enquête sur l’innovation entre les grandes agglomérations urbaines belges, ses résultats
montrent plusieurs spécificités bruxelloises en matière de transferts de connaissance vers
le monde de l’entreprise, ce qui a le grand mérite de dépasser les comparaisons régionales
ou communautaires traditionnelles dans lesquelles le fait urbain bruxellois n’est pas bien
pris en compte.
Tout d’abord, une cause des interactions limitées pourrait résider dans les différences
entre Bruxelles et les autres grandes agglomérations urbaines belges en matière de
structure économique. Les PME sont en moyenne plus grandes dans l’agglomération
bruxelloise et peuvent dès lors internaliser certains processus, y compris la recherche
appliquée. L’économie bruxelloise étant plus orientée vers les services que vers
l’industrie, les PME y sont aussi moins impliquées dans l’innovation liée au
développement de nouveaux produits. Dans les services, les innovations sont plus liées à
des processus ou à des dispositifs organisationnels et les transferts de savoir se font
davantage au travers des personnes et des expertises que des brevets ou des
infrastructures techniques. Les consultants, voire la littérature scientifique, peuvent donc
être des intermédiaires qui dispensent d’un partenariat formalisé avec l’université.
Notons aussi que les PME bruxelloises opèrent aussi davantage sur le marché national, ce
qui peut induire une relation avec leur environnement moins fondée sur la proximité, y
compris en matière de recherche.
Mais surtout, Bruxelles offre un grand éventail de ressources. Les entreprises sont donc
amenées à faire des arbitrages au sein d’une large gamme de connaissances, dont les
universités ne sont qu’une des composantes. Et, dans certains cas, cet arbitrage n’est pas
en faveur des partenariats universitaires en raison des coûts de coordination, par
exemple pour aligner les agendas des chercheurs académiques et des entreprises.
Paradoxalement, il se peut donc que les PME actives dans les secteurs nécessitant un
recours intensif au savoir soient, à Bruxelles, mieux informées sur les ressources à utiliser
et les endroits où les trouver, et dès lors, recourraient moins à la « porte d’entrée »
universitaire. Un usage accru de l’externalisation dans le processus d’innovation des PME
corrobore ce point de vue : la densité de prestataires potentiels soumet l’Université à une
forte concurrence.
L’auteur invite donc à adapter aux spécificités bruxelloises les politiques de soutien à
l’innovation et à la recherche appliquée… tout en soulignant que c’est probablement à
une échelle métropolitaine plus que régionale qu’il faudrait travailler. Si la Région de
Bruxelles-Capitale à une économie très orientée vers les services, son hinterland (en
Région wallonne et flamande) a lui encore un caractère industriel non négligeable.
Pour citer cet article
Peter Teirlinck, « Existe-t-il une inadéquation entre l'offre de savoir et les
entreprises dans l’agglomération de Bruxelles ? La diffusion des connaissances dans
les PME innovantes dans les services aux entreprises intensifs en connaissance (SEIC)
», Brussels Studies [En ligne], Collection générale, n° 108, mis en ligne le 20 février
2017. URL : http://brussels.revues.org/1475
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Existe-t-il une inadéquation entre l'offre de savoir et les entreprises dans ...
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