Leçon II : l`Europe occidentale dans les années 45

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Vie Politique en
Europe après 1945
Elément d’information : les sujets d’examens seront déterminés par le cours.
Examen de 2 heures.
Travail personnel qui impliquera la lecture d’un ouvrage général et d’un ouvrage
spécialisé.
Adresse du prof : [email protected]
Chapitre 1
La période 1945 –
1953
Leçon 1 : L’héritage et l’ampleur des dommages de
la guerre (1945-1947)
Introduction
L’Europe au lendemain de la seconde guerre mondiale offrait un tableau de misère
absolu et de désolation absolue. A l’exception des forces d’occupation alliées bien
nourries, tous le monde apparaît usé, exténués et sans ressource.
Cette image se doit nuancer si l’on veut comprendre comment le continent ébranlé à la
fin de la 2GM va pouvoir se redresser dans les années à venir. Mais cette image est
porteuse d’une vérité essentielle sur la situation de l’Europe dans le sillage de la défaite
contre l’Allemagne, à savoir que les Européens se sentaient désespérés et ils étaient
épuisés.
La 2GM a était une guerre totale impliquant les civils et les militaires. Dans les pays
occupés par l’Allemagne nazie, la guerre a était aussi et d’abord une expérience civile.
Les combats proprement militaires restant limités au début et à la fin du conflit.
Contrairement à la première guerre mondiale, la 2GM a était une expérience quasiuniverselle durant longtemps (près de six années). Les guerres d’occupation n’étaient pas
inconnues, mais l’expérience d’occupation a eu une intensité particulière qui teint à
l’attitude des nazis envers les populations soumises.
Du point de vue des contemporains, l’impact de la guerre se mesura par les dommages
visibles infligés à leur environnement immédiat. Il faut commencer ici, si l’on veut
comprendre le traumatisme derrière les images de désolation et d’impuissance retenant
l’attention des observateurs en 1945.
Partie 1 : Les dégâts matériels
Très peu de villes ont survécu indemne à la guerre. Seul une poigné comme Rome,
Venise, Prague ou Paris furent épargnées. En revanche, des 1940, les bombardiers
allemands avaient rasés Rotterdam et détruits la ville de Coventry au point de parler de
« Coventrysation ».
Les plus gros dégâts matériels ont été infligé par les campagnes de bombardements des
anglo-saxons sur les villes allemandes en 1944-1945 et lors de l’avancée de l’armée rouge
sur les fronts de l’est en 1943.
Les villes en ruine étaient la preuve évidente de la dévastation, servaient de raccourcis
visuels au malheur de la guerre. 20 millions d’allemands et 25 millions de soviétiques se
retrouvèrent à la fin de la guerre sans toit.
Berlin avait reçu 40 000 milles tonnes d’obus dans les 14 derniers jours de la guerre. La
capitale allemande qui avait enduré bien d’autres bombardements, se trouvait ainsi
réduite à des collines fumantes de gravats. 75% des immeubles étaient dès lors
inhabitables.
Les transports et les communications étaient gravement perturbés. En France, sur les
12800 locomotives d’avant guerre, il n’en restait plus que 2800 en service au moment de
la capitulation de l’Allemagne. Mais il faut souligner que les nazis traitèrent les
européens de l’ouest avec quelques respects pour mieux les exploits. Les véritables
horreurs de la guerre s’étaient déroulées à l’est du continent.
Effectivement, dans l’est et le sud-est, les occupants allemands furent implacables. Les
conséquences matérielles de l’avancée soviétique à partir de 1943 et des combats de
partisans furent d’un tout autre ordre que l’expérience de la guerre à l’ouest.
Chiffres : En Union Soviétique, 70 000 villages et 1700 villes furent détruits en même temps que 32
000 usines et 64 000 kilomètres de voix ferrées. La Grèce a perdu les 2/3 de sa marine marchande,
1/3 de ses forêts saccagés et 1000 villages rasés. La Yougoslavie a perdu 25% de ses vignobles, 60%
des routes du pays, 75% de ses ponts de chemin de fer, 20% de son parc immobilier, 1/3 de sa
richesse industrielle et environ 10% de sa population. En Pologne, les ¾ des voix ferrés étaient
inutilisables, une ferme sur 6 était hors service. La plupart des villes polonaises pouvaient à peine
fonctionner et la capitale Varsovie était entièrement détruite. (Répression de l’insurrection en août
1944).
Partie 2 : Les pertes humaines et les dommages causés aux
populations
Les dégâts matériels subis furent insignifiants au regard des pertes humaines. On
estime à 36, 5 millions les européens qui ont trouvé la mort entre 1939 et 1945 de causes
directement liés à la guerre. Ceci ne tient pas compte des décès de causes naturelles et du
manque des naissances en conséquence.
Ce chiffre de 36,5 millions excède largement les 10 millions de morts de la grande guerre.
Ce qui est réellement le plus frappant est le nombre de civils non combattants parmi les
morts. En effet, sur les 36,5 millions on compte 19 millions de civils, soit plus de la
moitié des victimes européennes de la 2GM.
Cette majorité de civils est la grande spécificité de la 2GM. Le bilan des morts civils a
excédé les pertes militaires en URSS, en Hongrie, en Pologne, en Yougoslavie, en Grèce,
en France, aux Pays-Bas, en Belgique et en Norvège. Les pertes militaires dépassant les
pertes civiles se situent en Royaume-Uni et en Allemagne.
Dans les pertes civiles, l’Union Soviétique en a perdue 16 millions, deux fois plus que les
pertes militaires (8 millions). On en compte 5 millions en Pologne, 1,4 million en
Yougoslavie, 430 000 milles en Grèce, 350 000 en France, 270 000 Hongrie. On
dénombre entre 5 et 6 millions de juifs et plus de 200 000 tziganes.
Concernant les causes, on a les effets des génocides et des exterminations de masses.
Egalement, les conséquences de la maladie, de la malnutrition et de la famine. Aussi, des
exécutions d’otages et les représailles contre les civils. N’oublions pas non plus, les effets
de l’exploitation des travailleurs forcés, de la main d’œuvre concentrationnaire des
prisonniers de guerres.
C’est également l’Union Soviétique qui a subi les pertes militaires les plus lourdes avec 8
millions, puis les Allemands avec 4 millions, les Italiens 400 000 morts, les Roumains
300 000 morts.
Si on comptabilise toutes les pertes, 4 pays se distinguent :
1.
2.
3.
4.
La Pologne
La Yougoslavie
L’URSS
La Grèce.
Pour la Pologne, elle a perdu près de 20% de sa population. Le prix qu’on payé les élites
polonaise a été très élevé car elles ont été l’objet d’un processus d’extermination
systématique de la part des Allemand, mais également de la part des soviétiques.
L’exemple type est le fameux massacre des officiers des Polonais à Katyn en 1940.
Pour la Yougoslavie, le nombre de mort représente 8 à 10% de la population. Il y’a
morts liés à l’occupation étrangère, les combats des partisans, mais aussi les effets des
guerres civiles yougoslaves et inter-ethniques.
En URSS, pays partiellement occupé dans sa partie occidentale avec des pertes très
lourdes. Un habitant sur 11 est mort de la guerre. Dans les pertes soviétiques, figurent les
prisonniers de guerre. Les Allemands ont en capturé 5,5 millions. La plupart d’entre eux
moururent de faim, de froid et de mauvais traitements. Là aussi, on peut parler d’un
véritable processus d’extermination de masse des prisonniers de guerre.
Pour leur part, ils ont fait 3,5 millions de prisonniers de la puissance de l’axe. Une grande
majorité d’entre eux ont pu rentrer chez eux.
En Grèce, la proportion est d’un habitant sur 14.
Par rapport à ces quatre pays, en Allemagne le rapport est de 1/15.
Au vue de ces chiffres, il n’est pas étonnant que dans l’Europe de l’après guerre, on est
alors souffert d’une pénurie aigue d’homme. En 1945, en Union Soviétique, le nombre
des femmes dépassait de 20 millions celui des hommes. En Allemagne, les femmes furent
endurcies dans l’épreuve et furent retrouvées confrontées à l’avancée de l’armée
soviétique.
Cette avancée de l’armée rouge s’est accompagnée d’une pratique systématique du
nettoyage de la population autochtone dont on a pu dire qu’il avait été sans précédant.
Dans le cas des femmes allemandes, il faut évoquer la pratique systématique des viols et
ceci fut toléré par les dirigeants soviétiques.
On a pu mettre en évidence des éléments explicatifs. Dans le cas de l’armée rouge, on
n’avait aucune permission. Egalement la découverte d’un contraste entre les niveaux de
vie dans les pays.
Par suite des violences subies, nombre de femmes allemandes périrent dans les derniers
mois de la guerre. Ceci a nourri le phénomène des orphelins sans foyers, épingles
humaines de la guerre. A Berlin, on dénombrait 53 000 enfants perdus. Le phénomène
n’est pas resté propre à l’Allemagne car la Tchécoslovaquie libéré comptait 49 000
orphelins, les Pays-Bas 50 000, la Pologne 60 000 et la Yougoslavie 300 000. Parmi ces
enfants, peu de juifs car ceux qui avaient survécu étaient pour l’essentiel des adolescents.
Partie 3 : Survivre dans la paix revenue
Se pose la question de la survie dans la paix. Il faut souligner à ce propos l’intervention
précoce et efficace de la nouvelle administration des Nations-Unies pour le secours et la
reconstruction (UNRRA).
Grâce à son rôle et à l’action des armées alliées, on a pu éviter au printemps 1945, la
propagation incontrôlée à grande échelle d’épidémie et de maladies contagieuses. Sur
le modèle de la fameuse épidémie de grippe dites-espagnole qui avait ravagée l’Europe au
lendemain de la première guerre mondiale et qui avait été encore plus meurtrière que
celle-ci. Par les interventions ciblées, le développement d’épidémies contagieuses a pu
être baissé. Cependant, la situation restait néanmoins très difficile.
En 1945, la population de Vienne subsistait avec 800 calories par jour et Budapest avec 546. En
Allemagne, la ration moyenne d’un adulte était tombée à 1400 calories. En juin 1945, dans la zone
d’occupation. La situation n’était pas plus enviable dans la majeure partie de l’Italie.
Le problème tenait en partie à la destruction d’exploitation agricole, des voix de
communication. Il y’avait un trop grand nombres de personnes démunies et
improductives qu’il fallait néanmoins nourrir. Surtout, le problème principal tenait à ce
que les paysans européens puissent certes produire des vivres, mais les répugner à les
livrer aux villes. La plupart des devises européennes ne valant rien.
Dans ces conditions, le marché noir s’est développé et seuls les nantis pouvaient avoir
accès. Dans ces conditions, les européens mouraient de faim et tombaient malades. On a
pu constater les déficiences en vitamines. La population Berlinoise souffrait de
malnutrition, d’épidémie. On pouvait compter 66 morts de nouveaux nés pour 100
naissances d’enfants vivants.
Les enfants de l’Europe entière souffraient de maladies liées aux privations. Dans
Varsovie libéré et rasé, ils ne subsistaient plus qu’un seul hôpital avec 50 lits. Quand aux
enfants en bonne santé, une pénurie de lait.
A Vienne, la mortalité infantile était 4 fois plus élevée qu’en 1938.
Partie 4 : Les transferts de population en Europe, pendant et
après la seconde guerre mondiale
Les problèmes de l’alimentation, du logement et des soins se trouvent amplifiés par
l’échelle unique de la crise des réfugiés. Cette crise était inédite dans l’expérience
européenne. En fait, la politique des transferts de population avait commencé dès le
début de la guerre. Staline et Hitler dès 1939, avait déplacé de très nombreuses personnes
(30 millions).
A partir de l’été 1943, l’armée rouge reprend l’initiative sur le front de l’est. Désormais,
les armées de l’axe sont contraintes unilatéralement à la retraite et le processus de
déplacement va se renverser. Les allemands qui avaient été installés dans les territoires
annexés vont se joindre aux millions d’allemands implantés de longue date en Europe
orientale devant l’avancée de l’armée rouge.
Ceux qui réussirent à se réfugier en Allemagne en 1945, se retrouvèrent mélangée à la
cohue bruyante des autres personnes déplacées.
De l’est, affluèrent à partir de l’hiver 1944, des baltes, des polonais, des hongrois ou
encore des Roumains. Certains avaient pu fuir les horreurs de la guerre, mais d’autres
s’étaient refugiés à l’ouest pour éviter le communisme.
Des Balkans, affluèrent également près de 100 00 Croates qui fuyaient la victoire des
partisans de Tito.
En Allemagne et en Autriche, outre les soldats de la « Weirrhmart » et les soldats alliés
jusqu’à lors détenus comme prisonniers, il y’avait de nombreux non allemands qui
avaient combattus les alliés aux côtés allemands. Parmi eux, on pouvait dénombrer les
soldats Russes et Ukrainiens qui s’étaient engagé dans l’armée Vassov.
La grande majorité des travailleurs étrangers en Allemagne était acheminée contre leur
grès. Mais pas tous, car certains étaient venus par la perspective d’un salaire intéressant.
Les survivants des camps de concentration avaient survécu à l’intérieur de camps frappés
au cours des derniers mois de la guerre par l’envol de la mortalité et de maladies.
Finalement, même ces survivants restaient mieux lotis que les juifs. De fait qu’il restait
peu de juifs parmi les détenus libérés.
En fait, après 1945, c’était un exercice sans précédent de nettoyage ethnique et de
déplacement de population. C’était une séparation ethnique volontaire comme dans le
cas des juifs, des italiens.
Ailleurs, la politique officielle de nettoyage ethnique se mis en œuvre avant la fin de la
guerre. En particulier, les autorités soviétiques dans les territoires qu’elle venait de
libérer, organisaient une série d’échange forcée de la population (Ukraine occidentale
intégrée à la république de Pologne et la Pologne). 1 million de Polonais furent chassés
de leur foyer tandis que dans le même temps 500 000 Ukrainiens furent amenés à quitter
la Pologne pour l’URSS.
Ce qui fait qu’en l’espace de quelques mois (fin 44- milieu 46), ce qui avait été autrefois
une région de population mêlée, ceci se scinda en deux territoires bien distincts. Mais le
contingent le plus important des personnes déplacées fut celui des Allemands.
Il faut dire que dès 1942, les britanniques avaient accédé aux demandes formulées auprès
d’eux par les Tchèques en vue d’obtenir à la fin de la guerre, un déplacement de la
population allemande des Sudètes. Ces territoires étaient occupés par des populations
germanophones. Ainsi, soviétiques et américains devaient s’aligner sur cette position.
A partir de ce moment, les allemands ont du laisser leur bien aux tchécoslovaque, en
juin 1945, exproprié de leur terre et le 2 aout, perte de la nationalité tchécoslovaque.
Ainsi cette minorité allemande fut expulsée vers l’Allemagne. Ces expulsions se
déroulèrent avec une extrême brutalité. Généralement, les populations d’une ville ou
d’un village étaient averties 48 heures à l’avance. 267 000 germanophones des Sudètes
périrent au cours des expulsions.
Mais le contingent de loin le plus important de réfugié allemand provient des anciens
territoires orientaux de l’Allemagne. Avec la Silésie, la Prusse Orientale… Ces territoires
reconnues comme Allemand par le Traité de Versailles ont été remis à la Pologne..
Lors du sommet de Postdam entre les trois grands vainqueurs de la guerre, il fut alors
convenu que les gouvernements américains, britanniques et soviétiques reconnaitraient le
transfert vers l’Allemagne de population allemande résidant en Pologne, en
Tchécoslovaquie et en Hongrie. Avec le basculement de la Pologne vers l’ouest, quelques
7 millions d’allemands se trouvaient désormais..
Les autorités polonaises souhaitaient voir les populations allemandes partir de telle sorte
que les polonais qui avait perdu leur terre dans les régions orientales de la Pologne de
1939 annexé à nouveau par l’URSS puisse être réinstallée dans ce que les Polonais appelé
les « territoires recouvrais ».
L’accord entre les trois grands à Postdam dans l’été 1945 fut un accord de réalité
nouvelle. L’Europe orientale a validé de force le nettoyage des populations d’allemande.
La déclaration de Postdam avait posé le principe que tout transfert qui se produit doit se
faire de manière ordonné et humaine ce qui n’était guère vraisemblable compte tenu des
circonstances.
Les circonstances font que la société ouest allemande parviendra à installer et à
intégrer 13 millions de réfugiés et d’expulsés allemands avec succès sur fond à partir
des milieux des années 50 de miracle économiques. Bien que les souvenirs persistent, le
sujet continue aujourd’hui encore d’assez vifs sentiments.
On a pu alors décrire les expulsions d’allemands comme un crime contre l’humanité.
Mais, même s’il y’a eu des morts élevés, il n’en demeure pas moins que la plupart des
allemands victimes restèrent cependant en vie.
Ce qu’il faut souligner est une différence considérable entre les 2GM. Après la première,
les auteurs des Traités avaient tenté d’ajuster des frontières à la réalité de zones de
peuplement à l’exception notable, mais exclusive des échanges de population entre la
Grèce et la Turquie. Après 1945, ce fut le contraire, car à une seule exception près, les
frontières restèrent largement intact. Ce furent, non pas les frontières, mais les
populations qui se sont déplacées.
Les responsables occidentaux consciences de l’échec de la SDN, acceptèrent ces
transferts. L’exception est la Pologne puisqu’elle a perdue 178 000 kilomètres carré. En
compensation, la Pologne acquiert de la terre à l’ouest. Ce basculement a été lourd de
conséquence.
Dans les conditions de 1945, ce basculement n’avait rien d‘exceptionnel, puisque Staline
a vite imposé un ajustement territorial national, le long de la frange occidental de son
empire. Il avait récupéré la baie de saradie et la buccoline du nord au détriment de la
Roumanie. De même, elle ré annexe les trois Etats baltes et elle conserve la péninsule de
Carélie arrachée à la Finlande.
A l’ouest de ces nouvelles frontières soviétiques, on a eu très peu de changements dans le
tracé des frontières européennes. Ce ne sont pas les frontières qui ont été déplacé, mais
les populations. De là, il en est résultait une Europe plus homogène à deux ou trois
exceptions : l’union soviétique restant plus que jamais un empire multinational et le
cas des deux constructions révélées artificielles : la fédération Yougoslave ainsi que la
Tchécoslovaquie.
En 1946, après les transferts de population, les expulsions des allemands, la Pologne
comptait une écrasante majorité de Polonais. L’Allemagne amputée, presque entière
allemande à l’exception de la minorité Danoise du nord.
La gestion initiale des personnes déplacés et des réfugiés fut initialement le fait des
armées alliés qui occupait l’Allemagne et tout spécialement, de l’armée américaine. Si tôt
le système des camps mis en place, la responsabilité des soins et du rapatriement final ou
de la réinstallation de millions de personnes déplacés, incomba de plus en plus à
l’UNRRA.
A la fin de l’année 1945, l’UNRRA gérait 227 camps et centres de secours pour personne
déplacées et réfugiées en Allemagne. Mais elle gérait 25 autres camps en Autriche et
également quelques camps en France et dans les pays du Benelux. En juin 1947, l’Europe
occidental comptait 762 camps de ce type.
A son apogée en septembre 1945, le nombre des civils libérés pris en charge ou rattrapiez
par l’UNRRA s’élevait à 6 millions 795 000 auquel il convient d’ajouter 7 millions de
personnes sous autorité soviétique et plusieurs millions d’allemands déplacés.
Pour de nombreux ressortissants de l’Europe de l’est, ils n’avaient aucune envie de
rentrer chez eux ! C’est ainsi que des baltes que les occidentaux n’ont pas reconnu
l’annexion, mais aussi des soviétiques, des polonais, des roumains, des yougoslaves
préférèrent dans des camps temporaires en Allemagne plutôt que de retourner dans leur
pays.
L’attitude des autorités occidentales va changer. En 45-46, les autorités firent fi de se
désintéresser de ces sentiments et obligèrent parfois y compris de forces des citoyens est
européens et soviétiques à rentrer dans les pays. Ceci occasion des scènes dramatiques
dans les camps de personnes déplacées.
Ce rapatriement forcé cessa en 1947 avec le début de la guerre froide. A partir de ce
moment là, une nouvelle disposition a traiter les personnes déplacés, originaire de ce
qu’allait devenir le bloc soviétique comme des réfugiés politiques commença à faire jour.
De ce fait, 1 m 500 000 polonais, hongrois, bulgares et yougoslaves et juifs évitèrent le
rapatriement. Les Etats ouest européen qui devait se reconstruire était intéressé par les
travailleurs manuels robustes de sexe masculin et ne furent pas gêné de favoriser les
baltes, polonais ou ukrainiens.
Le problème juif fut traité à part. Il ne fut jamais question de renvoyer les juifs à l’est,
mais ils ne furent pas bien accueillis à l’ouest. Paradoxalement, ils restèrent un temps
en Allemagne et la difficulté de leur placement fut résolu qu’avec la création de l’Etat
Israël en 1948-1949.
Partie 5 : Les guerres civiles Européennes
Les personnes déplacées avaient survécu non seulement à une guerre générale, mais
également à toute une série de guerre civile locale. Effectivement, dans une chronologie
plus large que celle retenue pour la 2GM, de 1934 à 1949, l’Europe a connu une
succession de guerres civiles.
Dans bien des cas, l’occupation étrangère a servi à faciliter et à légitimer la poursuite
d’antagonismes politiques relevant de l’avant guerre. Ainsi, les occupants étrangers ne
sont pas restés neutres, mais ont associé leur force à des factions en lutte pour combattre
un ennemi commun.
En Belgique, les flamands étaient tentés par les promesses d’autonomies avec l’occasion de briser
l’emprise francophone.
En France, ce n’est qu’à la fin de l’occupation que le nombre de résistance actif a dépassé ceux qui
ont collaboré avec les nazis soient par conviction, soit par intérêt égoïste. On n’a pu estimer que le
nombre de personne pleinement engagés dans les deux camps a pu s’élever à 170 000 personnes.
En Italie, la situation fut compliquée puisque les fascistes étaient au pouvoir depuis 20 ans quand
Mussolini est renversé en 1943. Après le mois de septembre 1943, le centre et le nord sous occupation
allemande va se trouver déchiré entre un régime fantoche la république de Salô autour de Mussolini
et un mouvement de résistance de partisans qui va coopérer avec les alliés. Ainsi, c’est l’exemple type
d’un pays déchiré par la guerre civile où s’affronte deux camps. Il va y’ a avoir une authentique
guerre civile et le régime de salô peut compter sur de nombreux citoyens.
Dans les Balkans, la 2GM a été vécu par dessus tout comme une guerre civile singulièrement
meurtrière. En Yougoslavie, elle a payé un tribut très lourd car près de 10% de la population a péri.
Le fait guerre civile prime sur la réalité du second conflit mondial.
En Grèce, dès les débuts de l’occupation, une résistance nationale grecque se dessine. L’affaire se
complique au moment de la liberté. En fonction des accords entre les alliés, ce sont les britanniques
qui reprennent pied et qui procèdent à la libération du pays. Au mois de décembre 1944, la
résistance communiste entre en conflit ouvert avec les forces britanniques soutenues par les royalistes.
Un premier conflit de 5 semaines éclate en 1944. Mais les combats reprennent en 1946 et la guerre
civile va durer 3 ans.
Le pouvoir communiste peut s’installer dans le nord de la Grèce. En 1948, Tito rompt avec Staline
et dès lors qu’il se trouve explicitement condamné par l’appareil Stalinien, il cesse son appui à
l’insurrection communiste. La résistance grecque s’effondre et la guerre civile prend fin.
Ainsi, l’impact des guerres civiles fut important. La 2GM a occulté la réalité des guerres
civiles. Elles ont surtout signifié que la guerre en Europe ne s’est pas arrêtée en 1945
avec la défaite des allemands.
L’occupation successive de territoire par des puissances étrangères a eu des conséquences
et a contribué à éroder l’autorité et la légitimité des dirigeants locaux. Il faut constater
que le changement le plus dramatique a consisté dans la liquidation des anciennes élites
économiques et sociale. En particulier, l’extermination des juifs d’Europe centrale,
Le paysage social se retrouvera modifié et les populations autochtones vont ainsi être en
mesure de prendre la place des minorités bannies.
En Pologne, l’occupation visait à détruire les populations juives et réduire le peuple slave à un
nouveau servage. Ceci dans l’objectif de placer le pays dans les mains d’allemands. A partir de 1944,
l’arrivée de l’armée rouge et l’expulsion des allemands va créer une situation nouvelle, favorable aux
projets soviétiques.
Les années d’occupation vont favoriser une mobilité sociale et meurtrière, mais aussi
l’effondrement total de la loi des habitudes de vie dans un Etat de droit. La violence
devient un aspect courant de la vie quotidienne et les Etats fragilisés perdent le monopole
de la violence.
Les nazis, puis les soviétiques favorisent la guerre de tous contre tous et ils contribuent
ainsi à décourager tout sentiment de civilité entre les individus. Ainsi, on se voit
multiplier des dénonciations anonymes, des accusations personnelles.. Tout le monde se
craignait.
Parmi les perdants, on retrouve les juifs et les autres groupes ethniques victimes des
politiques d’occupations. Dès lors que les juifs sont victimes du processus génocidaires,
leurs voisins immédiat (les catholiques en Pologne) peuvent s’emparer du commerce, des
appartements, des biens immobiliers..
Le mouvement se poursuit après la fin des hostilités au mois de mai 1945 avec en Europe
centrale et orientale, la dépossession des populations allemandes.
En Europe occidentale, la guerre n’a pas été vécue comme le cataclysme à l’est. En effet,
la légitimité des autorités constituées a été remise en cause. Généralement, les
administrations locales ne s’étaient pas couvertes de gloire sous l’occupation. Les
allemands n’ont pas eu besoin des effectives considérable pour assurer l’exploitation de
leur conquête.
En 1941, les allemands dirigeaient la Norvège avec une administration de 896 personnes. En France
occupé, il suffisait de 1500 fonctionnaires allemands et 6000 policiers pour assurer leur domination.
En revanche, en Yougoslavie, la Reich va devoir se mobiliser.
On voit alors se dessiner une différence entre une Europe occidentale où l’occupation
est plutôt aisée alors qu’en Europe centrale et orientale, il faut davantage se mobiliser.
D’autre part, dans le traitement des nazis aux territoires occupés, dans l’ensemble, les
occupants les laissaient plutôt tranquille. L’occupation s’accommode d’une réalité de la
coopération des autorités.
Une fois libérée, les populations de l’Europe occidentale vont à peu près pouvoir revenir
au passé. En revanche, en Europe centrale et orientale, l’occupation va entraîner un
total effondrement économique, social et politique dont l’ampleur est sans précédent
dans l’histoire. A l’est de l’Elbe, les soviétiques vont hériter d’un sous continent.
Leçon II : l’Europe occidentale dans les années 4553 entre renaissance politique et Etat providence
La reconstruction de l’Europe a représenté des enjeux considérables. Evidemment sur le
plan matériel au regard des destructions, mais également sur le plan moral et symbolique.
L’expérience de la 2GM en Europe a d’abord été celle de la mort de masse. D’où le
problème du mal se posant à l’ensemble des consciences. Le totalitarisme est perçu
comme une rupture profonde dans toute l’histoire européenne et le diagnostic formulé
pour expliquer ce cataclysme est celui de la montée en puissance des masses. On met en
rapport le cataclysme du temps présent avec la réalité des masses.
Le philosophe Ortega y Gasset qui donne un modèle d’interprétation avec son ouvrage
« La Révolte des Masses ». Les temps nourrissent le pessimisme culturel des élites et le désir
d’une table rase. L’atmosphère de la deuxième après guerre est aussi révolutionnaire que
celui de la première après guerre. La différence essentielle tient à ce que les partis
d’avant garde (communiste) soutiennent à l’ouest l’ordre libéral et démocratique en
gestation.
L’Europe a perdue la maîtrise de son destin et le retour à la stabilité apparaît comme
l’objectif ultime. Du fait de la différence de l’occupation étrangère entre l’ouest et l’est,
l’après guerre peut apparaître comme un retour à quelque chose de connu avant guerre.
Un équilibre nouveau va se dégager se nourrissant des principes démocratiques et
libéraux.
L’Europe occidentale va pouvoir se reconstruire sur la base de valeurs partagés, enracinés
dans le passé immédiat fasciste, mais également de la menace communiste sensible au
cœur même du continent.
1945 va d’abord représenter le temps fort du modèle social-démocrate dans la mesure où
celui-ci s’accorde avec les valeurs de la démocratie libérale. Egalement, l’émergence de la
démocratie chrétienne constituant une véritable innovation.
Le modèle social-démocrate avait déjà fleur de longues dates en particulier dans les pays
scandinaves. Il y’avait depuis l’avant guerre, un véritable modèle Suédois. En effet, ce
parti est arrivé au pouvoir légalement en 1932 et cela va inaugurer un long règne
démocratique durant pendant 44 ans.
Au lendemain de la crise de 1929, un programme a été mis au point en Suède par des
économistes. L’idée prévalant est celle d’utiliser les déficits et les excédents budgétaires
comme des outils de régulation de l’économie. Donc, un compromis va être instauré.
C’est-à-dire que l’économie de marché est supérieure pour assurer la production, mais les
idéaux socialistes vont être reportés sur le versant de la redistribution.
Ainsi, cela va permettre la constitution d’un Etat providence qui va pouvoir utiliser
l’argent rendu disponible par les bénéfices du capital par le biais de la fiscalité.
Ce système expérimenté en Suède va établir une paix sociale, une véritable collaboration
institutionnelle entre le patronat se voyant reconnaître son droit de propriété et de
décision économique et d’un autre côté, les syndicats qui vont pouvoir utiliser la
cogestion à tous les niveaux.
Par conséquent, la voie la plus originale sera celle empruntée de la Grande-Bretagne
par Clément Atlee. L’expérience travailliste va permettre la mise en place de l’EtatProvidence supposant la couverture de la maladie universelle et la nationalisation de
secteurs clés de l’industrie.
L’Etat-Providence va rechercher l’équité, mais aussi l’extension du pouvoir de l’Etat. En
Europe, l’Etat connaît une extension économique liée à l’expérience des guerres totales.
Cet Etat n’est pas la dictature du prolétariat dans la mesure où il n’est pas question
d’établir un pouvoir dictatorial, mais il doit bénéficier à presque tout le monde.
Mais en fait, s’il y’a la réalité d’un modèle social-démocrate, c’est l’émergence de la
démocratie chrétienne qui va constituer l’innovation de l’après guerre.
Si on considère l’Europe occidentale continentale (RFA, Bénélux, Italie), c’est davantage
la démocratie chrétienne que la social-démocratie qui va jouer un rôle central dans la
reconstruction de l’ordre intérieur et dans l’apparition de l’Etat providence.
Grâce à la menace socialiste que certains identifient à la menace communiste, la
démocratie chrétienne va jouer un rôle de premier plan. Cette affirmation en 1945 va
également traduire la réconciliation des catholiques avec le monde moderne.
Les démocrates chrétiennes deviennent d’authentiques démocrates, se ralliant à la cause
des droits de l’homme. Il faut souligner le personnalisme de Mounier en France et du
philosophe Maritan.
La démocratie chrétienne n’est pas insensible à l’atmosphère révolutionnaire car il existe
une gauche démocrate chrétienne. Bientôt, ces courants de gauches seront marginalisés et
un compromis va s’esquisser avec les libéraux en matière économique donnant naissance
au modèle de l’économie sociale de marché dont Erhard va devenir la figure de
référence.
Autre idée forte, c’est l’idée d’intégration européenne. Elle s’enracinait au départ dans
la méfiance traditionnelle des catholiques dans l’idée d’Etat nation portée par la
Révolution française. Ils se méfiaient également à la souveraineté populaire, s’attachant
au modèle de l’absolutisme.
Ils vont s’engager en premier dans la voie de l’intégration européenne.
Ils vont adhérer à la notion de subsidiarité prévalant aujourd’hui dans l’UE. La
supranationalité qui va accompagner le développement de l’intégration étant perçu
comme le fruit du travail des élites.
Donc à partir de ces fondements nouveaux, d’authentiques partis de masses
démocrates chrétiens vont se mettre en place sur le modèle des sociaux-démocrates. Il
y’a justement une exception qu’est la France. En effet, elle voit la naissance du MRP en
1945, mais il n’a pas connu l’extension des autres pays (Allemagne et Italie). En effet, le
MRP va rentrer en concurrence avec le Gaullisme.
Qu’elles sont globalement en Europe les causes de ce succès de la démocratie chrétienne ?
On a la réalité de l’alliance des classes moyennes avec la paysannerie, le discrédit de la
droite traditionnelle en particulier les libéraux.
Partie 1 : La vie politique Britannique pendant l’expérience
travailliste de 1945 à 1951
A) L’élan
En 1945, le Parlement Britannique avait 10 ans d’existences. Du fait de la guerre, la
chambre des communes élues au mois de novembre 1935 n’avait pas pu être renouvelé à
la fin de son mandat légal. L’équilibre partisan de 1935 qui était alors dominé par des
conservateurs ne reflétait plus le pays réel.
La capitulation de l’armée allemande va rendre possible l’annonce de la dissolution du
Parlement et des élections sont prévues le 5 juillet 1945. A cette date, des millions de
britanniques étaient encore mobilisées, les militaires devaient voter par correspondance.
On estimait qu’au soir du 5 juillet, les urnes seraient scellées dans l’attente de l’arrivée
des votes postaux des soldats. Un délai de 3 semaines était réservé à ces votes et le
dépouillement n’a eu lieu que le 26 juillet. Les résultats furent proclamés le 26 juillet.
La dissolution officielle annoncée après la défaite de l’Allemagne nazie va ouvrir une
campagne intense. Elle va être dominée par le choc des personnalités. On a évidemment
un héros national qu’est Winston Churchill. Mais face à lui, on observe un parti
travailliste qui va s’organiser en équipe autour de leur leadeur Clément Atlee.
Il est rentré dans le cabinet d’union nationale de Churchill, mais n’à pas le même
prestige. Il peut en revanche s’appuyer sur l’équipe travailliste. L’opinion a applaudi
Churchill, mais ne l’empêche pas de garder son libre arbitre, condamnant certains
actes anti socialistes.
Les résultats vont proclamer une très nette victoire des travaillistes avec 393 sièges
aux communes contre 213.
Les élections rétablissent le bipartisme et désormais, les travaillistes se retrouvent en
parité avec les conservateurs. Le labour depuis sa fondation en 1906. A ce titre, le labour
était un parti ouvrier et en 1945, il est rajeuni par de jeunes députés.
De ce fait, il n’apparaît plus seulement comme un simple ouvrier, mais la proportion
d’élue issue des classes moyennes reflète un grand parti national.
Clément Atlee est appelé à succéder comme premier ministre et son gouvernement est
connu le 28 juillet. L’équipe est complétée le 3 aout. Il faut retenir Bevan qui va
représenter l’aile gauche du parti, Bevin comme ministre des affaires étrangères et Dalton
comme ministre des finances.
Dès le début, le gouvernement doit faire face à une mauvaise situation économique.
En effet, le dollar est la seule monnaie convertible en or. Le problème est qu’il faut
accompagner la reconversion de l’économie.
Il est aussi nécessaire de maintenir les contrôles économiques établis dans la guerre et le
gouvernement travailliste va être obligé de mettre en place une pause des salaires.
D’entrée de jeu, vont être mis en place des nationalisations.
En effet, elles vont présenter un aspect idéologique porteur de l’héritage de la pensée
socialiste. De même, elles vont se trouver justifier d’un point de vu pragmatique car
depuis le début du XXème siècle, on a pu constater l’apparition d’un véritable secteur
public sous le contrôle de l’Etat comme l’eau, l’électricité, le gaz, les transports, la BBC.
Depuis le XXème siècle, on a pu constater la volonté d’utiliser la puissance publique,
notamment au moment des crises.
Avec l’arrivée des travaillistes, les lois de nationalisation vont se succéder. Ainsi, sont
successivement nationalisées : la Banque d’Angleterre en 1946, les charbonnages en
juillet 1946, l’aviation civile en août 46, les réseaux de télécommunication en novembre
46, l’électricité en août 47, les transports ferroviaires en août 47 et le gaz en juillet 48.
Dans le même temps, sont votés des lois sur les villes nouvelles et l’aménagement urbain
accompagnant cette politique de nationalisation. Evidemment, l’opposition
conservatrice conteste le bien fondée, mais n’engage pas de grande campagne contre
elle.
Par ailleurs, il fallait s’entendre sur le mode de gestion des entreprises. Il y’avait des
solutions extrême comme l’étatisation ou le contrôle ouvrier. Mais le parti va choisir la
voie des corporations publiques. Ainsi, les entreprises nationalisées bénéficient d’une
large autonomie financière et administrative. C’est un choix essentiel et pragmatique
permettant d’installer des responsables ayant fait leur preuve au niveau économique.
Autre grand volet des réformes des travaillistes, c’est la mise en place de l’EtatProvidence. Cette installation va permettre de rompre avec la tradition humiliante de la
loi des pauvres. Mais aussi au politique de la charité publique.
La première disposition est la loi sur les assurances sociales et nationales de 46 assurant
la couverture des risques liés au chômage, à la maladie, à la maternité, aux retraites et
aux décès. Cette loi est financée de manière paritaire par les cotisations des salariés, les
rendant responsable de leur propre système de sécurité sociale, des employeurs et de
l’Etat. Cette loi est complétée par une loi sur les accidents du travail.
Ceci est accompagné d’un service national de santé confié à Bevan. Son principe est
l’accession de tous les sujets à tous les soins médicaux opératoires et dentaires
gratuitement et sans condition de ressources. Evidemment cette gratuité est un progrès
social considérable permettant une véritable redistribution des richesses.
Les hôpitaux sont nationalisés et tous les personnels médicaux sont intégrés à un vaste
système national. C’est à ce moment là que vont se dessiner les premières résistances car
les classes moyennes restaient attachées à la liberté de choix des médecins. Or le
programme est d’imposer tel médecin. Le corps médical britannique s’oppose aussi au
risque de fonctionnarisation. Le problème va tenir à ce que les médecins vont vouloir
jouer sur les deux tableaux. La mise en place d’un service national élargit leur clientèle.
D’autre part, le troisième volet est constitué par la politique du logement. D’abord, on
percevait les destructions liées aux bombardements, mais aussi la nécessité de rénover un
parc d’habitation vétuste et il convenait d’éradiquer des quartiers insalubres.
De nouveaux logements sont mis en œuvre, mais les résultats vont être décevants avec
un relatif échec quantitatif.
Le dernier aspect des politiques de réforme concerne les droits sociaux. En effet, en
1946 ils font prévaloir l’abolition d’une loi de 1927. Il s’agit de la disposition d’une partie
des cotisations syndicales. Le parti travailliste est né des initiatives des mouvements
syndicaux.
Il avait été entendu au départ qu’une partie des cotisations était renversée au parti
travailliste sauf si les syndiqués eux-mêmes s’y opposaient. A la suite de la grande grève
de 25-26, les conservateurs avaient inversé le processus. La cotisation était renversée
uniquement en cas de demande.
L’opinion britannique dans son ensemble va se rallier aux réformes mises en œuvres.
De là, un consensus car elles évitent toute discrimination sociale. L’ensemble des
britanniques va pouvoir profiter du système de sécurité sociale et des services publics.
Pour le labour, la période 45-48, va constituer une période faste. En effet, c’est l’époque
de la réalisation du programme et de la revanche sur les nombreux échecs politiques. Le
parti apparaît comme la seule force crédible car les communistes étant très faible et se
retrouvant de plus en plus isolés.
Pour les travaillistes, les problèmes surgiront de clivages à l’intérieur même du parti.
En effet, on a la réalité de conflit idéologique opposant une aile gauche défendant
l’extension des champs de nationalisation et militant pour une réelle rupture avec le
capitalisme et une aile plus modérée tenant le parti. La tension maximale va s’exprimer
au sein du groupe parlementaire et des organisations partisanes.
Les conservateurs sont également confrontés à la nécessité d’un renouvellement. L’échec
de 1945 peut-être mis au compte du caractère trop étroit de leur recrutement. Il leur faut
s’élargir en direction des classes moyennes et leur doctrine apparaît inadaptée.
Ils vont accepter avec une certaine souplesse les principes Keynésiens, ce qui les
conduit à accepter dans une démarche volontairement pragmatique, les acquis de
l’Etat-Providence. Face à un travaillisme partagé, les conservateurs réussissent à se doter
d’une base doctrinale plus ferme.
B) Les doutes
A partir de 1947, confronté à une poussée inflationniste, à une crise de convertibilité de la
livre sterling et à une incapacité du secteur public à jouer un rôle d’entraînement dans la
politique économique, le gouvernement est déjà conduit à une réorientation dans sa
politique de gestion de l’économie.
Le budget d’avril 1949 va plafonner les dépenses de l’Etat-Providence, poursuit sur la
voie de l’austérité. Mais ces mesures qui mécontentent la base électorale des travaillistes
ne suffisent pas. Finalement, le gouvernement va dévaluer de 30% la livre sterling le 18
septembre 1949. La dévaluation va aboutir à une poussée des prix, à un ralentissement
des investissements et à un mécontentement des syndicats.
La politique des années 50-51 va confirmer ces choix mettant l’accent sur les mesures
financière. Il y’a de nouvelles difficultés conjoncturelles come la guerre de Corée de juin
1950. Elle va provoquer une flambée des prix activant l’inflation. Les investissements
publics se restreignent et la rupture va être constituée par le budget d’avril 1951.
Ce budget est présenté par le nouveau chancelier de l’échiquier Gaitskell (droite du
labour) augmentant l’impôt sur le revenu mais surtout, imposant à tous les patients une
contribution de 50% pour la lunetterie et l’appareillage dentaire. Cette disposition
provoque l’opposition du ministre de la santé qui démissionnera dès l’annonce de ce
budget.
Dès lors, la controverse gauche-droite s’élargit, confirmant l’inflexion de la politique
travailliste fondée sur le marché et l’instrument financier.
On en revient à une logique capitaliste, mais il faut dire que c’est conforme à l’opinion
car le monde du travail en Grande-Bretagne ne manifeste aucune inclinaison
révolutionnaire.
Concernant les nationalisations, ils ont réalisé la majeure partie de leur programme,
mais il restait le projet de nationaliser le fer et l’acier. Il faut dire que dans le contexte
de l’après guerre, la sidérurgie britannique n’était pas encore un secteur déficitaire et
l’opposition conservatrice était sur ce terrain tout à fait ferme.
Le risque face à l’opposition résolue des conservateurs était que la chambre des lords
fasse valoir son droit de véto suspensif de deux ans contre un projet voté par le
Parlement. Le gouvernement va tenter de prévenir une opposition des lords en opérant
une réforme du véto suspensif des lords réduit en 1949 de deux ans à un an.
En 1949, Clément Atlee fait adopter le bill de nationalisation du fer et de l’acier
donnant naissance à la corporation du fier et de l’acier et mise en place en 1950. Mais
l’étendue effective de la nationalisation reste limitée puisque cette fois-ci, l’initiative s’est
heurtée à une résistance des conservateurs.
L’élan des nationalisations est brisé, les années 1949-1950 voient le développement de
controverse avec des dirigeants travailliste très divisés. La fraction modérée ne souhaitant
plus l’extension du secteur public alors que la gauche souhaite au contraire la poursuite
des nationalisations dans un but idéologique.
La gauche va alors exercer une pression sur le gouvernement, utilisant le comité exécutif
national (organisme dirigeant du parti travailliste) dans lequel son influence s’accroît.
Mais c’est surtout hors du labour que l’opposition apparaît la plus forte et la mieux
organisée à la fois dans les milieux économique et chez les conservateurs.
Disposant d’une large majorité dans la chambre des communes, les travaillistes ont
préféré gouverner dans la durée et ne pas provoquer d’élections anticipées. Finalement,
la chambre des communes ira presque au bout de son mandat car ce n’est qu’au mois
de juillet 50 que Clément Atlee va demander au roi Georges VI une dissolution
anticipée du Parlement.
Les élections de 1950 vont se dérouler dans un contexte très différent. En effet, le parti
travailliste peut s’appuyer sur 900 000 adhérents directs. Les conservateurs disposent de
527 permanents et ont assuré en interne, une réelle démocratisation du fonctionnement
du parti. Le parti libéral fait également un effort, présentant 475 candidats.
La campagne va être dans l’ensemble assez calme car les clivages sont bien appréhendés.
Les travaillistes l’emportent avec une majorité beaucoup plus faible. Ils ont perdu 79
sièges et on peut parler d’élections d’attentes.
Le gouvernement est reconduit, mais les années 1950-1951 vont être difficile pour le
personnel au pouvoir. Les travaillistes sont déjà au pouvoir depuis une décennie et vont
rencontrer l’épreuve de la fatigue, sans compter les distensions politiques. On va trouver
une série de démissions en particulier Bevin des affaires étrangères en mars 1951.
Dans le même temps, les travaillistes sont soumis à une opposition revigorée avec un
harcèlement constant. Dans ces conditions, Atlee va provoquer de nouvelles élections
anticipées dès l’automne 1951.
Ces élections vont marquer le terme de l’expérience travailliste. La campagne sera très
calme. Les travaillistes ont épuisé leur force de capacité réformatrice. Les libéraux ne
sont en mesure de présenter que 109 candidats. Les résultats d’octobre 1951 vont être
paradoxaux.
Ils vont illustrer l’inversion des rapports de force. En voix, les travaillistes ont une très
courte majorité (13,9 m contre 13,7 m). Du fait d’une meilleure répartition des voix dans
les circonscriptions, les conservateurs ont plus de sièges que les travaillistes. En effet ils
ont 321 sièges alors que les travaillistes ont 295 sièges.
Par conséquent, les conservateurs sont considérés comme les vainqueurs de l’élection
et Atlee laisse place à Churchill, à 77 ans revient.
Partie 2 : La renaissance d’une vie politique en Allemagne
occidentale et la naissance de la République Fédérale Allemagne
de 1945 à1953
A) L’Allemagne sans Etat : 1945 – 1948
Les accords relatifs entre les alliés sur l’avenir de l’Allemagne ont été élaborés lors de
grandes conférences internationales de celle de Téhéran au mois de 1943 à la conférence
de Yalta de février 1945. Elles furent réalisées par Roosevelt, Churchill et Staline.
Au moment de la capitulation de l’armée allemande le 8 mai 1945, l’essentiel des
problèmes sur l’avenir de l’Allemagne reste en suspend.
Quatre semaines après la capitulation, on a une déclaration des quatre commandants en
chefs alliés signataires de la capitulation. La déclaration dis du 5 juin 1945 annonce
l’abolition de la souveraineté allemande. Désormais chaque commandant en chef prend
tous les pouvoirs dans sa zone d’occupation et un conseil de contrôle interallié est
installé.
Lors de la conférence de Potsdam du 17 juillet au 12 août 1945, les vainqueurs renoncent
à tous démembrement de l’Etat allemand et décident de traiter de l’Allemagne dans le
cadre de ses nouvelles frontières comme une entité économique unique. Les vainqueurs
vont se prononcer en faveur des 4 : démilitarisation, dénazification, décartellisation et
démocratisation.
Il n’y a pas d’accord sur le montant des réparations, mais le principe est posé que chaque
occupant se servira sur sa propre zone d’occupation. Il faut dire que les Anglo-Saxons
acceptent que la frontière germano-polonaise soit la délimitation occidentale de la
Pologne jusqu’au traité de paix.
Avec les accords de Potsdam, vont se mettre en place les administrations alliées dans les
différentes zones d’occupation. On perçoit trois zones d’occupations occidentales. La
zone américaine se composant de la Hesse, de la Bavière, le nord du pays de Bade, le
port de Brême.. Au total 107 000 kilomètres carré et 17 m d’habitants.
La zone britannique couvre l’Allemagne du Nord-Ouest avec 97 000 kilomètres carrés et
22,3 m d’habitants.
La conférence de Yalta a posé le principe d’une zone d’occupation française (ZOF). Son
principe fut accepté par les soviétiques à la condition qu’elle soit prélevée exclusivement
sur les territoires affectés aux anglo-saxons. Elle va se composer du sud e la Rhénanie et
du sud du pays de Bade et du Wurtemberg avec 42 000 kilomètres carrés et 5,9 m
d’habitants.
Les armées dans les différentes zones d’occupation vont prendre en charge
l’administration. La reconstitution d’une administration s’effectuera sous le contrôle de
chaque commandant en chef commençant par le bas de la hiérarchie.
Dans le cas de l’Allemagne, c’est la commune puis le cercle ou Kreis (circonscription
administrative).
Concernant la dénazification, en considération des crimes commis, ‘extirpation du
nazisme était devenu un objectif premier pour les alliés, en particulier dans l’esprit des
américains.
Les alliés appréciaient différent la nature criminel du système nazi, les soviétiques
établissaient un lien direct entre ce système criminel et les structures économiques
capitalistes de l’Allemagne. En effet, ils avaient interprété le fascisme comme une
dégénérescence du capitalisme.
Les occidentaux ne faisait pas le rapport entre les structures économiques et le régime
nazi et ne voulaient prendre en considération que la responsabilité des individus. Dans la
perspective des procès de Nuremberg, une conférence internationale s’est réunie à
Londres à l’été 1945 aboutissant à l’accord dis de Londres du 8 août 1945.
Au terme de cet accord, va être institué le Tribunal Militaire International qui va
siéger à Nuremberg. Au delà de cette installation, l’accord va définir les trois grands
chefs d’accusation :
1. Des crimes contre la paix,
2. Des crimes de guerre
3. Le crime contre l’humanité dont la définition va rester imprécise mais s’adaptant
au crime de génocide.
Les Américains qui étaient pourtant à la pointe des actions contre les responsables nazis
vont au demeurant rester très prudent sur ce terrain car ils sont conscients qu’on pourrait
leur retourner ce chef d’accusation.
Le grand procès de Nuremberg va se dérouler du 20 novembre 1945 au 1 er octobre 1946
dirigé contre les principaux criminels nazis encore en vie ainsi que des organisations
nazies (le NSDAP, la Gestapo, le service de renseignement SD.
Au terme de ce procès, 10 condamnations à mort sont prononcées parmi 24 accusés. On
recense 12 peines de prisons et 2 acquittements.
A côté de ce grand procès de Nuremberg, les américains vont ensuite poursuivre 12
procès contre des diplomates et des industriels. On aura 806 condamnations à mort et
486 exécutions qui se dérouleront jusqu’en 1951.
A l’échelle des trois zones occidentales, le processus de dénazification va se dérouler
conformément à la directive du conseil de contrôle interallié du 12 janvier 1946. C’est
dans la zone américaine que l’épuration fut la plus radicale avec 80 000 arrestations et 70
000 révocations.
Les autorités élaborent un questionnaire que doivent remplir tous les allemands âgés de
plus de 18 ans. Sur la base de 13 millions de questionnaires remplis, 950 000 procédures
vont être engagés aboutissant à 600 000 condamnations.
Les Britanniques vont faire preuve de plus de souplesse et ils ne vont arrêter que 62 000
personnes. La zone d’occupation française n’aboutit pas sur une politique uniforme avec
moins de 20 000 arrestations.
Le bilan de cette politique de dénazification fut inégal selon les secteurs et plus ou moins
rigoureux. Il est évident qu’en deçà d’une lourde responsabilité, que celle des accusés
devant le Tribunal de Nuremberg, des facteurs discriminants est intervenue dans le
processus. Certains accusés bénéficiaient d’appuis sociaux et en particulier, les
condamnations ont été moins lourdes contre les prévenus plus ou moins utiles à la
remarche du pays.
De cette procédure incomplète et insatisfaisante, va naître la problématique de la
capacité à surmonter le passé.
Le SPD est le plus vieux parti allemand, fondé officiellement en 1875. Il a été interdis
sous le troisième Reich faisant alors l’expérience de la répression. 3 000 militants furent
assassinés, 10 000 internés dans des camps de concentration. A partir de 1945, le SPD
va jouer un rôle essentiel sous l’impulsion Kurt Schumacher. Il a été interné lui même
à Dachau et il est l’artisan de la renaissance du SPD dans les zones occidentales à partir
de 1945, s’opposant en particulier au projet de fusion avec le parti communiste qui est
imposé par les soviétiques dans leur zone d’occupation en 1946 et donnant naissance au
parti socialiste unifié.
Schumacher opte alors pour les valeurs occidentales tout en réclamant le maintien de
l’Allemagne dans ses frontières et refusant de reconnaître l’amputation de l’Allemagne.
Etant ainsi perçu par les occidentaux comme un nationaliste.
Schumacher était alors l’homme politique le plus connu et le plus estimé. Mais les
premiers résultats électoraux vont être décevants pour le SPD, souvent distancé par la
CDU. Très rapidement, le SPD et son leadeur se trouvent ainsi enfermés dans la
situation d’opposant à Adenauer qui va émerger comme la personnalité ouest allemande
dominante de l’immédiat après-guerre.
La CDU est un parti nouvellement créer en 1945 mettant l’accent sur son caractère
interconfessionnel réunissant autant les catholiques que les protestants. La CDU est
pourtant dotée d’une tradition car ce parti s’inscrit dans la continuité du Zentrum qui
s’était constitué sous l’Empire.
La CDU va se constituer à partir de noyaux régionaux, dont l’action a d’abord été
décisive à l’intérieur d’un pays morcelé. A ce propos, il faut citer l’importance du noyau
Berlinois donnant le nom du parti : Union Chrétienne Démocrate. A côté de ce noyau, il
faut mentionner un courant syndicaliste Rhénan ouvert et pouvant être qualifié de
gauche ayant des positions sur la nationalisation. Pour l’Allemagne du nord, les
protestants majoritaires vont tester en grand nombre pour le nouveau parti.
En 1946, le Bourg Mestre de Cologne Konrad Adenauer prend la direction du parti en
Rhénanie du Nord-Westphalie. Il s’impose rapidement comme le leadeur de la nouvelle
formation à travers son action dans les instances politico-administratives de la zone
d’occupation britannique. Il va se démarquer des orientations socialisantes des
syndicalistes Rhénans qui ont influencé le premier programme du parti en gestation
(Ahlen).
Il faut également souligner le cas particulier de la Bavière. Sous la République de
Weimar, il existait en Bavière un parti populiste bavarois, plus conservateur que le
Zentrum avec une sensibilité plus monarchique. Ce particularisme se confirme en 1945
lorsque se constitue en Bavière une Union Chrétienne Sociale ou CSU qui va se
distinguer de la CDU mais se référant au principe de l’interconfessionalité.
La CSU naissante est concurrencé par un parti régional : le Parti Bavarois. Mais la CSU
parvient à prendre la tête du parlement régional Bavarois et sera en mesure de s’imposer
comme le parti Etat de la Bavière.
Concernant, le Parti Libéral Démocrate, le FDP, il s’est constitué au lendemain de la
2GM. Il va fusionner les deux courants qui s’étaient partagés l’expression du libéralisme
allemand que sont l’aile droite des nationaux-libéraux et l’aile gauche progressiste. Le
nouveau parti va donner son adhésion au principe de l’économie sociale de marché lui
permettant de fédérer des courants très diversifiés.
Enfin, le Parti Communiste ou KDP, doit poursuivre sa voie propre dans les trois zones
d’occupations où le SPD a refusé de fusionner. Le parti a subi une féroce répression sous
le troisième Reich, renaissant au printemps 1945. Il compte alors 75 000 militants. Au
cours des premières années, les perspectives étaient plutôt bonnes à l’ouest, en particulier
de le land Rhénanie du Nord-Westphalie. Lors des élections régionales de 1946, le KDP
obtient 14% des voix. En 1947, il compte 324 000 adhérents.
Les débuts de la guerre froide partageant l’Allemagne vont avoir des conséquences
désastreuses pour le KDP, se trouvant vite marginalisé et stigmatisé comme une simple
antenne à l’ouest du SED et des soviétiques.
A la fin de l’année 1946, suite au désaccord entre les alliés, la reconstitution d’une entité
économique allemande unique qui était l’objectif de la conférence de Potsdam semblait
impossible.
Les Américains et les Britanniques décidèrent de la réaliser à l’intérieur de leur zone. A
partir du printemps et de l’automne 1946, le Foreign Office et le Secrétaire d’’Etat
Américain envisagèrent alors l’idée d’un Etat allemand occidental.
Les négociations entre américains et britanniques aboutirent à la naissance de la
bizone, c’est-à-dire, 5 administrations communes dans les domaines de l’économie, du
ravitaillement, de la poste, des finances et des transports.
Dans le même temps, les Anglo-Saxons organisèrent des élections pour les Parlements
régionaux. A la suite de ces élections, des gouvernements régionaux allemands furent mis
en place sur la base des résultats.
Après l’échec de la conférence de Moscou des mois de mars et d’avril 1947, une nouvelle
bizone est constituée le 29 mai 1947. Celle-ci se constitue autour du choix du système
économique.
Dans ce cadre, un Conseil Economique de 52 membres élus par les Parlements
Régionaux est institué. En son sein, le SPD se retrouve minoré par le CDU et CSU.
Rapidement, le SPD s’est retrouvé devancé.
A la conférence de Londres dans le courant du premier semestre 1948, la bizone va se
transformer en tri-zone puisque les français acceptent alors le principe de la fusion de
leur zone d’occupation avec la bizone anglo-saxonne.
Ce qui va accélérer le clivage est la réforme monétaire. Elle est opérée non pas par le
Conseil Economique, mais par les services américains. Ainsi, ce sont eux qui vont être à
l’origine de la création de la nouvelle monnaie allemande le 18 juin 1948 : le Deutsch
Mark.
Deux jours plus tard, la population est autorisée à commencer à échanger leur monnaie
sur la base de 10 RM pour 1 DM. C’était un taux de change défavorable pour l’ancienne
monnaie. En conséquence, la dette publique allemande va se réduire, s’exprimant en
RM. Mais les épargnants et les détenteurs d’espèces vont être lésés.
L’ensemble de ces mesures allaient dans le sens de l’enracinement de l’économie de
marché, imposé par le directeur de l’économie au sein de la bizone : Ludwig Erhard.
Il va devenir un personnage important, il était découvert en Bavière par les américains et
il disposait alors de l’appui des chrétiens démocrates et des libéraux.
Se fondant sur les théories de l’économie sociale de marché, il fit adopter sa loi sur les
principes directeurs du 18 juin 1948 en liaison avec la réforme monétaire. Les principes
directeurs du 18 juin 1948 vont ordonner la libération des prix et le blocage des salaires.
La création d’une nouvelle monnaie allemande pour les zones occidentales et
l’introduction de cette monnaie ouest allemande sans Etat ouest allemand vont accélérer
la rupture entre les Anglo-Saxons et les soviétiques. Ils réagissent très mal à cette
introduction dans les secteurs occidentaux de Berlin et en représailles, ils vont
organiser un blocus de Berlin, devenant effectif le 24 juin 1948.
Ces secteurs étaient reliés aux zones occidentales à la fois par des voies terrestres, des
voies d’eaux et aériennes. A partir du 24 juin 1948, les soviétiques vont bloquer les accès
terrestres (eau et autoroutes), mais ils ne vont pas interrompre les liaisons aériennes.
Par conséquent, le ravitaillement de Berlin-ouest va pouvoir être poursuivi par voie
aérienne. Les Américains ayant fait comprendre aux soviétiques que la rupture de ces
voies aériennes auraient signifiée la guerre.
Les Américains organisent un pont européen, la ville ne tombe pas et les soviétiques
seront obligés le12 mai 1949, de lever le blocus.
B) La création de la République Fédérale d’Allemagne et la première
législature 1948-1949 à 1953
Ce furent les occidentaux qui prirent l’initiative de la construction d’un Etat allemand de
l’ouest en donnant l’ordre aux représentants des Lander de former un Etat.
Les positions des alliés occidentaux sont formulées dans les documents de Francfort
du mois de juillet 1948. Ils précisaient que le nouvel Etat ouest Allemand devait
présenter un caractère démocratique et fédéral que les occupants occidentaux se
réservaient d’apprécier.
La souveraineté du futur Etat serait par ailleurs limité puisque les occupants
conserveraient le contrôle des relations extérieures de cet Etat, de son commerce
extérieur, de la question des réparations, de l’industrie, de la décartellisation, du
désarmement et de la recherche. On dessinait ainsi les contours d’un Etat à la
souveraineté très limité.
Pour la Constitution du nouvel Etat, un Conseil Parlementaire va se réunir à Bonn à
partir du 1er septembre 1948 et ses travaux vont se prolonger pendant huit mois. Ce
Conseil se composait de 65 membres élus par les Parlements Régionaux avec 27
membres de la CDU-CSU, 27 SPD, 5 libéraux et 2 représentants de trois petits partis.
A ces 65 membres élus, s’ajoutaient 5 délégués berlinois avec simplement une voix
consultative. Le travail essentiel s’est déroulé dans le cadre d’une Commission principale.
La controverse a porté sur le rapport entre la fédération et les Etats-Régions.
Un premier projet Constitution était prêt le 11 janvier 1949. Comme les alliés l’avaient
mentionnés, ce projet est soumis aux puissances occupantes pour approbation. Les alliés
occidentaux rendent alors un avis défavorable, trouvant les compétences du pouvoir
central mal définies.
Lorsque les articles sont précisaient, la nouvelle forme est acceptée. C’est le 8 mai
1949 que le Conseil Parlementaire va voter la Loi Fondamentale. Cette date n’était pas
laissée au hasard, signifiant le quatrième anniversaire de la capitulation allemande. 53
voix contre 12 adoptent le texte. Dans les opposants, on retrouve 6 représentants de la
CSU et les représentants des trois petits partis.
Quinze jours plus tard, le 23 mai marquant le quatrième anniversaire des arrestations des
membres du gouvernement, le texte de la loi fondamentale est ratifié par les ministres
présidant le Lander et par les présidents des Parlements Régionaux.
Pour la Bavière, la CSU avait voté contre trouvant le projet trop centraliste. Refusant la
Constitution, la Bavière aurait choisie sa propre voie, mais tel ne fut pas le cas. Elle
accepte de se soumettre à la majorité.
Concernant la loi fondamentale, elle est promulguée le 23 mai 1949. Dans son esprit,
c’est une réaction au régime constitutionnel allemand antérieur, celui de la République
de Weimar et du troisième Reich. Elle témoigne aussi d’un refus du communisme
soviétique. De part son double refus, elle va procéder d’une idéologie antitotalitaire.
On peut la caractériser en quatre points essentiels :
1. Elle définit le cadre d’un Etat de droit. En effet, l’article 21 précise que
l’Allemagne est un Etat fédéral, démocratique et social. Le titre 1 de la loi
fondamentale énumère les droits fondamentaux. Un tribunal Constitutionnel
fédéral va siéger à Karlsruhe encrant la démocratie allemande. Il va avoir comme
objectif de trancher des conflits constitutionnels, de veiller à la Constitutionnalité
des lois par l’application des principes politiques et de garantir la Constitution tout
en contrôlant les autorités publiques.
2. Elle définit un Etat fédéral . Le préambule énumère 11 Lander. Le point
important fait allusion aux allemands de la zone d’occupation soviétique. Le
peuple allemand tout entier est invité à achever l’unité et la liberté de l’Allemagne.
Il faut souligner que Berlin conserve son statut particulier sous l’autorité suprême
des puissances alliées. Ainsi, les secteurs occidentaux de Berlin vont se trouver
juxtaposé, mais non pas intégrer de fait dans le nouvel Etat. Par ailleurs, la Sarre
se situe à l’extérieur, économiquement rattaché à la France. Les Lander
constituent de véritable Etat avec un pouvoir exécutif, législatif et judiciaire. En
fait, la Constitution de ces Etats-Régionaux a préexisté à la loi fondamentale. La
vie politique allemande renaissante s’est d’abord développée au sein des Lander
qui ont ainsi obtenues une reconnaissance de fait de leur réalité avec les
particularismes et les traditions propre à chacun. Le rapport entre la fédération et
les Lander fait apparaître trois domaines. En effet, on a le domaine de la
législation exclusive du Bunt concernant les pouvoirs régaliens. Ensuite, ce qu’on
appelle le terrain de la législation concurrente et enfin, le terrain de la compétence
exclusive des Lander englobant le domaine de la culture, de l’éducation et la
question du rapport avec les églises.
La loi fondamentale va instaurer le bicaméralisme. Le Parlement ouest allemand va
comporter eux chambres.
1. D’une part, le Bundestag représentant la fédération. Il est élu en 1949 par des
électeurs de tous les allemands d’au moins 21 ans des deux sexes. Il est la
première chambre législative, c’est lui-seul qui élit et qui renverse le cas échéant le
chancelier. L’accord de la deuxième chambre est cependant indispensable pour les
lois dites fédérales et pour les lois présentant un intérêt pour les Lander. En cas de
désaccord sur les deux chambres, est instituée une Commission de médiation. De
fait, une inégalité des compétences avec la primauté du Bundestag élisant le
chancelier et votant seul le budget.
2. Le Bundesrat représentant les Lander ou Etats-Régions. Il est composé de
représentants des gouvernements régionaux proportionnellement à leur
population.
Concernant le pouvoir exécutif, il est bicéphale avec un déséquilibre entre les deux
têtes. Le premier élément est la présidence de la République. Le président est élu par
l’Assemblé fédérale se composant des élus du Bundestag plus un nombre égal des
représentants des Lander. Les candidats à la présidence doivent être âgés d’au moins 40
ans et ils sont désignés pour un mandat de 5 ans.
En réaction contre le régime de la République de Weimar avec des pouvoirs importants,
les membres du Conseil Parlementaire n’ont pas voulu faire de ce personnage un homme
puissant. Ainsi, c’est une autorité morale au pouvoir limité avec comme fonction
première, de représenter le pays à l’étranger.
Par conséquent, la personnalité dominante va être le chancelier fédéral. C’est la seule
personne qui va être investie de la confiance parlementaire et le seul responsable de la
politique gouvernementale.
La cessation de ses fonctions peut intervenir au terme du mandat, mais elle peut
intervenir en fonction d’un vote de défiance constructif mentionné à l’article 67 de la Loi.
Au terme de cet article, un chancelier investi par le Bundestag ne peut-être renversé que
par une majorité des députés s’entendant non seulement pour renverser le chancelier,
mais aussi pour trouver un successeur.
Les ministres fédéraux sont soumis aux directives du cabinet, dominé par l’autorité du
chancelier.
En conclusion, la loi fondamentale fut finalement l’expression d’un compromis entre
fédéralistes et centralistes. Elle procède d’un refus de réitérer les erreurs du passé, mais
elle va finalement assurer la prédominance de l’exécutif incarné par le chancelier. On
va parler de la démocratie du chancelier auquel la loi fondamentale a donné les moyens
d’asseoir son autorité.
La loi électorale fut promulguée le 15 juin 1949. C’est une loi provisoire qui donnera
lieu à de nouvelles modifications. En 1949, cette loi institue un système mixte ave
l’élection d’environ 250 députés au scrutin majoritaire uninominal et avec une correction
proportionnelle portant sur 150 sièges. Les électeurs ne bénéficiant alors que d’une seule
voix. Il faudra attendre la loi définitive de 1956 pour obtenir deux voix.
Quatre partis nationaux vont lutter : le CDU-CSU, le SPD, le FDP et le KDP. Ils
présentent des candidats dans chaque Etat-Région. On trouve également en lice des partis
régionaux. Et on trouve des groupements d’intérêts contribuant à fractionner l’offre
politique.
La campagne électorale va porter entre autre sur les thèmes de l’économie de marché et
sur la question de l’école. Elle prend aussi l’aspect d’un combat singulier au sommet
entre le leadeur du SPD Schumacher au propos direct et véhément à Adenauer
développant des alternatives simplistes.
Le 14 août 1949, 78,5% des 31,2millions inscrits se rendent aux urnes. La CDU-CSU
obtient 31% des voix et 139 sièges, le SPD 29,32% et 132 sièges, le FDP 11,9% des voix
et 52 sièges, le KDP 5,7% des voix et 15 sièges, le parti bavaroise 4,2% des voix et 17
sièges, le parti allemand 4% des voix et 17 sièges, le Zentrum 3,1% des voix et 10 sièges,
l’extrême droite 1,8% des voix et 5 sièges et des divers 9,1% des voix et 16 sièges.
L’Union Chrétienne Démocrate a emporté qu’une courte victoire sur le SPD.
La dispersion des sièges demeurait encore la règle entre non seulement des formations
nationales, mais aussi des formations régionales et des groupements d’intérêts. Cette
première élection ouest allemande se caractérise par la réalité du multipartisme et on a
ainsi pu qualifier cette élection de dernière élection de la République de Weimar.
A la suite des élections du 14 août 1949, Konrad Adenauer fut élu chancelier en
septembre avec seulement 202 voix sur 402.
Adenauer va ensuite accomplir un acte important en faisant le choix de la coalition.
Dans la configuration de celle du 14 août avec deux grands partis en tête, soit il faisait le
choix d’une grande coalition, soit le choix d’une petite coalition.
Adenauer va faire le choix d’une petite coalition bourgeoise associant à la CDU, les
libéraux et le parti allemand. Ce choix s’inscrivant dans les rapports entre les partis
politiques au détriment de l’alternative de la grande coalition avec le SPD.
Il a effectué ce choix de manière consciente car il considérait que dans une démocratie, il
fallait qu’il y ai un grand parti au pouvoir, mais aussi un grand parti dans l’opposition
pour être en mesure de préparer la relève.
C’est un choix extrêmement important car il va ainsi instaurer le principe de
l’alternance au pouvoir de grande formation politique et il va rejeter dans les faits, le
modèle de la grande coalition qui s’impose dans le même temps en Autriche.
 L’alternance s’inscrit dans la norme, la grande coalition étant l’exception.
Mais en 1949 également, Adenauer était mu par l’objectif d’imposer un développement
libéral de l’économie qui était alors récusé par le SPD.
Les puissances occupantes avaient défini le 10 avril 1949 un statut d’occupation entrant
en vigueur le 21 septembre 1949 au moment où se mettent en place les nouvelles
autorités. La liste de limitation de la souveraineté du nouvel état est longue ; celui-ci
n’ayant pas de politique extérieure. Il y’a une autorité internationale de la Ruhr qui ôte la
libre disposition de la sidérurgie.
En fait, dès l’entrée en fonction du nouvel Etat, on va constater un premier allègement du
poids de la tutelle des alliées. En effet, avec les accords de Petersberg des 21 et 22
novembre 1949, la RFA obtient des puissances occidentales, l’arrêt des démontages sauf
des usines d’armements. D’autre part, dès ce moment là, la RFA est autorisée à adhérer à
des organisations internationales et à ouvrir des consulats.
C’est ainsi un premier pas vers la voie de la restauration de l’autorité extérieure du
nouvel Etat.
Concernant l’économie sociale de marché et malgré l’opposition de la SPD et de l’aide
gauche de la CDU, la politique d’Ehard se poursuivait. Il avait le soutien d’Adenauer
et des Etats-Unis et il s’efforce alors de défendre la monnaie, de promouvoir les bas
salaires, mais aussi de réduire la fiscalité sur les bénéfices.
Il escomptait alors que cela produirait une amélioration générale des niveaux de vie et de
fait des circonstances favorables vont venir à son secourt. En effet, on retrouve les effets
bénéfiques du plan Marshall puisque la RFA n’existait pas encore, mais chaque
commandant en chef avait souscrit au plan au nom de sa propre zone.
Par ailleurs, à partir de la fin des années 40, on va commencer à ressentir les débuts d’une
croissance qui va se matérialiser bientôt dans le cadre des 30 glorieuses. Il faut tenir
compte aussi de la patience des syndicats qui sont prudents avec un taux de chômage
élevé.
D’autre par, concernant la cogestion, le mouvement syndical va se réveiller après une
courte phase de consensus. La revendication va alors porter sur la codécision, la
cogestion. L’idée a pris corps dans la sidérurgie de la Ruhr, alors administré par les
britanniques puisqu’elle se retrouvait dans la zone d’occupation britannique.
A propos de cette revendication, une menace de grève est rendue publique le 3 janvier
1951. La gauche de la CDU avec le courant des syndicalistes Rhénan et le SPD apportent
leur soutien. Adenauer souhaitant se placer en position d’arbitre va alors donner
satisfaction aux syndicats dans les secteurs du charbonnage et de la sidérurgie.
Cet arbitrage va se traduire par la loi du 10 avril 1951 qui sera voté par l’opposition
social-démocrate. Cette loi va instituer un Conseil de surveillance représentant à la fois
les intérêts du capital et du travail et restitue le poste de directeur du travail, lequel a un
droit de regard sur les décisions générales de l’entreprise et un pouvoir suspensif sur la
politique sociale.
C’est la mise en place ou la confirmation d’un véritable pouvoir syndical dans
l’entreprise et on va alors parler d’un modèle de capitalisme Rhénan associant le
capital et le travail.
Cette première loi concernait que les entreprises de charbonnage et de sidérurgie. Le
Bundestag va voter une deuxième loi en octobre 1952 pour les autres entreprises. Elle va
accorder aux salariés 1/3 des sièges dans les conseils des sociétés anonymes. Les
dispositions sont moins favorables, mais elles n’en témoignent pas moins de la nette
avance de l’Allemagne dans se secteur.
D’autre part dans les relations avec la France, le nouvel Etat allemand n’était pas sans
inquiéter la France. Ils n’appréciaient pas réellement les propos nationalistes de
Schumacher et ils s’inquiétèrent des projets de réarmements d’Adenauer.
Aussi, une discorde persistait dans la question de la Sarre. Au lendemain de la 2GM,
elle s’est trouvée soustraite de l’Allemagne et rattachée en union économique avec la
France. Les Français souhaitent également pérenniser l’autonomie de la Sarre sous forme
politique pour la séparer de l’Etat-ouest Allemand. S’il n’était pas possible à terme
d’annexer la Sarre, il fallait assurer l’émergence d’une entité Sarroise politiquement
distincte de l’Allemagne. Son enjeu était constitué de ses ressources charbonnières.
Evidemment, l’Etat-ouest allemand n’entendait pas les choses ainsi évoluer et Adenauer
luttait pour la réintégration de la Sarre. Dès lors, un conflit naissant entre la France et
la RFA se dessinait autour de la question de l’autonomie de la Sarre. C’est alors qu’une
série d’initiatives françaises, en particulier dans le domaine du charbon et de l’acier va
permettre de sortir de cette phase de tension.
C’est le 9 mai 1950 qu’est annoncé à Paris le plan Monnet-Schuman d’une
Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier qui se proposait d’intégrer les
ressources minières de la France, de la RFA, de l’Italie et du Benelux.
L’annonce de ce plan va permettre à la RFA de se sortir du problème de la question
Sarroise. Le projet de la CECA permettait à la RFA d’acquérir les mêmes droits que les
cinq autres pays partant au Traité. Adenauer est alors en mesure de désarmer les critiques
violentes des sociaux-démocrates au Bundestag. En contrepartie, il peut accepter l’entrée
simultanée de la RFA et de la Sarre au Conseil de l’Europe.
C’est une concession, largement compensée par le statut de partenaire de plein droit
qu’obtient la RFA sur la question de la gestion des ressources minières et
sidérurgiques.
Quelques mois plus tard, c’est le plan Pleven d’armée européenne. La RFA accepte alors
l’idée d’une Communauté Européenne de Défense. Adenauer est alors décidé à réclamer
en compensation, de nouvelle concession dans la supranationalité. Dès le 6 mars 1951,
une première révision du fait du statut d’occupation est accordée par les occidentaux à la
RFA. Celle-ci se voit alors accorder la création d’un ministère des affaires étrangères,
dont Adenauer va être le titulaire.
Le 18 mars 1951, Adenauer va signer à Paris le traité portant création de la CECA. Le 26
mai 1952, c’est la signature à Bonn du Traité sur l’Allemagne. A cette occasion, la
RFA obtient la maîtrise de ses affaires intérieures et extérieures, mais pas la souveraineté
complète. En effet, les troupes alliés occidentales restent en Allemagne et la question des
frontières restaient dans le domaine du futur Traité de paix.
 Mais, on voit apparaître de nouveaux progrès sur le terrain de l’indépendance du
nouvel Etat.
Le 27 mai 1952, c’est le Traité de Paris sur la CED. Les six de la CECA s’entendent
également pour constituer une Communauté Européenne de Défense. Sous réserve de
ratification, la RFA va pouvoir lever des troupes qui auront pour mission de défendre
l’occident contre la menace communiste. Adenauer obtient alors le moyen de
reconstituer une armée ouest allemande dans le camp occidental.
D’autre part, les débuts de la guerre de Corée du 25 juin 1950 posaient de fait, la
perspective d‘un réarmement allemand dans la mesure où les contemporains
considéraient que l’invasion de la Corée du Sud par le Nord préfigurait une offensive
soviétique en Allemagne occidentale.
En Europe, on considère alors que seule la mobilisation de troupes allemandes pouvait
permettre d’équilibrer cela. Américains et Britanniques étaient alors en accord pour le
réarmement de leur ancien ennemi. Mais la perspective du réarmement allemand, outre
l’opposition de la France, risquait aussi de rencontrer une forte opposition à l’intérieure
même de la RFA.
Schumacher leadeur du SPD, va encourager le courant pacifiste avec de forts appuis dans
le monde protestant. Il y’avait un risque de grave division et le risque pour le pouvoir du
chancelier Adenauer de se heurter à l’hostilité massive des protestants sur la question du
réarmement. Or Adenauer va parvenir à contourner ce risque en prenant appuie sur
l’église évangélique qui a refusé pour sa part de s’engager dans la voix du pacifisme
intégrale.
Comme bilan de la législature, on peut évoqué qu’elle a permis de voter une
législation sociale bénéficiant aux anciens soldats, aux prisonniers, aux victimes de
guerres, aux réfugiés, mais aussi aux victimes de la réforme monétaire.
Il faut souligner la politique de réinsertion des réfugiés, rendue possible par les débuts de
la croissance. De même, le retour sur la scène internationale, se trouvant faciliter par
l’amorce de rapprochement avec la France d’une politique européenne naissante.
Ces succès contribuent à la popularité du chancelier Adenauer abordant les élections du 6
septembre 1953 dans une position bien plus favorable que dans celles de 1949. La CDUCSU obtient alors 45,2% des voix et 243 sièges alors que la SPD plafonne avec 28% des
voix et 151 sièges.
Le fossé est creusé entre les deux concurrents de 1949, le régime est durablement
enraciné et son caractère conservateur s’est consolidé.
Partie 3 : L’évolution politique de l’Italie de 1943 - 1945 à 1953
A) Les débuts de la République Italienne 1943 1945-1947
1. Le règlement de la question royale et la proclamation de la République 19431946 :
Il faut remonter à la racine du problème, à la chute du fascisme. A la suite des revers de
l’axe en Afrique du Nord et en Sicile, le grand conseil fasciste désavoua Mussolini le 25
juillet 1943 et le roi Victor-Emmanuel le destitua et le fit arrêté le lendemain.
Le roi va remplacer Mussolini par Badoglio signant un armistice avec les alliés et
retournant le royaume dans le camp des alliés au prix de l’occupation de la majeure
partie de la péninsule par le Reich et d’une épouvantable guerre civile.
Au sud de la péninsule, le roi et le gouvernement du maréchal vont déclarer la guerre au
Reich et vont recevoir le statut de cobelligérant. Dans le même temps, les partis italiens
antifascistes se regroupent dans un Comité de Libération Nationale ou CLN. Or, la
majorité des partis politiques représentaient au sein du CLM, à savoir les communistes,
les socialistes et le parti d’action étaient des Républicains. Ils mirent en cause la dynastie
pour sa collision avec le fascisme.
 La question royale est alors posée.
Il y’avait les nécessités et par l’habilité du parti communiste, un compromis fut établie
entre le CLN et la monarchie : le pacte de Salerne d’avril 1944. Dès la libération de
Rome, le 4 juin 1944, Victor-Emmanuel cède à son fils Hembert le royaume. On
s’accorde pour remettre à une Assemblée constituante qui doit être élue après la fin de la
guerre, le choix de trancher la République et la Monarchie.
Le maréchal Badoglio démissionne à son tour le 9 juin 1944 et il rend possible alors la
constitution d’un cabinet de coalition dans lequel vont rentrer les partis républicains, y
compris les communistes, présidé par Bonomi. Ce cabinet doit préparer la libération de la
haute Italie, encore occupée par les allemands et dirigée par Mussolini.
En 1945, après l’exécution de Mussolini intervenant le 28 avril, Parri puis de Gasperi
succède à Bonomi toujours dans le cadre de la coalition. A partir de décembre 1945
jusqu’en mai 1947, De Gasperi va présider successivement trois cabinets de coalition ans
lesquels, communistes et socialistes siègent à côté de ministres démocrates chrétiens.
C’est la coalition tripartite qui a son équivalent dans le même temps en France.
Par décret loi du 16 mars 1946, le gouvernement décide que le choix du régime qui
aurait du être confié à une assemblée constituante, sera réservé au peuple lui-même
par voie référendaire. L’évolution devenait de plus en plus défavorable à la monarchie
face au bloc des partis républicains, rejoint en avril 1947 par la démocratie chrétienne.
Pour tenter de sauver la couronne, le roi Victor-Emmanuel va tenter une ultime
manœuvre. Il abdique le 9 mai 1946 au profit de son fils, Hembert II. Le référendum est
fixé au 2 juin 1946.
Finalement, lors de ce référendum, la République l’emporte sur la monarchie. Mais
c’est un score relativement serré avec 12,7 millions contre 10,7 millions. Ce qui est
important de souligner, c’est que la péninsule est divisée très clairement. Les
Républicains l’emportent dans le nord et dans le centre du pays tandis que les
monarchistes sont majoritaires dans le sud.
Quoi qu’il en soit, la réponse du peuple Italien est claire et Hembert II n’a pas d’autres
solutions que d’abdiquer à son tour et de quitter l’Italie. La République fut proclamé le
16 juin 1946.
2. La Constitution de 1947 :
Le 2 juin 1946, le jour où s’est déroulé le référendum qui a tranché de la question royale,
a eu lieu en Italie, l’élection de l’assemblée constituante. Les électeurs italiens ont placé
en tête la démocratie chrétienne qui a obtenu 35,2% des voix. Le leadeurship démocrate
chrétien est resté fragile face au bloc socialo-communiste avec 39,6%. Le Parti Socialiste
Italien obtient 20,7% des voix et le parti communiste a 18,9%. Ce bloc est majoritaire
dans le nord de la péninsule, mais très faible dans le sud.
D’autre part, l’émergence à droite d’une coalition « qualunque ». Cette assemblée se réunit
le 25 juin 1946 et va prolonger ses pouvoirs jusqu’au 30 décembre 1947.
Au fil des mois, la collaboration entre les partis associés dans cette coalition tripartite va
devenir de plus en plus difficile. De Gasperi va parvenir à retarder la rupture jusqu’au
mois de mai 1947. Il a plaidé d’associer tous les grands partis. D’une part, à la signature
du traité de paix entre l’Italie et les alliés et d’autre part, à la rédaction de la Constitution
pour ne pas laisser un gouvernement minoritaire à une telle responsabilité.
Le Traité de paix qui va régler le sort de l’Italie est signé le 10 février 1947. L’Italie
perd l’Istrie, el sort de Trieste n’est pas encore réglé. Les Italiens sont parvenus à
conserver le sud Tyrol.
Reste donc la Constitution. L’avant projet va être confié à une Commission de 75
membres composée de trois sous commissions, deux pour l’énonciation des droits
fondamentaux et une pour les Institutions. La rédaction va revenir à un comité de
coordination dit comités des 18. Le projet est finalement adopté par l’assemblée
constituante le 22 décembre 1947, à la très large majorité de 453 voix contre 62.
Cette Constitution débouche sur un large compromis entre la gauche marxiste, l’Etat
libéral et la démocratie parlementaire.
Elle reconnaît le régime représentatif, mais aussi l’unité de l’Etat en même temps que la
démocratie sociale, la démocratie direct, le pouvoir du juge constitutionnel.
La Constitution de 1947 va instaurer un Parlement bicaméral. La chambre des députés
est élue par tous les citoyens des deux sexes de plus de 21 ans. Au début des années 70,
l’âge sera abaissé à 18 ans. Pour être éligible, il fallait être âgé d’au moins 25 ans et la
durée d’un mandant est fixé à 5 ans.
La deuxième chambre est constituée par le Sénat avec moitié moins de monde que la
chambre des députés. Les sénateurs doivent être âgés d’au moins 40 ans et ils sont élus à
l’origine pour un mandat de six ans.
Le système parlementaire est rigoureusement bicaméral, avec les mêmes pouvoirs.
Ainsi, le Sénat comme la chambre des députés, peut renverser le gouvernement.
A la tête de l’Etat, on a un président de la République élu par un collège électoral spécial
composé des membres des deux chambres lus des délégués des conseils régionaux. Il
incarne un magistère avant tout moral. Il doit être âgé d’au moins 50 ans, élus pour un
mandat de 7 ans et peut-être immédiatement rééligible. Il dispose des pouvoirs d’un chef
d’Etat parlementaire avec les droits régaliens traditionnels. Egalement, il choisit les
candidats à la présidence du conseil.
Il bénéficie d’un privilège spécifique qu’est « sternazione », des déclarations publiques
exprimant la pensée du chef d’Etat sur telle ou telle question. Ainsi, le président a un rôle
plus conséquent qu’en Allemagne par exemple.
A la tête du gouvernement, on a un président du Conseil doté d’une fonction de la
direction de la politique générale du gouvernement. Il est désigné par le président de la
République à la suite de consultation.
D’autre part, on a l’instauration de la Cour Constitutionnelle. L’Italie a été la
première grande démocratie non fédérale à introduire un contrôle juridictionnel de
constitutionnalité. La Cour est composée de 15 juges étant désignés par tiers par le
président de la République, le Parlement, les juridictions suprêmes.
Elle a une triple fonction :
1. Veille à la Constitutionnalité des lois,
2. Veille aux conflits entre les pouvoirs publics.
3. Haute Cour lorsque sont mis en cause les plus hauts personnages de la
République.
D’autre part, l’instauration d’une démocratie semi-directe. L’Italie reste une démocratie
parlementaire. Mais le principe d’un projet de loi d’initiative populaire est rendu possible
dès lors que ce projet de loi est soutenu par 500 000 électeurs inscrit. Le Parlement a dès
lors l’obligation de débattre et de voter le projet.
Le principe de référendum abrogatif d’une loi est également introduit. Ce principe vaut
pour toutes les lois, à l’exception des lois de finances.
La Constitution de 1947 a prononcé un Etat unitaire, mais en même temps, est
proclamé l’Etat régional. De fait, à la base, une aspiration autonomiste élément du
patriotisme à la résistance. Comment parvenir à concilier ces deux enjeux ?
Un moyen juridique est la référence au concept d’Etat intégral. Il avait été utilisé dans le
cadre de la Constitution Républicaine Espagnole de 1931. En effet, elle devait faire la
synthèse entre la revendication de l’Etat unitaire et l’affirmation du caractère fédéral de
l’Etat.
 L’Etat intégral permet la synthèse de l’unité et du caractère autonomiste.
En Italie, on a évoqué un régionalisme qui restait surtout de façade à la fin des années 40.
En fait, la mise en œuvre de l’Etat régional va prendre plusieurs décennies. Ce qu’il faut
remarquer, dès l’après guerre, est introduit la distinction entre région à statut ordinaire au
nombre de 14 en 1948, et région à statut spécial au nombre de 5 (la Sicile, la Sardaigne, le
sud Tyrol, le Frioul et le Valdaos.
Dans le cas de ces régions, les statuts d’autonomie avaient déjà été octroyés par le
gouvernement avant l’élection de l’assemblée constituante.
B) L’ère de Gasperi où la démocratie chrétienne, maîtresse du pouvoir
En Italie comme en France, la résistance à l’occupation allemande et à la République de
Salo a contribué à l’élimination des forces qui avait constituée l’assise de la monarchie
constitutionnelle avant de livrer le pays au fascisme.
Cependant, l’esprit de la résistance éphémère ciment d’une coalition hétéroclite devait
bientôt céder la place aux luttes partisanes. Témoin de cet échec, la tentative avortée de
renouvellement amorcée par le Parti d’Action. En effet, il a été la seule formation de
l’après guerre née de la lutte antifasciste et animée d’un véritable esprit de rénovation
idéologique.
Ce parti a été fondé dans la clandestinité en 1942. Il était attaché à la recherche d’une
formule alliant socialisme et liberté, mais il n’a pas trouvé l’assise populaire dont il
aurait eu besoin. Il disparaît finalement en 1947 marquant l’échec de la rénovation des
partis italiens. La plupart de ses membres rejoignent le Parti Socialiste.
La démocratie chrétienne est l’héritière du Parti Populaire Italien, dont le leadeur
était Don Sturzo.
A la libération, la démocratie chrétienne représente une petite formation promise à n
avenir modeste. Mais dès le printemps 1947, après la rupture du tripartisme, elle va se
retrouver seul au pouvoir et obtient 48,5% des voix lors des élections législatives de 1948.
Son essor rapide va répondre à des causes multiples.
Il faut tenir compte du contexte de la guerre froide et de la volonté des anglo-saxons de
faire barrage à la gauche marxiste. Egalement, il faut tenir compte du soutien déclaré de
l’église catholique sous le pontificat de Mulhouse.
A côté de cette démocratie chrétienne, on trouve le Parti Communiste Italien. Après
avoir survécu à la répression fasciste, le PCI apparaît à la libération comme la force
politique la plus puissante et la mieux organisé. Sur les conseils de Staline et par suite
de la présence des troupes américaines sur le sol italien, le leadeur du PCI Togliatti fait
alors le choix de l’union des forces antifascistes. Il va décider de la conquête pacifique et
stratégique du pouvoir.
Les premières élections de juin 1946 places les communistes devant les socialistes.
Profitant de la division des socialistes, le PCI aura l’ascendant dans les années 50. Le PCI
est un parti de massage qui compte 2 millions d’adhérents en 1946, dont l’implantation
est très localisée.
En effet, il est fort dans l’Italie centrale avec la ville de Bologne. Par ailleurs, il est
également puissant de la triangle industriel du nord-ouest avec les villes de Milan, Turin
et Gênes.
Par ailleurs, le troisième élément est illustré par le courant socialiste. Au départ, nous
avons un PSI unifié. En juin 1946, ce parti arrive encore en tête de la gauche avec 20,7%
des voix devant les communistes à 18,9%.
Mais ce parti est déjà écartelé entre une aile « léniniste » dont le leadeur est Lelio
Basso, un centre avec Pietro Nenni et un courant réformiste avec Giuseppe Saragat.
Dès janvier 1947, Saragat rompt avec la majorité du parti, entraînant le départ de Pietro
Nenni. Dès lors, une première division et une seconde interviendront en 1949. En effet,
elle va affaiblir considérablement les socialistes, privés du leadeurship ç gauche.
Les dissidents de l’aile droite du parti vont constituer en 1953 le Parti Social-Démocrate
en Italie ou PSDI. La majorité des socialistes, en dehors des courants de droite constitue
le parti socialiste italien dont le leadeur reste Pietro Nenni. Le PSI conserve ses attaches
avec le communisme avec lequel dont il constitue un front populaire à l’occasion des
élections de 1948.
Dès le début des années 50, du fait de la division des socialistes, le parti communiste va
conquérir l’ascendant à gauche et en 1953, face à un parti communiste obtenant 22%
des voix, le PSI obtient 12,7%.
Par ailleurs, on peut traiter des partis laïcs héritiers de l’ère préfasciste. On trouve le
parti Républicain proche des radicaux français et le parti libéral d’orientation très
conservatrice et soutenu par la moyenne bourgeoisie et le monde des affaires.
En dehors de cet arc constitutionnel, on peut percevoir une extrême droite qui ne se
reconnaît pas dans les Institutions. A la différence de la France, elle est en mesure
d’opérer une renaissance et de s’imposer dans le jeu politique à la marge. Une nouvelle
formation va prendre le nom de Mouvement Social Italien ou MSI. C’est une véritable
formation néofasciste fondé en 1946 et rassemblant des nostalgiques de la République
de Salo.
Lors des élections générales d’avril 1948, le MSI n’obtient que 2% des voix. Mais il
présente sudiste très marqué. En effet, à Naples, en Calabre et en Sicile, le MSI se hisse
en troisième position avec 12% des voix. 5 ans plus tard, lors des élections législatives de
1953, le MSI est en progrès passant de 2% à 5,8% des suffrages.
Après les élections de 1946 victorieuse pour la démocratie chrétienne, un économiste
libéral Muigi Einaudi est nommé ministre des finances et du trésor. Il a en charge la
politique économique et financière du gouvernement. Il parvient à bloquer l’inflation, à
stopper la spéculation et à sauver la lire.
La période transitoire est ainsi révolue et en décembre 1947, de Gasperi fait rentrer au
gouvernement des sociaux-démocrates et des républicains rééquilibrant ainsi vers la
gauche, une situation qui avait été bouleversée par la rupture de mai 1947. On va parler
de l’alliance quadripartite car 4 partis sont au pouvoir.
1.
2.
3.
4.
La démocratie chrétienne
Des sociaux-démocrates
Des Républicains
Des libéraux.
Lors de l’élection d’avril 1948, elle va représenter un enjeu considérable. L’Eglise et le
monde catholique s’engagent derrière la démocratie chrétienne et à gauche, le bloc du
peuple va présenter des listes uniques associant des socialistes « Nennistes » et des
communistes.
L’intervention des grandes puissances va contribuer à dédramatiser le débat, La
démocratie chrétienne va bénéficier de l’aide américaine alors que la gauche va pâtir
des effets du coup de Prague.
La démocratie chrétienne gagne 5 millions d’électeurs part rapport à 1946 et obtient la
majorité absolue à la chambre des députés. 48,5% des suffrages exprimés et 304 sièges.
Le bloc du peuple associant communiste et socialiste perd 1 million de voix et obtient
31% des voix et 183 députés (131 communistes et 52 socialistes).
Après la victoire écrasante de la démocratie chrétienne, De Gasperi va s’efforcer de
réaliser son objectif prioritaire qui va consister en la réconciliation de la démocratie
bourgeoise et du monde catholique. De Gasperi va passer outre l’opposition de la
gauche catholique, lui rapprochant son adhésion au libéralisme économique.
Surtout, l’opposition de l’aile droite de la démocratie chrétienne qui poussait la
démocratie à rechercher un accord avec l’extrême droite renaissante, les monarchistes et
le MSI. De Gasperi va repousser cette dérive à droite qui aurait pu conduire à la
guerre froide. Il va vouloir avant les élections de 1953 exercer à une réforme du mode de
scrutin. Il entendait modifier la répartition proportionnelle par l’attribution d’une
prime de majorité. L’idée étant que 65% des sièges soit attribués au parti ou à la
coalition majoritaire dès lors que celui-ci ou celle-là aurait obtenu 50,1% des voix.
Cette réforme avait l’inconvénient d’être proposée à la veille des élections, elle est
qualifiée de loi scélérate. Ceci va se retourner contre la démocratie chrétienne et le 7 juin
1953, elle perd 2 millions de voix par rapport à 1948. Dans le même temps, le parti
social-démocratique perd la moitié de ses électeurs. Au total, il va manquer 57 000 voix
à la coalition des quatre partis du centre pour bénéficier de la prime majoritaire.
La démocratie chrétienne avec 40,1% des sièges obtient 221 sièges, le parti communiste
avec 22,6% des voix obtient 143 sièges et les socialistes à 12,7% des voix et obtiennent 75
sièges. A l’extrême droite, en dehors de l’arc constitutionnel, les monarchistes et le MSI
obtiennent 12,5% des voix.
De Gasperi va tenter en vain de mettre en place un cabinet de coalition. N’y parvenant
pas, il propose un cabinet démocrate chrétien homogène, renversé quelques jours plus
tard. De Gasperi a compris qu’il était désavoué et se retire de la vie politique et
décèdera un an plus tard, le 17 août 1954.
Par conséquent le centrisme a assuré à l’Italie la stabilité nécessaire à la reconstruction
politique et économique. L’inflation est maîtrisée, la monnaie est consolidée et l’Italie
est en mesure d’affronter la compétition internationale dans le camp occidental.
Mais la politique a été payée d’un prix social élevé, en particulier les conditions de vie
de la population ouvrière et paysanne restent dramatiques. Affaiblie par la rupture de
l’unité syndicale en 1948, le mouvement ouvrier est alors incapable d’imposer des
réformes de structures à une bourgeoisie en pleine phase d’accumulation capitaliste.
Seul la question agraire qui est alors posé par les révoltes paysannes va recevoir un début
de réponse. C’est finalement dans le domaine international que la réussite de Gasperi
va être la plus complète. En effet, il est l’un des pères fondateurs de l’Europe à côté de
Schuman et d’Adenauer.
L’Italie s’engage dès le début des années 50 vers la voie de la construction européenne
naissante. Elle signe le Traité de la CECA. Dans le même temps, elle devient membre de
l’OTAN confirmant ses orientations atlantistes.
Leçon III : La naissance des démocraties populaires
jusqu’à la mort de Staline : 1945-1953
L’effondrement du troisième Reich et de ses alliés va entraîner l’élimination des régimes
politiques responsable de la politique d’alliance avec l’Allemagne et va rendre la liberté
aux pays que le Reich avait occupé ou conquis depuis 1938.
Le problème majeur qui va se poser dans cette ère du continent européen « Europe de
l’Est », et dans la vie politique qui va falloir combler.
Pour comprendre comment les communistes sont parvenus à s’emparer du pouvoir, il va
falloir tenir compte de la présence omnipotente de l’armée rouge, mais également des
forces armées de la résistance fortement noyautée par les communistes.
L’armée rouge occupe la Roumanie, la Bulgarie et la Hongrie, dans la partie orientale de
l’Autriche et d’une zone d’occupation en Allemagne. Mais l’armée rouge est également
présente en terme « d’alliée » en Pologne et en Tchéco.
L’Albanie et la Yougoslavie étaient potentiellement libérées par des mouvements de
résistance en grande majorité communiste, mais en l’absence en grande partie de
troupes soviétiques. L’armée rouge ne s’est pas aventurée en 1945 jusqu’en Albanie.,
mais ils ont pris Belgrade en 1944. Ainsi, ils ont un statut particulier dans le monde
communisme, mais en dehors de l’empire soviétique.
Dans les pays vaincus, l’armée rouge était une force d’occupation et les autorités ne vont
pas se privées d’intervenir directement dans les affaires intérieures. Des procédés du
même genre vont être employés également en Pologne. Elle va être traitée comme un
pays vaincu.
A) La mise en place d’un nouveau régime 1944-1948
Cette période voit l’accroissement des régimes dis de démocraties populaires. Au départ,
à la seule de la Tchéco où le parti communiste était puissant, ils étaient partout
minoritaires en Europe de l’est.
Malgré ces handicaps, les communistes au plus tard en 1948, se retrouvèrent partout,
maître du pouvoir. Le processus d’accession au pouvoir s’est déroulé dans des schémas
très différents. On peut distinguer deux types de changements politiques :
1. Des changements expéditifs
2. Des changements progressifs.
1. La méthode expéditive
Commençons par la Bulgarie :
C’est un pays slave de tradition Russophile. Il y’avait aussi une tradition révolutionnaire
qui s’est faite, notamment dans les années 20. On peut rappeler que Georges Dimitrov a
été l’une des figures marquante du mouvement communiste internationale, en particulier
au début de la mise en place du pouvoir nazi en 1933.
C’est en décembre 1944, à la suite du revirement de la Roumanie que l’armée rouge
entre en Bulgarie. L’insurrection est déclenchée par le front de la patrie et se met en
place à Sofia un gouvernement d’union patriotique formé de communistes, de sociauxdémocrates et d’agrariens. Il va signer l’armistice avec l’armée rouge et décider d’engager
la Bulgarie dans la guerre contre l’Allemagne.
En vue des élections prévues à la fin de l’année 1945, la droite conservatrice et les chefs
de partis bourgeois se trouvent éliminés. Les élections se déroulent le 18 novembre
1945et voit le succès de la liste nique du front de la patrie avec 88% des voix.
Le 8 septembre 1946 un référendum va abolir à l’abolition de la monarchie et un
communiste est élu président de la République. Au mois d’octobre, est élu une
assemblée constituante et les communistes deviennent majoritaires. On passe alors à une
seconde étape de la conquête du pouvoir. Ainsi, les agrariens sont à leur tour éliminés et
leur leadeur Petkov, est arrêté et pendu le 23 septembre 1947.
La constitution est votée le 4 décembre 1947 et la Bulgarie devient alors une
démocratie populaire.
Ensuite, enchainons avec la Yougoslavie :
Une résistance multiforme s’est déroulée contre l’occupation multiforme. La victoire de
la résistance en 1944-1945 va placer Tito et le front de libération nationale en position
favorable pour prendre le pouvoir. Au mois de décembre 1944, un accord intervient entre
Tito et le représentant du roi Pierre II pour démocratiser le pays. Comme dans le cas de
l’Italie, on décide de confier à une assemblée constituante le soin de trancher la question
royale.
Au terme de cet accord, le 7 mars 1945 Tito forme à Belgrade un gouvernement
d’union nationale représentant les différentes nationalités de la Yougoslavie avec 23
ministres sur 28 sont déjà communistes.
Les royalistes n’acceptent pas cette évolution et démissionnent rapidement du
gouvernement. Lors de l’élection de l’assemblée le 11 novembre 1945, 90,48% des voix se
portent sur le front populaire. Dès le 29 novembre 1945, jour d’ouverture de
l’assemblée constituante, la République populaire fédérative de Yougoslavie est
proclamée.
Cette assemblée va se doter dès le 30 janvier 1946 d’une Constitution qui est en fait, un
décalque de la Constitution soviétique de 1936. Tito passe alors pour le disciple de
Staline. Il est clair qu’il entend faire l’économie du stade intermédiaire.
Par la suite, on verra l’élimination physique de dizaine de milliers d’opposants, en
particuliers de Croates collaborateurs du régime d’Ante Pavelic. La Croatie, avait
conquis son indépendante lors de l’éclatement de la Yougoslavie en 1941. La Croatie
était un partenaire de l’axe au même titre que la Slovaquie, et à la fin de la guerre, ils
battent en retraire en direction de l’Autriche.
A la fin du mois d’avril 1945, 100 000 soldats Croates se réfugient en Autriche. Ils sont
extradés par les anglo-saxons qui vont les livrer à Tito. Par ailleurs, les Tchétniques, sont
également mis en cause et leur chef Mihajlovitch est tué. Les catholiques avaient été
pendant la guerre, es soutiens à Ante Pavelic. Ils se trouvent exposés à la répression dès
lors que le régime s’effondre.
 Tito apparaît et passe pour le plus fidèle disciple de Staline.
Enfin, traitons de la Pologne :
C’était un pays considéré comme allié de l’URSS disposant d’un gouvernement légal en
exil à Londres et ayant sous ses ordres des forces armées. Mais dès leur rentrée en
Pologne à l’été 1944, les soviétiques avaient instaurées à Lublin, un comité de
libération national et qui va s’affirmer conne le gouvernement légal de la Pologne.
Evidemment, les Polonais de Londres refusent de collaborer. A la fin de la guerre, les
alliées s’entendent officiellement pour encourager les polonais à se réconcilier. Le 29 juin
1945, un gouvernement d’union nationale est constitué rassemblant théoriquement les
membres du comité et du gouvernement de Londres. Mais le déséquilibre est notable car
au sein de ce gouvernement, 17 des 21 ministres étaient issus du comité de libération
nationale.
 La part accordée aux autorités légales de Londres était très restreinte.
C’est ce gouvernement d’union nationale qui aurait du organisé des élections dans les
plus brefs délais. Finalement, la date sera repoussée à janvier 1947. Dans la perspective
de ces élections, le gouvernement va alors s’efforcer de constituer une liste unique, placée
sous la direction du parti ouvrier polonais.
Les jeux étaient faits puisque pendant l’année précédant les élections, le gouvernement va
paralyser l’action des partis traditionnels et lancer une campagne de dénigrement contre
les membres de Londres qui avaient refusés de rentrer en Pologne.
Finalement, les élections du 19 janvier 1947 ont assuré une victoire totale avec 90%
des voix au bloc démocratique. Pour préserver l’alibi du pluralisme, le gouvernement a
accepté des candidatures en dehors du bloc démocratique. Mais seul 28 opposants sont
élus.
 Victoire du parti ouvrier Polonais : Parti Communiste Polonais.
2. La méthode progressive
Commençons par la Roumanie 1944-1948 :
La Roumanie pendant la guerre fut soumise à la dictature du maréchal Antonescu. Il fut
un partenaire de l’axe et un allié important de l’Allemagne pour tenir le front Ukrainien.
Le régime se maintien jusqu’à la fin du mois d’août 1944 où il s’effondre face à l’armée
rouge.
La transition de la dictature d’Antonescu au nouveau régime va s’effectuer dans des
formats apparemment démocratiques avec le concours du Roi Michel puisque la
Roumanie est également une monarchie.
Dès la fin de l’été 1944, avec l’appui des soviétiques et de l’armée rouge, les effectifs et
l’influence du parti communiste en Roumanie vont s’accroître considérablement. Au
début de l’année 1945, les communistes étaient parvenus à rallier tous les mécontents, y
compris les membres de la minorité Hongroise en Transylvanie du Nord.
Le parti communiste va bénéficier de cette habile politique et c’est ainsi que le 6 mars
1945, sous la pression des soviétiques, le roi Michel va nommer le communiste Pierre
Groza président du conseil. Il constitue un gouvernement au sein duquel les
communistes tiennent les postes clés. Ils sont en mesure de prendre le contrôle progressif
de l’administration et de renforcer leur main mise sur l’Etat.
La préparation des élections législatives de novembre 1946 va se dérouler dans un climat
pesant. Il existait une tradition pluraliste remontant à l’entre deux guerres. Les nationaux
paysans, les libéraux et les socialistes vont refuser de faire liste commune avec les
communistes. Ils vont cependant s’entendre avec la gauche socialiste qui va rejoindre le
front patriotique. En revanche, les partis qui refusent l’accord préalable avec les
communistes sont de ce fait, empêcher de prendre part à la compagne.
Finalement, le 19 novembre 1946, le front patriotique obtient plus de 5 millions de voix
et l’opposition de 1 200 000 voix. Les leadeur du parti national paysan sont arrêtés. La
question du pluralisme politique et de fait, réglé.
Pour la question royale, à la fin de l’année 1947, le roi devenant de plus en plus isoler,
part en voyage en Grande-Bretagne. Il rentre en Roumanie et il est forcé d’abdiquer le
30 décembre 1947 et doit quitter le pays, le 3 janvier 1948.
De nouvelles élections sont organisées le 28 mars 1948 donnant au front patriotique
405 des 414 mandats. Une Constitution Républicaine est adoptée le 13 avril 1948.
Ensuite l’illusion démocratique en Hongrie :
La Hongrie était un pays à faible implantation communiste et les soviétiques vont ainsi
dans un premier temps laisser se développer une expérience de démocratie limitée. Sous
la direction du régent Horthy, le pays était un partenaire de l’axe. Mais après la chute de
la Roumanie à la fin du mois d’aout 1944, l’armée rouge pénètre sur le territoire de la
Hongrie.
Au mois de novembre 1944, se constitue dans la ville hongroise Szeged, un front
d’indépendance qui va s’emparer du pouvoir.
Des élections législatives libres se déroulent le 4 novembre 1945 et voit la victoire du parti
des petits propriétaires obtenant 57% des voix et 246 sièges à l’assemblée constituante. Ils
devancent les communistes avec 17% des voix et 70 sièges, les socialistes 69, les
nationaux 29 sièges.
Les communistes obtiennent le ministère de l’intérieur confié à Imre Nagy. Ce
gouvernement exercer une entreprise d’épuration qui est dirigée contre le dernier régime
qu’avait connu la Hongrie. Cela va toucher aussi bien les croix fléchées de Szalasi et des
personnalités de l’époque de Horthy.
L’épuration par delà les personnalités, va toucher l’administration la police et l’armée.
L’assemblée constituante élu le 4 novembre 1945 vote une rapidement une Constitution,
le 6 février 1946. Elle institue la République.
Dès ce moment là, le parti des petits propriétaires va commencer à voir le pouvoir lui
échapper. A l’automne 1946, les journaux hostiles au communisme sont progressivement
privés de papiers puis suspendus. Le leadeur du parti est finalement arrêté par la police
soviétique en février 1947 et suite au vote de la Constitution, de nouvelles élections
législatives sont fixées au 31 aout 1947 à l’occasion desquelles 500 000 électeurs se
trouvent privés de leur droit de vote.
A l’occasion de ces élections du 31 aout 1947, le front national de 1945 est toujours en
place. De fait, il reste la force dominante avec 60,2% des voix, mais en son sein, les
communistes obtenant 21,8% des voix sont devenus la force dominante.
Les communistes bénéficient de deux atouts. D’une part, la présence de l’armée rouge et
la division de leur adversaire. Au mois de juin 1948, les deux partis de gauche fusionnent
sur le modèle donnant naissance au parti des travailleurs hongrois.
Le président de la République élu en 1946, Tildy doit démissionner le 30 juillet 1948. A
partir de ce moment là, plus rien ne s’oppose à l’établissement de la démocratie
populaire.
Le cas de la Tchécoslovaquie, le coup de Prague de février 1948 :
On a parlé précédemment de la Hongrie qui avait le statut d’Etat vaincu. Pour la Tchéco,
elle avait été victime de la politique d’agression de l’Allemagne nazie. Elle a conservé
pendant la guerre, un gouvernement en exil à Londres dirigé par le président de la
république qu’est Edouard Benès.
Il a fait la douloureuse expérience de l’abandon de la Tchéco par la France et les
Britanniques. A la différence des Polonais qui en 1939 ont vu leur pays partagé entre
l’Allemagne et l’Union Soviétique, le gouvernement tchécoslovaque avait résolu de
choisir une politique d’entente avec les soviétiques qui s’est matérialisée par le Traité de
Moscou du 4 décembre 1943.
Cette politique s’est doublée d’un accord politique avec Klément Gottwald, secrétaire
général du parti communiste en Tchéco. Dès lors que le territoire est libéré à la fin de la
guerre essentiellement par l’armée rouge et par les forces armées américaines, un
gouvernement d’union nationale est formé et il entre en activité avant la libération de
Prague dans la ville de Kosite.
Ce gouvernement est dirigé par un social-démocrate du nom de Fierlinger qui appartient
à l’aile gauche du parti social-démocrate. Il comprend 25 ministres dont 8 ministres
communistes. Evidemment, à l’intérieur de ce ministère, les communistes ont obtenu des
postes clés comme l’intérieur ou l’information.
En Tchéco, la première tâche du nouveau gouvernement va de mettre en place une
politique d’épuration avec 20 000 procès. Benès va également procéder à l’expulsion
rapide des minorités allemandes dans les Sudètes.
Egalement, le procès de monseigneur Tiso. Il était le chef de l’église catholique
slovaque. Il est jugé à Bratislava entre le 3 décembre 1946 et le 15 avril 1947. Il se termine
par sa condamnation à mort suscitant des remous en Slovaquie en fonction de la
popularité conservée, mais également en fonction de la composition du jury.
A la suite de cette politique d’épuration, des élections législatives sont organisées le 20
mai 1946. Ce sont des élections se déroulant librement et sont remportés par le parti
communiste Tchécoslovaque avec 38% des voix et près de 40% des voix dans les pays
tchèques. A gauche, les sociaux-démocrates, obtiennent 13%. Les partis bourgeois
obtiennent 49% des voix.
 Indiscutable succès des communistes.
A la suite de ces élections, Klément Gottwald forme le nouveau gouvernement dont il
prend la suite avec les partis du front national. Ce gouvernement comprend 22
ministères, les communistes en obtiennent 9 et les autres partis 13.
Les communistes ont déjà entrepris de noyauteur un certain nombre d’autres partis et ils
peuvent compter sur le soutien de l’armée même si le cadre de la démocratie pluraliste
n’est pas remis en cause. Les premières tensions vont survenir au mois de juillet 1947 à
propos du plan Marshall.
Le 4 juillet 1947, le cabinet tchéco va voter à l’unanimité le principe de la participation
du pays à la conférence préparatoire pour le plan Marshall. Elle donne donc son
adhésion au plan Marshall, mais les dirigeants soviétiques font savoir immédiatement
qu’une telle acceptation est un geste hostile.
Le 10 juillet, retournement de situation et l’offre américaine est déclinée.
Ce volte face qu’accompagne le président de la République suscite un malaise parmi les
ministres non communistes. Ils comprennent alors que ce n’est plus à Prague, mais à
Moscou que se décide la politique du pays. A partir de ce moment là, une procédure de
rupture va commencer à s’esquisser.
Devant les réticences manifestes des ministres de droite, l’attitude des communistes va se
durcir à l’automne 1947. Les syndicats pro communistes multiplient les manifestations de
masses et les avertissements. En février 1948, les partis bourgeois passent à la contre
attaque et le 20 février 1948, ces ministres présentent leur démission. Mais ils ne sont pas
soutenus ni par le ministre de la défense, ni par le ministre des affaires étrangères, des
sociaux-démocrates.
Finalement, le sort du pays se trouve placé entre les mains du président de la
République : Edouard Benès.
Le 21 février 1948 Gottwald à l’occasion d’un grand meeting va dénoncer un complot en
préparation. Les communistes reçoivent de fait le concours des syndicats et ceux-ci
annoncent une grève générale le 23 février. Dans la nuit du 22 au 23, de nombreuses
personnes sont arrêtées. La tension atteint son apogée le 25 février avec une nouvelle
manifestation à Prague.
Le Président Benès qui n’était pas parvenu à entraîner le parti social démocrate dans la
résistance va alors céder et accepte de remplacer les ministres démissionnaires. A la suite
du remaniement ministériel intervenant, on compte désormais 12 ministres communistes
sur 20.
Le coup de Prague ainsi qu’il va être désigné à réussi face à l’incapacité des partis
bourgeois à s’organiser de manière efficace. Dans la nuit du 9 au 10 mars 1948, le
ministre des affaires étrangères, est retrouvé mort. Des doutes planent sur sa mort, mais
marquant l’achèvement du processus de conquête de pouvoir par les communistes.
Le 30 mai 1948, de nouvelles élections générales se déroulent dans le pays. Une liste
unique est présentée par le front national.
 Le coup de Prague, symbole de l’asservissement des pays de l’Europe centrale
sous l’autorité de l’Union Soviétique.
A la suite, le président Ben !s démissionne le 7 juin 1948 et décédera en septembre. C’est
Klément Gottwald qui va être élu à l’unanimité président de la République.
Enfin, la naissance de la RDA :
En Allemagne, les soviétiques avaient obtenu une zone d’occupation devenant
l’Allemagne de l’est. Quoiqu’ ‘il en soit, la zone d’occupation soviétique en Allemagne
couvrait 117 000 km2 et comportait 18 millions d’habitants.
Les soviétiques avaient favorisé la création d’un comité pour l’Allemagne libre, présidé
par le communiste Hulbricht. Dès le mois de juin 1945, quelques semaines après la
capitulation de la Wehrmacht, les soviétiques donnent leur accord pour la création d’un
certain nombre de partis politiques.
Ils vont autoriser 4 partis politiques, la KDP, le SPD, CDU et le FDP. Le 14 juillet1945,
ils constituent un front uni des partis anti fascistes et démocratique.
A l’automne 1945, sont organisés en Autriche des élections pluralistes. Il y’a trois partis
sur le devant de la scène autrichienne. Or ces élections voient l’échec du parti
communiste autrichien demeurant très faible. En effet, en Allemagne on avait la tradition
d’un parti communiste puissant, mais les soviétiques vont s’inquiéter du résultat de la
situation Autrichienne.
A la suite de ces élections, les soviétiques vont vouloir imposer des partis socialistes et
communistes. Des négociations s’engagent en vue d’aboutir à une fusion entre le SPD et
la KDP. A l’ouest, la tentative de fusion va se heurter au refus de Schumacher. En
revanche, à l’est, les communistes vont avoir Grotewohl, leadeur du parti socialiste à l’est
comme un partenaire bienveillant.
Les démarches vont aboutir à la fusion des deux formations donnant naissance au
parti socialiste unifié d’Allemagne SED regroupant à l’est 1,3 million d’adhérents.
Les autorités d’occupation vont alors procéder à la mise en place d’administrations
provisoires tant au niveau communal qu’au niveau régional. Les premières élections
régionales vont se dérouler au mois d’octobre 1946. Le SED à l’occasion de ces élections
obtient 48% des voix devançant les libéraux et la CD.
En même temps que se met en place la bizone, un conseil du peuple réunit à Berlin est va
être chargé de rédiger un projet de Constitution. La dégradation des relations entre les
anciens alliés à la suite de la réforme monétaire de juin 1948 dans les trois zones
monétaires et à la suite de l’introduction du nouveau DM à Berlin ouest va inciter les
soviétiques à titre de représailles au blocus de Berlin ouest et accélérant également le
processus de mise en place du nouveau Etat est Allemand.
C’est le Congrès du Peuple constitué des représentants des partis autorisés qui va
approuver le projet de constitution le 30 mai 194. Ce congrès va prendre le nom de
chambre du peuple et il va désigner le 7 octobre 1949, Otto Grotewohl comme chef du
gouvernement provisoire de la RDA.
B) L’époque Stalinienne : de 1948 à 1953
Chapitre 2
La période 1945 –
1953
Leçon I : l’Europe occidentale dans les années 4553 entre renaissance politique et Etat providence
Partie 1 : Les guerres civiles Européennes
Leçon II : l’Europe occidentale dans les années 4553 entre renaissance politique et Etat providence
Partie 1 : Les guerres civiles Européennes
Chapitre 3
La période 1945 –
1953
Leçon I : l’Europe occidentale dans les années 4553 entre renaissance politique et Etat providence
Partie 1 : Les guerres civiles Européennes
Leçon II : l’Europe occidentale dans les années 4553 entre renaissance politique et Etat providence
Partie 1 : Les guerres civiles Européennes
Chapitre 4
La période 1945 –
1953
Leçon I : l’Europe occidentale dans les années 4553 entre renaissance politique et Etat providence
Partie 1 : Les guerres civiles Européennes
Leçon II : l’Europe occidentale dans les années 4553 entre renaissance politique et Etat providence
Partie 1 : Les guerres civiles Européennes
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