________________________________________________________________________________________________________ POMPAGE DES MÉTAUX LIQUIDES
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique B 4 330 − 3
1.3 Les métaux non alcalins
Le mercure a divers usages ; il a besoin, par exemple, d’être
pompé dans les installations de production de chlore et de soude
par électrolyse d’une solution de chlorure de sodium ; le sodium
formé à la cathode de l’électrolyseur est entraîné par un courant de
mercure avec lequel il fait un amalgame ; après dissociation de cet
amalgame par réaction chimique, le mercure est renvoyé à
l’électrolyseur : il y a donc dans cet exemple une circulation de
mercure qui nécessite une pompe.
Par contre, la plupart des métaux courants n’ont pas d’utilisation
à l’état liquide ; cependant, d’une part, ils passent en général par
l’état liquide lors de leur élaboration et, d’autre part, ils se
retrouvent à l’état liquide lorsqu’ils servent à la fabrication de pièces
par fonderie. On va donc trouver des circulations de métal liquide
en métallurgie et en fonderie.
Comme il faut transporter le métal d’un point à un autre, il s’agit
donc en général de circulation en circuit ouvert (au contraire de ce
que nous avons vu pour le sodium utilisé comme caloporteur).
2. Types de matériels
en fonction de leur usage
2.1 Pompage du sodium dans les
surgénérateurs et les installations
expérimentales associées
Deux grandes catégories de pompes coexistent depuis les
débuts du développement des surgénérateurs au début des années
cinquante :
— des pompes mécaniques ;
— des pompes électromagnétiques.
En 1984, pratiquement toutes les pompes mécaniques à sodium
sont des pompes centrifuges placées dans des réservoirs à niveau
libre, l’arbre traversant le gaz de couverture et des garnitures méca-
niques assurant l’étanchéité entre ce gaz et l’atmosphère. C’est ce
seul type de matériel qui s’est maintenant imposé en ce qui
concerne les pompes mécaniques que nous examinerons au
paragraphe 4.1.
Les lecteurs qui souhaiteraient avoir une vue d’ensemble des
autres types de matériels réalisés antérieurement pourront se
reporter aux ouvrages cités dans la fiche documentaire
[Doc. B 4 330] aux références [1] [2].
Les pompes électromagnétiques utilisent la force de Laplace à
laquelle est soumis un conducteur parcouru par un courant et placé
dans un champ magnétique (§ 3). Elles se sont généralisées comme
pompes des circuits auxiliaires des réacteurs et comme pompes des
installations expérimentales grâce à leur souplesse d’exploitation.
Par contre, bien que des pompes électromagnétiques de fort
débit aient été construites dès les débuts de l’énergie nucléaire, les
pompes principales sont, généralement, des pompes mécaniques.
En ce qui concerne la quantité de pompes qui sont construites,
il faut se rappeler que jusqu’alors les pays qui se sont engagés dans
la construction de réacteurs à neutrons rapides n’en ont lancé qu’un
seul à la fois et ont attendu qu’il fonctionne pour entreprendre la
réalisation d’un autre (sauf en URSS où il y a eu un certain chevau-
chement des réalisations) ; il faut se rappeler aussi que la
construction d’un réacteur à neutrons rapides de forte puissance
en 1984 demande au moins 7 ans.
Les pompes mécaniques servant presque exclusivement de
pompes principales, et le nombre de celles-ci par réacteur étant de
6 à 8, le nombre de pompes mécaniques à sodium qui sont
construites dans chaque grand pays industrialisé est donc faible,
mais par contre la puissance hydraulique de ces pompes est
souvent importante (§ 4.1.2).
Le nombre de pompes électromagnétiques qui sont construites,
quoique restant modeste, est nettement plus important que celui
des pompes mécaniques parce que le nombre de pompes
auxiliaires d’un réacteur à neutrons rapides est généralement plus
grand que celui des pompes principales (42 sur Superphénix) et
parce qu’il se construit des pompes électromagnétiques pour des
installations expérimentales. Par contre, leur puissance hydraulique
est beaucoup plus faible que celle des pompes principales.
2.2 Pompage des métaux alcalins
en dehors du domaine des réacteurs
surgénérateurs
Il a été vu au paragraphe 1.2 que les besoins de pompage des
métaux alcalins en dehors du domaine des réacteurs surgénéra-
teurs sont très réduits. Lorsqu’ils se présentent, on utilise les
mêmes types de matériels que pour le sodium dans le domaine
nucléaire.
2.3 Pompage des métaux non alcalins
Le pompage du mercure n’a pas fait se développer de matériels
particuliers ; en effet, le mercure est liquide à la température
ambiante, il ne nécessite pas d’être maintenu dans une enceinte
étanche à l’air, les pièces des pompes peuvent être en acier
ordinaire.
Pour les métaux courants, divers systèmes ont été proposés
pour effectuer par pompage la circulation du métal liquide en
métallurgie et en fonderie. Toutefois, le problème est difficile pour
les raisons suivantes :
— la température des liquides à pomper est élevée ;
— ces métaux sont très agressifs à l'état liquide, et les pièces
des pompes ne peuvent pas, en général, être métalliques ; elles
doivent être constituées de matériaux réfractaires (à base
d'alumine, par exemple) ;
— la circulation du métal liquide est discontinue, ce qui provoque
des chocs thermiques très importants sur les pièces des pompes à
chaque mise en marche et à chaque arrêt ;
— une partie des applications consistent à extraire le métal
liquide d’une capacité et nécessitent l’introduction de la pompe
dans la capacité.
Une grande partie des systèmes qui ont vu le jour utilisent le
phénomène d’induction pour générer, à l’aide d’un inducteur
maintenu à l’abri du contact du métal liquide, des forces de Laplace
qui entraînent le fluide.
Comme on a vu que la pompe devait souvent être immergée dans
des fours, des constructeurs proposent des matériels qui
remplissent à la fois la fonction four et la fonction pompe ; par
exemple, l’induction électromagnétique peut être utilisée pour
générer de l’énergie thermique par effet Joule dans le métal et pour
créer des forces de pompage.
Dans d’autres systèmes, le métal est propulsé par les forces
électromagnétiques le long de goulottes à faible pente ascendante.
Un exemple, le système Eldomet, en est donné dans l’article
Fonderie et moulage des alliages d’aluminium [M 810] du traité
Matériaux métalliques.
Le métal liquide qui a donné le jour au plus grand nombre de
systèmes de pompage est l’aluminium. Toutefois, jusqu’à
maintenant, aucun d’entre eux n’a encore réussi à s’imposer.