La kératométrie permet de connaître la puissance
cornéenne (à partir du rayon de courbure de la face
antérieure de la cornée), paramètre nécessaire au
calcul de la puissance de l’implant.
À la fin de cet examen clinique complet,
l’ophtalmologiste est alors à même de distinguer les
cataractes « simples » des cataractes dites
« compliquées » :
– existence de lésions pouvant entraver la
récupération visuelle (rétinopathie diabétique,
dégénérescence maculaire liée à l’âge [DMLA]…) ;
– pathologies susceptibles d’évoluer du fait de
l’intervention ;
– conditions particulières pouvant compliquer le
geste opératoire (pseudoexfoliation capsulaire, cornea
guttata…).
Dans tous les cas, cette consultation se termine par
une information du patient sur les bénéfices attendus
de l’intervention et ses complications éventuelles, et le
recueil de son consentement éclairé.
‚Bilan préopératoire
Le seul examen indispensable est l’échobiométrie
(RMO) : l’absence de cristallin (aphaquie), entraînant en
effet l’apparition d’un défaut optique (hypermétropie
très forte), doit être corrigée en introduisant dans l’œil
en fin d’intervention de cataracte une lentille optique
(implant). Sa puissance est calculée à l’aide de formules
mathématiques en fonction de la kératométrie et de la
longueur axiale mesurée par une échographie
oculaire en mode A.
S’il y a doute sur l’état rétinien ou des voies
optiques, ou si la cataracte est obturante, empêchant
l’accès au fond d’œil, il est utile de recourir à une
échographie oculaire en mode B (afin d’apprécier la
normalité du contenu vitréen et l’absence de
décollement rétinien) et à un bilan électrophysiologi-
que (électrorétinogramme [ERG] - potentiels évoqués
visuels [PEV]), afin d’apprécier l’état fonctionnel de la
rétine et des voies optiques.
NB : La fonction maculaire peut être appréciée par
un test clinique, l’épreuve de Mawas au verre de
Maddox : si la fonction maculaire est conservée, le
sujet perçoit une lumière rouge comme une ligne
droite continue.
Le patient est ensuite adressé en consultation
préanesthésique.
■
Anesthésie
Plusieurs types d’anesthésie sont compatibles avec
la chirurgie de la cataracte. Les plus courantes sont les
anesthésies locales ou locorégionales : péribulbaire,
sous-ténonienne ou topique. L’anesthésie générale est
en principe réservée aux contre-indications à
l’anesthésie locale, en pratique lorsqu’il est impossible
d’assurer une coopération fiable ou de maintenir un
décubitus dorsal chez le patient.
Le but de l’anesthésie est bien entendu d’obtenir
l’analgésie, mais elle peut aussi procurer l’akinésie,
c’est-à-dire l’immobilité du globe, ce qui facilite le geste
chirurgical. C’est le cas de l’anesthésie péribulbaire.
– L’anesthésie péribulbaire est obtenue par deux
injections périoculaires. Les risques potentiels sont la
perforation du globe (essentiellement si l’œil est gros
ou déformé comme pour le fort myope) et les
hémorragies intra- ou rétro-orbitaires (la vérification de
l’hémostase est indispensable).
– L’anesthésie sous-ténonienne est quasiment
dénuée de risques. Elle est pratiquée par le chirurgien
par une petite incision de la conjonctive bulbaire. Elle a
l’inconvénient de n’apporter que peu ou pas
d’akinésie, et celui mineur, de provoquer une
hémorragie sous-conjonctivale qui laisse l’œil rouge
quelques jours en postopératoire.
– L’anesthésie topique consiste à instiller de façon
répétée un collyre anesthésique. C’est une anesthésie
de contact du plan cornéoconjonctival qui n’apporte
pas d’akinésie. La coopération et la mise en confiance
du patient sont impératives.
La prémédication doit être suffisante pour que le
patient soit détendu, mais légère pour qu’il demeure
vigile pendant l’acte opératoire.
Le choix du type d’anesthésie est fonction des
habitudes du chirurgien et de la compliance du patient.
La consultation d’anesthésie peut amener à
reconsidérer le choix initial. Elle permet de préciser les
antécédents et le traitement du patient. Il est préférable
qu’elle ait lieu un minimum de 10 jours avant la date
opératoire. Le bilan est variable selon les antécédents
et l’âge du patient mais doit comporter nécessaire-
ment un bilan biologique (hémostase et ionogramme
sanguin). En cas d’intervention sur le deuxième œil
moins de 2 mois après le premier, il n’est pas toujours
utile de la renouveler.
En cas de trouble de la coagulation ou de
traitement anticoagulant, les risques hémorragiques
liés à l’injection n’existent que pour l’anesthésie
péribulbaire. Il est alors impératif d’arrêter dans les
délais un antiagrégant plaquettaire, ou d’effectuer un
relais par une héparine de bas poids moléculaire pour
les antivitamines K. L’alternative est le choix d’une
anesthésie topique.
Le jeûne préopératoire et la prémédication restent
toujours indiqués quel que soit le mode anesthésique
choisi.
■
Technique chirurgicale
de référence
La technique de référence actuellement utilisée en
matière de cure chirurgicale de cataracte est la
phacoémulsification. Introduite au milieu des années
1980, cette méthode présente plusieurs avantages :
– réduction de la taille de l’incision assurant une
réhabilitation fonctionnelle rapide ;
– faible taux de complications secondaires
(hémorragie expulsive, décollement de rétine,
décompensation cornéenne, œdème maculaire) ;
– possibilité d’utilisation d’anesthésie topique.
Elle consiste en l’extraction du cristallin en laissant
en place sa capsule. On utilise un appareil émettant
des ultrasons pour fragmenter et aspirer le noyau (à la
façon d’un marteau piqueur). On doit veiller
particulièrement à conserver l’intégrité de
l’endothélium cornéen, dont dépend la transparence
cornéenne, et de la capsule postérieure qui servira de
support à l’implant.
– Incision : elle peut se faire au niveau du limbe
cornéen (incision cornéenne) ou à 3 mm en arrière
(incision sclérocornéenne). Dans les deux cas, l’incision
est tunnellisée afin d’être autoétanche. Sa taille est de
l’ordre de 3 mm.
– Injection d’un produit visqueux en chambre
antérieure : le visqueux permet de redonner un
volume à la chambre antérieure partiellement vidée
lors de l’incision et de protéger l’endothélium des
instruments chirurgicaux.
– Contre-incision : environ à 90° de l’incision
principale. Elle permet l’introduction d’un
micromanipulateur en chambre antérieure et
d’effectuer un travail bimanuel.
– Capsulorrhexis : on découpe une fenêtre
circulaire dans la capsule antérieure du cristallin afin
d’accéder à celui-ci.
– Hydrodissection : injection de sérum physiologi-
que sous pression sous la capsule antérieure, à l’aide
d’une seringue munie d’une canule à bout mousse,
pour désolidariser le cristallin de sa capsule. On évite
ainsi les contraintes sur la capsule et le risque de
rupture lorsque l’on mobilise le cristallin.
– Phacoémulsification : on creuse des sillons dans
le noyau du cristallin, le plus souvent en forme de
croix, grâce à un appareil émettant des ultrasons.
– Craquage du noyau (cracking) : après avoir placé
le micromanipulateur et la sonde de phacoémulsifica-
tion au fond de chaque sillon, on écarte latéralement
les deux instruments pour craquer le noyau. On
obtient ainsi quatre quartiers que l’on aspire.
– Aspiration des masses : le cortex cristallinien situé
entre le noyau et la capsule est aspiré avec un embout
mousse sans ultrasons.
– Implantation : injection de visqueux dans le sac
capsulaire et dans la chambre antérieure pour
protéger l’endothélium cornéen. Mise en place de
l’implant après agrandissement ou non de l’incision
initiale (fig 4). Les implants actuellement utilisés sont
pliables. Ils peuvent être introduits dans l’œil à l’aide
d’un injecteur ou d’une pince.
– Lavage du produit visqueux : le visqueux étant
plus épais que l’humeur aqueuse, on risquerait un
épisode d’hypertonie dans les suites opératoires.
– Suture de l’incision : facultative grâce aux
incisions autoétanches.
3Cataracte en cupule postérieure. 4Implant de chambre postérieure.
6-0060 - Cataracte
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