Nº 14
• 2015
|
Hors-série • La Recherche • 41
G uide d’ondes
électroniques
B oîte quantique
É lectromètre
*La
superposition
quantique
exprime le fait
qu’une des
propriétés de la
particule peut avoir
simultanément deux
valeurs différentes.
La particule peut
se trouver à deux
endroits en même
temps, par exemple.
fines grilles d’or déposées en surface. Pour contrô-
ler précisément le déplacement de l’électron, ce
dernier est transporté dans une boîte quantique
en mouvement défini par l’excitation des ondes
acoustiques de surface des canaux. Cela permet
de réaliser des guides d’ondes électroniques, dans
lesquels l’électron se propagera à la vitesse du son
du matériau (3 micromètres par nanoseconde).
Afin d’injecter des électrons à la demande
dans ces guides d’ondes électroniques, on uti-
lise une boîte quantique statique, source à élec-
tron unique. À l’instar des canaux du circuit, le
potentiel de piégeage électrique nécessaire au
confinement des électrons est obtenu par des ten-
sions appliquées sur des grilles nanométriques.
Un électron peut ainsi être isolé dans une boîte
quantique, puis injecté à la demande dans une
boîte quantique en mouvement. Tout cela grâce
au contrôle du potentiel de piégeage de l’élec-
tron sur une durée inférieure à la nanoseconde.
La distance, facteur limitant. Une fois lancé
dans le circuit, l’électron peut se retrouver dans
une superposition quantique entre tous les
canaux du circuit grâce à l’équivalent d’une lame
séparatrice pour les électrons. Pour réaliser cette
fonctionnalité, il sut de rapprocher deux canaux
et de contrôler électriquement la barrière tunnel
qui les sépare. Ce dispositif permet à l’électron
d’occuper quantiquement deux canaux de propa-
gation. Mais il sera aussi employé pour contrôler
l’interaction entre deux électrons se propageant
côte à côte, chacun dans l’un des canaux du circuit.
Reste à y détecter la présence de l’électron. Pour
cela, la particule est arrêtée dans une boîte quan-
tique statique après son déplacement. Sa pré-
sence est induite en quelques centaines de nano-
secondes, grâce à un électromètre placé à quelques
centaines de nanomètres de la boîte de réception.
À l’aide de ces diérentes briques élémen-
taires inspirées de l’optique quantique, nous pou-
vons donc concevoir des circuits électroniques
similaires à ceux utilisés pour les photons et
« intriquer » plusieurs électrons volants, de telle
manière que leurs propriétés apparaissent cor-
rélées quand on les mesure2. Un préalable à la
réalisation de réseaux permettant le transport
et l’échange d’informations.
La seule limite à la complexité de ces circuits est
alors la distance au bout de laquelle la cohérence
quantique est perdue. De fait, quand le système
quantique interagit avec son environnement, il
perd très rapidement ses propriétés quantiques
et évolue vers un état classique. Cette distance
peut atteindre plusieurs dizaines de microns
pour les degrés de liberté de charge, ou plusieurs
centaines de microns si on utilise pour stocker
l’information des propriétés tels que le degré de
liberté de spin de l’électron ou l’équivalent de la
polarisation du photon pour l’électron.
n
A. Aspect et al., Phys. Rev. Lett., 47, 460, 1981.
S. Hermelin et al., Nature, 477, 435, 2011.
Circuit quantique élémentaire pour des électrons volants
CE CIRCUIT EST CONSTITUÉ DE DEUX CANAUX ÉLECTRONIQUES avec, à chaque bout, des boîtes quan-
tiques individuelles utilisées comme source et détecteur d’électrons individuels. À l’endroit où les canaux se
rapprochent, les électrons ont la possibilité de passer d’un canal à l’autre par un processus dit « tunnel cohérent ».
De cette manière, l’électron pourra se retrouver à la fois dans les deux canaux et l’interaction entre deux électrons
se propageant chacun dans l’un des canaux pourra être contrôlée.
© ÉQUIPE COHÉRENCE QUANTIQUE, INSTITUT NÉEL
Fig.1