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Le mythe du MTBF
Le temps moyen de fonctionnement entre défaillances (MTBF, Mean Time Between Failures) est
traditionnellement utilisé par les fabricants d’onduleurs pour mesurer et exprimer la fiabilité. Mais en réalité le
MTBF est inadéquat pour prévoir la disponibilité d’un onduleur.
Pour comprendre cela, considérons un onduleur dont le MTBF est de 200 000 heures. Un profane pourrait
s’attendre à ce qu’un tel appareil connaisse une défaillance au bout de 200 000 heures de fonctionnement,
soit 23 ans. En fait, les fabricants d’onduleurs ne peuvent pas tester leurs produits sur une durée de 23 ans.
Au lieu de cela, ils calculent un MTBF initial basé sur la durée de vie prévue des composants de l’onduleur.
Puis, après avoir expédié un nombre d’appareils statistiquement significatif, ils remplacent ces premières
estimations par de nouvelles estimations basées sur les performances réelles sur le terrain. Mais les
nouveaux chiffres peuvent être trompeurs. Par exemple, si 2 500 onduleurs fonctionnent impeccablement
pendant une période d’étude de cinq ans, on aura un MTBF remarquablement élevé. Mais si l’un de leurs
composants a une durée de vie de six ans, 90% des onduleurs peuvent tomber en panne dans l’année
suivant la période d’étude.
De plus, il n’existe pas de norme universelle pour la mesure du MTBF. Depuis des années, la plupart des
organismes publics exigent des fabricants qu’ils fournissent des calculs basés sur l’édition la plus récente de
la norme MIL-HDBK-217F, tandis que de nombreux clients commerciaux ont adopté la méthode SR-332 de
Telcordia (Bellcore). Plus récemment, l’industrie des nouvelles technologies a établi que, pour apprécier la
fiabilité d’un produit, les fabricants ne doivent pas se limiter à ces méthodes de calcul, si utiles soient-elles.
Aussi les fabricants s’intéressent-ils de plus en plus à la conception en vue de la fiabilité (DFR, Design for
Reliability). À la différence des normes passées, qui se concentrent sur les composants électroniques
individuels et sur leur relation avec les circuits employés pour la conception du produit, les méthodologies
DFR font plus cas de l’utilisation prévue du produit dans des conditions diverses.
Ceci étant, au bout du compte, il n’existe pas une norme pour mesurer comment un onduleur accomplit sa
mission, qui est d’assurer la continuité de l’alimentation des charges qui lui sont reliées. Par suite, il est
presque impossible de comparer les chiffres de MTBF d’un fabricant avec ceux d’un autre.
La disponibilité offre une mesure un peu plus réaliste des systèmes de protection électrique essentiels. Étant
donné le rôle fondamental que jouent les onduleurs dans le centre de données, la capacité de remplacer
rapidement les éléments vieillissants ou défaillants est cruciale. La disponibilité combine le MTBF avec une
seconde caractéristique, le temps moyen avant remise en service (MTTR, Mean Time To Repair), qui
mesure le temps nécessaire pour diagnostiquer un problème et effectuer la réparation.
Disponibilité =
La disponibilité est généralement exprimée par un certain nombre de « neuf » représentant le pourcentage
de temps qu’un système donné est opérationnel sur un an d’utilisation. Ainsi, un onduleur ayant un MTBF de
500 000 heures et un MTTR de quatre heures aura une disponibilité de 0,999992, soit 99,9992%
(500 000 ÷ 500 004), ce qui donne un temps d’indisponibilité prévu de 4,2 minutes par an.
Cependant, bien qu’elle rende mieux compte de la fiabilité que les chiffres de MTBF seuls, la disponibilité
présente des défauts importants. En particulier, elle ne tient pas compte du temps passé en interventions
systématiques. S’il faut arrêter un système une fois par an pour un contrôle de routine, un réétalonnage ou
des opérations d’entretien général, sa disponibilité opérationnelle réelle sera moindre que celle suggérée par
la formule ci-dessus.