Papillons et plantes, une belle histoire d`amour

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FICHE
4
Pour aller plus loin
croisette ainsi que le programme d’actions
— Les papillons de jour de France, Belgique et
mis en place pour assurer sa sauvegarde en
Luxembourg et leurs chenilles, T. Lafranchis,
Franche-Comté. Réalisée par le CPIE du
2000, collection Parthénope, éditions Bio-
Haut-Doubs, elle est disponible sur demande
tope, Mèze (France).
à la maison de l’environnement de Franche-
— Les papillons de jour et leurs biotopes, Ligue
Comté ou en téléchargement sur le site
Suisse de Protection de la Nature, 1987, LSPN.
www.maison-environnement-franchecomte.fr
— L’Azuré de la croisette : « Il était une fois un
— www.noeconservation.org/imgs/bibliotheque_
papillon, une fleur et une fourmi… »
fichier/070321172206_opj_dp-2007.pdf
Cette plaquette, à destination du grand
— www.gretia.org
Rédaction : Conservatoire régional
des espaces naturels de Franche-Comté.
Relecture : Frédéric Mora, Office
pour les Insectes et leur Environnement
en Franche-Comté.
Réalisation : Franche-Comté Nature
Environnement avec le soutien
financier du Conseil régional
de Franche-Comté.
Crédit photos : Luc Bettinelli, Laurent
Delafollye, Emilie Leboucher.
Illustrations : Desmond Bovey.
public, présente le papillon l’azuré de la
Il était une fois un papillon, une fleur
et une fourmi
1
LA GENTIAN E, BERC EAU
D E L’ A Z U R É D E L A C R O I S E T T E
4
Entre mi-mai et fin juillet, les femelles
pondent sur les bourgeons floraux
de la gentiane croisette.
Les chenilles sont nourries par les ouvrières
avec la bouillie préparée pour les larves
de la colonie.
2
UN E C H EN I LLE
DÉVO R EU S E D E F LEU R S
Les chenilles éclosent au bout
de 4 à 10 jours. Elles forent
un passage jusqu’à l’intérieur
des fleurs et s’en nourrissent
pendant 2 à 3 semaines.
3
LA FOURM I DUPÉE
5
UN E PENSION COM PLÈTE
L A M É TA M O R P H O S E
6
E N F I N L’ A I R L I B R E
Les papillons émergent quelques semaines
plus tard et recommencent leur cycle.
4
BIODIVERSITÉ | Conservatoire régional des espaces naturels de Franche-Comté
Il est courant, à la belle saison,
d’observer des lépidoptères
« papillonnant » de fleur en fleur.
Mais sait-on que de l’œuf à l’état
adulte, ces insectes sont sans
cesse en relation étroite avec
les plantes ? Elles leur apportent
surtout le gîte et le couvert,
parfois bien malgré elles.
En contrepartie, les papillons
participent souvent activement
au processus de fécondation
des fleurs.
Papillons
et plantes,
une belle
histoire
d’amour
Pendant l’hiver, les chenilles arrêtent
leur alimentation. Au printemps,
elles s’enferment dans un cocon de soie
(chrysalide) quelques centimètres sous
la surface du sol.
Les chenilles sortent des fleurs et se
laissent tomber au sol. Elles émettent
une odeur particulière qui attire
certaines fourmis rouges
et les préserve de leur
agressivité. Les
chenilles sont
adoptées et
transportées
au nid.
De l’œuf
au papillon,
des relations
étroites avec
les plantes…
Sauver les azurés en préservant les gentianes
Suivi détaillé
de la gentiane croisette
L’azuré de la croisette et l’azuré des mouillères ont un cycle particu-
Depuis 2003, un programme multipartenarial a été lancé pour la pré-
lièrement complexe. Ces petits papillons bleus, très proches parents,
servation de l’azuré de la croisette en Franche-Comté. Les actions
ne volent pourtant jamais au même moment. La faute en est aux
sont en grande partie orientées en faveur des gentianes, les mesures
plantes-hôtes, l’estivale gentiane croisette et l’automnale gentiane
conservatoires étant plus faciles à concevoir et à mettre en
pneumonanthe, qui s’épanouissent à des saisons différentes.
œuvre que dans le cas d’espèces rares comme le mélibée, pour lequel
La présence de ces deux azurés, rares et protégés, est trahie par l’observation des pontes, qui ressemblent à de petites têtes d’épingles
blanches et qui restent soudées aux feuilles et aux bourgeons floraux
des gentianes même après l’éclosion des chenilles. Celles-ci ont un
destin original : après avoir vécu un moment au dépend de la plante,
elles se laissent tomber au sol et sont recueillies par des fourmis, leur
développement s’achevant au fond des fourmilières grâce au nourrissage attentif des ouvrières, sans doute dupées par une substance
chimique apparentée à celles émises par le couvain (œufs, larves et
nymphes des fourmis).
la disponibilité des plantes-hôtes ne semble pourtant pas poser problème. Pour l’azuré de la croisette, il s’agit de s’assurer de la
pérennité des pratiques agricoles favorables sur les pelouses pâturées, de solutionner les problèmes là où menacent l’intensification
ou la déprise ou encore d’optimiser la fauche sur les stations en talus
routiers. Indirectement, la plante bénéficie ainsi de la présence de
son illustre « consommateur » !
Un plan de conservation régional pour l’azuré des mouillères, dont la
plante-hôte pousse dans les habitats marécageux peu dégradés, a vu
Petites tortues
sur œillets de poète
le jour et est piloté par l’Office pour les insectes et leur environnement en Franche-Comté.
Chrysalide de gazé
2
Le cycle
de reproduction
Certaines espèces
peuvent pondre
sur de nombreuses
plantes. D’autres,
plus exigeantes,
sur une seule
espèce de plante
comme le vulcain
sur l’ortie.
L’ E X E M P L E
DU MAC HAON,
U N E M É TA M O R P H O S E
S P E C TA C U L A I R E …
Les lépidoptères font partie des insectes dits
imago
(machaon adulte)
holométaboles, qui vivent une métamorphose complète et spectaculaire. Ils passent
ainsi par quatre états morphologiquement et
Berceau,
chambre
et
gardemanger
physiologiquement bien distincts : l’œuf, la
chenille (stade larvaire), la chrysalide (stade
nymphal) et enfin, l’imago, aboutissement
chrysalide
d’un long processus de transformation. Ce
dernier correspond au papillon adulte, ailé
chez la grande majorité des espèces.
œuf
Les relations du papillon avec les plantes
rentes pour chacun de ces stades, son degré
L’alimentation
des imagos
trompe enroulée sur elle-même au repos.
les œufs et les chrysalides. Mais la chenille et
Les imagos trouvent une grande partie de
reproduire et assurer, grâce à leur grande
cules déposés sur les plantes, sont parfaitement adaptées à la consommation des végé-
Après l’accouplement, les femelles fécondées
particuliers de chenilles carnivores). Leur
le silène enflé, l’origan 2, les ails, les violettes
cherchent avec soin le site de ponte, afin d’as-
appareil buccal, de type broyeur, est com-
ou encore des arbustes comme le troène 3 et
surer aux futures chenilles un environnement
posé de puissantes mandibules ; les organes
la viorne mancienne. Certaines plantes culti-
favorable à leur développement. Le choix des
internes du système digestif sont eux aussi
vées sont également très attractives, comme
« plantes-hôtes », sur lesquelles elles vont
très développés. La principale activité des
l’œillet de poète 4 ou le buddleia. Ce der-
déposer leurs œufs, est essentiel.
chenilles, particulièrement voraces, est de se
déconseillée.
Certaines espèces sont relativement généralistes, acceptant un spectre plus ou moins
large de végétaux, parfois parmi une famille
taux (bien qu’il existe également quelques cas
nourrir, souvent au détriment des feuilles,
parfois directement au détriment des boutons floraux.
précise ou au sein d’un même type biolo-
Au stade larvaire, le plus long dans le cycle de
Si les plantes offrent des ressources énergé-
gique. C’est le cas d’espèces communes
l’insecte, on ne peut pas parler d’histoire
tiques aux papillons adultes, elles y gagnent
comme le myrtil, qui peut pondre sur de
d’amour entre la plante et le papillon car elle
Des milieux comme les prairies naturelles 1,
l’assurance du transport rapide et efficace de
nombreuses graminées, l’argus bleu, qui
est à sens unique : les dégâts occasionnés par
l’imago ont activement besoin de la présence
l’énergie nécessaire pour se déplacer et se
les ourlets et les lisières forestières, les ron-
leur pollen. Tout comme les abeilles, bour-
s’adapte à une vaste gamme de légumineuses,
les chenilles peuvent aboutir au dépérisse-
des plantes, en particulier – mais pas seule-
reproduire en se nourrissant de substances
ciers et les mégaphorbiaies (habitats humides
dons ou autres syrphes, les lépidoptères
ou encore la grande tortue, qui recherche le
ment des plantes attaquées. Certaines
ment – pour leur alimentation.
d’origine végétale : fruits pourris, exsudats
à hautes herbes) abritent de nombreuses
participent en effet activement à la pollinisa-
feuillage d’arbres et arbustes très divers.
espèces, comme la pyrale du maïs, posent
(sève, résine) et surtout nectar. Cette subtance
plantes nectarifères. Ils constituent des sites
tion des plantes. Certaines plantes à floraison
très riche et sucrée est une sorte de résidu
de nourrissage importants pour la conserva-
nocturne sont ainsi fécondées uniquement
produit par les plantes à fleurs au cours de
tion des papillons, malheureusement très
par des grands papillons de nuit.
de dépendance vis-à-vis du végétal évoluant
au cours de son développement. Les organes
végétaux ne sont guère que des supports pour
Concernant la plante, ce sont les conséquences de la présence des lépidoptères
qui varient, plus nettement encore,
entre franche nuisance (« prédation »
par les chenilles) et
bénéfice partagé
(pollinisation par
les imagos).
très performant, constitué d’une longue
la photosynthèse. Les papillons repèrent
touchés par la crise de la biodiversité et
d’abord les fleurs grâce à leurs couleurs et à
régressant à un rythme rapide en Europe. La
la lumière ultraviolette qu’elles émettent.
banalisation des prairies, dans lesquelles la
Ensuite, pour atteindre le précieux liquide, ils
fertilisation sélectionne les graminées au
n’ont pas besoin de se frayer un chemin au
détriment des plantes à nectar, en est sans
cœur de la fleur à la manière des abeilles : ils
doute une cause majeure.
Damier de la succise
3
Belle-Dame
sur troène
d’ailleurs de sérieux problèmes à l’agriculture.
jusqu’à être étroitement liées à une seule
Après plusieurs mues successives (en général
espèce de plante. Le paon du jour 5, comme
cinq), la chenille cherche un site favorable à
d’autres spécialistes, recherche les orties, com-
sa nymphose. Elle utilise alors le plus sou-
munes et répandues ; mais le solitaire 6, qui
vent les tiges, feuilles et troncs des végétaux
pond sur l’airelle des marais, est de fait
pour fixer sa chrysalide 7, dans laquelle s’ef-
inféodé aux tourbières hautes, milieux rares
fectue la métamorphose.
et menacés où croît sa plante-hôte.
Cuivré
Les prairies
abritent de
nombreuses plantes
et constituent des sites
de nourrissage
importants
pour la préservation
des papillons.
D’autres sont beaucoup plus exigeantes,
Enfin, c’est encore bien souvent à l’abri des
La sélection des supports de ponte ne se limite
plantes, comme le lierre, que se réfugient les
pas à l’espèce végétale : les plantes sont choi-
rares papillons passant l’hiver à l’état adulte,
sies individuellement au regard de facteurs
comme le citron 8, papillon aux ailes jaune
environnementaux très fins, et les organes flo-
vif, d’où son nom.
raux sont eux aussi choisis scrupuleusement
(dessus ou revers des feuilles, boutons,
4
tiges…). Les dates de vol des imagos concordent d’ailleurs souvent exactement avec
l’apparition des stades floraux utilisés pour la
ponte.
Chrysalide
de citron
Le machaon
et sa trompe au repos
2
Myrtils sur origan
6
Solitaire
7
5
Chenilles de paon
du jour sur ortie
Chenille du
bombyx à livrée
1
Gamma,
papillon de nuit
3
Les chenilles, qui sortent des œufs minus-
appréciées par les lépidoptères, on peut citer
certaines régions, et sa plantation est donc
possèdent un appareil buccal de type suceur
éphémères et ont une mission précise : se
mobilité, la dispersion des espèces.
papillons », mais se montre envahissant dans
s’opèrent selon des modalités un peu diffé-
Chez les papillons, comme chez de nombreux autres insectes, les imagos sont
La chenille
et la chrysalide
Parmi les « plantes à fleurs » particulièrement
nier mérite son nom populaire « d’arbre aux
chenille
La ponte
Accouplement
de mélitées
orangées
Imago
de citron
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