2Congo: Une bataille électorale périlleuse
RÉSUMÉ ET RECOMMANDATIONS
Quatre mois avant la n du mandat du président Joseph Kabila, la République
démocratique du Congo est à la veille d’une crise politique profonde. Le
gouvernement est responsable de nombreux retards articiels dans le processus
électoral, qui ont rendu impossible le respect de la constitution et la tenue
d’élections équitables et transparentes avant la n de l’année. Par ailleurs, la
Cour constitutionnelle a rendu publique une interprétation controversée de la
constitution qui autorise le président Kabila à rester au pouvoir jusqu’à ce que
son successeur soit élu. Pour les opposants du gouvernement, le message est clair
: faute de pressions encore plus fortes, le gouvernement actuel restera au pouvoir
indéniment.
De plus en plus d’acteurs de l’opposition, comme de la Majorité présidentielle,
pensent qu’opter pour la confrontation leur serait plus avantageux que d’entamer
des pourparlers. Les deux côtés misent sur le facteur temps en espérant que des
retards supplémentaires puissent jouer en leur faveur. L’opposition pense qu’une
crise constitutionnelle pourrait délégitimer le pouvoir et faciliter la mobilisation,
alors que le gouvernement veut gagner du temps dans l’espoir de renverser, à
terme, la situation politique en sa faveur. L’opposition est aussi sceptique sur
la tenue d’un dialogue avec le pouvoir qui pourrait servir à coopter certains
de ses membres et à prolonger le mandat de Joseph Kabila. De son côté, le
gouvernement refuse de déclarer clairement que Kabila ne changera pas les
articles verrouillés de la constitution pour renouveler son mandat, et a recours à
des mesures de répression pour faire face à ses détracteurs.
Entretemps, les partenaires internationaux sont divisés et hésitent à s’engager
dénitivement à désamorcer la crise. Bien que presque tous les bailleurs de
fonds occidentaux insistent sur le respect de la constitution et sur l’importance
du dialogue, seul les États-Unis ont pris des mesures concrètes en commençant
à imposer des sanctions ciblées contre des responsables congolais. Les acteurs
régionaux qui peuvent inuencer le gouvernement––en particulier l’Afrique du
Sud––s’abstiennent de prendre nettement position sur le respect de la constitution
et la tenue des élections dans un délai raisonnable. Finalement, l’Union africaine
joue un rôle déterminant comme facilitateur du dialogue et la mission des Nations
Unies reste un acteur clé, mais les deux organisations sont restées timides dans
leurs approches.
RECOMMANDATIONS
Au gouvernement de la République démocratique du Congo :
• Déclarer clairement que Joseph Kabila ne sera pas candidat aux prochaines
élections, et que l’article 220 de la constitution ne sera pas révisé