2ème congrès de l'Ordre des médecins de France – Paris, 29 octobre 2015 Dr. R.Kerzmann Le Conseil national de l’Ordre des médecins de Belgique a été invité à assister au 2 l’Ordre des médecins de France qui s’est tenu à Paris le 29 octobre 2015. ème congrès de Outre près d’un millier d’élus français de l’Ordre, ce congrès rassemblait des représentants des universités, des jeunes médecins, des usagers, des organisations professionnelles, d’autres ordres professionnels de santé, des ordres européens et d’autres acteurs du monde de la santé. Cette réunion a fourni à la délégation belge l’opportunité évidente de comparer tant les perspectives d’évolution que les préoccupations et les interrogations que soulèvent les solutions envisagées en France, dès lors que de nombreuses situations sont communes à nos deux pays : la généralisation du tiers payant, la modification du paysage médical (pratique de proximité amoindrie et pratique hospitalière de plus en plus centralisée, afflux de médecins étrangers), les changements dans la relation patient-médecin, la formation médicale de base, de la formation continue,… La santé de demain, tant sur le plan de l’efficacité que de la solidarité, était au centre des discussions. Dans son discours d’introduction, le président du conseil national, Patrick Bouet, a tenu à rappeler le malaise de la profession médicale et a souligné le fait que pour assurer un système de soins de santé de qualité dans l’intérêt des patients, les propositions concrètes doivent tenir compte des difficultés exprimées par les représentants du terrain. Il a ainsi invité les politiques à écouter davantage une profession qui se sent depuis plusieurs années incomprise, voire attaquée ou parfois abandonnée. Il a encouragé le dialogue entre les responsables politiques et les médecins. Le congrès a été divisé en trois séances rassemblant chaque fois un panel d’invités issus du monde politique, économique, syndical et plus largement du monde de la santé (ordre, universités, jeunes médecins,…). Les associations de patients étaient également présentes. A chaque fois un journaliste a introduit puis animé des débats parfois musclés, la salle étant invitée à commenter les propos tenus, en direct par SMS. Le thème de la première séance était « Construire avec les médecins la santé de demain ». Elle 1 rassemblait le président du conseil national, des politiciens, le secrétaire général délégué du CISS , le 2 représentant des associations de patients, ou bien encore le président du CESE autour de questions telles que la place déterminante du patient dans le dialogue médecin-patient, le respect de ses choix et de son autonomie, les difficultés économiques du patient face au coût des soins de santé, la solidarité et le rôle du médecin. Le cadre de la discussion menée s’est aussi largement inspiré des résultats de l’enquête menée récemment auprès de l’ensemble des élus ordinaux de France et des territoires d’Outre-Mer, conviés à participer à une consultation sur la santé de demain « consultation pour l’avenir de notre système de santé » et à donner, sur base de leur expérience et de leurs attentes, leur avis sur le fonctionnement de la médecine face aux réformes successives du système de santé. Les résultats de cette consultation sont accessibles sur le site internet du Conseil national de l’Ordre des médecins de 3 France . La deuxième séance était consacrée au thème « Construire une économie de santé efficace et 4 solidaire ». Dans le panel figuraient le directeur général de la CNAMTS , le porte-parole des caisses 1 Collectif inter-associatif sur la santé Conseil Economique Social et Environnemental 3 https://www.conseil-national.medecin.fr/ 4 Caisse nationale d’assurance maladie 2 5 complémentaires, la secrétaire générale de la CFDT en charge des questions de santé et un économiste spécialiste des questions sociales dont la santé, enseignant en sciences politiques. L’efficacité générale du système de remboursement des soins et le maintien de ses performances durant ces dernières années a été défendu par le directeur de la CNAMTS qui y voit la parfaite application du principe de « solidarité » nationale. Sa pérennité nécessite des efforts de tous les partenaires, notamment les professionnels de la santé, eu égard à l’évolution des technologies de diagnostic et des procédures de soins (trajets de soins, médecine ambulatoire et hospitalisation à domicile). Le coût des médicaments et la nécessité d’une rationalisation des prescriptions et d’une responsabilisation des patients ont été abordés, tout comme l’accessibilité aux soins de qualité, l’importance des déterminants de la santé, le rôle d’appui des caisses complémentaires et la lourdeur sans cesse accrue de la charge administrative de l’exercice professionnel. La troisième séance portait sur le défi « Anticiper et construire une offre de soins cohérente dans les territoires ». Une représentante de l’association des maires de France, le président de la conférence 6 des doyens des Facultés de médecine, le directeur général de l’ARS Nord-Pas-de-Calais, ainsi qu’un 7 représentant de l’ANEMF participaient au débat. Malgré les dispositions prises, notamment pour favoriser la migration des médecins en milieu rural, on constate la multiplication des «déserts médicaux» dans certaines régions rurales mais aussi dans certains quartiers d’importantes agglomérations. La représentante des maires de France a exprimé que le numérus clausus, dont la finalité était de limiter les consultations et actes techniques afin de contenir les dépenses, est en grande partie à l’origine du problème. Le représentant des étudiants a pointé l’hospitalo-centrisme, imputable entre autres à la formation universitaire accomplie uniquement dans les hôpitaux académiques et au manque de valorisation, voire le dénigrement, de la pratique de la médecine générale par certains enseignants. Les jeunes médecins préfèrent travailler en groupe et dans des structures hospitalières ou juxta-hospitalières. Le président de la conférence des doyens a 8 quant à lui estimé que les ECN doivent évoluer vers une déclinaison régionale, mieux à même d’apprécier les besoins des régions. La redéfinition d’une médecine de proximité, accessible, de qualité et à l’écoute des patients a été revendiquée par de nombreux participants dans le public, les maîtres de stage en médecine générale réclamant pour leur part une meilleure considération et une rétribution « digne » tant pour leur contribution à la formation des jeunes confrères que pour la revalorisation des prestations de base. Ce type de congrès rappelle et démontre l’importance des valeurs et des missions du médecin, pour la santé d’aujourd’hui comme pour celle de demain. L’art médical est avant tout un engagement individuel et collectif au service des patients. Etre médecin n’est pas seulement un métier, c’est aussi une éthique du bien commun. La relation entre le médecin et le patient reste le moteur du système de santé. 5 Confédération française démocratique du travail Agence Régionale de Santé 7 Association nationale des étudiants en médecine de France 8 Epreuves classantes nationales donnant accès au 3ème cycle des études médicales 6 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. Dr. Nicolino D’Autilia – Membre de la FNOMCeO Italie - Président du CEOM Dr. Patrick Romestaing – Vice-Président du CNOM France et 1er Vice-Président du CPME Dr. Patrick Bouët – Président du CNOM France Dr. Walter Vorhauer – Secrétaire général du CNOM France Dr. Roland Kerzmann – Membre du CNOM Belgique – 1er Vice-Président du CEOM Dr José Ramon Huerta – Membre du Consejo General de Colegio de Medicos - Espagne Dr. Claude Schummer – Membre du Collège Médical du Grand-Duché du Luxembourg Dr. Xavier Deau – Président de l’AMM – CNOM France