Institut d’ethnologie
Faculté des lettres et des
sciences humaines
Rue St-Nicolas 4
CH-2000 Neuchâtel
Aymon Kreil
Aymon Kreil
La piété et la foi
La zebîba, marque de prière, et les signes d’engagement
religieux masculins au Caire
Mémoire de licence d’ethnologie
sous la direction de M. Christian Ghasarian
membre du jury : M. Pierre Centlivres
soutenu le 4 juillet 2006
à l’Institut d’ethnologie de Neuchâtel
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Table
I. Introduction : la zebîba……………………………………………………......5
II. L’approche du terrain………………………………………………………..19
III. Le référent islamique………………………………………………………….27
IV. Esquisse du champ religieux égyptien………………………………………..37
V. Phénoménologie vestimentaire et capillaire cairote………………………….51
VI. La zebîba et le Coran : les aléas d’une interprétation……………………….63
VII. De la piété d’autrui : les usages sociaux de la zebîba……………………….77
VIII. La piété et la foi : conclusions préliminaires sur la zebîba………………….89
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Les mots arabes sont translittérés selon la technique employée dans la revue Arabica.
Cependant dans les retranscriptions la vocalisation se conforme l’usage dialectal
égyptien. De plus, il convient de rappeler qu’au Caire comme dans le nord de
l’Egypte la lettre ğim se prononce g, comme dans « garçon », et le qaf sauf exception
comme un hamza, un coup de glotte.
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Introduction : la zebîba
Les cinq prières quotidiennes sont l’un des piliers de l’islam, comme la profession de
foi, le jeûne du mois de ramadan, l’aumône et le pèlerinage à la Mecque, un rite
considéré comme constitutif de la qualité de musulman. La prière musulmane se
compose d’une séquence répétée de mouvements : l’orant se tient d’abord debout et
récite la première sourate, puis une seconde de son choix, ou du choix de l’imam s’il
est à la mosquée (wuqûf), puis il penche le buste en avant, les mains sur les genoux
(rukû‘), se lève à nouveau, se prosterne à genoux, le front et les paumes au sol
(suğûd), s’assied (qu‘ûd), se prosterne à nouveau et s’assied enfin. Chacune de ces
phases s’accompagne de formules consacrées. L’on effectue deux, trois ou quatre
séquences complètes selon l’heure.
En Egypte, la prière des hommes a lieu de préférence à la mosquée, tandis que les
femmes prient le plus souvent chez elles. Les mosquées sont particulièrement
nombreuses au Caire, tout grand ensemble locatif ou industriel en comporte au moins
une ou deux, chaque rue égrène les lieux de culte tout au long de son tracé. Une
distinction s’opère entre mosquées gouvernementales (hukûmiyya), et mosquées
privées (ahliyya), liées à une confrérie ou à une association religieuse. Les mosquées
rattachées à des associations fondamentalistes sont de plus désignées en tant que
mosquées sunnites (sunniyya). La qualité des tapis qui couvrent le sol de ces endroits
n’est pas la même selon les ressources à disposition, et l’on trouve très fréquemment
pour prier une fibre plastique verte tressée industriellement pour ressembler à de la
paille, que les Egyptiens nomment hasîra, ou alors des tapis durs et sans épaisseur,
même si la moquette (mûkît) a tendance à se généraliser de nos jours.
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