2 Préservation de la biodiversité et gestion des milieux et ressources

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Préservation de la biodiversité
et gestion des milieux et ressources
1 Problématique
La biodiversité est une composante majeure de la durabilité des écosystèmes, dont dépendent,
directement ou indirectement, toutes les sociétés humaines. Les biens et services apportés par la
biodiversité (alimentation, matières premières, substances actives pour le génie médical, capacité
naturelle d’autoépuration) sont en effet innombrables et pour la plupart irremplaçables. Pourtant,
parmi les effets — les plus graves et les plus irrémédiables — de nos modes de vie sur
l’environnement planétaire, figurent de lourdes pertes de biodiversité et de nombreuses atteintes, plus
ou moins irréversibles, aux milieux et ressources naturels, à la suite de pollutions diverses, de
surconsommation ou de surexploitation.
170 pays ont ratifié la Convention de 1992 sur la diversité biologique et la communauté internationale
s’est engagée lors du Sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg, à réduire de
façon significative l’érosion de la biodiversité d’ici à 2010. L’Europe a également affiché, par la
stratégie européenne pour la biodiversité, son ambition d’inverser la tendance d’ici à 2010. La France
s’est aussi dotée, en 2004, d’une stratégie nationale pour la biodiversité.
Les ressources qui composent l’environnement planétaire (eau, air, sol) font partie d’un patrimoine
commun de l’humanité, aujourd’hui en danger. En France, on constate des déséquilibres
chroniques entre prélèvements et ressources disponibles dans certains bassins. Par ailleurs, l’état de
pollution de nombreux cours d’eaux, nappes et littoraux peut empêcher certaines utilisations de l’eau,
notamment son emploi pour l’alimentation humaine et animale (eaux souterraines et superficielles), et
entraîner une dégradation des milieux aquatiques. La qualité des sols se dégrade également, en lien
avec leur artificialisation (urbanisation, occupation par des infrastructures…) et leur usage intensif
(pollutions liées à l’agriculture intensive). La directive européenne du Parlement et du Conseil datée
du 23 octobre 2000 engage les pays de l’Union à reconquérir la qualité de l’eau et des milieux
aquatiques, pour atteindre « le bon état » en 2015.
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2 Situation actuelle et tendances
De l’eau disponible, mais inégalement répartie
L’eau n’est pas rare en Midi-Pyrénées,
région qui se situe entre les Pyrénées et le
Massif central, deux châteaux d’eau
naturels.
Toutefois, les aléas climatiques et l’irrigation
qui représente 80 % de la consommation
font qu’à certains moments, en certains
endroits, elle vient à manquer Ce déficit a
des incidences sur la préservation des
milieux aquatiques. Les précipitations — qui
peuvent
être
nombreuses
—
sont
1
inégalement réparties dans l’espace .
37,4 Milliards de m3
222 barrages
= 1,21 Milliard de m3
En amont de
Midi-Pyrénées
46 barrages
= 1,25 Milliard de m3
En Midi-Pyrénées
Retenues collinaires
= 0,14 Milliard de m3
Source : Mission Eau ARPE – Région Midi-Pyrénées 2004
Les prélèvements d’eau se répartissent,
pour l’année 2001, entre l’alimentation en
eau potable des ménages (293 millions de
3
3
m ), l’irrigation (415 millions de m ) et
3
l’industrie (485 millions de m ). En période
d’étiage, cinq mois de mai à septembre, des
conflits d’usage peuvent apparaître entre
l’irrigation qui consomme 88% de l’eau
prélevée, les besoins en eau potable (9 %)
et les usages industriels (3 %)2
Consommations à l'étiage
(en millions de m3)
Eau
potable
34
9%
3%
Industries
11
88%
Irrigation
334
TOTAL = 379 Mm3
Source : Agence de l’Eau Adour-Garonne, données 2001
Sans être alarmante, la qualité de l’eau, en tant que ressource ou pour la
consommation, est à surveiller
La qualité des eaux superficielles est acceptable, avec une forte volonté de mieux la maîtriser.
En effet, la qualité des eaux distribuées par les réseaux d’adduction d’eau potable est inégale en
région Midi-Pyrénées : en 2002, 1002 unités de distribution d’eau potable sur 1992 n’ont pas été
conformes au moins une fois. Néanmoins, 92% de la population consomme une eau de bonne qualité
bactériologique. On constate un certain retard dans la mise en place des périmètres de protection des
captages — 9 % des captages sont dotés d’un périmètre de protection — avec déclaration d’utilité
2
publique, DUP, soit 26 % des volumes distribués .
De plus, en ce qui concerne la qualité des eaux souterraines, la situation est plus préoccupante.
En 2001, un tiers des sites d’eau souterraine, surveillé par la DIREN, a été contaminé par des
produits phytosanitaires. On observe également d’autres sources de pollutions parmi lesquelles
l’insuffisant assainissement des collectivités, les pollutions par les nitrates d’origine agricole et les
pollutions toxiques.
1
2
Source Mission Eau ARPE, 2001
Source : données Agence de l’Eau, DDASS, DRASS
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Carte des zones vulnérables à la pollution par les nitrates d’origine agricole
sur le bassin hydrographique Adour Garonne
Source : base de données de cadrage, agence de l’eau Adour Garonne, décembre 2002
Des sols menacés, artificialisés par l’urbanisation, surexploités par des pratiques
agricoles intensives. Et de nombreux sites recensés comme potentiellement pollués
Contrairement à d’autres régions, en raison notamment de la faiblesse de son passé industriel, MidiPyrénées présente peu de complexes en déshérence, dangereux pour l’environnement et les
individus. Paradoxalement, il existe toutefois de nombreux sites et sols considérés comme
potentiellement pollués : décharges sauvages, stations-service désaffectées, anciens ateliers
d’artisanat ou fonds de commerces abandonnés, notamment en milieu rural. Sur la période de 1850 à
1
2005, 24 231 sites industriels ont été répertoriés , principalement sur la Haute-Garonne, le Tarn et les
Hautes-Pyrénées.
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L’augmentation de 6 % entre 1990 et 2000 de l’artificialisation des terres — par l’agriculture
intensive, l’urbanisation, la construction d’infrastructures de transports — réduit la perméabilité des
sols, favorise l’érosion et les inondations, détériore la qualité des sols. Certains sols sont surexploités,
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avec par exemple, des stocks de matières organiques faibles (5 kg/m ) notamment dans les zones de
grandes cultures. Moins de 40 % des surfaces agricoles sont d’ailleurs consacrés à des cultures
favorables au stockage des matières organiques dans le Gers, le Tarn-et-Garonne et la HauteGaronne.
Le prélèvement en profondeur de ressources minérales qui concerne surtout les roches massives
(pour la construction et le granulat) et le prélèvement des alluvions en eau (matériaux déposés
pendant l’ère quaternaire par les glaciers, cours d’eau ou sur les fonds marins) transforment le sol. La
proportion d’utilisation de matériaux alluvionnaires notamment en Haute-Garonne est importante.
La ressource « sol » est pour l’instant encore mal connue et insuffisamment suivie.
1
2
Source : Inventaire Historique Régional de Midi-Pyrénées - BRGM - http://basias.brgm.fr
Source : IFEN Corinne Landcover GIS SOL – INRA - IFEN
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En ce qui concerne les matières premières nécessaires à l’économie régionale et
non renouvelables (uranium ou gaz), une « priorisation » des usages pourrait à
terme se révéler nécessaire
Aujourd’hui, la région Midi-Pyrénées se satisfait elle-même en ce qui concerne les matières premières
telles que la brique, le béton, et les granulats (contrairement à d’autres régions, comme l’Aquitaine).
Pour les ressources énergétiques, l’usine de Golfech et les stockages importants de gaz et
d’hydrocarbures devraient permettre à la région de « voir venir » et ce d'autant que des recherches de
gisements de gaz en Ariège et en Hautes-Pyrénées devraient démarrer (50 millions d’euros sur 4
1
ans)… mais il s’agit de ressources émettrices de gaz à effets de serre .
Pour les minerais, s'il existe des tensions internationales sur le cuivre et l’aluminium (quoique sur ce
dernier point, un projet de valorisation des anciens avions — 60 par an — est en cours sur Tarbes), la
5
plupart des éléments premiers se trouvent aisément sur le marché mondial .
Une des grandes dépendances de la région Midi-Pyrénées est néanmoins le titane, dont le marché
mondial est détenu par les Russes (monopole), ce qui subordonne l'aéronautique à un seul
5
interlocuteur.
Un climat, facteur d’attractivité du territoire, favorable à une diversité biologique et
paysagère remarquable
Le climat se partage entre, d’une part un climat de montagne et d’autre part, des influences
océaniques et méditerranéennes, en plaine, sans être exposé toutefois aux manifestations extrêmes
comme les tempêtes océaniques, les vents violents, les dépressions cévenoles. Il est en partie à
l’origine de la diversité des paysages, de la faune et de la flore.
La région possède un patrimoine naturel de qualité, des paysages diversifiés et
préservés
La biodiversité est réelle. Elle présente un fort potentiel, qu’il s’agit de valoriser, de faire connaître et
de préserver. Réserves naturelles — nationales, régionales, volontaires —, parc national des
Pyrénées, réserves biologiques domaniales, arrêtés de biotopes, zones de protection spéciales :
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6,45% du territoire régional sont protégés .
La Région Midi-Pyrénées contribue à la préservation des ressources et milieux naturels grâce à de
nombreux outils de gestion et de protection des milieux et ressources. 20,62% de la surface régionale
fait l’objet d’une gestion concertée, dans le cadre des parcs naturels régionaux et du réseau Natura
2000. Trois parcs naturels régionaux — les Grandes Causses, les Causses du Quercy et le HautLanguedoc (avec la région Languedoc-Roussillon) — existent. De nombreux espaces naturels
communs, qui n’entrent dans aucun dispositif spécifique, contribuent aussi à la biodiversité ordinaire
de la région. Plusieurs parcs naturels régionaux sont en projet, celui des Pyrénées ariégeoises étant
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actuellement le plus avancé.
1
2
Source : DRIRE, 2005
Source : DIREN
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La protection des milieux naturels en région Midi-Pyrénées
Source : ARPE
Légende
Parcs Naturels Régionaux de Midi-Pyrénées et Parc National des Pyrénées
Réserve naturelle nationale
Réserve naturelle régionale et leur nom
ZNIEFF de type I (espèces ou habitats de grande valeur écologique)*
ZNIEFF de type II (grands ensembles naturels riches et peu modifiés
offrant des potentialités biologiques importantes)*
Biodiversité, matériaux, biomasse énergétique, qualité de l’air et cycle du carbone, la forêt dense
assure de très nombreux services et fonctions. En recouvrant 26 % de son territoire (dont 84 % de
feuillus), elle est la troisième surface forestière française. Depuis 2003, elle bénéficie de la mise en
place de la certification PEFC — programme européen des forêts certifiées. 12 % des propriétaires
1
forestiers ont adhéré à cette labellisation de gestion durable des bois produits et commercialisés.
Ours, gypaète barbu, vautour percnoptère, vison d’Europe pour la faune ; aconit de Corse, aster des
Pyrénées, choux de Corse, doradille du Verdon, dracochéphale d’Autriche, gentiane ligure, saxifrage
œil-de-bouc, narcisse des Glénan, sabline de Provence pour la flore. De nombreuses espèces
menacées ou protégées en France et en Europe sont présentes en Midi-Pyrénées. L’évolution
positive du nombre d’individus des espèces menacées traduit l’efficacité des politiques publiques
menées en leur faveur. A noter, la présence du desman des Pyrénées — mammifère aussi appelé rattrompette, taupe aquatique — espèce rare et endémique des Pyrénées.
Le maillage biologique — haies, boqueteaux, prairies — maintient la diversité écologique du
territoire. Pour autant, ce potentiel de biodiversité exceptionnel — caractéristique des milieux secs et
des petites zones humides — est mal connu et encore insuffisamment géré.
1
Source : DIREN, 2004
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Taux d’espèces menacées au niveau national et présentes en Midi-Pyrénées
Source : Diren Midi-Pyrénées, données 2003
Des risques naturels d’origines diverses et nombreuses : inondations, mouvements
de terrains, séisme, coulées de boues, avalanches, sécheresse
6% de la superficie du territoire est située en zone inondable, dont une partie constitue les espaces
naturels d’expansion des cours d’eau en crue. 82 % des communes sont concernées pour tout ou
partie : pour quelques-unes d’entre elles, le risque est majoré par le fait que des zones urbanisées
1
sont menacées d’inondation.
82% des communes concernées par les
risques d’inondations, parmi lesquelles :
80% de ces communes ont moins de 10% de
leur superficie en zones inondables
18% de ces communes ont entre 10% et 50%
de leur superficie en zone inondable
2% de ces communes ont plus de 50% de
leur superficie, en zone inondable
Les zones inondables en Midi-Pyrénées
Risques avec enjeux
humains
Communes où le risque
(enjeu humain) n’est pas
encore clairement défini
Communes soumises
à l’aléa inondation
sans enjeu humain
Source: Ministère de l’Écologie et du Développement Durable- Prim.net-2003
1
Source : Ministère de l’écologie et du développement durable, Prim.net 2003
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e
La fréquence des coulées de boue place Midi-Pyrénées au 5 rang du classement établi sur ce
8
risque par rapport aux autres régions de France . Un autre phénomène géologique s’avère
préjudiciable pour le Gers, le nord de la Haute-Garonne et le Tarn-et-Garonne. Avec les variations
climatiques, les terrains argileux enflent et se rétractent provoquant des mouvements de sols aux
conséquences préjudiciables pour l’urbanisme. En effet, les matériaux et procédés de construction
utilisés jusque-là n’ont pas tenu compte de ce phénomène qui provoque des fissures et quelquefois
l’effondrement du bâti.
Les élus soulignent un manque d’anticipation dans la gestion de ces risques. Ils regrettent aussi
l’absence de culture du risque et d’informations des habitants. La mobilisation et la sensibilisation en
faveur de l’environnement de la population constituent ici encore un atout et une opportunité.
3 Diagnostic
ATOUTS
Patrimoine
naturel de
grande qualité,
diversifié et
reconnu
Existence de
nombreux
dispositifs de
gestion et de
préservation de
la biodiversité
et des milieux
Présence de
deux châteaux
d’eau naturels :
les Pyrénées et
le Massif
central
FAIBLESSES
OPPORTUNITES
MENACES
Un déséquilibre de
l’occupation de
l’espace (territoire
vaste et mité,
rural/urbain) qui
impacte
négativement sur
la qualité à long
terme des
ressources (eau,
sols…)
Importance du
patrimoine naturel
dans l’image et
l’attractivité du
territoire régional :
image d’un cadre
de vie agréable
Maîtrise des impacts
des activités sur les
ressources naturelles
insuffisantes (eau,
sols pollution…)
Ressources en
eau mises en
danger,
qualitativement et
quantitativement
Mobilisation de la
population et
initiatives des
acteurs pour
l’environnement
Territoire régional
vulnérable aux
risques naturels :
inondations,
mouvements de
terrains, coulées
de boues…
Tendance
« naturelle » à ne pas
prendre en compte
dans les choix de
développement
économique, les
considérations
environnementales
Manque de culture du
risque (informations
des habitants sur les
risques) et
d’implication des
parties prenantes
(information par les
collectivités)
Source : Ministère de l’écologie et du développement durable, Prim.net 2003
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