BCPST 1.2 Approche documentaire : isotopes radioactifs Document

BCPST 1.2 Approche documentaire : isotopes radioactifs
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Document n°1 : Historique
L'histoire de la médecine nucléaire est liée à celle de la physique nucléaire,
notamment la découverte de la radioactivité naturelle par Henri Becquerel. Les rayonnements α, β et
γ ont ensuite été caractérisés.
Le travail de Georg Von Hevesy a été primordial dans le développement des isotopes
radioactifs comme indicateurs en biologie. Il découvre en 1923 la méthode des traceurs radioactifs.
Hevesy habite alors dans une pension de famille à Manchester, et il soupçonne qu'on y ressert les
restes. Il ajoute du radium D au ragoût et suit sa réapparition sous forme de hachis Parmentier, puis
de soupe. Cette ingénieuse application de la méthode isotopique lui vaut d'être renvoyé de la
pension. Il a monten 1934 l'intérêt du phosphore radioactif comme traceur en biologie et a reçu
en 1943 le prix Nobel de Chimie pour l'ensemble de ses travaux sur les indicateurs radioactifs.
En 1924, en injectant du radium C dans un bras, deux decins américains, Blumgart et
Weiss, mesurent la vitesse de circulation entre un bras et l'autre, ainsi que les variations de cette
vitesse chez les malades cardiaques. C'est la première utilisation des indicateurs chez l'homme.
Avant 1934, l'analyse biochimique des constituants d'un tissu ou d'un organe est peu sensible et,
surtout, statique. Après 1934, l'étude des tissus et des cellules accède au mouvement. On fabrique
des radioisotopes de presque tous les éléments intervenant en biologie (hydrogène, carbone,
phosphore, soufre, ...) et leur activité est si faible que leur emploi ne perturbe pas les phénomènes
biochimiques.
Des informations sur la localisation de ces isotopes radioactifs dans les cellules et les tissus,
leur devenir biochimique, les vitesses de renouvellement des constituants de la matière vivante sont
alors obtenues. Les avancées de la biologie seront alors fulgurantes. Les sondes radioactives (par
exemple, des anticorps marqués) repèrent, dans une cellule, une molécule ou une portion de gène.
En utilisant des précurseurs radioactifs de l'ADN, on précise l'instant la cellule duplique son ADN,
ainsi que la durée du cycle cellulaire. On mesure aussi la vitesse de prolifération des cellules et on
étudie les canismes qui maintiennent leur nombre constant et qui président à la régénération
tissulaire après lésion.
De nombreux organes ont pour fonction la synthèse d'une mocule scifique à partir
d'éments chimiques présents dans l'organisme. Ainsi, dans la moelle osseuse, à partir du fer, les
précurseurs des globules rouges produisent l'hémoglobine, molécule qui transporte l'oxygène dans le
sang. Ceci permet dvaluer l'activité d'un organe en utilisant un isotope radioactif adapté. A l'aide de
l'isotope du fer, on mesure la synthèse de l'hémoglobine et donc le nombre de globules rouges
formés par unité de temps. Plus les globules rouges formés sont nombreux, plus grandes seront
les quantités d'hémoglobine synthétisées, et donc de fer utilisées. Par comptage externe des
rayonnements émis par l'isotope radioactif, on évalue l'activité des os du squelette.
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Document n°2 : La capture électronique
La capture électronique est un mode de radioactivité mineur à l'interaction faible. L'exemple le
plus connu est le potassium-40 : 11% des noyaux de cet isotope instable du potassium présent dans
le corps humain se désintègrent par capture électronique.
La capture d'un électron a le même effet que l'émission d'un positon : transformer un des protons
du noyau en neutron et diminuer la charge électrique du noyau d'une unité.
La capture d'un électron est plus rare que l'émission d'un positon. Les deux réactions sont
comparables du point de vue des forces faibles qui sont à leur origine, mais dans le cas de la
désintégration ta tous les éléments nécessaires sont disponibles dans le noyau alors que pour la
capture il faut prélever un électron du cortège atomique. Les forces faibles étant à très courte
portée, cet électron doit entrer en contact avec un quark d'un proton. La probabilité qu'un électron,
même appartenant à la couche K la plus interne, se retrouve dans le noyau est faible (Pour le
potassium-40, le volume du noyau représente moins d'un milliardième de celui de la couche K).
L'émission d'un positon et la capture d'un électron sont deux réactions jumelles qui diminuent
toutes deux le nombre de protons du noyau d'une unité, de Z à Z-1, et produisent un neutrino dans
l'état final.
Ce mode de désintégration est très discret, car le neutrino qui emporte l'essentiel de l'énergie
libérée est impossible à détecter et le recul du noyau est inférieur au millimètre et donc indécelable.
L'événement passerait inaperçu, si le noyau et son cortège électronique ne se réarrangeaient pas.
L'atome qui se retrouve avec un « trou » sur sa couche interne est perturbé. Il se réarrange en
émettant des rayons X que l'on détecte. La capture peut également laisser le noyau dans un état
excité. Elle est alors suivie par l'émission d'un rayon gamma de désexcitation.
Ce mode de radioactivité est en conséquence difficile à détecter et n’a été découvert quen 1937
par le physicien américain Luis Alvarez, 40 ans après la radioactivité bêta-moins et quelques années
après la radioactivité bêta-plus.
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Document n°3 : Radionucléides utilisés en biologie médicale
Les principaux émetteurs γ et β utilisés en biologie médicale sont répertoriés Tableau 1.
Nucléides
période
pic détec
émetteur
Activité spécifique
123I
13 heures
160 keV
γ
125I
60 jours
35 keV
γ
80 TBq.mmol-1
131I
8 jours
365 keV
γ et β
592 TBq.mmol-1
99Tc
6 heures
140 keV
γ
19 PBq.mmol-1
Tableau 1. Caractéristiques des principaux radio-isotopes émetteurs γ.
L'utilisation de radio-isotopes émetteurs γ à base d'iode est très répandue dans le domaine
médical. La matière première indispensable à la fabrication de l'hormone thyroïdienne est l'iode,
que la thyroïde puise dans le sang ; cette hormone est indispensable à la croissance. A chaque
instant, la thyroïde prélève dans le sang autant d'iode, sous forme d'ions iodures qu'elle en
sécrète sous forme hormonale ; les quantités d'iode présentes dans le sang ou la thyroïde restent
donc constantes. L'utilisation d'iode radioactif permet de suivre le métabolisme de l'iode et de
mesurer la quantité d'iode synthétisée. On explore la fonction thyroïdienne au moyen de l'iode 123,
de l'iode 125 ou de l’iode 131. On injecte de l'iode marquée, qui se mélange à son isotope non
radioactif et que la thyroïde utilise pour produire des hormones (Figure 2).
Figure 2. Exploration de la thyroïde : on injecte de l'iode marquée, qui se mélange à son
isotope non radioactif et que la thyroïde utilise pour produire des hormones.
Propriétés nucléaires de l’iode
L'iode ne compte qu'un seul isotope stable, l'iode 127, parmi les 37 isotopes identifiés pour cet élément ;
les 36 autres isotopes de l'iode sont donc tous radioactifs :
L'iode 123 a une demi-vie de 13 heures qui en fait le radioisotope de choix pour l'imagerie médicale
de la glande thyroïde.
L'iode 125, dont la demi-vie est de 59 jours, est utilisé comme source de rayons γ pour la
caractérisation structurelle des protéines, ainsi qu'en médecine nucléaire pour de rares manipulations
d'imagerie médicale. Il est également utilisé en curiethérapie sous forme de capsules qui contiennent le
radionucléide émettant les rayons γ à proximité immédiate des tumeurs à traiter.
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L'iode 131 a une demi-vie de 8 jours. C'est un émetteur de rayons γ mais aussi de rayons β-. Il est
abondant parmi les produits de fission des réacteurs nucléaires. Lorsqu'il est utilisé médicalement, on
l'administre à haute dose afin de détruire les tissus dans lesquels il s'accumule, qui sont prioritairement
ceux du cancer de la thyroïde ; une dose insuffisante serait plus dangereuse en favorisant l'apparition
d'un cancer sans tuer les cellules cancéreuses. L'iode 131 s'accumule dans la thyroïde de la même façon
que tous les autres isotopes de l'iode, mais est particulièrement cancérogène même en petite quanti
en raison de sa radioactivité β-, dont le rayonnement ionisant provoque des mutations génétiques
jusqu'à 2 mm du point d'émission, correspondant à la profondeur de pénétration de ce type de
rayonnement.
Production des radionucléides
La production de radionucléides à des fins médicales utilise principalement deux voies :
- le cyclotron, inventé en 1930 par Ernest Lawrence, est un instrument permettant
d'accélérer des particules pour les projeter sur des noyaux cibles et produire des radioisotopes
(Figure 4). Les particules placées dans un champ magnétique suivent une trajectoire en forme de
spirale et sont accélérées par un champ électrique alternatif à des énergies de quelques MeV à une
trentaine de MeV.
- les produits des réacteurs nucléaires de recherche qui sont plus petits et moins puissants
(facteur 300) que ceux utilisés pour la production d’électricité.
Cas de l’iode
- L’iode 123 peut être produit de manière directe ou indirecte à partir de plusieurs réactions
nucléaires. Les trois méthodes de préparation les plus intéressantes sont les bombardements de
cibles de Sb-121 [121Sb(4He,2n)123I] ou de Te-122 [122Te(4He,3n)123Xe123I] par des particules alpha
ou de cibles de Te-122 [122Te(d,n)123I] par des deutons.
- L'iode 125 provient généralement du bombardement du xénon gazeux (contenant 0,0965 %
124Xe) par des neutrons dans un réacteur. Lors de l'irradiation, plusieurs radionucléides du xénon
sont produits, tels que 125Xe. Ces derniers se désintègrent en 125I.
- La fission de cibles d’uranium hautement enrichi en 235U dans des réacteurs nucléaires
produit notamment du molybdène/technétium 99 utilisé dans un grand nombre d’examens en
médecine nucléaire et la production d’iode 131, de xénon 133, de strontium 90 et de l’yttrium-90
utilisés à des fins de diagnostic ou de thérapie.
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Iode et thyroïde
Pendant de nombreuses années, l'iode 131 a été le traceur idéal pour l’étude et le traitement
de la thyroïde. L'iode 125 est de plus en plus couramment utilisé. En ce qui concerne les hormones
protéiques et polypeptidiques, l'iodation, méthode de choix, faisait autrefois plus volontiers appel à
l'iode 131 du fait de son activité spécifique théorique élevée. Mais, l'iode 125 est maintenant
préféré car l'abondance isotopique des solutions produites par les industriels est supérieure à celle
de l'iode 131, 95% et 20%, respectivement. De plus, l'activité spécifique effective du produit marqué
à l'iode 131 est inférieure : pour un atome d'iode 131 fixé, il se fixe de 3 à 5 atomes d'iode non
radioactifs. Un comparatif des propriétés de l'iode 125 et 131 en terme de période, activité
spécifique théorique, activité spécifique effective, abondance isotopique, rendement de comptage
est reporté Tableau 2. La demi-vie de 60 jours de l'iode 125 est un avantage supplémentaire sur
l'iode 131 : cette riode est assez longue pour la conservation du produit marqué et assez courte
pour l'élimination des déchets.
125I
Période (jours)
60
Activité spécifique théorique (TBq.mmol1)
81,4
Activité spécifique effective (TBq.mmol1)
81,4
Abondance isotopique (%)
95 à 100
Rendement de comptage (%)
70
Tableau 2. Récapitulatif comparatif des propriétés des isotopes de l'iode 125 et 131.
Utilisations des radionucléides dans la lutte contre le cancer :
Les rayonnements ionisants peuvent servir, de façon maîtrisée, à détruire volontairement des cellules
en utilisant leur pouvoir ionisant. Les cellules à détruire sont le plus souvent des cellules cancéreuses
dont on souhaite stopper la prolifération.
Quelle que soit la technologie mise en œuvre, l’objectif reste d’obtenir un résultat maximal avec un
risque accepté (effets secondaire immédiats ou retardés, destruction limitée des cellules saines).
Le traitement de cellules cancéreuses couvrant de la thérapie préventive pour les cas en tout début de
cycle, aux cas en phase très avancée, la définition du risque est forcément variable d’un patient à l’autre.
Elle doit de plus intégrer des facteurs supplémentaires comme les antécédents du patient, son âge, la
probabilité de réussite du traitement, le type et la taille de la tumeur, etc.
Il est bien entendu impossible de cibler directement et uniquement les cellules dont on veut se
débarrasser. Chacune des technologies présentées ci-dessous va ainsi apporter ses avantages et ses
inconvénients, notamment dans la durée du traitement, les effets secondaires constatés, les doses
absorbées et les risques pour les tissus sains à proximité.
La stratégie de destruction des cellules cancéreuses repose sur la vitesse à laquelle elles se divisent qui
est beaucoup plus importante que pour des cellules saines du même tissu.
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