menaces qui pèsent sur cette espèce patrimoniale sont multiples, et paraissent liées notamment
à un processus général résultant du réchauffement climatique engagé depuis la dernière
glaciation mais très fortement accéléré depuis la révolution industrielle du 19ème, et qui
impacterait très fortement cette espèce ayant de très faible capacité de dispersion. Les
prédictions relatives aux évolutions climatiques en Europe indiquent des amplitudes de hausse
des températures moyennes de 1 à 5 °C d'ici la fin du 21ème siècle et révèlent des disparités
saisonnières et régionales marquées. La distribution des précipitations sur le continent serait
également affectée, avec des précipitations plus fortes sur le nord de l'Europe, et plus faibles
sur le Sud. Ces projections climatiques seraient donc tout à fait défavorables au maintien
d’espèces aquatiques et de zones humides spécialisées à faible capacité de dispersion déjà en
limite d’aire dans cette région géographique. Mais dans ce contexte, le cas de l’euprocte des
Pyrénées apparait tout à fait exemplaire pour appréhender les effets des changements
climatiques sur les biocénoses du fait que l’état des populations actuelles dans ce secteur
résulte de changements globaux anciens naturels et que l’on dispose donc d’un exemple actuel
concret des effets de ce que ce type de perturbation peut générer dans l’espace et le temps.
C’est en quelque sorte l’occasion de tester/valider des modèles d’évolution des populations à
rebours ; modèles qui pourront alors être étendue à d’autres espèces pour établir des
projections en parallèle des projections climatiques. Les objectifs de cette action sont donc de
dresser un état des lieux des populations d'euproctes sur la majeure partie de son aire de
distribution, grâce à la collaboration mise en place entre divers partenaires répartis sur 3
régions géographiques. L'investissement des structures françaises, andorranes et espagnoles
sont indispensables pour réunir les éléments nécessaires à cette action sur l'euprocte, au
travers de nombreuses localités à différentes altitudes, permettant de scanner une large partie
de l'aire d'occurence de l'espèce. Grâce aux compétences de chaque partenaires, cette action
fournira différentes aires de répartition de l'espèce en fonction de plusieurs méthodes utilisées,
et d'estimer l'état de santé des populations grâce à une approche utilisant la génétique des
populations. Une fois l'état des lieux dressé, les résultats de cette action seront combinés aux
actions 7 et 8 afin d'améliorer nos connaissances sur l'évolution de la répartition de cette
espèce endémique, et de prédire sa future distribution le long des Pyrénées.
Tâches spécifiques pour le Post-doc
Le travail du Post-doc vise à :
(1) Prédire la répartition de l'euprocte à partir des données de présence/absence déjà récoltées
par NMP et autres structures. Basée sur des modèles de niches écologiques (ENFA, MaxEnt),
cette analyse devrait nous aiguiller sur les variables paysagères ou climatiques agissant
potentiellement sur la répartition des euproctes sur la chaine pyrénéenne. La récolte de
données dans plusieurs régions soumises à différents climats (France, Andorre et Espagne)
ainsi qu'à différentes altitudes sera nécessaire afin de couvrir une large gamme d'habitats
potentiels favorables à la présence d'euproctes.
(2) Scanner l’aire de répartition de l’espèce sur sa partie orientale selon un gradient altitudinal
depuis la méditerranée jusqu’aux Pyrénées centrales, en recherchant particulièrement les
populations «cryptiques » tant épigées qu’hypogées qui seraient plus ou moins isolées
notamment dans le piedmont. En complément de campagnes de prospection directement sur le
terrain, la méthode d’ADN environnemental (ADNe) sera développée pour la détection de
cette espèce, notamment dans des sites difficilement praticables (à la sortie des grottes par
exemple) et où les euproctes pourraient y être détectés. Les analyses d’ADNe couplées aux
campagnes de terrain permettront d’affiner les préférences d’habitats de l’espèce à la fois en
fonction de contraintes biotiques et abiotiques.