénal
de la vie humaine, préf. Alain PROTHAIS, L’Harmattan, Sciences Criminelles, Paris, 2003.
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