Germinal - Théâtre de la Ville

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THÉÂTRE PARTENAIRE
GOERGER
ANTOINE DEFOORT
Germinal
HALORY
4
<
19 MARS I DIM. 9 & 16 MARS 16 H
THÉÂTRE { AU CENTQUATRE }
Dossier de présentaion SAISON 2013 I 2014
INTENTIONS
Si on avait la possibilité de repartir de
zéro, à l’intérieur de huit mètres par
dix, on ferait comment ?
expression plus contemporaine, en
explorant de nombreux registres d’expression.
Germinal met en scène quatre individus qui envisagent le plateau de théâtre comme un espace vierge dans lequel tout est à faire. De cet espace,
ils font émerger un système. En étant
candide, on dirait : un monde. L’observer se déployer nous donne l’occasion
de voir se construire une nouvelle histoire du langage, des savoirs, et des
structures sociétales.
Ce sont autant de prétextes pour
construire des modalités de relation
parfois aberrantes entre ces quatre
individus qui découvrent le vivre ensemble tout en le réinventant.
Dans Germinal, on est témoins de
la naissance d’une civilisation, dont
le territoire est le plateau de théâtre,
et dont les habitants sont des comédiens. Leurs besoins, leurs capacités,
leurs désirs sont limités : bâtir une société qui n’existera que le temps de
la représentation. La pièce est aussi,
à cet égard, une histoire du théâtre,
qui part de ses archaïsmes (la pantomime, notamment) pour arriver à une
On essaie de savoir si il y a un minimum ontologique légal. On range le
monde selon de nouvelles catégories.
On classe tout. On casse tout. Mais
avec solennité, application et bonhomie.
Dans cette pièce auto-générative,
on tente de comprendre si la stabilité
quantique, ça vaut vraiment la peine.
TITRES NON RETENUS
INFORMATIONS
walk man
ponts et chaussées
tout l’univers
civilisation
gros œuvre
il y a des règles
SPQR
plan directeur
panspermie
socialisme
code civil
Durée : 1h15
Année de création : 2012
Translations available : french / english / german / dutch. Translation can
be done with a little help from the venue.
BANDE-ANNONCE
http://amicaledeproduction.com/projets/germinal.php
NOTE 1
NOTE 2
Dans le texte d’un article Wikipedia,
quand on clique sur le premier lien
qui n’est ni en italique ni entre parenthèses, et qu’on répète l’opération, on
finit systématiquement par tomber sur
l’article «philosophie».
Germinal n’a aucun rapport avec le
roman d’Emile Zola. Quoique.
PRODUCTION
Coproduction: La Biennale de la Danse de Lyon, Les Subsistances (Lyon), Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles), Buda Kunstencentrum (Courtrai), Kunstencentrum Vooruit
(Gand), Le Vivat, Scène conventionnée danse et théâtre (Armentières), Le Phénix – scène nationale Valenciennes, Le Manège.Mons/CECN/Technocité, alkantara festival
(Lisbonne), Le TnBA - Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine, Le Théâtre de la Manufacture – CDN Nancy Lorraine (France), Festival Baltoscandal (Rakvere, Estonia) ,
Noorderzon, Groningen (Pays-Bas), Rotterdamse Schouwburg (Rotterdam) et NXTSTP, avec le soutien du Programme Culture de l’Union Européenne.
Ce projet bénéficie du soutien du Conseil Régional Nord Pas-de-Calais, du ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Nord Pas-de-Calais), de la ville de Lille ainsi
que du programme européen apap/Performing Europe (DGEAC- Programme Culture).
Antoine Defoort et Halory Goerger sont artistes associés au Phénix-Scène nationale de Valenciennes, au Beursschouwburg- Bruxelles, au CENTQUATRE (Paris) et à APAP/
Performing Europe (DGEAC - Programme Culture). Antoine Defoort est artiste associé au Vivat, Scène conventionnée danse et théâtre d’Armentières.
L’Amicale de production bénéficie du soutien du Ministère de la Culture et de la Communication (Conventionnement DRAC Nord-Pas-de-Calais), du Conseil régional du NordPas-de-calais, de la Ville de Lille. L’Amicale de production reçoit l’aide de l’Institut français pour la diffusion de ses projets à l’étranger.
HALORY GOERGER
ANTOINE DEFOORT
J’écris des spectacles et je conçois des installations au lieu de construire des maisons, parce que c’est mieux comme ça pour tout le monde. Je travaille sur l’histoire
des idées, parce que tout était déjà pris quand je suis arrivé. Je construis des systèmes spectaculaires en vase clos, qui sont autant de petites maisons Bouygues dans
lesquelles je ne voudrais pas vivre, sauf s’il y avait le feu dedans. Le discours y tient
lieu de ciment, pour faire tenir une forme qui se construit en direct, et se consume le
temps de la représentation. Dans chacune de mes opérations, l’indigence absolue
flirte avec la rigueur formelle, dans un rapport détendu aux pratiques artistiques, et
avec le souci d’en sortir vivant. J’ai cofondé l’amicale de production.
C’est quelqu’un, pas plus artiste que vous et moi, qui essaye de maintenir
une bonne ambiance et un taux de porosité élevé entre ses lubies de saison,
la vie, la vraie, et l’art contemporain. Il se retrouve donc souvent aux prises
avec des contradictions flagrantes qui sont soit fièrement assumées, soit honteusement dissimulées au moyen de sauts du coq à l’âne et de digressions
sauvages.Il conçoit en général des pièces de manière autonome (vidéos,
films, son, installations, textes...), pour les agencer ensuite lors de performances transdisciplinaires hétéroclites et anti-thématiques, dans lesquelles
le jeanfoutre cohabite avec le bien foutu et le tragique côtoie l’incongru. Il a
cofondé l’amicale de production.
TOURNEE 2013-2014
EQUIPE
2013
16 > 24 juillet : Avignon IN
20, 21 Août : Noorderzon festival, Groningen, Pays-Bas
20, 21 Septembre : Rotterdamse Schouwburg, Pays-Bas
26, 27, 28 Septembre : Dublin Theatre Festival, Irlande
3 Octobre : Buda Kunstencentrum, Kortrijk, Belgique
10, 11 Octobre : Vooruit Kunstencentrum, Gent, Belgique
27, 28, 29, 30 Décembre : Le Merlan, scène nationale, Marseille
Conception :
Halory Goerger et Antoine Defoort
2014
18, 19 janvier : Szene Salzburg, Salzburg, Autriche
4 > 19 mars : le CENTQUATRE en co-présentation avec le Théâtre de la Ville, Paris
25 mars : CNDC Chateauvallon , Ollioules
27, 28 mars : Pavillon Noir, CCN d’Aix-en-Provence
31 mars, 1er avril : Le Grand R, Scène Nationale de La Roche-sur-Yon
4, 5 avril : Le Théâtre, Scène Nationale de Saint Nazaire
9 avril : Théâtre d’Orléans, Scène Nationale d’Orléans
12, 13 avril : TAP, Théâtre et Auditorium de Poitiers
15, 16 avril : La Halles aux Grains, Scène Nationale de Blois
22, 23 avril : Le Lieu Unique, Scène Nationale de Nantes
26 avril : Louvre-Lens / Culture Commune, Scène Nationale du Bassin minier du Pas-de-Calais
8, 9 mai : L’Arsenic, Lausanne
13, 14 mai : Le Granit, Scène Nationale de Belfort
Mai (dates à confirmer) : Alkantara festival, Lisbonne, PORTUGAL
Mai-Juin : tournée USA-Canada en construction.
4, 5 Juillet ( dates à confirmer) : Baltoscandal Festival, Tallinn, Estonie
Septembre : BIT Teatergarasjen, Bergen, NORVEGE + tournée en Scandinavie en construction
Interprétation :
Arnaud Boulogne, Ondine Cloez (Beatriz Setien en alternance), Antoine Defoort, Halory Goerger et la voix de
Mathilde Maillard.
Direction technique, régie plateau: Maël Teillant
Lumière, plateau : Sébastien Bausseron
Son, plateau : Robin Mignot
Chargé de production, regard extérieur :
Julien Fournet
Assistante de production :
Mathilde Maillard
Administration: Sarah Calvez
Consultante lumière : Annie Leuridan
Constructeurs: Christian Allamano, Cédric Ravier et
Danny Vandeput (Kunstenfestivaldesarts)
Quel nom de compagnie utiliser ?
Le nom de la compagnie = le nom des auteurs de la
pièce.
Ex :Germinal, de Halory Goerger et Antoine Defoort
Comment ça se prononce ?
Antoine Defoort = antoine deux-fort
Halory Goerger = alori go-air-jé.
Quel rapport entre Halory Goerger, Antoine Defoort
et “l’amicale de production” ?
L’amicale de production a produit, et diffuse germinal.
Vous pouvez faire apparaitre ce nom là où vous auriez
mis le nom de l’administrateur de la compagnie, ou bien
là où vous auriez mis le nom du bureau de production.
On ne peut pas dire “un spectacle de l’amicale de production”. On ne peut pas davantage dire “un spectacle
de machin, de l’amicale de production”, parce qu’on est
pas “de” l’amicale. Un lieu accueille le travail d’un ou plusieurs artistes. Pas le travail de l’amicale.
Qu’est-ce que l’amicale de production ?
L’Amicale de production est une structure mixte, pas tout
à fait un bureau de production, pas une compagnie non
plus : une coopérative de projets, qui édite des formes
transversales, entre arts visuels et spectacle vivant.
L’Amicale mène une expérience coopérative pour répondre à des questionnements esthétiques, technologiques
et économiques liés aux nouvelles écritures de la scène.
Depuis 2010, nous développons une réflexion autour de
la production de formes hybrides et essayons de rester
au plus près des projets.
Les bureaux de l’amicale sont situés à Lille, et la coordination artistique est assurée par Antoine Defoort, Julien
Fournet et Halory Goerger.
Par ailleurs on arrête pas de faire évoluer cette structure,
qui change au gré de l’évolution du projet.
L’amicale est-elle une compagnie ?
Aaaah non. L’amicale est une coopérative de projets,
pas une coopérative d’artistes. A ce jour, il apparait que
les membres du trio fondateur (Defoort-Fournet-Goerger) sont systématiquement parmi les porteurs des projets
accueillis par l’amicale, qu’ils ont créée. Mais la vocation
de l’amicale est de pouvoir s’ouvrir à d’autres artistes, à
travers d’autres projets.
Chaque projet a ses auteurs. Chacun de ses auteurs
a son identité artistique, et signe le projet de son nom.
L’amicale monte des projets, pas des carrières. Nous
n’avons pas une logique de troupe, nous travaillons librement les uns avec les autres, en solo, duo, trio etc.
Mais alors c’est un collectif ?
Aaaah non plus. Chaque projet amène sa propre logique
auctoriale (auteur / duo / collectif etc), mais la structure
“amicale” reste une structure au service de projets.
J’indique quoi comme site dans ma plaquette de
saison / mon article ?
amicaledeproduction.com concentre toutes les infos
relatives aux spectacles que l’amicale a produit. Les artistes ont par ailleurs des sites personnels plus ou moins
à jour. Lorsqu’il y a plusieurs auteurs, il est judicieux de
communiquer avec la page du projet concerné, sur le
site de l’amicale: http://amicaledeproduction.com/projets/XXXXX.php .
Defoort & Fournet & Goerger
1
' m1ca e
e
A force de braconner dans les champs de mots et de bricoler
dans les ateliers de choses, Antoine Defoort, Julien Fournet
et Hal ory Goerger se sont retrouvés collectivement en mode
théâtre. Un art nouveau sous une appellation antique.
,_ ,.
Antoine Defoort, Julien Fournet et Halory
Goerger sont nés en 1978. Rien ne les prédisposait au théâtre, sinon les études de mathématiques et d'arts plastiques d'Antoine, celles
de philosophie de Julien, celles des sciences
de l'information d'Hal ory. Ils travaillent
ensemble depuis 2006, réunis depuis 2010
en une (( coopérative qui édite des formes
transversales à cheval entre les arts visuels
et Je spectacle vivant>>: L'Amicale de production. Un répertoire d'une dizaine de titres en
activité (installations, vidéos, performances,
concerts et spectacles), dont le dernier,
Germinal, permet d'observer où sont et où
en sont les autres. Ensemble ou séparément,
ces Européens (du Nord) attachés aux lisières
franco-belges sont artistes associés au Phénix
(Valenciennes), au Beursschouwburg (Bruxelles), au Centquatre (Paris), au Vivat (Armentières) et à I'APAP/Performing Europe.
Chaque scène de Germinal paraît avoir
été semée d'une main distante par des
consciences légèrement hébétées qui n 'en
reviennent pas de voir croître et multiplier
les semences sélectionnées pour, finalement, former de l'humain, sans doute
possible . Les vagues silhouettes du fond de
scène passent ainsi du primate apparent au
sapiens sapiens probable , capable de décoder en ahanant un traité de logique pour
naufragés jetés sur les planches comme sur
une île du bout du monde. Se dessine le
cheminement d'une intelligence collective
basique vers les lumières d'un feu de camp
d'éclaireurs vieillis au copeau de scène, avec
rengaines ad hoc et pieds dans le spa (de po lystyrène) , la tête sur l'oreiller cinémascope
des soirées allumées. Le parcours pourrait
être au théâtre ce que le roman de formation (collectif) est à la littérature, truffé de
vrais-faux éléments initiatiques, de découvertes qui transforment des évidences
en conquêtes et permettent la montée en
puissance d'une dramaturgie ouvrant droit
à la << reconstruction d'une évo lution des sciences
et des techniques d 'une civilisation >> , hasardera
Halory Goerger, sans chercher à convaincre
davantage dans la mesure où l'important est
dans la << reconstruction >> des scènes larguées
sur le chemin -la succession de germinations - plutôt que dans l'écran final.
A perte de « & »
La pièce est signée Halory Goerger &
Antoine Defoort. A ce stade, il n 'est pas
possible de ne pas se perdre un peu dans
le<<& >> qui joint les noms des signataires,
cette esperluette qu'ils affectionnent assez
pour la placer dès qu'ils peuvent où ils le
peuvent, y compris dans le titre de deux de
leurs œuvres : &&&&& & &&& (installationperformance), à ne pas confondre avec &
(spectacle) , celui -ci plaçant les spectateurs
en position assise face à une scène , alors
que 5& & 3& sollicite des déplacements
hautement participatifs . Au demeurant,
& pourrait être le titre de nombre de leurs
travaux si ne s'étaient imposés des énoncés
aussi forts que Cheva l (spectacle: Defoort &
Fournet) , ou France Distraction (installation
vivante : Defoort & Fournet & Goerger & BelindaAnnaloro & Sébastien Vial) , ou Indigence = Elégance (spectacle: Defoort & Defoort).
Dans ce dernier cas, le = pourrait d'ailleurs
être te nu pour une certaine di.storsion d u &.
Mais l'essentiel est dans l'arrière-cour du &,
qui fournit la substance même de L'Amicale
de production, la maison éditrice de Defoort & Fournet & Goerger. Le & (et commercial} signe leur forme juridique: celle de
la coopérative. Il conjoint auteurs & acteurs
& producteurs, tout en associant nombre de
séque nces de leurs travaux respectifs.
Aussi généraliste soit-il, le & reste un peu
court pour ca ractériser Germinal, avec sa
dramaturgie au lo ng cours. Defoort & Coer-
..
ger o nt fai~ germe r pendant de ux ans e t
demi les pousses de Germinal avant de nous
livrer bourgeons bourgeonnant, feuilles
déployées et fruits à cueillir e n l'état. D'une
certaine manière, Germinal est un e p ièce
avec u n début (aube de l'humanité), un milieu (découverte des sciences et des arts) et
une fin (dérision d e leur usage en société).
Alors que la plupart des« pièces~ précéd entes pourraient se lire en boucle. dans le urs
conjonctions diverses, Germinal adopte une
forme linéaire. Les engendrem ents d e ses
ger minations successives porte nt sans cesse
~.~.:.:.~.~.~.~.=.=.=.=.=.~.-.-.:.~.~.~.;.~·;·;·;·~.~.~.~.~.~.=.=.~.~.~.~.~.~.~.=.~.:.~.~.~·,~======~'
plus lo in , ou a illeurs. sans retour en arrière
possible, à travers un itinéraire dont Halory
Goe rger trace le graphe: un long plateau
légère ment ascendant, puis une franche
montée vers un pic qui redescend abrupt.
A comparer avec les«&&&&&» des autres
titres qui sont autant de palie rs reliant
les sommets d'un électrocardiogra mme
de base, un fourmillement de petits pics
suscitant chez le sp ectateur des p icoteme n ts
signifi catifs, sur le mode« ha!... lw! ... ho!... »,
par exemple lorsqu'est largué en scène un
Cheval sans queue ni tête, mais suffisamme nt fringant pour affronter les meilleures
pouliches alignées entre visuel et vivant.
Bonds, rebonds et bons rebonds
Ce n'est pas à L'Amicale de production qu'il
faut parler de« jaire théâtre» et surtout pas
de cette a n tienn e poussiéreuse du «Jaire
théâtre de tout». Les coopé rants ont opéré
sur u n mode opposé: ils faisaient de tout
et ce tout a fait théâtre. Pour sa part, Halory
Goerger, qui se revendique volontie rs des
combinaisons ouhpiennes. invoque sa pratique du «bra connage» (selon de Certeau)
tout en louant la complémentarité de ses
«fibrilles langagières» avec Je « bricolage» et
les«fourbis technologiques» de so n associé
â bord de Germinal. A tirer su r les mamelles
du braconnage et du bricolage. Goerger
& Defoort (& Fournet) ont mis en pratique
la technique encore mal documentée du
bricon nage. Un néologisme p lus plaisant
que les références en boucle à l'hybridation.
Les briconneurs peuvent feindre de n' y
êt re pour rien , d 'être to ujours un peu
dépassés par le pouvoir qu'ils se découvre nt,
ils s'assurent une com plicité indulgente
de spectate urs qui les r econnaissent comme
les le urs, san s pour autant les contraindre
au participatif.
Dans Cheval , Defoor t & Fournet travaille nt
dense sur le << ricochet». lis créent du
spectacle par rebondissements successifs.
La pratique du ricochet- qu 'il ne faut pas
confondre avec l'e nvahissant surf - est une
forme primitive de dialectique, où toute
proposition (solide) peut rebond ir sur la
pensée (liquid e) o u inversem ent. Dans
l'espèce Cheval, la trajectoire du « ricochet»
s'apparente aussi à celle du boomerang (cette
fois la métaphore joue sur le solide et l'air),
lequel, lancé adroitement, s'il rate son objectif, revient droit dans la main du lanceur.
Le disp ositif du ricochet-boomera ng n'est
pas non p lus sans analogie avec le Pong (le
premier jeu vidéo grand public) . Ma is ici,
les lance urs sont susceptibles de changer de
nature, la ball e se transform er en poing, un
coup de pied e n coup de balai. Quant a ux
p arois où rebondir, elles fo rme nt, tout o u
p artie, des récepteurs p lus que sen sibles,
susceptibles au -delà du raisonnable. en tout
cas forteme nt ém otifs, écrans capables de
se transfo rme r en émetteurs pa r muta tio ns
brusques, spectaculaires.
/
Au travers des écrans
Da ns les spectacles-performances-installations & caetera de L'Am icale de production,
nu l ne peut manquer de relever l'éloquence
des écra ns, la variété de leurs registres,
J'ampleur de leur autonomie caractérie lle.
Ils s'apparente nt pa rfo is au tableau noir
d 'a utrefois- noir de noir dans Germinal (ce
se ra sans doute le seul rapport avec le ca rreau de mine du Germinal de Zola)- su pport
d'un savoir suffisamment concentré pour
être pris en notes par les assistants-spectate urs et paraître n ous enseigner quelque
chose. Une salle d e spectacle n'est jamais
totalement opposable à une salle de classe.
Visiblement. les auteurs ont d 'assez bons
souvenirs de le urs amphis, mais ont o pté
résolument pour l'estrade plutôt que pour
la salle, e ncore qu' ils se tournent volontie rs
en position de spectate ur pour observer
leu rs écrans. Lesquels, tableaux ou tablettes, sont du type smart - retors en diable-,
capables de passer du mode verbal au mode
image, du texte au film , du dess in à la musique - tout ce q ui fai t l'ordinai re d'Inter net
- ,dans des combinaisons post-post-dramatiques qui viennent parfois raccroch er le
dramatique par le coude comme de beaux
joueu rs s'effacent devant une p récieuse
vieille dame pour lui demander d e saluer
à leu r place â la fi n.
Leurs écrans déversent volontie rs le spectacle d'un monde a ussi terne da ns ses to nal ités q u'il est vif dans ses enchaînements,
prompt, a u pre mie r bug , à passer au sujet
suivant, assurém ent divertissant à conditio n
qu'il ne m èn e â r ie n d'autre qu'à un bond
dans l'éc helle de la rep résentation. Voyez
Germ inal et sa bouffonne t héorie des ensembles. Pas grand -chose â voi r avec Bo urbaki.
mais pas g ra nd -chose q ui puisse e mpêche r
l'idée qu'on est passé par - et parfois à tra -
vers -un savoir. En tout cas qu'on l'accompagne. Quand il n'est pas directement da ns
les discours, il est dans les moyens de sa
mise en œuvre, dans ses fantaisies technologiques. L'Amicale fa it dans la philosophie
sans en faire comme elle fait d ans le théâtre.
La philosophie transfuse dans les dialogues, dans les déplacements des acteurs,
dans leurs petites joies perso, en changeant
de substance. Dans Germinal, les lianes de
la logique tombe nt des cintres ta nd is que
ses racines font éclater les planches, et les
conquérants de la scène qui se prendraient
pour orpaille urs, tirent à la pioche des m u siques de plomb , gémissements concertants
sur les accablantes joies du vivre-ensemble,
sans cesse interrompus par quelque décou verte qui scie net les refrains m al acquis.
Les lianes de la
logique tombent
des cintres.
Sur scène- car ils sont le plus souvent sur
scène avec des associés de fortune-, Defoort
& Fournet & Goerger présentent leurs découvertes avec un m élange de flegme et de
surprise. C'est à s'y laisser prendre. En vérité. ils sont les descendants d irects des deus
ex-machina pluri-séculaires. Pe n dant des
mois et des mois, ils ont briconné là-haut o ù
le commun n'a pas accès, dans l'informa tique , les dictionnaires et les encyclopédies,
les hyperateliers globalisés. Mais, avant
d 'atterrir doucement dans le monde d'en
bas, ils ont pris la précaution de ranger leur
Olympe. Ils sont à la fois aux m anettes des
consoles, confiées â des alter ego sûrs, dans
le ciel des théâtres, et, sur scène, tels quels
ou â peu près. Une fois sur les planches, les
dieux les plus hautains deviennent humbles
- les Grecs e n étaient famili e rs-, pour se
confondre avec l'huma in de base m ais aussi
avec l'animal ou le végétal. l is s'appellent
alors Antoi ne - tout simple me nt - ou Halo ry,
feignent d 'être de simples personnages (forcém ent en quête d 'auteu rs) , alors qu'ils sont
les auteurs de le urs propres personnages.
Defoort & Fournet & Goerger nous ressemblent- probablement en m ieux. Tout
en se distinguant à chaque instant, ils ne
d isent rien d 'autre que cette ressemblance
lo rsqu'ils sont sur scène. Avec beaucoup
tact, comme ils réussissent m ieux que
ils s'efforcent aussi à la séquence
grands mots sur scène ou sur écran(«
logiq u e», << dialeGtique » ... ), ils COJnn,enserlll
vi te par des choses plus terre â terre (coin ,
graval. .. ), qui ont l'avantage de décrire le
lieu o ù tout cela se déroule, au cas où nous
ne l'auri ons pas remarqué, et de nous rappele r l'importance du langage écrit-parlé.
Ils laissent au spectateur un petit temps
d'avance pour qu'il ne soit pas terrassé par
le savoir d ispensé sur scène et le saisir par
le contexte. Ce sont des généralistes qui
laissen t le te m ps nécessaire au plateau
«établir une succession d 'événements répondant
à des critères de cohérence, notamment spatiale
el temporelle». La Terre peut être ronde, nos
mondes sont de plus en plus plats, comm e
les écrans, seul le théâtre permet de leur
donner un peu d'épaisseur.
Jean-Louis Perrier
Germinal, les 25 et 26 avril au Hebbel am Ufer, Berlin;
le 30 avril au Vivat, Armentières; du 21 au 25 mai à La
Raffinerie, Bruxelles (Kunstenfestivaldesarts); du 16
au 24 juillet à la Salle Benoit-XII (Festival d'Avignon);
du 18 au 20 août à Groningue (Noorderzon Festival,
Pays-Bas); les 20 et 21 septembre au Rotterdamse
Schouwburg, Rotterdam; du 26 au 28 septembre a
Dublin (Dublin Theater Fest ival); le 5 octobre au Buda
Kunstencentrum, Courtrai; les 10 et 11 octobre au
Vooruit Kunstencentrum, Gand; du 27 au 30 novembre
au Merlan, Marseille.
Un faible degré d'originalité, le 17 mai a Roubaix.
& : les 14 et 15 juin
a l'Arsenic, Lausanne.
Le Jeu de l'oie du spectacle, du 16 au 24 juillet à la
Salle Benoît-XII (Festival d'Avignon).
France Distraction, le 6 juillet à Fructôse, Dunkerque;
du 22 au 25 août à Groningue (Noorderzon Festival,
Pays-Bas); du 1"' au 16 novembre au Beursschouwburg,
Bruxelles.
Indigence= Elégance, le 16 août à Saint-Silvain-sous·
Toulx (Le Bruit de la Musique, Creuse).
www.amicaledepr-oduction.com
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