La fonte du Kilimandjaro n’est probablement pas attribuable au réchauffement climatique
Écrit par Olivier Dumont
Vendredi, 09 Novembre 2012 14:26
Du fait de sa situation proche de l'équateur, le Kilimandjaro connaît deux saisons sèches etdeux saisons humides. Pendant les saisons sèches, le soleil, plus bas, fait fondre la glace parsublimation. Pendant les saisons humides, le soleil, plus haut, est masqué par les nuages.Selon Kaser, in Kaser et al, 2004
Mais en 2003 plusieurs publications de Molg, Hardy, Kaser et al (Molg et al, 2003; Kaser et al,2003) ont conclu que le réchauffement climatique n’était pas en cause. Pour eux, ce sont leschangements dans les conditions d’insolation, dus à l’assèchement de l’Afrique depuis la fin duXIXe, qui en sont les principaux responsables. En effet les glaciers du Kilimandjaro sont situésà une altitude si élevée que malgré leur situation près de l’équateur, les températures montentrarement au dessus de zéro, ce qui emêche leur fonte, réchauffement ou pas. Par contre,l’insolation provoque un phénomène de sublimation qui génère des effets complexes et setraduit par une fonte particulière, comme le prouve la forme des glaciers du sommet. D’autresscientifiques pointent la responsabilité de la déforestation qui a lieu localement, et qui a poureffet de réduire la couverture nuageuse.
Toutefois, ces scientifiques ne remettent pas du tout en question la réalité du réchauffementclimatique global ni la responsabilité humaine de celui-ci. Ni même la responsabilité duréchauffement global dans la fonte de la plupart des autres glaciers.
Pourtant Le débat scientifique n’est pas clos à ce sujet. Thompson a répliqué aux publicationssuccessives de Kaser par une étude publiée en 2011 dans «Annals of Glacioloy», maintenantl’idée que le réchauffement est bien en cause parce que, si la température reste en dessous dezéro à 50cm au-dessus de la glace, celle-ci a pu se maintenir pendant leurs relevés à zérodegré pendant 8 heures par temps clair, ce qui indique que le réchauffement peuet jouer unrôle. D’après ces travaux, les isotopes d’oxygène et d’hydrogène plaident également contre lafonte par sublimation. Une sorte de match oppose ainsi depuis une décennie Thompson àKaser, Mog et Hardy sur ce point.
Une controverse scientifique sur un point particulier
Cela signifie, quoi qu’en disent les climato-sceptiques, que le débat scientifique se déroule
normalement à propos du climat. Ce genre de controverses, courant dans le milieu scientifique,
a lieu loin des médias sous la forme d’expérimentations et d’argumentations soignées, publiées
dans des revues à comité de lecture. Les controverses se focalisent sur des points particuliers
où il n’y a pas encore de certitude. Mais sur le réchauffement global et la responsabilité des
émissions humaines de gaz à effet de serre (GES), il n’y a plus de controverse depuis plusieurs
décennies, tout simplement parce que l’ensemble de la communauté scientifique est en accord.
Un accord qui provient des expérimentations et des recherchent qu’ils pratiquent tous les jours.
Décalage entre Médias et Sciences
Le décalage entre la controverse médiatique d’un côté, nourrie par les climato-sceptiques, qui
repose à la fois sur des mensonges grossiers et sur la maladresse des médias, et entre la
controverse scientifique, qui met en jeu des arguments assez subtils sur des points particuliers,
nous parait édifiant. Il mériterait d’être étudié par les acteurs des médias, qui, par leurs
pratiques parfois approximatives, ne rendent pas service aux vérités de notre monde – alors
qu’en rendre compte est bien souvent leur profonde motivation.
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