Faits et Décisions Economiques 2015-2016

Faits et Décisions Economiques 2015-2016
Chapitres 12-13 : Marché du travail - Solutions
Faits et décisions économiques 2015-2016
Marché du travail – Chapitres 12-13 - Solutions
Alain de Crombrugghe et Françoise Delmez
Matière couverte:
1. Marché du travail et des facteurs
2. Choix d’activité, choix de facteurs
Marché du travail
Exercice 1 : Rappel théorique
Expliquez les concepts suivant et illustrez-les par un exemple :
-
-
-
-
-
Le produit marginal physique du travail
Le produit marginal physique du travail est la quantité d’un bien produite par unité de
temps de travail (une heure, par exemple), d’un travailleur actif dans la production de ce
bien.
Exemples : 2 changements de pneus été en pneus hivers par un garagiste par heure, ou
préparation de 6 pizzas par heure par un faiseur de pizzas.
Le produit marginal en valeur du travail
C’est le produit marginal physique multiplié par le prix du bien vendu.
Exemple : La disposition à payer pour l’échange de pneus est 50€, le produit marginal en
valeur de 2 changements en 1h est 100€ par heure. Le prix de vente d’une pizza est
10€, le produit marginal en valeur de 6 pizzas en 1h est 60€ par heure.
Le salaire horaire :
C’est le « loyer » du facteur travail par heure. Il s’exprime en €/h. L’usage d’un facteur
de production se mesure par unité de temps de ce facteur, et se paie sous forme d’une
location par unité de temps.
Exemple : Le salaire d’un étudiant peut être 10€ par heure. Le salaire d’un ouvrier
qualifié en plomberie peut être 35€ par heure (brut).
Le revenu du travail
C’est le produit du salaire (par unité de temps) et de la quantité de travail prestée
(quantité de temps).
Exemple : un étudiant travaille 8h par jour, 20 jours par mois d’été : son revenu : 10€/h x
8h/jour x 20 jours /mois = 1600 € par mois (brut).
Le « surplus » de l’employeur
L’employeur est considéré comme l’acheteur (le demandeur) de travail. Comme tout
« surplus » d’un acheteur, le « surplus de l’employeur » est la différence entre ce que
l’acheteur est prêt à payer heure par heure pour chaque heure prise séparément et le
salaire unique par heure qu’il paie effectivement au taux du marché. Le surplus de
l’employeur apparait quand le produit marginal en valeur du travail est décroissant et
que le travailleur est payé au produit marginal de la dernière heure.
Exemple 1 : le travailleur se fatigue, la première heure de confection de sandwiches
produit 8 sandwiches à 2 euros, la 2e en produit 5. Le travailleur est payé 10€ par heure
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(soit 20€ pour les 2h), le surplus de l’employeur est 6€ (la 1e heure a rapporté 16€ (8x2),
mais n’est payée que 10€).
Exemple 2 : le problème du facteur fixe. L’employeur engage un travailleur pour
préparer et cuire des pizzas et il a un seul four. Un travailleur seul produit 5 pizzas à 10€
par heure (2 minutes pour les garnir, 10 minutes de cuisson). Deux travailleurs
produisent 6 pizzas par heure (ils se partagent la garniture pendant que les pizzas
cuisent mais ils sont limités par le temps de cuisson). Le produit marginal du 2 e
travailleur est 1 pizza (passage de 5 à 6 pizzas), dont valeur 10€. La recette totale est 6
pizzas, soit 60€, moins 2 travailleurs à 10€, il reste 40€ de « surplus » pour l’employeur.
A quoi peut servir le surplus ? A payer le four …
Exercice 2 : Offre et demande de travail
Imaginons un marché du travail caractérisé par une offre et une demande assez élastiques et
un salaire de concurrence parfaite. Représentez graphiquement un tel marché, en général,
ainsi que le salaire d’équilibre et la quantité de travail presté (heures).
(a) Représentez l’effet d’une arrivée de nombreux travailleurs migrants sur ce marché
ainsi que l’effet sur le salaire d’équilibre et sur la quantité d’heures prestées
collectivement. Montrez que l’effet de ce choc sur le salaire est plus grand si
l’élasticité de la demande de travail au salaire est plus faible.
w
w
O
O
O’
wE
w’
D
O’
wE
w’
D
LE L’
L, h
LE L’
L, h
La courbe d’offre se déplace vers la droite, la quantité de travail prestée augmente, le salaire
baisse, d’autant plus que la demande est inélastique (graphique de droite)
(b) Représentez l’effet d’une taxe d’un euro par heure prestée. Montrez le salaire net et
le salaire brut. Montrez que l’effet de la taxe sur la quantité de travail presté est
d’autant plus grand que l’offre de travail est élastique.
O+t
w
w
O+t
O
wbrut
wbrut
wE
wE
wnet
wnet
O
D
L’ LE
L, h
D
L’
LE
L, h
Le montant de la taxe s’ajoute au prix de réserve des offreurs de travail (travailleurs) : O+t.
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Le salaire brut assure l’égalité entre la quantité de travail (L’) demandée au salaire brut et la
quantité de travail offerte à ce même salaire brut (taxe comprise), donc l’intersection entre la
droite de demande et la droite O+t.
Le salaire net pour la même quantité de travail (L’) est sur la droite d’offre de travail (salaire
de réserve net, hors taxe).
L’offre de travail est plus élastique sur le graphe de droite.
(c) Représentez l’effet d’un engagement massif de personnel par l’Etat (quel que soit le
salaire). Montrez la quantité totale de travail presté, la quantité de travail pour l’Etat
et la quantité de travail pour les employeurs initiaux. L’emploi public (travail pour
l’Etat) remplace-t-il une partie du travail privé initial ?
w
O
w’
wE
D’
D
L* LE
L’
L, h
L’engagement de personnel par l’Etat s’ajoute à la demande collective de travail et
déplace donc cette courbe vers la droite (D’). Le salaire d’équilibre monte à w’ et le
travail presté collectivement augmente de LE à L’. Le travail demandé par les
employeurs initiaux à w’ se trouve sur la courbe de demande initiale (D), c’est la
quantité L* inférieure à la quantité initiale LE. La quantité de travail utilisée par l’Etat
dans sa nouvelle politique d’engagement est L’-L*.
Choix d’activité
Exercice 3 : Notions importantes de choix d’activité
Considérons une économie qui n’a que deux secteurs d’activité, l’automobile (A) et les sandwiches
(S), et dont les travailleurs sont supposés polyvalents et potentiellement mobiles entre les deux
secteurs.
3.1. Evaluation de la répartition initiale :
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La répartition des travailleurs polyvalents de cette économie entre les deux secteurs peut conduire à
chacune des trois situations suivantes :
a) pA. QmL,A> pS. QmL,S
par exemple 10000 €/voiture x 1/1000e de voiture/h > 5€/sandwich x 1 sandwich/h,
b) pA. QmL,A< pS. QmL,S
par exemple 10000 €/voiture x 1/1000e de voiture/h < 5€/sandwich x 4 sandwich/h,
c) pA. QmL,A= pS. QmL,S
par exemple 10000 €/voiture x 1/1000e de voiture/h = 5€/sandwich x 2 sandwich/h.
Pour chacune des trois situations indiquez s’il est possible d’augmenter la valeur globale de la
production de cette économie ou pas. Si oui, indiquez par quel mouvement de travailleurs la
production peut augmenter.
Dans le cas ( a), si un travailleur est transféré de l’industrie des sandwiches à l’industrie automobile,
son produit marginal en valeur supérieur dans l’automobile fait plus que compenser l’abandon de
production de sandwiches par ce travailleur (10€>5€), donc la répartition (a) n’est pas optimale
puisque avec les mêmes ressources, on peut faire mieux dans l’automobile que dans les sandwiches.
De même, mais dans l’autre sens, dans le cas (b), le transfert d’un travailleur de l’industrie A à
l’industrie S va augmenter la valeur produite. Seule la situation (c) correspond à l’optimum.
3.2. Effet d’une hausse du prix de vente des biens d’un secteur
Imaginons une hausse de prix dans le secteur de l’automobile à 20000€ par voiture grâce au
développement de nouvelles possibilités d’exportation. Comment vos réponses à la question
précédente se modifient-elles ou se renforcent-t-elles ?
La répartition (a) est encore moins désirable 20€>>5€. La répartition (b) est optimale (20€=20€), la
répartition (c) n’est plus désirable (20€>10€) : il faut transférer des travailleurs des sandwiches à
l’automobile, ce qui transforme 10€/h en 20€ par h. pour le 1er travailleur transféré.
3.3. Salaires à produit marginal constant dans l’automobile
Supposons un produit marginal physique constant dans l’automobile (1/1000e de voiture par h de
travail, quel que soit le nombre de travailleurs). Calculez le salaire horaire qui correspond à la
répartition efficace des travailleurs en 3.1. (PA =10.000€) et en 3.2. (PA=20.000€)
A (PA =10.000€) la répartition efficace est en (c), avec un produit marginal en valeur de 10€ dans
chaque secteur, on peut donc payer les travailleurs 10€/h = salaire.
A (PA =20.000€) la répartition efficace est en (b), avec un produit marginal en valeur de 20€ dans
chaque secteur, on peut donc payer les travailleurs 20€/h = salaire.
3.4. Salaires à produit marginal décroissant dans l’automobile
Est-il réaliste de penser que le produit marginal physique des travailleurs de l’automobile est
constant ? S’il ne l’est pas et qu’on envisage un transfert d’un grand nombre de travailleurs des
sandwiches vers l’automobile suite à la hausse de prix des automobiles, peut-on encore imaginer que
le salaire d’équilibre double ? Si non, qu’est-ce qui empêche ce doublement du salaire d’équilibre (et
du produit marginal en valeur) ? Entre quelles bornes le salaire se situera-t-il ? Nous supposerons un
produit marginal décroissant dans les sandwiches, comme il est généralement supposé. (en outre,
vous pouvez illustrer votre réponse par le cas particulier d’un produit marginal de l’automobile qui
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baisserait de 1/1000e par heure à 3/4000e avec l’augmentation du nombre de travailleurs et un
produit marginal des sandwiches qui monterait de 2 à 3 par heure avec la baisse du nombre de
travailleurs).
L’arrivée de travailleurs supplémentaires dans l’automobile s’accompagne d’une baisse du produit
marginal physique en dessous de 1/1000 de voiture par heure. Le produit marginal en valeur sera
donc compris entre le produit initial de 10€ par heure et l’effet maximum du doublement du prix des
voitures qui doublerait le produit marginal en valeur à 20€ par heure s’il n’y a pas de baisse de
produit marginal physique par l’arrivée de travailleurs dans l’automobile.
L’équilibre est assuré par le fait que le départ de travailleurs des sandwiches s’accompagne d’une
hausse du produit marginal des travailleurs restants dans les sandwiches (par exemple de 2 à 3
sandwiches). Si le produit marginal dans l’automobile baisse de 1/1000e de voiture à 1/1333e =
3/4000e < 1/1000e de voiture (par exemple), alors le produit marginal en valeur et le salaire peuvent
s’égaliser à 15€/h dans les deux secteurs.
3.5. Confirmez votre réponse sur l’évolution des salaires après le doublement du prix de vente d’un
des deux biens par une analyse graphique. Vous pouvez représenter les deux secteurs séparément
(nombre de travailleurs en abscisse, salaire et productivité en ordonné), ou sur un seul graphique
(nombre total de travailleurs en abscisse avec la convention que les travailleurs qui ne sont pas dans
l’automobile sont dans les sandwiches, salaire et productivité de l’automobile en ordonnée à gauche,
salaire et productivité des sandwiches en ordonnée à droite). Peut-on dire que la courbe de
demande de travail dans les sandwiches est aussi perçue comme la courbe d’offre de travail pour
l’automobile ?
pA.QmL,A
pS.QmL,S
(a)
(c)
(b)
(d)
20
10
LS
LA
L*A=L-L*S
Le graphique montre les répartitions (a) (b) et (c) de la question 3.1.. En outre, il montre une nouvelle
égalité des produits marginaux en valeur pour la répartition (d) des travailleurs sous l’effet des
rendements décroissants au lieu de la répartition (b) en cas de rendements constants (lignes
horizontales) dans l’automobile.
On peut lire les courbes de produit marginal en valeur dans l’automobile comme la demande de
travailleurs par le secteur de l’automobile à P=10 000 et à P=20 000. On peut lire la courbe de produit
marginal dans les sandwiches comme la demande de travail pour les sandwiches (avec origine d’axe
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du travail inversée) mais aussi comme la courbe d’offre de travail pour l’automobile : le coût
d’opportunité du travail dans l’automobile n’est pas la valeur du loisir des travailleurs, mais la valeur
de leur production de sandwiches.
Exercice 4 : QCM
4.1. Le produit marginal décroissant du travail peut s’expliquer par
a) le coût d’opportunité du travail,
b) les économies d’échelle,
c) l’ajout d’un facteur variable (travail) à un facteur fixe (équipement),
d) la maximisation de profit de l’employeur.
4.2. Sur le long terme, les pays industrialisés ont connu une hausse de leur production ainsi
que des salaires (loyer du travail) et une relative stabilité de taux d’intérêt (loyer du capital
financier par unité de capital). Cela peut s’expliquer par
a) une relative inélasticité de l’offre de travail et une assez forte élasticité de l’offre de
capital (offre de fonds) à long terme,
b) une forte élasticité de l’offre de travail et une assez faible élasticité de l’offre de capital
(offre de fonds) à long terme,
c) une arrivée massive de travailleurs et d’investisseurs étrangers,
d) une chute du taux d’épargne et une volonté de consommer une plus grande part du
revenu disponible.
4.3. La réduction à long terme du temps total de travail rémunéré par rapport au temps total
disponible sur le temps de vie moyen des habitants des pays industrialisés peut s’expliquer
par
a) L’arrivée massive des femmes sur le marché du travail rémunéré au 20e siècle,
b) L’enrichissement des travailleurs qui leur a fait préférer du loisir à du revenu
consommable supplémentaire au-delà d’un certain niveau de salaire,
c) Le remplacement massif des hommes par des machines au 20e siècle,
d) L’exploitation des travailleurs des pays en voie de développement à la place des
travailleurs des pays industrialisés.
4.4. Sur un marché concurrentiel du travail, le « chômage involontaire » se définit comme :
a) le nombre de personnes qui ont droit à des indemnités de chômage,
b) le nombre de personnes qui ont perdu leur emploi suite à une hausse des taxes sur le
travail,
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c) le nombre de personnes qui souhaitent travailler au salaire en vigueur et ne trouvent pas
de travail,
d) le nombre de personnes qui disent dans les enquêtes statistiques qu’elles cherchent du
travail.
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