iv L’eau et l’adaptation au changement climatique dans les bassins transfrontaliers : Leçons à retenir et bonnes pratiques
AVANT-PROPOS
Les impacts du changement climatique sur les écosystèmes et sur la société sont de plus en plus
visibles dans de nombreux bassins à travers le monde. Le renforcement de la résilience devient un enjeu
majeur car le changement climatique aecte la quantité et la qualité de l’eau, la température de l’eau,
les écosystèmes aquatiques et l’ampleur et la fréquence des événements météorologiques extrêmes
tels que les inondations et les sécheresses. Par ses impacts sur les ressources en eau, le changement
climatique aecte de nombreux secteurs, notamment l’agriculture, l’énergie, la pêche, le tourisme, la
santé et la biodiversité.
L’eau et les changements climatiques ne connaissent pas de frontières. La coopération transfrontalière
dans l’adaptation au changement climatique est donc nécessaire pour permettre de partager les coûts
et les avantages des mesures d’adaptation, d’assurer leur mise en place optimale dans les bassins
uviaux et de prévenir les possibles eets négatifs de mesures d’adaptation unilatérales. La coopération
transfrontalière en matière d’adaptation peut également apporter des avantages supplémentaires en
termes de prévention des conits, de développement socio-économique et de bien-être des populations,
et peut même motiver la coopération transfrontalière dans d’autres domaines. Mais comment peut-on
y parvenir?
La Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontières et des lacs internationaux
(Convention sur l’Eau) de la Commission Economique pour l’Europe des Nations Unies (CEE-ONU) fournit
un cadre juridique et institutionnel important pour la gestion des eaux transfrontalières et l’adaptation au
changement climatique. Après l’entrée en vigueur d’un amendement à la Convention le 6 février 2013,
le traité est maintenant ouvert à tous les Etats Membres de l’Organisation des Nations Unies. En eet,
depuis 2011, les activités relatives aux changements climatiques en vertu de la Convention ont été l’un
des éléments moteurs suscitant un intérêt mondial pour la Convention, et attirant des participants du
monde entier.
Lorsque le Groupe de Travail sur l’eau et le climat a été créé en 2006 dans le cadre de la Convention sur
l’Eau, le niveau de sensibilisation aux impacts du changement climatique sur les ressources en eau était
moins développée qu’aujourd’hui. Lorsque les Lignes directrices sur l’eau et l’adaptation aux changements
climatiques de la CEE-ONU ont été adoptées en 2009, les eorts d’adaptation étaient principalement
faits au niveau national. Depuis lors, les Etats Membres ont développé une plate-forme pour l’échange
d’expériences et se sont engagés dans un programme de projets pilotes, aboutissant à la création, en
2013, d’un réseau mondial de bassins travaillant sur l’adaptation au changement climatique. Le réseau
est géré par la CEE-ONU en collaboration avec le Réseau International des Organismes de Bassin (RIOB),
qui dispose de 188 membres à travers le monde.
Les Lignes directrices, le réseau et les projets pilotes ont ainsi donné une impulsion signicative aux
eorts d’adaptation et ont contribué à de nombreuses avancées récentes. De nombreux pays ont élaboré
des stratégies nationales et des plans d’adaptation et quelques bassins transfrontaliers, en particulier
ceux dotés d’organismes de bassin, ont abordé l’adaptation au changement climatique du point de vue
transfrontalier. Plusieurs grands bassins uviaux, comme le Danube, le Dniestr, le Mékong, le Niémen, et,
plus récemment, le Rhin, ont développé des stratégies d’adaptation ou sont en train de le faire. En outre,
l’importance de l’eau et de la coopération transfrontalière a été reconnue dans plusieurs cadres politiques
internationaux, tels que le programme de travail de Nairobi sur les impacts, la vulnérabilité et l’adaptation
aux changements climatiques en vertu de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques et la Stratégie de l’Union Européenne sur l’Adaptation au Changement Climatique.
Cependant, de nombreux dés liés à l’adaptation au changement climatique dans les bassins
transfrontaliers persistent encore. De nombreux organismes de bassin n’ont pas encore abordé le sujet
ou commencent à peine à le traiter. Beaucoup d’incertitudes subsistent quant à la meilleure façon
d’adapter la gestion de l’eau au changement climatique. Par ailleurs, les bassins, qui ont une stratégie
d’adaptation, doivent maintenant la mettre en œuvre. En outre, les aspects transfrontaliers sont rarement
pris en compte dans les stratégies nationales d’adaptation.