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1 Les communications optiques
1.1 Introduction
Nos sociétés modernes ont de plus en plus besoin de systèmes de télécommunication à grands débits afin de
pouvoir transmettre non seulement la voix humaine mais aussi les images. Les communications par satellite nous ont
déjà habitués à la transmission d’image vidéo à travers toute notre planète. Cependant, les coûts énormes de mise en
orbite et d’entretien des satellites limitent cette technologie aux services publics. Depuis l’invention des lasers à mi-
conducteurs, des recherches ont permis de réaliser des fibres optiques capables de transmettre un faisceau de lumière
de ces lasers sur de très grandes distances. Cette technologie de communication par fibres optiques est maintenant
utilisée par les compagnies de téléphone pour relier non seulement les villes mais aussi les continents. Le coût
d’installation d’une fibre optique est aujourd’hui (1992) comparable à l’installation d’une paire de fils de cuivre
conventionnels. L’étape suivante sera l’introduction de ces fibres dans nos maisons, ce qui nous donnera accès à de
nouveaux services1.
L’objectif de ce manuel est l’étude des guides d’ondes diélectriques. Cette analyse permettra aux lecteurs de
comprendre les paramètres importants de la fibre optique pour les systèmes de communication. Afin d’apprécier
immédiatement ces divers paramètres, il est nécessaire de décrire à un niveau très simplifié ce qu’est une voie de
communication.
Les systèmes de communicationphoniques utilisent un système de codage binaire. Le voie de
communication doit transmettre un train d’impulsions de mêmes longueurs et de mêmes largeurs (voir figure 1). La
performance de telle voie de communication est définie en termes de sa capacité de transmission et de la distance
parcourue sans l’aide d’un répéteur. La capacité de transmission (N) est simplement le nombre d’impulsions (bits)
qui peuvent être transmises par unité de temps (seconde) :
N = (Bits) (sec)
FIGURE 1.1 : Voie de communication : La largeur de bande est le nombre d’impulsions qui peuvent être transmises
par seconde sans qu’elles se confondent après avoir parcouru une distance d’un kilomètre.
1. Le volume « The Rewiring of America : The Fiber Optics Revolution » [1] décrit les diverses étapes du
développement de cette technologie.
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Si on veut que la valeur de N soit élevée, il faut générer des impulsions très brèves afin d’obtenir un
maximum d’impulsions par seconde. Le nombre de bits sera alors de l’ordre de l’inverse de la largeur des impulsions
t.
Cependant, toutes les voies de communication non seulement atnuent le signal qui se propage mais
élargissent aussi les impulsions individuelles. Afin de caracriser cette propriété des voies de communication, on
spécifie le nombre d’impulsions par seconde du train après la distance de 1 kilomètre en introduisant alors la largeur
de bande B que l’on définit :
B =
t
1 (MHz-km)
Ce paramètre est donné habituellement en MHz et on spécifie toujours que cette caractéristique est évaluée après un
kilomètre de propagation.
Aux longueurs d’ondes typiques des communications optiques (1,3 - 1,6 m
µ
) la qualité des fibres actuelles
est telle que la perte dans la fibre atteint la limite théorique permise par la diffusion de Rayleigh qui est de 0,2
dB/km. La figure 1.2 indique que sur une période d’environ cinquante ans (1965-1980), on a réussi à fabriquer un
verre de qualité suffisante pour permettre que les communications optiques deviennent compétitives. Ces résultats
sont dus à d’intenses recherches multidisciplinaires.
FIGURE 1.2 : Évolution de la perte du verre au cours des siècles. On note l’impact de la recherche scientifique
durant la période couvrant les années 1965 à 1980. Cette recherche avait pour objectif de réaliser des fibres optiques
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de qualité suffisante pour les communications optiques (ce graphique est basé sur celui présen par Madame
Suzanne Nagel).
La figure 1.3 montre l’atnuation de la paire de cuivre typique des communicationsphoniques, celle
d’un câble coaxial typique des services de télévision et l’atnuation d’une fibre optique standard en fonction de la
fréquence. Une bonne qualité de conversation téléphonique requiert un taux de transmission de 65 kbits/s. Les
impulsions à cette fréquence subissent une atténuation d’environ 3,5 dB/km dans la paire de cuivre typique des
services téléphoniques. D’autre part, si on voulait transmettre, sur cette me voie, de la musique avec la même
qualité d’audition que celle d’un disque compact, il faudrait un taux de transmission d’environ 620 kbits/s. Des
impulsions de 640 kHz subiraient alors une atténuation de plus de 15 dB/km dans cette paire de cuivre. Pour
transmettre un signal vidéo couleur, on doit compter sur un taux de transmission de 44 Mbits/s pour ce même
système binaire. L’atténuation de la paire de cuivre devient tout à fait inacceptable dans ce cas et même l’atténuation
d’un câble coaxial est déjà très grande. On comprend alors pourquoi les services de télévision parble doivent
régénérer leurs signaux après de très courtes distances. Cependant, l’atténuation d’un signal par une fibre optique est
une faible valeur qui demeure constante (dans ce cas, 2 dB/km selon la figure 1.3), quelle que soit la fréquence des
impulsions (donc quel que soit le débit de transmission) et ce jusqu’à des fréquences de plus de 20 GHz. Cette
propriété surprenante de la fibre optique a été comprise par l’industrie dès les années soixante-dix, ce qui a conduit à
cette révolution des communications par fibres optiques et ses applications.
FIGURE 1.3 : Atténuation en fonction de la fréquence pour trois voies de communication. La surface de résistance
du cuivre augmente rapidement avec la fréquence. Il s’ensuit que les hautes fréquences sont fortement atténuées dans
une paire de fils de cuivre. L’utilisation d’un câble coaxial avec sa région annulaire diélectrique permet de diminuer
l’atténuation des hautes fréquences. La fibre optique avec son coeur et sa gaine entièrement constitués de matériaux
diélectriques permet de réduire l’atténuation pour des fréquences dépassant le gigahertz.
1.2 Description du contenu
Ce volume décrit la théorie électromagnétique pour des modes de propagation des guides d’ondes
diélectriques avec comme objectif de comprendre les applications de ces guides pour les systèmes de
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télécommunication. Tous les volumes d’électromagnétisme classique présentent les guides d’ondestalliques
comme un exemple d’application de solution des équations de Maxwell avec des conditions limites. Quelques
volumes décrivent sommairement les guides diélectriques. Cependant, à la suite de l’application de ces guides sous
la forme de fibre optique, il est devenu essentiel qu’un cours d’électromagnétisme appliqué contienne cette théorie et
insiste sur les caractéristiques de minimisation de la dispersion qui permet d’avoir une largeur de bande extrême.
Afin de clairement situer le contenu de chaque chapitre, la figure 1.4 présente schématiquement les trois
types de fibres optiques qui trouvent aujourd’hui des applications importantes.
FIGURE 1.4 a) : Profil d’indice des fibres multimodes à saut d’indice, des fibres monomodes et des fibres à gradient
d’indice.
FIGURE 1.4 b) : Tracé des rayons optiques pour la fibre multimode à saut d’indice, la fibre monomode et la fibre à
gradient d’indice. La largeur de bande typique de ces trois fibres est indiquée.
D’abord, la fibre multimode à saut d’indice. Nos notions jà acquises de l’électromagnétisme et de
l’optique nous laisse déanticiper qu’afin de guider l’énergie dans cette structure, il devra y avoir une réflexion
totale interne des rayons à l’interface n1/n2. Il est donc essentiel de bien comprendre le phénone de réflexion totale
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interne pour caractériser ce type de guide d’ondes. Le chapitre 2 contient un bref rappel des équations de Maxwell et
des conditions aux limites de l’électromagnétisme tout en amenant les lecteurs à utiliser la notation de l’optique
moderne (e.g. la longueur d’onde du vide
λ
remplace presque partout la fréquence de l’onde
ω
). L’étude de la
réflexion totale interne inclut le phénone de glissement latéral (Goss-Hänchen) de l’onde qui servira à compléter
le modèle géométrique du guide planaire. La seconde partie de ce chapitre présente la rivation de l’équation de
propagation pour une impulsion dans un milieu dispersif. L’effet non linéaire Kerr optique est inclu dans ce modèle
et conduit à l’équation non linéaire de Schrödinger. La solution solitonique de cette équation est discutée
sommairement afin dinformer les lecteurs de cette nouvelle forme d’application qui assurera bientôt les
communications transocéaniques.
La solution électromagnétique du guide plan est discutée au chapitre 3. Cette solution utilise des fonctions
mathématiques élémentaires qui facilitent la compréhension du guidage par une structure diélectrique. De plus, cette
structure nous amène au modèle au modèletrico-ondulatoire des ondes planes. Ce mole permet de
comprendre le fonctionnement de plusieurs systèmes optiques complexes. Le guide d’ondes planaire est aussi la
structure de base pour la alisation de composantes de l’optique intégrée, tels que les coupleurs passifs qui sont déjà
utilisés dans des systèmes de communication. Afin d’initier le lecteur à ce type de couplage la solution
électromagnétique de deux guides d’ondes couplés est présentée dans l’annexe du chapitre 3.
Le chapitre 4rive la solution exacte de la fibre optique à saut d’indice. La notion de réflexion totale
interne ne suffit plus à expliquer l’opération de ce guide d’ondes. En particulier, les caractéristiques physiques de la
fibre monomode sont démontrées et discutées.
L’annexe du chapitre 4 fait un rappel utile des divers types de fonctions de Bessel nécessaires à la
description des modes EH et HE de la fibre. L’étude de la minimisation de la dispersion du guide d’ondes nous
amène au moyen d’abaques à la condition de faible guidage. Cette condition essentielle pour une fibre à grande
largeur de bande nous conduit aussi à l’introduction des modes LP qui permettent de simplifier par la suite l’analyse
du régime multimode. Cette étude paramétrique au moyen d’abaques permet de justifier à chaque étape le
veloppement mathématique très lourd, qui évite d’imposer des postulats « ad hoc » comme doivent le faire les
autres ouvrages spécialisés.
Le dernier chapitre amorce l’étude électromagnétique de la dernière classe de fibre optique soit la fibre à
gradient d’indice. L’analyse numérique des modes LP du profil parabolique convergent et divergent permet au
lecteur de comprendre pourquoi cette fibre augmente la largeur de bande d’une structure multimode. Comme
l’indique le schéma de la figure 1.4 le profil d’indice guide la lumière par focalisation interne. Le modèle de
l’optique géométrique sert généralement pour faciliter l’analyse de ce type de fibre. La deuxième partie de ce dernier
chapitre introduit ce modèle géométrique au moyen de la solution de l’iconale.
L’annexe du chapitre 5 (D) permet aux lecteurs de rapidement s’initier à la théorie de l’optique
otrique, soit de l’équation de l’iconale et de l’équation des rayons à partir des équations de Maxwell à l’aide de
l’approximation des petites longueurs d’onde. La deuxième partie de l’annexe du chapitre 5 (E)rive le profil idéal
de l’indice diélectrique qui permet d’égaliser la vitesse des modes méridionaux. Cet annexe est aussi une
introduction utile à la fibre SELFOC qui est devenue une composante optique essentielle pour le couplage détecteur
(source) – fibre monomode.
1.3 Utilisation de ce manuel
Il est aujourd’hui essentiel qu’un physicien et qu’un ingénieur (génie électrique, communication)
comprenne dès ses études de premier cycle le fonctionnement d’un guide d’ondes diélectrique et de la fibre optique
en particulier. Ce volume peut servir de complément à tous manuels d’électromagnétisme pour compléter l’étude des
guides d’onde métalliques. La deuxième partie du chapitre 2 sur la propagation des impulsions en milieu dispersif
combinée avec les chapitres 3 et 4 portant respectivement sur le guide plan et la fibre à saut d’indice serait un
excellent complément à ce cours fondamental.
D’autre part, plusieurs universités ont déjà introduit des cours spécialisés de communications optiques. Ce
manuel comporte la théorie émentaire essentielle de la fibre optique et devra alors être compléter par l’utilisation
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