PHILOSOPHY (PHILOSOPHIE) L’expérience UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Claire ETCHEGARAY Il s’agit dans ce cours d’expliciter, de développer et de traiter les questions fondamentales soulevées par le rapport de l’expérience au savoir. Le cours suit un plan de dissertation, nourri de références classiques sur le sujet. Ainsi en partant du constat qu’on accorde une valeur instructive à l’expérience pour des motifs apparemment contraires – soit en raison de sa passivité (l’expérience ordinaire ; « c‘est une expérience qui l’a changé »), soit en raison de son caractère contrôlé, volontaire et donc actif (l’expérimentation scientifique ; « les expériences sur plan incliné de Galilée »), on cherchera à traiter trois questions : 1/ l’expérience peut‐‐‐elle nous donner une certitude ? 2/ quelles sont les conditions qui doivent préparer ou disposer, ou encore mettre en forme l’expérience pour en tirer un savoir ? 3/ le savoir lui‐‐‐même n’est‐‐‐il pas une expérience ? NB : la bibliographie donnée ci‐dessous reprend les principaux textes sur lesquels le cours s’appuiera (à titre indicatif, les références précédées d’un astérisque sont réputées plus accessibles). Une bibliographie plus complète sur le sujet sera distribuée en cours. Pendant l’été, il est bon de relire et travailler les textes du manuel de terminale (dont il ne faut pas se séparer !), relatifs à l’expérience et la vérité. Travailler un texte signifie à tout le moins : le problématiser, en faire le plan, savoir expliquer ses arguments. Lacroyance UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Claire ETCHEGARAY Quel rapport au monde désigne le terme de « croyance » ? Est‐ce un rapport de connaissance ou de défaut de connaissance ? Et que nous dit de notre situation dans le monde cette façon que nous avons d’y croire ? Le cours a pour but de proposer les outils permettant de traiter des sujets de dissertation de philosophie générale sur ce thème. Pour ce faire, il s’appuiera sur des ouvrages classiques de l’histoire de la philosophie, comme sur des textes de l’épistémologie anglo‐ saxonne contemporaine. Une première façon de penser la croyance consista à l’opposer à la science, que ce soit en y voyant une doxa (opinion) ou une foi (portant sur ce qui est au‐delà du connaissable). Une seconde façon fut de l’utiliser pour repenser la notion de jugement, dans toute sa logique et sa rectitude, mais en lui reconnaissant une dimension psychologique et une valeur pragmatique (dont la théorie de la connaissance pouvait éventuellement tenir compte). Dans ce cadre, la croyance a pu être tenue pour inhérente au savoir (éventuellement identifié lui‐même à un « croire savoir »). La définition, la description et l’explication de la croyance méritent donc d’être analysées. La définition engage notamment un débat sur la séparation des facultés de l’intellect (appréhension) et de la volonté (assentiment). La question de savoir s’il est possible de décrire la croyance a pour enjeu celle de savoir si elle n’est pas insaisissable pour tout autre chose que l’expérience subjective (cf. le mystérianisme de Nagel). Enfin, il faut se demander si les causes de notre croyance par lesquelles on cherche à l’expliquer peuvent constituer des raisons de croire ou au contraire de sérieux motifs de douter d’une justification de la croyance. En conséquence on s’interrogera aussi sur la responsabilité que l’on peut avoir à l’égard de notre croyance : ce qu’il faut et ce qu’on peut ou non croire. L’action UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense O. OUZILOU Ce cours portera sur des débats qui nourrissent ce que l’on nomme la « philosophie de l’action » et tentera de soulever les problèmes épistémologiques, ontologiques et éthiques que recouvre ce domaine. Comment identifie t‐on une action ? Quel type de concept doit mobiliser une explication satisfaisante de l’action ? A cet égard, les notions intentionnelles de désir et de croyance ont‐elles une réelle pertinence explicative ? Nous traiterons également les questions du libre arbitre et de la nature de la rationalité et de la délibération pratiques. La notion de liberté est‐elle un ingrédient conceptuel nécessaire à notre compréhension de l’action comme telle ? A quelles conditions une action peut‐elle être dite irrationnelle ? Quelle est la différence entre l’irrationalité épistémique (qui peut caractériser nos croyances) et l’irrationalité pratique ? Delalibertédelavolontéàlalibertédel’action UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Ch. LAZZERI Dans la tradition philosophique la liberté a toujours été comprise sous deux aspects distincts et relativement indépendants l’un de l’autre : la liberté du vouloir et la liberté de l’action. Les questions et les discussions philosophiques qui découlent de ces deux aspects diffèrent en conséquence. Dans le premier cas, la question décisive consiste à se demander si l’on est libre à faire les choix que l’on fait, c'est‐à‐dire libre de vouloir ou de ne pas vouloir, d’affirmer ou de nier et en général de choisir entre des options opposées, ou bien s’il existe des mécanismes ou des processus causaux qui prédéterminent les «choix» opérés. Ces discussions sur le libre‐arbitre et le déterminisme traversent tout autant la philosophie moderne (Descartes, Locke, Leibniz, Spinoza, Rousseau, Kant, Schopenhauer, Hegel..) que contemporaine (Honderich, Kane, Sartre, Anscombe, Chisholm, Davidson, Double, Frankfurt, Searle). Le problème moral essentiel qui lui est lié est celui de la PHILOSOPHY (PHILOSOPHIE) responsabilité morale. De son côté, la liberté de l’action est compatible avec une thèse déterministe (Hobbes, Spinoza, Schopenhauer, Honderich), tout comme son absence est compatible avec la thèse du libre‐arbitre. C’est ce qui fait que la question de la liberté de l’action peut acquérir une valeur autonome à l’égard du premier débat et qu’elle revêt une dimension politique dans les discussions aussi bien classiques que contemporaines sur la concurrence entre liberté négative et liberté comme non‐domination. Le cours explore ces deux versants de la question de la liberté. Lescepticisme UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Claire ETCHEGARAY Le cours portera sur les moyens et la portée du scepticisme, ainsi que sur la contestation ou la réponse qui peuvent lui être opposées. Le but est de donner à penser ce qu’une réflexion sceptique peut avoir d’essentiellement philosophique et, paradoxalement, crédible, et de la distinguer ce faisant de l’incertitude ou de la réserve ordinaires. Les moyens argumentatifs mis en oeuvre par le sceptique ont une apparence paradoxale dans la mesure où ils semblent utiliser la raison afin de la ruiner. Leur portée dépend alors du statut donné à la remise en question de la raison ou de nos facultés de connaître par elles‐mêmes : n’est‐elle que théorique ? est‐ce à dire que le scepticisme est indissociable d’un conformisme en pratique ? n’est‐ce pas une sorte de renoncement ou de démenti qui lui est par là opposé ? On en viendra alors à la façon dont il faut faire face au scepticisme : s’agit‐il de lui apporter une « réponse », une « solution », et si une telle issue est impossible quelle est la suite à donner au scepticisme ? Ces problèmes seront abordés au travers des grands textes sceptiques de l’histoire de la philosophie, aussi bien que de certaines approches contemporaines. Introductionàl’esthétique UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Antoine MULLER L'enjeu de ce cours est de familiariser les étudiants avec certaines références philosophiques incontournables, certains concepts et problèmes classiques (l'imitation, le beau, le génie, le goût...), dont on montrera les enjeux en ayant recours à des exemples variés, tirés de formes artistiques aussi diverses que possible. Le cours de cette année sera organisé de façon thématique. Après avoir commenté l'ambiguïté de la notion d'esthétique (à la fois théorie des canaux sensoriels et des formes de la sensibilité, théorie de certains sentiments et attitudes spécifiques, et théorie de l'art et des arts) on commencera par montrer que le terme "art" est culturellement et historiquement déterminé, que l'on s'en sert pour désigner des phénomènes et des pratiques multiformes (ce qui pose des problèmes de classification, de comparaison), que la délimitation de la sphère "artistique" correspond à des enjeux interculturels, sociaux et politiques. Suivant un premier axe, qui abordera l'art "à l'échelle humaine", on se placera tour à tour aux points de vue de la "production" et de la "réception", avant de se demander dans quelle mesure, entre ces deux pôles, "l'œuvre" peut être envisagée pour elle‐‐‐même. Un second axe, consacré aux rapports de force au sein desquels l'art intervient et trouve sa place, tentera de dégager les causes et les effets de l'art : ce qu'il exprime, représente ou manifeste, ses fins, ses fonctions, ses puissances. Afin d'articuler les théories esthétiques et les documents sur lesquels s'appuiera le cours, on étudiera, de façon transversale, la façon dont certaines œuvres de fiction (notamment littéraires et cinématographiques) véhiculent ou alimentent telle ou telle image de l'art. Les étudiants rendront en cours de semestre une étude de cas sur ce sujet. Celle‐‐‐ci comptera à parts égales dans la note finale avec un devoir sur table, portant sur des questions de cours, lors de la dernière séance. Leproblèmedel’uniondel’âmeetducorps.Approchesdualistesetmatérialistes UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Claire SCHWARTZ La question de l’union de l’âme et du corps traverse l’histoire de la philosophie et se trouve particulièrement renouvelée à l’âge classique. Nous examinerons donc les réponses apportées par les grands systèmes dualistes et leurs difficultés : dualisme interactionniste (Descartes), occasionnalisme (Malebranche), système de l’harmonie préétablie (Leibniz). L’approche non‐dualiste spinoziste fondée sur un parallélisme psycho‐physique sera également exposée, ainsi que l’angle matérialiste du XVIIIe siècle. Nous nous interrogerons en conclusion sur la manière dont ces analyses éclairent des questionnements plus contemporains en philosophie de l’esprit. Philosophieetspiritualité UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense C. Chalier Quand elle se veut d’ordre strictement rationnel, la tradition philosophique fait volontiers le procès de la spiritualité renvoyée du côté de l’imaginaire, de l’irrationnel ou du pathos. Mais qu’en est‐il exactement ? Les philosophes qui ne dédaignent pas la spiritualité insistent sur le travail sur soi‐même que celle‐ci implique en même temps que sur la quête de la vérité qu’elle présuppose, et non sur l’imaginaire où elle serait censée entraîner pour le plus grand péril des hommes. A partir de l’étude de quelques textes de 1) Plotin, puis 2) Bergson, nous tenterons d’examiner cette question. PHILOSOPHY (PHILOSOPHIE) Laconnexiondeschoses:leproblèmedelacausalité UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Elie DURING Les choses ne sont pas simplement données ensemble dans l’espace de leur coexistence et dans le temps de leur succession : elles paraissent se conjuguer, s’enchaîner, tenir les unes aux autres par de multiples attaches qui les rassemblent en un tout (monde ou nature). La connexion causale semble à cet égard une relation privilégiée ; elle constitue peut‐‐‐être le ciment de l’univers. Mais la nature de cette relation a suscité beaucoup de discussions dans les rangs des philosophes. La notion même de cause a fait l’objet de critiques sévères (Hume, Comte, Russell) : on a proposé de lui substituer celle de causalité en mettant en avant la dimension de régularité (conjonction constante) ou de légalité (liaison nécessaire) aux dépens de l’efficacité causale, ce qui laisse évidemment entier le problème de l’origine de la nécessité que nous concevons dans la connexion des choses (Kant). Il n’est pas certain, cependant, que l’idée de causalité puisse être rigoureusement mise en oeuvre indépendamment de toute notion de puissance ou de disposition : la question est encore en débat aujourd’hui. L’idée de cause n’est‐‐‐elle pas finalement à l’horizon de toute explication réelle des choses (Meyerson) ? Et quelle place donner, d’ailleurs, à l’expérience vécue de la causalité sur le terrain de l’action, dans l’expérience de l’effort ou de l’acte libre par exemple (Maine de Biran, Bergson) ? Comment comprendre en général une causalité psychique dans le cadre d’une description de l’univers où règne la norme du déterminisme (la question court de Descartes au « mind‐‐‐body problem », en passant par Leibniz ou Malebranche) ? L’esprit, en un mot, a‐t‐il sa part dans la connexion des choses ? Telles sont quelques unes des questions que nous aborderons dans ce cours, en insistant sur les enjeux métaphysiques du problème (complémentaires des enjeux épistémologiques liés au concept d’explication). Philosophiedel’espritetsciencescognitives:Qu’est‐cequelepossible? UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense B. HALIMI Une des illustrations du renouveau de la métaphysique au XXe siècle, notamment dans le domaine de la philosophie analytique, concerne la notion de possible, pensée sous la forme de « mondes possibles » ainsi nommés en référence à Leibniz, mais dans une perspective assez différente de celle de Leibniz. Pour autant, le concept de possible a constamment fait l’objet, dans la tradition philosophique, de diverses critiques, par exemple de la part de Kant ou, plus encore, de Bergson. On commencera par analyser pour lui‐même le concept de possible, et par s’interroger sur sa délimitation, en posant des questions telles que : quel est le rapport entre virtuel et possible, l’idée de possible est‐elle prioritairement métaphysique ? On examinera ensuite différentes voies (notamment issues de la tradition analytique, mais pas seulement) ayant conduit à critiquer le concept de possible, ou bien, au contraire, à le remanier pour essayer de le maintenir. Hume,Enquêtesurl’entendementhumain UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Claire ETCHEGARAY Le cours propose un commentaire de l’Enquête sur l’entendement humain, qui suit sa structure. On propose d’abord une problématisation générale de l’oeuvre ainsi qu’une situation au sein de l’histoire de la philosophie en général, et du corpus humien en particulier. Puis l’on offre un commentaire détaillé, suivant le mouvement dialectique de l’ouvrage (section par section). Chaque section est située par rapport à ses enjeux épistémologiques, critiques, religieux, moraux ou politiques et problématisée autour des questions centrales de la philosophie de Hume : la philosophie et la vie commune ; les idées ; l’association ; la causalité ; la probabilité ; la nécessité et la liberté ; la croyance testimoniale et la critique ; la critique de la providence ; et le scepticisme. Au second semestre, le cours sur le « scepticisme » s’appuiera sur les perspectives humiennes dégagées dans ce cours. Laquestiondel’étranger UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Catherine CHALIER La question de l’étranger se comprend de différentes façons : l’étrangeté de l’homme au monde ; le statut de l’étranger dans une cité ou une communauté humaine ; le sentiment de sa propre étrangeté vis‐a‐vis d’autrui ; mais aussi la xénophobie. C’est ce qui sera au centre d’une réflexion qui s’appuiera d’une part sur des textes fondateurs de la pensée grecque et d’autre part sur des textes issus de la source biblique en tant que les deux traditions sont encore opérantes dans les sociétés occidentales. L’idéedeprogrèsmoral:lecturesdeKant UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Flore BOUDET Ce cours propose de se situer au croisement entre philosophie morale et philosophie de l’histoire, pour appréhender, chez Kant, la question du devenir et du progrès moral des hommes. Là où les Fondements de la métaphysique des moeurs veillent à déceler les conditions auxquelles, chez un être raisonnable, une PHILOSOPHY (PHILOSOPHIE) intention et une action peuvent être reconnues comme purement et proprement morales, l’Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique vise à penser les conditions historiques et politiques favorables à la moralisation de l’espèce humaine en général et des citoyens en particulier. Faut‐‐‐il alors penser, paradoxalement, qu’il n’y a pas de sujet moral qui n'ait été d'abord objet de moralisation et pas de liberté morale authentique qui ne soit l’effet d’un plan obscur et avisé de « la nature » pour l’homme ? Faut‐‐‐il, par ailleurs, nécessairement croire en un progrès moral de l’homme au cours de l’histoire pour ne pas désespérer de l’exigence de moralité ? KantetlacritiquedelamétaphysiquedanslesProlégomènesàtoutemétaphysiquefuture UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Jean SEIDENGART Il serait inexact et contraire à la pensée de Kant de réduire la "révolution copernicienne" à l’idée que les objets de l’expérience se règlent sur les concepts purs de l’entendement, ne laissant plus de place qu’à une connaissance phénoménale. Ce serait oublier que c’est précisément dans le but de constituer la métaphysique comme science que Kant mit en œuvre sa révolution copernicienne. La preuve en est que dès l’instauration de la solution critique, Kant rédigea une Métaphysique de la Nature et une Métaphysique des Moeurs. Ainsi, toute l’œuvre de Kant est dominée par un unique problème : « Ist Metaphysik überhaupt möglich ? », la métaphysique est‐elle seulement possible ? Or, pour répondre à une telle question il est indispensable de dégager les conditions de possibilité de la connaissance scientifique afin de pouvoir déterminer en quel sens la métaphysique peut légitimement emprunter la voie sûre de la science et en quel sens elle doit définitivement y renoncer, même si elle doit permettre de « s’orienter dans la pensée ». L’objectif de ce cours sera d’étudier de très près les Prolégomènes à toute Métaphysique future que Kant publia en 1783, juste après la première édition de sa première Critique afin d’écarter les contresens et malentendus auxquels celle‐ci a donné lieu, notamment dans la « recension Garve‐Feder » et pour préciser le sens de son « idéalisme critique ». Kant:laCritiquedelafacultédejugeresthétique UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense A.SAUVAGNARGUES Ce cours d’initiation à l’esthétique kantienne se propose de placer la troisième Critique d’Immanuel Kant dans le contexte de ses sources allemandes (Baumgarten) et anglaises (Hutcheson) pour en étudier la logique interne et les développements en Allemagne et en France. Il s’agira en outre d’une formation à la lecture philosophique et à la technique de l’explication de texte, pour apprendre à se repérer dans ce texte complexe et rigoureux, en lisant l’intégralité de la Critique de la faculté de juger esthétique, et en la commentant précisément pour se familiariser avec l’argumentation philosophique. DeHusserlàHeidegger:critiquedelafausseconscienceetdel’inauthenticité UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Stéphane HABER Radicalisant la thématique husserlienne de l’intentionnalité, la plupart des auteurs relevant du courant phénoménologique ont contesté le lien traditionnel, « cartésien », qui s’était établi entre conscience, subjectivité et intériorité pour insister au contraire sur le primat de l’être‐au‐monde, de la présence « extatique » à l’étant, bref, sur l’existence auprès des choses et d’autrui qui caractérise la vie humaine. Mais, de façon récurrente, ces auteurs ont en même temps développé, selon des voies différentes, l’intuition selon laquelle cette présence pouvait se manquer, au sens de ne pas se comprendre elle‐‐‐même, de passer à côté d’elle‐‐ ‐même, et, ce faisant, de ne pas s’accomplir elle‐‐ même. Ce cours vise à étudier la manière dont cette intuition s’est exprimée historiquement, depuis la mise en cause husserlienne de l’« attitude naturelle » dans laquelle s’empêtre la conscience préréflexive, jusqu’à la phénoménologie merleau‐pontienne de la maladie psychique, en passant par l’analyse heideggérienne de l’« inauthenticité » et par l’ontologie fameuse de la « mauvaise foi » chez Sartre. Avant la critique morale des actions injustes, avant la critique éthique des formes de vie manquées, à côté, même, de la critique sociale des causes objectives de la dévaluation de l’existence individuelle, vient la pensée des modes dans lesquels le mouvement vital d’existence, peut‐être d’ailleurs de façon nécessaire, en vient, en lui‐même et à partir de lui‐même, à fléchir et à dévier de sa trajectoire, se disposant par là à entrer en complicité avec les forces qui le nient. C’est à la saisie des présuppositions de cette complicité que les phénoménologies de la défaillance peuvent encore aujourd’hui contribuer. KantetHegel UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Stéphane HABER Immanuel Kant (1724‐1804) et Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770‐1831) sont deux philosophes allemands qui ont profondément marqué la pensée moderne. Le cours présente les lignes de force de leurs positions théoriques respectives en essayant de comprendre comment l’on est « passé » d’un système à l’autre. Thèmes privilégiés : philosophie critique, théorie de la connaissance, raison pratique (Kant), expérience de la conscience, dialectique, historicité (Hegel). PHILOSOPHY (PHILOSOPHIE) L’âmeetsespassions UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Christèle VEILLARD L’objectif du cours est d’introduire à la philosophie ancienne par un biais particulier : les passions. Il s’agit là en effet d’un point d’entrée privilégié, tant à l’éthique qu’à la psychologie, c’est‐‐‐a‐‐‐dire à la connaissance de ce qu’est l’âme (psychê), ou encore à la politique. Si rien de grand ne se fait sans passion, la passion est également ce qui rend aveugle, étranger à soi, autre que soi. Ainsi s’agit‐‐‐il d’un objet contradictoire, conçu comme l’élément qui donne vie et mouvement, mais qui fait aussi obstacle à la connaissance comme à la maîtrise de soi. Nous étudierons par conséquent quelques textes fondateurs, en identifiant les différentes explications majeures du phénomène passionnel, explications qui structureront durablement les débats sur le sujet. Figuresdu«cogito»etidentitépersonnelle UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Martine DE GAUDEMAR En partant du moment fort de l'âge classique (Descartes, Leibniz, Locke), le cours abordera diverses approches du Cogito, de l'Antiquité à nos jours. On distinguera le cogito (acte d'un sujet qui se constitue dans l'énonciation), et l'identité personnelle. L'identité personnelle est peut‐être une chimère dont la consistance serait imaginaire. La "personne" relève du vocabulaire juridique et moral, et n'a peut‐être à voir ni avec le "moi" ni avec la subjectivité. La déclinaison de l'individualité dans différents mondes possibles fait apparaître des variations de la personne qui corrodent le sentiment d'une identité unique, et conduisent plutôt à envisager une pluralité de personnages pour chaque "un" ou chaque "une". Le sexe est peut‐être l'une de ces variations possibles de la personne. L'identité personnelle, du point de vue juridique, est sexuée. Mais un sujet grammatical et logique, constitué dans l'énonciation, ne peut‐il s'accommoder de différents personnages, comme Stanley Cavell le dit de Cléopâtre, amante, reine, et jeune garçon ? Nous évoquerons ces différents problèmes (aliénation originaire, constitution performative de soi, travail d'individualisation, nécessaire séparation), au fil de la rencontre des textes. L’identitépersonnelleetlanaturedelamémoire UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Denis FOREST L’objectif du cours est de présenter quelques conceptions récentes de l’identité personnelle en philosophie de l’esprit (Parfit, Frankfurt, Cassam, Charles Larmore), dans leur rapport à des débats plus anciens (le critère de la conscience et de la mémoire proposé par Locke et les doutes sceptiques exprimés à ce sujet par Butler et Reid, en particulier). Son second objectif est d’examiner l’apport possible du développement de la connaissance psychologique et neuroscientifique de nos facultés (en particulier, la mémoire), à une conception philosophique du soi aujourd’hui. Qu’est‐cequin’existepas?Introductionàl’ontologie UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Elie DURING Qu’est‐‐‐ce qui n’existe pas ? « Une fourmi de dix‐‐‐huit mètres / Avec un chapeau sur la tête » (Robert Desnos). La liste peut être poursuivie sans fin : licornes, loups‐‐‐garous, spectres, Ovnis, etc. Objets fictionnels, irréels ou simplement douteux : tout cela n’existe pas… « Jusqu’à preuve du contraire ! », s’écrie le croyant. En effet, les raisons de croire peuvent dans certains cas compenser le déficit des preuves. Pour établir avec certitude l’inexistence de quoi que ce soit, mieux vaut donc recourir à des arguments a priori. Une contradiction logique (un cercle carré, l’ensemble de tous les ensembles) semble offrir un critère d’inexistence infiniment plus sûr que le caractère plus ou moins hasardeux des conjectures au sujet du frère jumeau d’Elvis ou de la quatrième dimension. Mais la question rebondit : de quoi avons‐‐‐nous ainsi établi la non existence ? À quoi pensons‐‐‐nous ? L’enquête ontologique ne prétend pas faire un inventaire raisonné des choses (ni même des genres de choses) qui existent ou qui n’existent pas. Qu’elle soit « libérale » ou « maigre », l’ontologie vise directement le principe de tout inventaire en s’interrogeant sur le concept d’objet inexistant (distinct du non‐‐‐être), sur celui même d’existence, sur la possibilité d’envisager une pluralité de modes d’existence et pourquoi pas des degrés d’existence. Admettons que seul le néant n’existe absolument pas : il reste à explorer le domaine des existences ténues ou évanouissantes, mais aussi à parcourir toutes les nuances de l’inexistence, de l’irréel au non‐‐‐être, de l’improbable à l’impossible, de l’inexistence de fait à l’inexistence de droit, etc. Les êtres de fiction, par exemple, existent bien d’une certaine façon puisque nous y pensons. Ils échappent ainsi au pur néant. On dira qu’il ne s’agit justement que de représentations, mais quel est le mode d’existence d’une représentation, d’un objet intentionnel ? Que signifie que la conscience existe ? Et que dire des êtres relationnels (un son, le temps) ou symboliques (une institution), des universaux et des entités abstraites (« les champignons », le nombre 3, la loi de la gravitation), des possibles (la victoire de la France en finale de l’Euro 2012, le monde où cet événement a lieu), des propriétés attachées au possible (la calvitie de l’actuel roi de France), ou encore des êtres obtenus par composition arbitraire (mon stylo + l’oreille gauche de Barack Obama) ? Existent‐‐‐ils eux aussi, et en quel sens ? Quelles raisons avons‐‐‐nous de leur dénier l’existence ? Et que gagnons‐‐‐nous à la leur accorder ? PHILOSOPHY (PHILOSOPHIE) «Ungrandpasdanslascienceesthétique»:lejeuneNietzscheetletragique UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense M. COHEN‐HALIMI Dès les premières lignes du premier chapitre de La Naissance de la tragédie, Nietzsche annonce que son livre va accomplir « un grand pas dans la science esthétique ». Le cours visera à élucider la signification et les enjeux de ce programme philosophique. Que désigne pour Nietzsche la « science esthétique » sinon la première partie de la Critique de la raison pure de Kant ? Comment cette « science esthétique » se rapporte‐t‐elle à la métaphysique de la musique, inspirée par Schopenhauer et encore prégnante dans ce premier livre de Nietzsche ? Ces questions orienteront la lecture de La Naissance de la tragédie et conduiront à ouvrir un ensemble de controverses philosophiques de Nietzsche avec les premiers romantiques, avec Kant, avec Schopenhauer…, toutes contribuant à la mutation de sens du vocable « esthétique ». Pour la traduction de La Naissance de la tragédie, choisir celle de Ph. Lacoue‐Labarthe soit dans le t.I du volume Œuvre de Nietzsche dans la collection « La Pléiade » soit en livre de poche (Folio / Gallimard). Lelibéralismeetsescritiques UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Christian LAZZERI On se demander dans ce cours dans quelle mesure il est possible de formuler une définition conceptuelle convaincante du libéralisme dans laquelle toutes ses variantes puissent se reconnaître et s’il est possible de faire coexister au sein d’une même doctrine, le libéralisme politique et le libéralisme économique. On privilégiera particulièrement la question abondamment débattue des rapports complexes entre démocratie et marché. On examinera ensuite l'ensemble des critiques auxquelles le libéralisme politique et économique a été soumis depuis la première moitié du XIXe siècle (traditionalisme, marxisme, communautarisme, républicanisme...) en évaluant leur portée et leur cohérence, ainsi leur compatibilité. On se demandera, en dernier lieu, si le libéralisme peut constituer la «philosophie indépassable de notre temps ». Problèmesdephilosophiedel’écologie UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Emilie HACHE La crise écologique que nous traversons aujourd’hui est une crise à la fois scientifique, politique et morale. Nous commencerons par interroger le concept de nature, au cœur de cette crise. Si l’écologie peut s’entendre comme l’étude des relations entre des êtres hétérogènes, nous nous intéresserons ensuite à l’évolution de nos rapports avec les non humains avec qui nous cohabitons, par exemple à la disparition de la coupure sauvage/domestique, à la question de l’extinction des espèces ou encore au renouvellement inattendu que l’éthologie apporte à la définition de l’humain, comme à celle du monde. Nous consacrerons la fin du cours à problématiser les nouveaux enjeux politiques engagés par cette crise. N’est‐il pas déjà trop tard pour s’interroger sur les façons d’y porter remède, comme pour s’intéresser aux générations futures ? Et si tel n’est pas le cas, à quelle radicalité politique sommes‐nous appelés pour espérer rendre possible un monde viable pour plus qu’une minorité d’être humains ? Leschosesont‐ellesunsens? UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Patrice MANIGLIER Le «sens de la vie» est l’exemple même de ces questions philosophiques si ambitieuses et si vagues qu’elles semblent donner à rire plus qu’à enquêter. Pourtant, il en va d’elle comme de toutes les autres questions : elle paraît arbitraire et gratuite tant qu’on ne la replace pas dans les conditions qui l’imposent, et qu’on ne clarifie pas les termes qu’elle met en œuvre. Si donc l’on veut aborder cette question avec le sérieux qu’après tout elle mérite, il faut partir de situations à partir desquelles «l’existence», que ce soit celle des choses en général ou la nôtre propre, paraît dépourvu de sens de manière problématique. Ce cours fera l’hypothèse que ces situations ont à voir avec l’expérience de paradoxes, dans lesquelles les mécanismes par lesquels nous donnons du sens semblent nécessairement fonctionner contre eux‐mêmes. Plus exactement, il s’emploiera à examiner les réponses couramment données (en théorie ou en pratique) à la question du sens de la vie (ainsi l’amour, l’accomplissement individuel, la création, la connaissance du monde etc.), et montrera, à la lumière de quelques grands textes anciens et modernes, qu’elles s’avèrent marquées par des dynamiques contradictoires, qui fait qu’elles se retournent contre elles‐mêmes. Autrement dit, la même chose qui donne du sens le retire par la‐même. Ainsi, le simple fait de changer s’avère incompréhensible (paradoxe de Zénon), la mort ne semble pas nous concerner (paradoxe d’Epicure), la création artistique, loin de nous faire accéder à la postérité, nous rend mortel (paradoxe de Blanchot), l’amour donne du sens à nos existence, mais le détruit dans la mort (paradoxe de Saint Augustin), la connaissance des mécanismes n’explique rien (paradoxe de Platon), le progrès se retourne sur lui‐‐‐même (paradoxe de Levi‐Strauss), le travail aliène (paradoxe de Marx), etc. Lalanguedel’amourdanslatraditionphilosophiqueetdanslatraditionbiblique PHILOSOPHY (PHILOSOPHIE) UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense C. CHALIER Poètes et philosophes anciens ont parlé de l’amour (Éros) dans une langue différente, ils en ont montré la force, la tragédie mais aussi l’accomplissement ultime. Ils ont aussi médité l’amitié (Philia). Les auteurs bibliques ont quant à eux introduit une distinction décisive entre Éros et Agapé (l’amour responsabilité, la charité) dont la pensée moderne est encore tributaire, ils ont aussi médité la fraternité. Mais que vise cet amour ? Quel lien cherche‐t‐il à établir ? S’agit‐il de l’amour d’un autre que soi ? de l’amour du prochain ? de l’amour d’un principe ultime ? ou encore de l’amour de Dieu ? La langue des premiers philosophes pour tenter de répondre à ces questions n’est pas seulement le grec, c’est aussi une langue conceptuelle, abstraite et rigoureuse. La langue de la Bible n’est pas seulement l’hébreu, c’est aussi une langue imagée, métaphorique, anthropomorphique. Certains penseurs ont tenté toutefois de dire l’amour dans l’une et l’autre langue (par exemple le philosophe Maïmonide (1135‐1204) quand il parle de l’amour intellectuel de Dieu. Humanité,inhumanité:anthropologie,philosophie,politique UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense B. OGILVIE Le cours portera sur la question de la définition de l’homme. Mieux vaudrait dire « les définitions », car elles sont nombreuses. De l'animal politique d'Aristote à la liberté de l'existentialisme, de la créature pécheresse de la religion à l'homme des sciences humaines, du sujet politique au sujet de l’inconscient, des auto‐ appellations des populations traditionnelles (« nous les hommes ») à la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » (1789, 1793), puis à la « Déclaration universelle des droits de l’homme » (1948), ces définitions s’appuient souvent sur des exclusions : le barbare, le païen, le vagabond, le sauvage, le colonisé, le fou, l'étranger, le délinquant, l'enfant... sans oublier la femme. La grande variété de ces gestes d’exclusion montre que l’idée d’humain non seulement n’est pas simplement descriptive, mais qu’elle n’a aucune stabilité, et qu’elle oscille entre la question de l’espèce (Aristote/Darwin), de la valeur (Kant/Lévinas) et de l’anthropologie politique (Marx/Freud). La question de l’inhumain, domaine flou qui vient border cette zone instable au prix d’un paradoxe (car ce sont toujours les humains qui s’accusent mutuellement de l’être — la nature est cruelle, et l’animalité bestiale, mais jamais elles ne sont inhumaines) est particulièrement importante à cause de ses enjeux idéologiques, juridiques et politiques populaires. Des éclairages historiques permettront de dessiner la généalogie de la période contemporaine et de comprendre les difficultés particulières que pose cette question aujourd’hui, au regard des nouvelles formes de violences, des nouveaux comportements politiques et économiques, des nouvelles frontières entre les sexes. Car il s’agira d’affronter aussi le paradoxe d’une idée de l’homme qui ne laisse à la femme qu’un statut d’emprunt. Généalogiesdelamoraledanslaphilosophiedel’âgeclassique UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Anne SAUVAGNARGUES Il s’agira, en s’appuyant sur la lecture précise de grands textes de l’histoire de la philosophie, de procéder à une généalogie de la question de la subjectivité, dans son rapport avec la morale, à partir de l’impulsion lancée par le cogito cartésien. Comment se constitue un discours sur le sujet, de Descartes à Kant ? La conception modale de l’individu, chez Spinoza, et sa critique du Bien, la conception du jeu chez Schiller dans sa reprise de la philosophie kantienne, permettent de tracer une histoire différente des notions de sujet, de subjectivité et remplacent la morale abstraite par une éthique des relations sociales. Nietzsche, dans sa Généalogie de la morale, ne se contente pas d’opposer à la morale un autre concept, mais procède à la généalogie archéologique, philologique et historienne de la notion, intégrant à la conceptualité philosophique les méthodes empiristes de ce qu’on appelera sciences humaines, selon une démarche décisive pour la philosophie contemporaine, celle d’un Foucault par exemple. Moraleépicurienne,moralestoïcienne UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense B. BONDU et C. VEILLARD Il est d'usage, dans le langage courant, d'opposer épicurisme et stoïcisme comme deux manières antagonistes de vivre : le premier ne serait qu'une recherche effrénée des plaisirs (et en particulier des plaisirs du corps), tandis que l'autre se confondrait avec une forme extrême d'impassibilité, qui conduirait jusqu'au mépris de la vie. Une relecture des textes originaux d'Epicure et Epictète permet de remettre en cause cette distinction caricaturale. Il y a sans doute autant d'ascèse dans l'épicurisme que dans le stoïcisme, et le bonheur de vivre est bien la finalité des deux philosophies. Toutefois, il est vrai que leurs principes divergent considérablement. C'est précisément à l'étude de ces points communs et de ces différences que s'attachera le cours. Introductionaupragmatisme UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense E. HACHE PHILOSOPHY (PHILOSOPHIE) Ce cours proposera une introduction à la philosophie pragmatique, principalement celle de William James et John Dewey. On s’intéressa tout d’abord à la conception très singulière de la réalité comme de la vérité proposée par cette philosophie. Dans un second temps, on étudiera le type de philosophie politique et morale engagée par l’attitude pragmatiste, à l’importance, par exemple, de la démocratie comme aux méthodes alternatives d’éducation, ou encore, à la problématisation inhabituelle de la question des fins et des moyens. Dans un troisième temps, nous interrogerons l’héritage contemporain de cette philosophie, aussi bien en sociologie, dans les mouvements politiques contemporains, qu’en philosophie environnementale. Figuresphilosophiquesdel’écoute UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Peter SZENDY En variant les approches et les perspectives, en interrogeant tout autant des textes philosophiques choisis que des séquences filmiques ou littéraires, on tentera de déployer diverses hypothèses de pensée autour de l’oreille et de l’ouïe. On s’attachera en particulier à la figure de l’auscultation, depuis son invention médicale jusqu’à sa généralisation chez Nietzsche et au‐delà (Heidegger, Derrida, Nancy) ; ainsi qu’à la figure de la « surécoute », c’est‐à‐dire aux diverses formes de la surveillance auditive évoquées notamment par Barthes et Foucault. Sensetenjeuxdel’identitépersonnelle UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Martine DE GAUDEMAR Ce cours étudiera le débat entre Leibniz et Locke sur l’identité personnelle. Ce débat historique sera une occasion de caractériser deux styles de rationalité et deux traditions philosophiques. Il se poursuit aujourd’hui sous d’autres formes et avec d’autres enjeux : l’autonomie individuelle, le souci de soi et le soin de soi, la demande de reconnaissance, l’apparaître sur la scène sociale comme personnage visible et audible, sont devenus aussi importants que les questions philosophiques sous jacentes qu’il nous faudra déplier et mettre au grand jour. Oùvontetd’oùviennentlesvaleurs? UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Peter SZENDY Il s’agira d’esquisser une histoire philosophique de la notion de valeur, dans ses dimensions tant économiques que culturelles. Une histoire du fiduciaire, donc (du latin fiducia, « confiance »), qui est bien plus que celle de la monnaie au sens strict : Nietzsche prône ainsi une « transvaluation des valeurs » (Umwertung der Werte), Heidegger parle du « faux‐monnayage » des « valeurs en soi », Hannah Arendt diagnostique une « liquidation générale des valeurs » ... Dans un cheminement qui ira de la « chrématistique » d’Aristote à l’abandon de l’étalon‐or par Nixon en 1971, on se laissera aussi guider par un roman : le fascinant Grand Escroc de Melville qui, nouant étroitement les deux aspects du fiduciaire (la valeur et la foi), les retourne contre le lecteur lui‐même en une ultime question : quelle est la valeur de ce qu’on peut lire sur la valeur ? Lachose,entrefétichesetspectres UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Peter SZENDY On suivra l’émergence du motif du spectre dans la pensée de Jacques Derrida, en prêtant l’oreille à la façon dont il enchaîne sur la théorie du fétichisme chez Marx et sur l’interrogation heideggerienne quant à la Chose. Des croisements entre philosophie et littérature fantastique (Faust, Frankenstein, Dracula…) viendront ponctuer le parcours. Sartre:violenceetpolitique UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Ch. LAZZERI Dans l’Etre et le néant, Sartre a cherché à construire une théorie des rapports interhumains comprise comme une confrontation entre les consciences dont chacune cherche à s’arracher à la perception réifiante des autres. Cette « lutte des regards » pour la reconnaissance se voulait aussi radicale qu’universelle, mais elle butait par cela même sur une difficulté majeure en réduisant le lien social à sa seule dimension conflictuelle. C’est à partir de son Baudelaire (1947), des Cahiers pour une morale (1947‐48) mais surtout de son livre sur Jean Genet (1952) et de ses textes sur le colonialisme de la fin des années 50 (Situations V) que Sartre a commencé à surmonter ces difficultés en cherchant à construire une théorie de la réciprocité comme contrepartie et même comme condition de sa théorie du conflit. Il a aussi cherché à « lester » les rapports sociaux de leur dimension économique, rompant PHILOSOPHY (PHILOSOPHIE) avec leur conception «désincarnée» présentée dans l’Etre et le Néant. C’est dans la Critique de la raison dialectique que ce projet sera porté à son expression la plus précise dans le cadre d’une discussion théorique avec le matérialisme historique de Marx. Le cours étudiera quelques uns des grands thèmes de la Critique : théorie de la réciprocité, théorie de la réification et de l’exploitation, conception du conflit social et de la formation des groupes sociaux, théorie des institutions. Leproblèmed’Autrui:intérêtsetlimites UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Camille CHAMOIS L’objectif de ce cours est à la fois de comprendre l’intérêt heuristique du concept d’ « Autrui », mais également de mettre en évidence les conditions de possibilité (philosophiques, mais également politiques et historiques) pour qu’émerge un tel concept. Pour cela, on cherchera d’abord à comprendre pourquoi ce concept, si fondamental dans la philosophie moderne et contemporaine, est absent des théories antiques et médiévales. On étudiera alors principalement deux versants de la question d’Autrui : un versant phénoménologique (qui tente de comprendre en quoi l’apparition de l’autre humain se distingue de l’apparition des objets matériels) et un versant éthique (qui analyse les causes et les conséquences du rapport à Autrui). En s’appuyant sur des exemples anthropologiques et sur les travaux de philosophes contemporains, on s’interrogera alors sur les impensés et les limites éventuelles d’un tel concept. PhilosophieetPolitiquefont‐ellesbonménage? UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense C. VEILLARD Les philosophes ont, tout au long de leur histoire, connu bien des déboires lorsqu’ils ont voulu se frotter à la politique : Platon, intervenant auprès de Denys de Syracuse, est vendu comme esclave ; Aristote, précepteur d’Alexandre le Grand, est accusé de trahison par la cité d’Athènes ; Sénèque se verra contraint au suicide par son élève Néron. L’objectif du cours est de parcourir l’histoire de l’Antiquité afin de comprendre de quelle manière les philosophes ont tenté d’intervenir dans le domaine politique, avec quelles méthodes et quels principes. Y a‐t‐il finalement incompatibilité d’essence entre l’exercice de la philosophie et la pratique de la politique ? Les philosophes ont‐ils pu infléchir de manière décisive la manière de faire de la politique de leurs contemporains ? PhilosophieetFantastique UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Peter SZENDY En partant des tentatives de définition du genre fantastique en littérature, on se demandera s’il peut exister un fantastique en philosophie. Et si oui, quel est son sens. Le cours alternera des lectures détaillées d’oeuvres littéraires, comme le Faust de Goethe ou Dracula de Bram Stoker, avec des analyses de textes philosophiques marquants, de Karl Marx à Jacques Derrida en passant par Martin Heidegger. Lalibertéetlapolitique UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Nestor CAPDEVILA La liberté est généralement considérée comme un bien qui doit être préservé par la politique, au titre de condition ou d'objectif. L'éloge de l'esclavage (pour soi) est plutôt rare ! Mais on constate que l'idée de liberté est divisée. Le cours examinera deux exemples de division de l'idée de liberté, la liberté des anciens et des modernes (B. Constant), la liberté positive et la liberté négative (I. Berlin) en essayant de comprendre sa source. Pouvoiretinstitutions UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Th. Boccon‐Gibod L’objectif du cours est d’examiner les conceptions classiques et modernes des institutions politiques, afin d’aborder philosophiquement des concepts relevant essentiellement du droit et de la science politique. Pour ce faire, on reviendra d’abord sur les élaborations classiques de la théorie des régimes, pour examiner ensuite l’inflexion que les diverses théories de la légitimité populaire ont fait subir à la réflexion politique, menant au concept de gouvernement représentatif. On s’attachera alors à la mise au jour des structures juridiques des sociétés modernes, à travers notamment les notions de régulation et de service public, ainsi qu’aux concepts d’institution propres à l’anthropologie et aux sciences sociales. L’animaldanslamodernité,deDescartesànosjours PHILOSOPHY (PHILOSOPHIE) UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Emilie HACHE Notre questionnement de l’animal a énormément changé en quelques décennies en philosophie, nous amenant à réinterroger notre héritage moderne. De qui, de quoi parle‐t‐on quand on parle de « l’animal » ? Cette notion est censée rassembler tous les animaux existants, alors qu’il n’existe pas une espèce animale, mais des espèces animales. Comment rassemble‐t‐on sous un même terme des êtres aussi distincts ? On est passé de l’étude de l’Animal à celui des animaux, ouvrant toute une série de questions auxquelles nous nous intéressons : est‐ce que les animaux ont une histoire ? Est‐ce que les animaux vivent dans des mondes ? Est‐ce que ce sont des « personnes » ? Peut les considérer comme des sujets ? Autrement dit, disposons‐nous des concepts comme de la grammaire permettant réellement de penser les mondes animaux et les modifications qu’une telle prise en compte engage ? L’itinérairedeJean‐FrançoisLyotard UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Jean‐Michel SALANSKIS On voudrait, dans ce cours, donner accès à la philosophie contemporaine en faisant connaître un auteur qui lui a contribué de façon particulièrement plurielle : en s’intéressant aux questions politiques, esthétiques, morales et épistémologiques d’une part, en adoptant des styles et méthodes variés d’autre part (“philosophie d’écrivain”, phénoménologie, philosophie analytique, marxisme). On s’efforcera, en même temps, de présenter l’itinéraire de pensée qui fut celui de J.‐F. Lyotard. Le cours alternera entre exposés synthétiques des idées de Lyotard et études de morceaux choisis. Cosmétiqueetcosmopolitique UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Peter SZENDY À l’époque de la mondialisation, au moment où l’on touche plus que jamais aux limites du globe (qui apparaît dès lors comme tel, vu du dehors), il convient de se souvenir de ce que mundus veut dire : comme le grec kosmos dont il est la traduction latine, ce mot signifiait à la fois le monde et le bel ornement (c’est ce dernier sens que l’on entend encore, négativement, dans le mot français immonde). Deux auteurs, deux oeuvres serviront de fil conducteur pour une exploration questionnante de ce double sens du monde : Carl Schmitt, dans l’oeuvre duquel on suivra l’émergence de la notion de «prise d’espace mondial», depuis La Notion de politique (1932) jusqu’à ses derniers textes recueillis dans La Guerre civile mondiale, en passant par l’incontournable Nomos de la Terre (1950) ; Emmanuel Kant, dont on lira conjointement les écrits esthétiques et les considérations sur l’histoire universelle ou la paix perpétuelle. C’est ainsi que l’on tentera d’articuler à nouveaux frais les deux portées du kosmos ou du mundus, entre cosmétique et cosmopolitique. Laquestionthéologico‐politique UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Catherine CHALIER Analyse des problèmes posés par la question theologico‐politique en partant du constat de son importance dans la modernité. Pourquoi cette question continue‐ t‐elle de s’imposer et cela pas seulement dans les pays qui se réclament de telle ou telle religion d’Etat ? Que signifie le fondamentalisme religieux ? Peut‐‐‐on le combattre en lui opposant des lectures historiques et critiques des textes religieux ? Ou tout simplement la liberté de conscience ? Pourquoi la démocratie est‐elle obligée de prendre au sérieux ces questions ? Foucaultetl’analysedupouvoir UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Stéphane HABER Au milieu des années 1970, d’une manière inattendue, la pensée de Foucault se recentre autour de questions fondamentales relevant de la théorie sociale : qu’est‐ce que le pouvoir ? Comment se manifeste‐t‐il historiquement ? ; en quel sens peut‐il être compris comme la relation sociale primordiale ? ; peut‐on et doit‐ on y résister ? Le cours analysera la manière dont Foucault, d’une façon plus exploratoire que dogmatique, a tenté de répondre à ces questions en investissant une série de nouveaux objets concrets (la prison, la sexualité, la critique, le néolibéralisme…). On se demandera également comment cette riche réflexion peut être actualisée en fonction de notre présent historique. Corpus : M. Foucault : Surveiller et punir; La Volonté de savoir,; Sécurité, territoire, population, Naissance de la biopolitique; Dits et écrits IV. Foucault:AnalysedupouvoiretcritiqueduMarxisme PHILOSOPHY (PHILOSOPHIE) UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense Alexis CUKIER Nous étudierons un choix de textes de Foucault consacrés à l’analyse du pouvoir dans les années 1970 dans la perspective de leur rapport critique à Marx, aux marxismes, et aux théories du pouvoir qui s’y trouvent à l’oeuvre. Si, comme le note Etienne Balibar, «un véritable combat avec Marx est coextensif à toute l’oeuvre de Foucault et l’un des ressorts essentiels de sa productivité » (1989, p. 55), ce rapport est particulièrement éclairant pour comprendre l’entreprise de critique du concept de pouvoir et d’examen des « technologies de pouvoir » que Foucault développe dans ces textes en déplaçant l’analyse de l’aliénation aux normes, de l’idéologie au « savoir‐pouvoir », de la lutte des classes au modèle de la guerre puis de la critique de l’Etat comme instrument de domination à l’analyse du « biopouvoir ». Nous étudierons donc en détail certains des textes au programme du CM, en insistant notamment sur les trois cours au Collège de France (Il faut défendre la société, 1976, Sécurité, territoire, population, 1977‐1978, Naissance de la bio‐politique, 1978‐1979), et sur certains courts textes de Dits et Ecrits II, qui mettent en jeu, de manière directe ou implicite, la critique foucaldienne des théories du pouvoir d’inspiration marxiste. Introductionàlaphilosophiedessciencessociales UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense P. CHARBONNIER Ce cours propose une introduction générale aux grandes problématiques théoriques de l'école française de sociologie et d'anthropologie, et cela de son institutionnalisation chez Durkheim à ses développements structuralistes chez Lévi‐Strauss. Le cours repose sur l'étude des textes fondateurs et des notions clés de l'école durkheimienne et de l'anthropologie structurale, et vise à éclairer les implications philosophiques des nouvelles conceptions du social qui s'y font jour. Méthodologie:L’anthropologiephilosophiquedepuisKant UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense M. SCHUMM Le cours portera sur l’histoire, les conditions de possibilité, la légitimité et les enjeux des discours philosophiques sur l’humain. Nous nous intéresserons donc conjointement aux anthropologies philosophiques et aux différentes critiques qu’elles ont rencontrées, principalement au XXème siècle (notamment Husserl, Heidegger, Foucault). Une anthropologie philosophique est elle légitime, souhaitable, indispensable, inévitable ? Peut‐on et doit‐on chercher à formuler une définition de l’humain (animal rationnel, symbolique, politique, homo faber, être de manque…) ? Cela n’implique‐t‐il pas un essentialisme naïf, ou un naturalisme problématique ? Faut‐il penser l’humain en termes de nature, d’essence, de condition ? Existe‐t‐il une « différence anthropologique », et comment en rendre compte ? Comment penser l’humain par rapport aux figures de la divinité, de l’animalité, de l’intelligence artificielle ? Nous aborderons à travers des textes choisis différents thèmes : nature et culture, langage, technique, hominisation, corps, masculin/féminin, intersubjectivité, et nous nous interrogerons sur les rapports de l’anthropologie philosophique à d’autres disciplines (sciences humaines et sociales, sciences du vivant et théorie de l’évolution, sciences cognitives…). Le travail mené en cours et les exercices réguliers (préparation de textes, travail sur questions et thèmes, fiches de lecture) seront l’occasion pour les étudiants de L3 de renforcer leur maîtrise de la dissertation et du commentaire de texte. Introductionàlalogique.Lecalculpropositionnel UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense D. BONNAY Pour convaincre ou pour prouver, nous échangeons des arguments. Un argument vise à établir une conclusion donnée sur la base de certaines prémisses. Il appartient aux différentes disciplines d’établir quelles prémisses sont acceptables : au physicien de dire si les principes utilisés pour dériver une équation sont acceptables, à l’économiste de dire si les hypothèses utilisées pour déduire telle recommandation politique sont bien établies. Mais qui doit dire si la dérivation elle‐même est acceptable, si accepter les hypothèses initiales nous contraint vraiment à accepter la conclusion ? Cette question est prise en charge par la logique, dont le but premier est de déterminer ce qu’est un argument correct et quels arguments sont corrects. La logique est ainsi une partie fondamentale et abstraite de la philosophie qui traite des normes du raisonnement. L'objectif du cours sera de présenter la partie la plus élémentaire de la logique contemporaine, le calcul propositionnel. On présentera la notion informelle d'argument déductif correct et les langages formels utilisés par les logiciens afin de rendre compte de la notion de conséquence logique. On étudiera quelques propriétés élémentaires de ces langages et on montrera comment ils permettent d'analyser la correction des arguments « de la langue usuelle ». Logique:Lesnotionsdeconstructionetdepreuve UniversitéParisOuestNanterreLaDéfense J.‐M. SALANSKIS PHILOSOPHY (PHILOSOPHIE) Le but du cours est de présenter la notion d’abord mathématique, mais implicitement plus générale, de construction, telle qu’elle fut mise en avant par le mathématicien L.E.J. Brouwer au début du vingtième siècle. On exposera son intuition fondamentale, la vision des mathématiques à laquelle elle conduit, et les modifications de la logique qu’elle a inspirées. Dans la foulée, on abordera aussi le domaine de la théorie de la démonstration, et celui des théories de la calculabilité (notion de machine de Turing, de fonction récursive, lambda‐calcul). Tout cela en fonction du temps disponible. L’objectif majeur est de montrer que le mot construction désigne une figure philosophique fondamentale de la pensée. Ce cours pourra être suivi par des étudiants n’ayant pas choisi le cours de logique des prédicats au premier semestre (même s’il est recommandé de prendre les deux cours afin d’acquérir une culture logicienne plus complète). Il contiendra des aspects techniques, surtout dans sa seconde partie. Le partiel du contrôle continu, cela dit, consistera en une dissertation. JacquesDerrida:Lavéritéenpeinture UniversitéParis8Vincennes‐SaintDenis Charles RAMOND Le cours consistera, d’une part, en une présentation générale de la philosophie de Jacques Derrida ; et d’autre part, dans la lecture suivie de l’ouvrage La vérité en peinture (Paris : Flammarion, 1978). JacquesRancière:Lephilosopheetsespauvres UniversitéParis8Vincennes‐SaintDenis Charles RAMOND Le séminaire consistera, d’une part, en une présentation générale de la philosophie de Jacques Rancière (principalement autour de ses conception de l’émancipation et de « l’égalité ») ; et d’autre part, dans la lecture suivie de l’ouvrage Le philosophe et ses pauvres (Flammarion, « Champs », 2007). La réflexion sur le destin des cordonniers y poursuivra celle sur « la vérité en pointure », proposée dans le cours de Licence du mardi matin. Dictature(s)etdémocratie UniversitéParis8Vincennes‐SaintDenis Ninon GRANGÉ Sans s’arrêter à un descriptif des régimes les uns par rapport aux autres, nomenclature qui prétend souvent dégager le meilleur régime possible, on s’intéressera davantage au politique qu’à la politique. Cependant, le problème de départ consistera à interroger le régime démocratique, distingué formellement de la république, en relation avec ses origines (idéales ?) grecques, au regard de possibles dérives, altérations, transformations autoritaires. Quand la représentation, les contrôles, la participation citoyenne ne sont pas des garanties démocratiques pérennes, que devient une constitution dont les bases demeurent démocratiques ? Quand les droits élémentaires, ou fondamentaux, ou individuels, sont rognés temporairement, peut‐‐‐on encore parler de régime démocratique ? On se demandera donc s’il y a une essence éternelle de la démocratie, autrement dit si celle‐‐‐ci n’est pas le régime par excellence susceptible d’entrer en contradiction avec lui‐‐‐même. L’ambivalence entre singulier et pluriel du mot « dictature(s) » signale que la notion ne sera pas saisie comme régime mais bien comme pratique, voire comme pratiques. Ainsi la démocratie sera abordée de manière problématique avec ce qui devrait rester à ses marges mais qui peut, dans l’histoire, devenir véritable métamorphose autoritaire ou tyrannique (les fascismes, le nazisme n’en sont que les exemples les plus évidents). La question de l’autoritarisme sera bien sûr abordée, mais sans que soit négligée celle de la représentation, et, à l’horizon, celle de la définition du peuple. Peut‐‐‐on concevoir un « peuple démocratique » ? Existe‐‐‐t‐‐‐il une essence démocratique ? À l’inverse, que signifie pour un peuple vivre en régime constitutionnel démocratique et accepter des éléments de dictature ? Le lien entre démocratie et régime pacifique est‐‐‐il naturel ? Dès lors, on peut se demander si l’on peut se référer sans ambiguïté majeure à une tripartition classique des régimes ou s’il ne faut pas plutôt inventer d’autres catégories, d’autres formes d’exercice du pouvoir. C’est la limite entre l’ordinaire politique et l’exceptionnel (juridique ?), le moment où l’exception peut devenir la règle, qui constitueront notre fil directeur, et qui permettront de poser la question ultime de la conflictualité du politique. ÉthiqueetpolitiquechezHobbesetMachiavel UniversitéParis8Vincennes‐SaintDenis Muhamedin KULLASHI Cette E.C. vise à introduire à l’examen des liens que des considérations éthiques nouent avec la politique aux temps modernes. A travers l’analyse des textes de Machiavel, et de Hobbes, on abordera des questions qui concernent la nature de la politique qui s’autonomise par rapport à des réflexions sur les finalités humaines, la question de la valeur des différents régimes politiques et des genres de vies qu’ils impliquent. Seront également traités les thèmes : les passions et la politique, le mal comme question politique, la conscience individuelle et la légitimité des décisions du pouvoir, la liberté et la loi, le droit du recours à la ruse, au mensonge et à la violence dans l’exercice du pouvoir, le pouvoir et l’opinion publique. PHILOSOPHY (PHILOSOPHIE) Rousseau‐Diderot:laquerelleduspectacleetlascènedelareprésentation UniversitéParis8Vincennes‐SaintDenis Patrick VAUDAY « Toute l’esthétique de Diderot, on le sait, repose sur l’identification de la scène théâtrale et du tableau pictural », dans cette seule phrase Roland Barthes ramassait ce qui sous‐tend toute politique de la représentation, à savoir un art des « scènes mises » sous le regard du sujet‐spectateur. Rousseau, à l’inverse, a rêvé d’un théâtre sans scène, sans salle et sans public, un théâtre sans spectateur auquel n’auraient part que des « spec‐acteurs » s’offrant dans la fête partagée le spectacle de leur commune appartenance. On entendra dans ce différend plusieurs échos des débats contemporains sur « la société du spectacle » et les arts vivants qui entendent revitaliser la scène des énergies de la vie et de la verte nature. L’enjeu du cours sera d’examiner si le paradoxe d’un théâtre sans comédien ne finit pas par se retourner, dans la scène d’écriture de Rousseau, en son exact contraire : un lecteur spectateur d’un spectacle dont il est à jamais exclu. Et si, inversement, le théâtre pictural de Diderot n’offre pas finalement au spectateur, à la variation d’angle près, l’occasion d’en devenir l’acteur. In fine, il s’agira d’envisager dans le contemporain des arts la possibilité d’une représentation sans sujet ou de son au‐delà. L’élogeduparadoxe,etseslimites UniversitéParis8Vincennes‐SaintDenis Frédéric RAMBEAU Les paradoxes font entendre une puissance singulière du langage, celle de renverser une signification en son contraire et de doubler le sens du sens inverse. Régulièrement associés à des pratiques subversives, critiques et provocatrices (humour, sophismes, mots d’esprit ou autres énonciations problématiques), ils mettent en question l’unité de la signification et le principe auquel elle reste appendue, celui de l’intention de signification ou du vouloir‐‐‐dire. Malgré le rôle constitutif qu’ils ont joué dans la théorie de la signification, dès son établissement par Aristote, ils sont pourtant traditionnellement assignés à des manquements occasionnels ou à une marge extérieure à la logique de la proposition (comme, aussi bien, au pragmatisme du langage ordinaire). C’est que ce qu’ils montrent d’une production disjonctive du sens, irréductible à un manque de signification ou à une apparence de logique, n’oblige pas seulement à dissocier le sens de la signification, mais renverse radicalement l’ordre de priorité onto‐‐‐logique de la métaphysique. C’est dans les ratés du langage, dans les failles du discours que se manifestent les conditions paradoxales et probématiques non seulement des énonciations considérées comme anormales mais, également et simultanément, des règles normales de la signification ainsi que de la genèse du bon sens et du sens commun. Les paradoxes et les énonciations problématiques ne tirent pas leur valeur d’être des phénomènes de langage, mais d’indiquer des problèmes dans la pensée qui, au contraire, tournent le langage vers ses dehors. Seulement, que ce soit sous les espèces du paradoxe ou du « non‐‐‐sérieux » que ces problèmes puissent se dire, signifie aussi que ces problèmes sont essentiellement inconscients. Dupotentielpolitiqueduréel UniversitéParis8Vincennes‐SaintDenis Aurore JACQUARD Il s’agira d’entrer dans l’oeuvre de Lacan par le biais d’une question : dans quelle mesure la psychanalyse peut‐‐‐elle être critique au sens où Foucault l’entend ? Nous permet‐‐‐elle de renvoyer à leur contingence les limites de l’expérience possible qui se font passer pour universelles et nécessaires ? Foucault et Lacan se rejoignent en effet dans une préoccupation commune qui est, non celle de la connaissance de l’être, mais celle de la constitution du sujet dans un certain rapport à la connaissance. Mettre l’aliénation au langage au principe de la constitution du sujet, n’est pas seulement le moyen de rendre compte d’un noeud de servitude primordial, mais le moyen de poser que le lieu où le sujet s’aliène est toujours en même temps le lieu de son désir, c'est‐‐‐a‐‐‐dire de son activité même. Lire le symbolique comme un transcendantal historique n’a rien d’une évidence et suppose de faire place au réel comme reste inassimilable à la production du sujet dans et par le langage. Nous pourrions voir dans la capacité du réel à trouer le symbolique, à produire des effets de désajustement, le moyen de révéler la contingence des ordres, de produire des réorientations et des déplacements, d’ouvrir à l’infinité des productions discursives. Pourtant, il semblerait que la contingence des limites qui déterminent nos pratiques ne puisse être appréhendée sans que nous soyons renvoyés à notre précarité originaire de vivant sexué que Lacan qualifie de « manque réel », ce qui fait de cette appréhension une difficulté. Le sujet peut‐‐‐il modifier ce qu’il ne peut que méconnaître ? Quel travail sur le symbolique est alors susceptible de produire des effets dans le réel ? Lespédagogiesdel’émancipation UniversitéParis8Vincennes‐SaintDenis Didier MOREAU La pédagogie a subi une double critique au XXème siècle : la première, radicale, visait son projet même ; développée par René Schérer dans les années 70, elle tendait à montrer que la construction de la figure du pédagogue, à partir de Rousseau était destinée à prolonger la minorité de l’enfant. La seconde, factuelle, s’opposait à toute réforme de l’institution scolaire en France dans les années 80, au nom d’une essence éternelle de la skola. Si l’on retourne la première critique contre la seconde, il est possible de faire apparaître la question de l’émancipation comme l’enjeu politique essentiel du projet éducatif. Dans ce cadre, l’enseignement visera à mettre en évidence, dans les idées pédagogiques, la prégnance des concepts majeurs de la philosophie de l’éducation, dans leur PHILOSOPHY (PHILOSOPHIE) articulation à l’idée d’émancipation. L’analyse des pratiques et doctrines de Pestalozzi, Fourier, Jacotot, Cousinet, Hermann Lietz et les Landerziehungheime, Freinet, etc. permettra d’appréhender comment cette question émancipatrice a été l’objet mis à l’épreuve par les principaux pédagogues. La lecture des textes de Jacques Rancière contribuera ensuite à saisir les structures qui protègent l’institution scolaire contre les mises en question issues des pratiques pédagogiques émancipatrices. On comprendra mieux, dès lors, les enjeux véritables, des débats contemporains sur l’École. Unorientimaginairepourrevisiterles«impasses»duréalisme UniversitéParis8Vincennes‐SaintDenis Éric LECERF La philosophie et la littérature nous ont appris à attribuer aux « Indes lointaines » une valeur singulière. A la différence des autres exotismes constitués comme Ailleurs par la rationalité occidentale, la lecture des images dont les Indes sont le support implique toujours qu’un écart préalable soit consenti vis‐‐‐a‐‐‐vis de l’opposition classique entre la fiction et le réel. Entrer dans cet univers nous y est toujours donné sous l’angle d’une expérience impliquant une introspection où le sujet n’aurait plus sa place. Dans ce séminaire, nous interrogerons cette singularité par l’étude de trois films produits dans la même décade (les années qui ont suivi l’indépendance de l’Inde) par trois réalisateurs qui, à des titres divers, se sont posé la question du réalisme. Le fleuve de Jean Renoir, Le tigre du Bengale et Le tombeau hindou de Fritz Lang, et enfin L’Inde vue par Rossellini. Si les options prises par chacun de ces réalisateurs sont radicalement différentes, tous trois se sont néanmoins confrontés à une même question : comment rompre avec une fascination qui est d’autant plus forte qu’elle semble autant relever de la représentation que notre volonté de rompre avec toute représentation. Visibleetinvisibledanslecinémad’IngmarBergman,l’exempledeFannyetAlexandre UniversitéParis8Vincennes‐SaintDenis Mazarine PINGEOT En 1982, Ingmar Bergman avait pris la décision d’arrêter le cinéma en présentant une oeuvre qu’il voulait ultime : Fanny et Alexandre. Il ne tint pas tout à fait parole, et continua à réaliser des oeuvres pour la télévision, ce qu’était déjà Fanny et Alexandre. Une fresque de 5h40, film somme et sommet cinématographique. Il s’agira de comprendre, à travers une double approche mêlant philosophie et analyse filmique, la complexité d’une oeuvre qui renferme à elle seule tous les motifs (le miroir, le masque), obsessions (le couple, le sexe, la mort), institutions (religion, famille, art), esthétisme (gros plans, huis clos) du cinéaste. L’angle privilégié sera le couple de notions visible/invisible, et ses succédanés présence/absence, plein/vide, conscient/inconscient. Rappelons que Bergman est d’ailleurs le cinéaste qui a le plus souvent utilisé le blanc comme couleur, couleur de la transparence. Notre projet est donc de traiter de l’invisible comme « profondeur de champ » du visible, s’inspirant en cela des réflexions de Merleau‐Ponty dans Visible et invisible. Il s’agira dans une double approche d’analyser le film à travers un appareil critique cinématographique et scénaristique, et d’apporter des matériaux philosophiques et psychanalytiques, détour théorique qui permettra d’approfondir la compréhension de cette oeuvre ultime. FolieetRaison,àpartirdeDescartes UniversitéParis8Vincennes‐SaintDenis M. PINGEOT Il s’agit d’étudier la folie à partir de la première Méditation de Descartes, en s’inscrivant dans la querelle entre Derrida et Foucault. Nous aurons soin d’étudier la première Méditation de Descartes et à partir de là d’explorer les relations entre raison et folie à l’aide des textes critiques qui débattent autour de ce texte canonique. Ce point de départ sera l’occasion d’une ouverture sur la problématique de la folie, que nous réinscrirons dans la mesure du possible, dans une perspective cartésienne. Ou tout du moins, dans une confrontation avec le cogito cartésien comme fondateur de la philosophie du sujet. Ce qui nous mènera nécessairement à nous interroger sur l’identité du sujet, comme sur les différentes approches (internalistes, naturalistes, psychiatriques) de la connaissance du sujet. ControversesafricainesausujetdeHegel UniversitéParis8Vincennes‐SaintDenis Stéphane DOUAILLER Le geste par lequel Hegel assigna à l’Afrique sa place dans l’histoire de l’esprit rencontre aujourd’hui son revers dans un ensemble de gestes ultérieurs pour définir sa place à la philosophie hégélienne. Ce travail, qui s’accomplit très diversement dans la citation injuste, la discussion érudite et l’invention problématique, dessine entre autres l’institution d’une controverse en évolution. On s’intéressera particulièrement à son insistance et à ses difficultés ainsi qu’à ce qui les parcourt : réhabilitation culturelle, émancipation intellectuelle et politique, réappropriation conceptuelle, réinvention critique. ArtetPolitique.Anarchitecturesdel’artcontemporain PHILOSOPHY (PHILOSOPHIE) UniversitéParis8Vincennes‐SaintDenis Éric ALLIEZ «L’art est exclusivement politique. S’impose donc l’analyse des limites formelles et culturelles et non l’une ou l’autre à l’intérieur desquelles l’art existe et se débat ». Et Daniel Buren de conclure cette intervention intitulée « Limites critiques » (1970) en énonçant : « Feindre de s’échapper de ces limites, c’est donner force à l’idéologie dominante qui attend, de l’artiste, la diversion ». Fort de cette mise en demeure, le séminaire se propose un triple objectif : 1/ produire, depuis les années soixante, une introduction à l’art contemporain et à ses enjeux de pensée en « Art et politique », dans une entre‐problématisation de la notion faussement commune de Politique et du thème obligé en « Art et vie » (confondus, ou pas, etc.) ; 2/ interroger la notion d’Espace dans ses « limites » corporelles, réelles, formelles, institutionnelles et culturelles…, comme lieu d’exposition de l’art contemporain en examinant le rapport « critique et clinique » qu’il entretient avec l’architecture (musée, maison, habitat, urbanisme et géopolitique de la ville…) ; 3/ à partir d’une analyse croisée d’œuvres et de textes de Lygia Clark, Hélio Oiticica, Robert Smithson, Daniel Buren et Gordon Matta‐‐‐Clark, soumettre le(s) discours à une manière d'expérience cruciale se proposant de problématiser à nouveaux frais le rapport « esthétique » entre philosophie et art. Lephilosopheartiste:PhilosophieetMusique.PlatonetNietzsche UniversitéParis8Vincennes‐SaintDenis Bruno CANY Nous étudierons la place de la musique dans les œuvres de Platon et de Nietzsche. Puis, partant de la métaphore de la philosophie comme théâtre de la vérité, nous verrons comment la pensée philosophique prend pour modèle la musique. C’est parce qu’elle est, depuis Pythagore, un art abstrait pensé mathématiquement en sa structure que la musique est la figure que le philosophe‐‐‐artiste offre à la pensée philosophique pour se représenter abstraitement. La discussion entre Platon et Nietzsche portant essentiellement sur la question de la préséance entre le texte (la parole) et la musique. Deseffetsd’uneéthiquedudésir UniversitéParis8Vincennes‐SaintDenis Aurore JACQUARD Nous nous proposons d’interroger, à travers la lecture du Séminaire de Lacan intitulé L’éthique de la psychanalyse (1959‐‐ 1960), le geste par lequel Freud renoue avec une question propre à la philosophie antique, celle du bonheur, et par lequel il pose singulièrement un problème éthique depuis un contexte épistémologique marqué par l’émergence de la physique moderne et depuis un paradigme d’intelligibilité du politique artificialiste, celui des théories du contrat social. Que devons‐‐‐nous attendre de l’expérience de ce désir qui « n’a pas le caractère d’une loi universelle, mais au contraire de la loi la plus particulière » pour la formulation d’une éthique ? En renforçant la barre entre le signifiant et le signifié, faisant d’elle une barre refoulante, Lacan ne fait‐‐‐il que reconduire la transcendance du sens par delà la théorie saussurienne de la valeur, ou bien introduit‐‐‐il une dimension nouvelle, celle où se creuse le désir précisément ? Après avoir posé, inspiré par Kojève, que le sujet ne se définit pas par la connaissance qu’il a de lui‐‐‐ même mais se constitue dans le mouvement par lequel il désire un autre désir, Lacan pense désormais une analogie structurelle entre la loi morale kantienne et le désir : l’un comme l’autre ne peuvent faire l’objet d’une connaissance bien que le sujet en ait quelque savoir. En substituant une éthique du désir à une éthique des biens, Lacan semble vouloir en finir avec une certaine ontologie afin de faire place à la singularité absolue des désirs. Ne retrouve‐‐‐t‐‐‐il pas pourtant au niveau de la loi ce dont il cherchait à se déprendre en refusant au désir toute inscription dans l’être? Comment interpréter par ailleurs la référence à Antigone ? Quels rapports entretient l’exigence éthique de « ne pas céder sur son désir » à une politique ? Histoiredelasexualité.Lavolontédesavoir.LecturedeFoucault UniversitéParis8Vincennes‐SaintDenis Jean‐Pierre MARCOS Foucault en portant l’attention sur : ‐ la méthode employée ‐ la redéfinition de la problématique du pouvoir à la lumière de la critique de l’«hypothèse répressive» ‐‐ la problématique d’un « dispositif de la sexualité » Dans un deuxième temps, il s’agira d’introduire à l’intelligence de la réception des travaux de Foucault aux U.S.A dans ce qu’il est convenu d’appeler désormais les «gender studies».