Les économies de l`Afrique de l`Ouest : un portrait statistique

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Les économies de l’Afrique de l’Ouest : un portrait statistique
Ce bref portrait statistique porte sur l’Afrique de l’Ouest, région qui regroupe ici les quinze
pays membres de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Il
s’agit par ordre alphabétique du Bénin, du Burkina Faso, du Cap-Vert, de la Côte d’Ivoire, de
la Gambie, du Ghana, de la Guinée, de la Guinée-Bissau, du Libéria, du Mali, du Niger, du
Nigéria, du Sénégal, de la Sierra Leone et du Togo. Les principaux thèmes traités sont : la
démographie, l’évolution de la croissance économique, le problème de la diversification
économique, l’intégration dans la mondialisation, les coûts économiques qui lui sont
associés et le défi environnemental.
Le défi démographique
L’Afrique de l’Ouest compte un peu plus de 300 millions d’habitants. Ce qui représente 35%
de la population de l’Afrique subsaharienne. A titre de comparaison, la population des Etats-
Unis était évaluée à 310 millions en 2010. Le Cap-Vert est le plus petit pays de la zone avec
près de 500 mille habitants. A l’autre extrême, on retrouve le Nigéria avec près de 160
millions d’habitants, pays le plus peuplé de tout le continent africain.
Graphique : Population totale des pays d’Afrique de l’Ouest en 2010 (en millier)*
Source : Nations-Unies ; *le Nigéria a été omis par souci d’une meilleure présentation.
La population de l’Afrique de l’Ouest est très jeune. A l’exception du Cap-Vert (31,8%) et du
Ghana (38,6%), la part des moins de 15 ans va d’un minimum de 40% au Togo à un maximum
de 49% au Niger. C’est également une population qui s’urbanise de plus en plus. L’Afrique de
l’Ouest compte 134 millions d’urbains, soit un taux d’urbanisation de l’ordre de 45%. Le
Niger est le pays le moins urbanisé de la zone (16,7%). Le pays le plus urbanisé est le Liberia
dont la population compte 61% de citadins.
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En 2010, la population active (travailleurs + chômeurs) s’établissait en 2010 à près de 107
millions dont 49 millions de travailleurs ruraux. En raison de la jeunesse de la population,
l’Afrique de l’Ouest demeure sous-représentée pour l’instant dans la population active
mondiale (3,3%). Les femmes représentent en moyenne 43% de la force de travail. Le Niger
(31,2%), le Mali (35,4%) et la Côte d’Ivoire (37,4%) sont les trois pays les femmes sont
moins nombreuses dans la population active. Par contre, c’est au Togo (50,5%) et en Sierra
Léone (50,7%) que les femmes sont les plus nombreuses dans la population active. Les
travailleurs sont majoritairement employés dans l’économie informelle. D’où le fait que la
plupart d’entre eux ne bénéficie pas de mécanismes de couverture sociale. D’où également
le nombre important de travailleurs pauvres.
Graphique : Taux d’urbanisation
Source : Banque Mondiale
Entre 1955 et 2010, la population de l’Afrique de l’Ouest a été multipliée par quatre, passant
de 70 millions à un peu plus de 300 millions, ce qui représente 4,4% de la population
mondiale. Ce boum démographique a été favorisé par les améliorations obtenues dans le
domaine de la santé et par une fertilité encore importante malgré un déclin tendanciel. Les
progrès en matière sanitaire peuvent être constatés au niveau de l’espérance de la vie à la
naissance. Pour les deux sexes confondus, l’espérance de la vie à la naissance s’établissait
en moyenne à 35 ans en 1955 contre 52 ans de nos jours. Si ces tendances se poursuivent,
l’espérance de vie à la naissance devrait s’établir aux alentours de 67 ans à l’horizon 2050.
En ce qui concerne le taux de fertilité dans la région, il était en 1955 de 6,3 enfants par
femme en moyenne. Chiffre qui s’établit à 5,5 enfants par femme dans la période actuelle et
qui devrait chuter jusqu’à 3,3 enfants par femme à l’horizon 2050.
Cette croissance démographique soutenue est l’un des défis majeurs de tout le continent à
court terme comme à long terme. Selon les projections des Nations-Unies, la population
actuelle devrait être multipliée par 2,5 d’ici à 2050. Autrement dit, en l’espace d’un siècle,
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l’Afrique de l’Ouest va voir sa population multipliée par 10. Dans dix ans, comparée aux
Etats-Unis, la population de l’Afrique de l’Ouest comptera 50 millions d’habitants de plus.
Alors qu’elle ne constituait que 2,8% de la population mondiale en 1955, l’Afrique de l’Ouest
représentera près de 8% de la population mondiale à l’horizon 2050. Autrement dit, près
d’un habitant sur 12 vivra dans cette zone dans quarante ans. D’où le caractère urgent de
performances économiques qui permettront de répondre à cette pression démographique.
Graphique : Population totale de l’Afrique de l’Ouest projections 2010-2050 (en millions)
Source : Nations-Unies
2. Le défi d’une croissance économique soutenue :
Les perspectives économiques du continent africain ont souvent dépendu de trois
contraintes majeures : la contrainte politique (les conflits et les guerres civiles), la contrainte
climatique (la récurrence de sécheresses et des inondations) et la contrainte globale
(l’évolution des termes de l’échange, de la finance et de l’investissement au niveau mondial).
Contrairement à une idée répandue, la croissance économique en Afrique n’a jamais été
faible. Elle a plutôt été volatile. Les pays africains sont capables de créer la croissance mais
jusque dans les années 2000, ils ont été incapables de créer la croissance économique de
manière soutenue du fait justement des trois contraintes susmentionnées. En effet, durant
ces cinquante dernières années, la croissance économique a eu une nature dialectique dans
la plupart des pays africains : les épisodes de croissance ont souvent alterné avec les
épisodes de contraction. Telle est la différence majeure entre les pays africains et les pays de
l’Asie de l’est qui ont pu avoir une croissance économique à la fois importante et soutenue
dans le temps.
L’instabilité de la croissance économique en Afrique pousse ainsi à réfléchir en termes de
trajectoires de croissance. Les taux de croissance moyen calculés pour l’Afrique
subsaharienne sont souvent trompeurs parce qu’ils agrègent des types de croissance
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1955 2010 2020 2035 2050
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économique qui s’inscrivent dans des dynamiques qualitativement distinctes. En vue de ne
pas tomber dans le fétichisme de la croissance, il peut être utile de distinguer trois types de
dynamiques de croissance : la reconstruction, la stabilisation et l’accumulation. L’indicateur
utilisé est ici le PIB par habitant mesuré en dollars constants avec pour base lannée 2000.
Les pays qui sont dans une dynamique de reconstruction sont ceux qui en 2009 n’avaient
toujours pas encore retrouvé le meilleur niveau de PIB par habitant acquis quelques
décennies plutôt. Par exemple, le Togo a connu une croissance économique non négligeable
de 1960 à 1980. Il avait alors atteint un niveau de PIB par habitant de 346 dollars (mesuré en
dollars constants). Depuis lors, le Togo peine laborieusement à retrouver ce pic historique du
PIB par habitant. Le Togo est donc un pays qui doit rattraper son niveau économique passé
et se reconstruire. En Afrique de l’Ouest, sept pays sont dans ce cas. Il s’agira pour eux dans
la décennie à venir de retrouver et d’essayer de dépasser la meilleure performance
économique acquise antérieurement.
Tableau : Taux de croissance du PIB par habitant (2000-9) et dynamique de croissance
Pays
Taux moyen de croissance du
PIB par habitant (2000-9) en %
Accumulation (1)
Cap-Vert
4,3
Stabilisation (7)
Ghana
3,4
Bénin
0,8
Mali
3,1
Burkina Faso
1,9
Gambie
1,9
Guinée
0,8
Reconstruction (7)
Nigéria
3,6
Côte d’Ivoire
-1,3
Sénégal
1,3
Sierra Léone
6,5
Niger
0,8
Guinée-Bissau
-1,6
Togo
-0,3
Libéria
-3,2
Source : Sylla (2011)
Les pays qui sont dans une dynamique de stabilisation sont ceux qui avaient atteint en 2009
le meilleur PIB par habitant de leur histoire mais qui sur le long terme n’ont pas connu une
croissance moyenne supérieure à celle de l’économie mondiale. Cela concerne sept pays de
l’Afrique de l’Ouest. Le Ghana par exemple était plus productif en 2009 qu’en 1965.
Toutefois, sur l’ensemble de cette période, la croissance économique moyenne du PIB par
habitant était en dessous de celle constatée pour l’économie mondiale. Le Ghana avait un
PIB par habitant de 281 dollars en 1965. S’il avait enregistré depuis lors un taux de
croissance de 1,5% en moyenne annuelle, il aurait atteint 541 dollars en 2009 et non pas 343
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dollars par habitant. Autrement dit, le Ghana a dépassé le stade de la reconstruction. Mais, il
n’en est pas encore au stade de l’accumulation, phase à partir de laquelle on s’inscrit
véritablement dans une logique de rattrapage économique.
Les pays qui sont dans une dynamique d’accumulation sont ceux qui ont enregistré en 2009
le meilleur niveau de PIB par habitant de leur histoire et dont la croissance économique a
été supérieure lors de la dernière décennie à la moyenne de long terme de l’économie
mondiale. Le Cap-Vert était le seul pays de la zone à avoir ce type de croissance économique.
Présentement, l’Afrique de l’Ouest représente 27% du PIB (mesuré en termes courants) de
l’Afrique subsaharienne et seulement 0,5% du PIB mondial. Même si c’est un colosse aux
pieds d’argile, le Nigéria est de très loin l’économie la plus puissante de la région. Il
représente 63,5% du PIB de la zone. Il est suivi par le Ghana (10,3%), la Côte d’Ivoire (7,5%)
et le Sénégal (4,2%). A elles seules, ces quatre économies représentent 85,5% des richesses
produites en Afrique de l’Ouest. La Gambie, la Guinée Bissau et le Libéria sont les trois plus
petites économies (avec 0,3% chacun).
Graphique 1 : Principales économies de l’Afrique de l’Ouest en 2010 (% du PIB de la zone)
Source : Banque Mondiale
En termes de revenu national brut par habitant (mesuré en dollars courants), le Cap-Vert est
le pays le plus riche de l’Afrique de l’Ouest (3270 dollars US) alors que le Libéria (200 dollars
US) et la Sierra Leone (340 dollars) sont les plus pauvres. En 2010, cinq pays seulement
avaient dépassé le seuil de 1000 dollars par habitant. Le Cap-Vert et le Ghana sont les deux
pays de la zone qui ont un revenu par habitant supérieur à la moyenne de l’ensemble des
pays de l’Afrique subsaharienne. C’est ainsi que la plupart des pays de la zone sont classés
parmi les Pays les Moins Avancés (PMA) à l’exception de la Côte d’Ivoire, du Nigéria et du
Cap-Vert ; ce dernier pays étant le seul de la zone à être sorti de ce groupe, en 2007
notamment. De même, malgré les nombreux progrès qui ont été réalisés, les pays d’Afrique
63,5
10,3
7,5
4,2
14,5
Nigéria
Ghana
Côte d'Ivoire
Sénégal
Autres
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