GUIDE TECHNIQUE INTERAGENCES
LES ZONES HUMIDES ET LA RESSOURCE EN EAU
ACTIONS
L'espace de liberté des cours d'eau est « l’espace du lit
majeur à l'intérieur duquel le ou les chenaux fluviaux assu-
rent des translations latérales pour permettre une mobilisa-
tion des sédiments ainsi que le fonctionnement optimum
des écosystèmes aquatiques et terrestres » (SDAGE du
bassin Rhône-Méditerrannée-Corse).
Il s'agit donc de l'espace où les acteurs de la gestion de l'es-
pace acceptent, voire favorisent la dynamique fluviale natu-
relle (érosions, dépôts…)F4.
L’érosion des berges est importante pour l’équilibre de la rivière (Allier).
OBJECTIFS
La préservation de l'espace de liberté des cours d'eau
constitue une mesure fondamentale pour le maintien des
fonctions des zones humides fluviales :
- patrimoine naturelF8 : pérennité des groupements végé-
taux liés aux phénomènes d'érosion et dépôts (succes-
sions végétales);
- eaux souterrainesF3 : la dégradation de la dynamique se
traduit par l'incisionM3, et donc par la diminution quantita-
tive de la ressource en eau souterraine;
- expansion des cruesF1 : la stabilisation des cours d'eau se
traduit généralement par une diminution du rôle d'écrê-
tement des zones humides annexes.
L'objectif du gestionnaire peut présenter deux niveaux :
- action préventive : interdire les travaux qui réduiraient les
possibilités de divagationsM6,
-action curative : favoriser l'érosion des berges.
MISE EN ŒUVRE
DÉLIMITER L'ESPACE DE LIBERTÉ
Dans toutes les rivières dont les divagations représentent un
enjeu fort (rivières à dynamique très active), il est souhaitable
de cartographier l'espace de liberté. La méthodologie à suivre
a été décrite en détail (EPTEAU, Malavoi 1998); il est possible
d'en présenter schématiquement les étapes principales :
• Délimitation de l'espace de mobilité du cours d'eau
Il s'agit de définir l'espace qui pourrait être repris par
l'érosion. Plusieurs approches complémentaires sont pos-
sibles :
- espace de mobilité maximale : alluvions modernes;
- estimation à partir de la géométrie du cours d'eau
(amplitude des méandres…);
- surfaces nécessaires pour fournir à la rivière des sédi-
ments correspondant à la capacité de transport de la
rivière (analyse à partir de la granulométrie des allu-
vions, de la pente et du débit du cours d'eau…);
- espace de divagation historique (à partir de cartes
anciennes, pour les 150 dernières années);
- zones d'érosion : terrains érodables à 50 ans : extrapo-
lation sur les 50 prochaines années de l'évolution
constatée au cours des 20 à 50 dernières années, en
tenant compte des protections de berges.
• Prise en compte des contraintes liées aux activités
humaines
A ce stade, il est nécessaire de bien identifier les enjeux
majeurs (zones urbanisées, gravières de gros volume), où
l'érosion ne pourra pas être acceptée. Les activités à
enjeux moindres pourraient accepter l'érosion (petite gra-
vière, puits de captage pouvant être déplacés…).
• Délimitation d'un espace de gestion
En confrontant l'espace de mobilité du cours d'eau avec
les activités humaines, il est possible de cartographier les
surfaces où la collectivité entend permettre la poursuite
naturelle de la dynamique fluviale, de façon préventive ou
curative.
Cet espace résulte généralement d'une concertation
avec les acteurs locaux.
PROTÉGER L'ESPACE DE LIBERTÉ
Dans l'espace de liberté retenu, il convient de laisser se
dérouler la dynamique fluviale.
Protections de berge contre les érosions
Ces interventions doivent être proscrites dans l'espace de
liberté. De ce point de vue, il faut remarquer que les pro-
tections végétales jouent le même rôle que les conforte-
ments en dur, c'est-à-dire qu'elles figent les berges.
Grands ouvrages
Si un grand ouvrage doit passer dans ou près de l'espace
de liberté, sa conception doit prendre en compte les
besoins de la dynamique fluviale :