Exposé 2
Histoire et panorama des
idées philosophiques
14 novembre 2011
Philosophie occidentale
Seule la philosophie occidentale s’est émancipée de la pensée religieuse qui est un savoir-
sagesse détenu dans des textes sacrés ou une expérience mystique, avec une visée pratique de
délivrance.
La philosophie recherche le savoir pour lui-même, suppose une parenté fondamentale entre
la pensée et l’être, sans promettre le salut. (*1)
La première influence européenne
C’est celle de la culture Indo-européenne dont les caractéristiques sont les suivantes :
Origine : nord de la mer Noire et de la mer Caspienne il y a 4000 ans.
Croyance : polythéisme, le monde est une scène où se joue l’éternel combat des forces du bien et
du mal, il y transmigration de l’âme, vision cyclique de l’histoire, prépondérance de la vue et des
images, c’est pourquoi des représentations des dieux ont été sculptées et peintes.
Objectif : connaître l’avenir du monde, sauver son âme du cycle des réincarnations.
Zone d’influence : Par migrations successives, l’Inde et l’Iran au sud-est, Grèce, Italie, Espagne au
sud-ouest, France, Angleterre, Europe du Nord, Europe de l’Est et Russie.
Dans tous ces pays, on retrouve une parenté linguistique et une parenté de pensée, ainsi le
mot connaissance se dit vidya en sanscrit, video en latin, wissen en allemand, viten en norvégien
et eidos (idée) en grec. (*2)
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La seconde influence européenne
C’est celle de la culture sémite dont les caractéristiques sont les suivantes ::
Origine : péninsule arabe
Croyance : monothéisme, conception linéaire de l’histoire avec une intervention de Dieu qui en
marque le début et le terme, pour eux, l’histoire arrivera à son terme, prépondérance de l’ouïe, de
la parole (« ainsi parlait Yahvé ») et de la lecture, interdiction de représenter Dieu
Objectif : connaître la rédemption du péché et de la faute (judaïsme, christianisme, islam).
Zone d’influence : plusieurs vagues ont rejoint la Mésopotamie. Aujourd'hui, les Sémites
(essentiellement des Arabes) sont concentrés au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Leur
influence s'est aussi propagée en Europe et en Amérique par le biais de la diaspora juive, jusqu'au
sud du Sahara et dans le sous-continent indien par le biais des Arabes. (*2)
L’histoire de la philosophie n’est pas un progrès
En effet nul philosophe ne peut prétendre avoir dépassé Platon.
C’est en Asie mineure, à Milet, au VI° siècle avant JC que la pensée grecque s’est dégagée de
l’emprise des mythes, par une faculté de juger nouvelle, la raison. Thalès (625-547 av JC),
Anaximandre (610-546 av JC), Anaximène (585-525 av JC).
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Les présocratiques
Ils vont se poser tous les problèmes : celui du panthéisme, du vrai Dieu qui est peut-être le monde
lui-même : Héraclite d’Ephèse (541-480 av JC),
celui de l’étoffe du réel : Parménide d’Elée (520-450 av JC environ),
celui de forger une philosophie matérialiste cohérente : Démocrite d’Abdère (460-370),
celui de défricher la marche nécessaire de la réflexion libre (les Sophistes tel Protagoras).
La philosophie grecque classique
Socrate (470-399 av JC) est le vrai patron des philosophes, tout en n’ayant rien écrit ! Cet
accoucheur spirituel a orienté ses interlocuteurs vers le connais-toi toi-même. Pour lui une vie sans
conscience et sans examen ne mérite pas d’être vécue.
Platon (424-348 av JC) est à la fois poète et philosophe, par ses dialogues, il a posé des questions
modernes en recherchant la synthèse des pensées d’Héraclite et de Parménide. Pour lui le monde
sensible en perpétuel changement est subordonné à un monde d’Idées, d’idéal qui reste immuable. Il
en résulte une dialectique qui est une démarche par laquelle l’esprit s’élève aux Idées du monde
intelligible. Le Bien, le Beau, l’Amour ordonnent l’univers et lui apportent sens.
Aristote (384-322 av JC) , savant et professeur est l’homme qui voulait tout expliquer. C’est
l’inventeur de la logique formelle qui, à l’opposé de Platon se tourne vers la substance, réalité pure
et transcendante et non pas vers les Idées. Pour lui le bonheur est le souverain bien, il porte de
l’attention aux modes sociaux et objectifs qui favorisent l’exercice de la vertu.
La philosophie hellénistique
Dans une époque d’angoisse, de malheur (à partir de la mort d’Alexandre en 323 av JC)
apparaissent des philosophies pratiques qui se caractérisent par une indifférence spirituelle.
Epicure (342-270 av JC) prône une sagesse matérialiste, du plaisir austère et ascétique, dans un
monde sans providence. Le tétrapharmakon résume la méthode pour parvenir à l’ataraxie, la
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sérénité de l’âme : « Il n’y a rien à craindre des dieux, il n’y a rien à craindre de la mort, on peut
supporter la douleur, on peut atteindre le bonheur ».
Zénon de Cition (335-262 av JC), puis Sénèque (4 av JC-65), Epictète (50-125) et Marc Aurèle
(121-180) vont rechercher le bonheur malgré les circonstances matérielles et historiques
défavorables dans le stoïcisme. Pour eux il faut agir sur ce qui dépend de nous, se rendre maître de
soi et donc rester libre tout en acceptant l’ordre divin qui est la Nature elle-même. Ce mouvement
va irriguer tout l’occident chrétien.
Pour les Sceptiques, (Pyrrhon d’Elis 360-275 av JC) l’homme doit abandonner toute croyance et
douter de tout pour se libérer du trouble et être dans l’ataraxie et la paix.
Le néoplatonisme
Dans les premiers siècles de notre ère, dans l’empire romain et notamment à Alexandrie se
perpétue un idéal rationaliste qui refuse l’idée de révélation (Philon d’Alexandrie 12 av JC-54,
Plotin 205-270).
Cependant la doctrine chrétienne finit par triompher et en 526 l’empereur Justinien ferme l’école
néo-platonicienne d’Athènes ce qui marque la fin de la philosophie païenne. Ce fut aussi le déclin
de la première vague de l’influence indo-européenne et la montée en force de l’influence sémite.
La philosophie médiévale
Elle couvre 1000 ans d’histoire et elle est celle du message chrétien qui substitue le modèle de la
foi (l’accès au mystère par la croyance et l’amour) à l’idéal de rationalité. C’est la charité qui
conduit au vrai.
La philosophie grecque y jouera un rôle d’abord par l’influence de Platon chez St Augustin (354-
430) , puis grâce aux Arabes par celle d’Aristote chez Abélard et St Thomas d’Aquin (1224-
1274) qui va séparer les vérités de raison des vérités de foi.
Au 13° siècle va s’épanouir la scolastique qui va tenter de trouver un accord entre la révélation et
la lumière de la raison mais tombera dans l’abstraction.
La Renaissance
Dans ce moment de rénovation globale (voyages, imprimerie, chirurgie, astronomie...), la réforme
protestante contribue à l’émergence de la conscience individuelle libérée de l’autorité de l’Eglise.
Cet esprit moderne conduit à l’humanisme et son approche concrète et totale de l’homme, ainsi
Michel de Montaigne (1533-1592), pour qui il faut se soumettre à l’expérience, pratiquer le
doute, se tenir à distance des dogmes et des croyances.
La philosophie rationaliste
René Descartes (1596-1650) va ouvrir les portes au libre examen de toute chose, consacrer le
déclin de l’influence sémite et la résurgence de l’influence indo-européenne.
Il va exposer sa méthode en quatre règles :
- l’évidence, « Ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être
telle ... »
- l’analyse « Diviser les problèmes en autant de questions élémentaires et séparées ».
- la synthèse : aller du plus simple et du plus facile au plus composé par un enchaînement
rigoureux.
- les dénombrements : recherche des éléments nécessaires à la solution sans rien omettre.
Pour lui la métaphysique fonde la vérité de la science puisque Dieu est le garant des idées claires
et distinctes. Il est un maître de liberté, répondant aux besoins de toute une époque et il va inspirer
Baruch Spinoza (1632-1677) au panthéisme déterministe se libérant par la connaissance.
Nicolas Malebranche (1638-1715) (Dieu est la seule cause efficace dans le cadre des lois
mathématiques),
G.W.Leibniz (1646-1716 ) Toutes les réalités ont une âme et communiquent dans l’univers.
En opposition à Descartes, Blaise Pascal (1623-1662) savant et chrétien est un philosophe
existentiel. Il s’interroge sur le drame de l’existence humaine, misérable entre deux infinis, le
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grand et le petit. « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie ». Pour lui l’homme se
trompe et se perd dans le divertissement qui lui fait oublier sa condition. Pour lui il faut cheminer
vers l’ordre du coeur que Dieu préfère à celui de la raison.
La philosophie des lumières et la résurgence de l’influence indo-européenne
Philosophie empiriste anglaise
L’expérience est le mot clé pour John Locke (1632-1704), les faits sont pour lui l’unique source
du savoir. Il relie toute connaissance à la sensation. Les hommes sont par nature libres et le
pouvoirs exécutifs et législatifs doivent être séparés pour respecter cette liberté.
Pour George Berkeley (1685-1753), le monde n’est rien d’autre que ma perception. « Etre, c’est
être perçu ». Il ne s’attache qu’au vécu de la conscience.
David Hume (1711-1776) est un sceptique qui doute de tout y compris de la causalité qui n’est
pour lui qu’une succession d’évènements devenue habituelle.
La philosophie matérialiste
Thomas Hobbes (1588-1679) pense que l’état de nature est celui de la loi du plus fort. Les
hommes ont donc besoin d’un despote (monarque ou état) pour les protéger en les asservissant.
Pour lui toute pensée est une force d’origine corporelle.
Denis Diderot (1713-1784) Pour lui la matière existe depuis toujours et le mouvement lui est
essentiel. Il voit dans la sensibilité une propriété générale de la matière, il pressent que l’homme
est le produit d’une longue évolution.
La philosophie rationnelle à tendance idéaliste
Emmanuel Kant (1724-1804) renonce à la métaphysique classique tout en sauvant la science du
doute sceptique. Pour lui, c’est l’esprit qui impose son ordre au réel. C’est donc notre faculté de
connaître qui organise la connaissance et non les objets qui la déterminent. Il n’est donc pas
possible de saisir les choses en elles-mêmes (la chose en soi), nous ne pouvons accéder qu’à « la
chose pour moi ». Il a bouleversé notre conception du savoir.
Pour lui je ne peux connaître que le monde des phénomènes, je dois faire mon devoir (ce qui est
universalisable) et je puis espérer l’immortalité de l’âme et un Dieu justicier seule façon pour moi
d’atteindre la perfection morale.
Friedrich Hegel (1770-1831), pour lui l’histoire est rationnelle, c’est un parcours de l’esprit se
faisant à travers les choses en procédant par contradictions surmontées. Il conçoit ainsi un
panthéisme à l’oeuvre dans un perfectionnement historique qui n’est pas situé hors du monde.
Les penseurs solitaires
Arthur Schopenhauer (1788-1860) est le philosophe pessimiste pour qui tout vouloir a le
manque pour principe et la douleur pour conséquence. En cas de satisfaction, c’est l’ennui qui
nous domine, ainsi oscillons nous entre la souffrance et l’ennui. La contemplation esthétique (l’art)
est une consolation mais provisoire, de même que la pitié. Il recommande de contempler
paisiblement la farce du monde.
Soeren Kierkegaard (1813-1855) Pour lui la vraie vie est à la pointe extrême du fait d’exister. Il
y a trois stades sur le chemin de la vie : esthétique, éthique et religieux. En s’opposant au système
hégelien, il rappelle la valeur d’une existence singulière, concrète, personnelle, il est le père de la
pensée existentielle qui préfère la vérité des hommes aux idées.
Frédéric Nietzsche (1844-1900) Pour lui les valeurs sont le fruit du ressentiment et de l’esprit de
vengeance. Seuls ceux qui ne savent goûter les joies de la vie et de l’action, dont l’âme est faible
forgent les valeurs morales et la culpabilité. Le seul vrai noyau de l’existence, c’est la joie, la
volonté de puissance qui n’est pas agressivité et compétition, mais surabondance existentielle et
plénitude vitale.
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