Caractérisation de l`effet de Foehn dans les Alpes

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GUEDJ Stéphanie
Caractérisation de l’effet de Foehn
dans les Alpes :
Cas du 21 janvier 2005
Du 17 mai au 30 juin 2005
Niveau d’étude : Licence 3 (stage volontaire)
1
Remerciements
Avant toute chose je tiens à remercier les personnes suivantes pour leur
active participation au cours de mon stage :
Monsieur Pierre Carrega (Professeur en Climatologie à l’université Nice
Sophia antipolis) pour m’avoir proposé ce sujet de stage extrêmement
intéressant et enrichissant ainsi que pour tous ses renseignements.
Je souhaite ensuite remercier tout particulièrement Monsieur Silvio
Sandrone (ingénieur dans le programme Géostationnaire de la série MSG) qui a
largement contribué à l’acceptation et au bon déroulement de ce stage à
Eumetsat.
J’adresse de plus tous les remerciements à Monsieur Leo Van de Berg,
Monsieur Ahmet Yldririm (météorologue) et Monsieur Jochen Kerkmann
(officier de formation) dont leurs grandes compétences scientifique et sympathie
ont permis le bon déroulement du stage et motivé mon implication dans le sujet.
Un grand merci aussi à Madame Ilaria Del Ré, Messieurs Paolo Ferrari,
Eric Bouchez, Arnaud Schmitz-Fraysse qui ont été d’une grande aide pour mon
adaptation de part leur gentillesse et générosité.
2
3
Introduction
:
Eumetsat est une organisation intergouvernementale située en Allemagne, plus
précisément à Darmstadt, à 40 km au sud de Francfort. Cette organisation regroupe 18 Etats
Européens (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce,
Irlande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays Bas, Portugal, Royaume-Uni, Suède, Suisse et
Turquie) et 11 Etats coopérants (Croatie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie,
Slovaquie et Slovénie. Seuls des accords sont signés avec la Bulgarie, la République Tchèque
et la République de Serbie Monténégro.
Les 18 Etats membres et les 11 accords de coopération
Source : www.eumetsat.int
Cette organisation fut créée à la suite du succès du lancement du premier satellite
Météosat par l’agence spatiale Européenne en 1977. La convention d’Eumetsat est signée le
19 juin 1986. Eumetsat hérite alors du programme Météosat de l’agence Spatiale Européenne
(ESA) et constitue pour cela un tout nouveau segment sol en 1991.
Jusqu’en 2000 Eumetsat assure la continuité des opérations, et prévois déjà la constitution
d’une nouvelle génération de satellites (Météosat Seconde Génération) permettant le
prolongement des activités météorologiques ainsi que l’amélioration considérable de la
qualité des données.
L’autre programme majeur est le Système polaire Eumetsat (EPS). Ce projet débute
dans les années 1990 avec la coopération américaine NOAA (National Oceanic and
Atmospheric Administration).Les responsabilités du satellite Metop-1 sont assumées le matin
par Eumetsat et l’après-midi par les Etats-Unis. Cette série est destinée à assumer un service
jusqu’en 2015.
Tous les Etats-membres sont représentés dans le conseil d’Eumetsat et chaque
délégation nationale comprend un représentant du service météorologique du pays concerné.
Le Président, Mr Peter Ewins, supervise toutes les opérations au sein d’Eumetsat. Le
directeur, Dr. Lars Prahm, est le représentant légal d’Eumetsat. Il assure l’exécution des
décisions adaptée par le conseil et est à la tête du Secrétariat.
4
En 1986, l’organisation comptabilisé un effectif de 10 personnes, en 2003, l’effectif
est de 215 personnes. Et il ne cesse d’augmenter chaque mois. Les membres du personnel sont
assistés par des consultants engagés à court terme. Les employés doivent être ressortissant des
Etats-membres et obtiennent un contrat valable de 2 à 5 ans reconductible.
En somme, l’objectif d’Eumetsat réside dans la mise en place, le maintient, le
traitement et le stockage des données des systèmes européens des satellites météorologiques
opérationnels.
Sujet de Stage
Mon stage au sein de cette organisation a pour objectif la caractérisation d’un
phénomène atmosphérique : l’effet de Foehn sur la région d’Italie du nord par l’observation
des images satellites de MSG ainsi que par les relevés des stations météorologiques
concernées. La présence de la plus longue archive Européenne des images des satellites
météorologiques et les nombreux météorologues, m’ont été nécessaire lors de mon stage. Mon
rapport se compose en trois parties. Je commencerai donc dans une première partie par
présenter le satellite MSG ainsi que les images disponibles que j’utiliserai dans la troisième
partie. La seconde partie me permettra de définir ce qu’est l’effet de Foehn et de présenter la
méthodologie et les outils de la mise en évidence du phénomène. Enfin dans une troisième et
dernière partie, je présenterai les résultats de mon analyse.
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Table des Matières
1. Météosat Seconde Génération .....................................................................7
1.1.
Le programme MSG-1 ............................................................................................... 7
1.1.1.
Le satellite .......................................................................................................... 7
1.1.2.
La collecte et la diffusion des données............................................................... 7
1.1.3.
Les missions, les produits et la distribution ....................................................... 8
1.2.
Le radiomètre SEVIRI ............................................................................................... 8
1.2.1.
Fonctionnement et capacités .............................................................................. 8
1.2.2.
Les images à canal unique ............................................................................... 10
1.2.3.
Les images composites RGB ............................................................................ 14
2. L’effet de Foehn ..........................................................................................17
2.1.
Définition ................................................................................................................. 17
2.2.
Méthodes de mise en évidence du phénomène ........................................................ 18
2.3.
Le reader MSG Natives files .................................................................................... 19
3. Le cas du 21 février 2005............................................................................20
3.1.
Circulation atmosphérique générale au dessus de l’Europe..................................... 20
3.2.
Analyse Statistique des paramètres météorologiques .............................................. 23
3.2.1.
Objectifs, méthode, et plan d’analyse ............................................................ 23
3.2.2.
Les caractéristiques des stations Italiennes ..................................................... 25
3.2.3.
Axe nord Sud .................................................................................................... 27
3.2.4.
Coupe verticale de l’Atmosphère le 21 janvier à 12h30 ................................. 30
3.3.
Le Foehn sur les images satellites ............................................................................ 32
3.3.1.
L’allongement de la ceinture nuageuse ........................................................... 33
3.3.2.
Les types de vagues atmosphériques ................................................................ 36
3.3.3.
L’analyse des nuages ....................................................................................... 38
3.3.4.
Analyse de l’évolution ...................................................................................... 39
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1. Météosat Seconde Génération
1.1. Le programme MSG-1
1.1.1.Le satellite
Meteosat-8 ou MSG-1 est le premier satellite de la série. Lancé en 2002, il transmet
déjà des données et des informations sur l’évolution et la prévision du temps et du climat. Il
fournie un flux continue et fiable de données depuis sa position à 36 000 km au dessus de la
Terre. Ce nouveau satellite géostationnaire est stabilisé par rotation permettant la production
d’image toutes les 15 minutes. Grâce aux douze canaux du radiomètre SEVIRI et à la
fréquente de réception des informations il est ainsi possible, pour les météorologues de
prévoir avec plus de certitudes les phénomènes météorologiques dangereux.
Le programme comprend un total de 4 satellites MSG assurant ainsi l’avenir des
observations et des services météorologues jusqu’en 2018 en attendant la troisième
génération (MTG).
1.1.2.La collecte et la diffusion des données
La charge utile des satellites MSG est constitué du radiomètre imageur amélioré dans
le visible et l’infrarouge (SEVIRI) ainsi qu’un instrument permettant le calcul du bilan radiatif
de la Terre depuis l’orbite géostationnaire.
Un nouveau segment sol se composant de la station sol principale (PSG) à Usingen et une
installation spécifique du centre de contrôle de la mission (MCC) à Darmstadt permettent le
contrôle et la commande du satellite
pour la réception des données.
Les données brutes sont traitées
au MCC puis transmises aux utilisateurs
via le système de distribution EumetCast
et sont stockées au centre d’archivage et
de
consultation
des
produits
météorologiques (MARF).
Un réseau de centres de
traitements (SAF) s’ajoute aux autres
services d’Eumetsat comme le SAF
glace des mers et des océans, SAF
évolution de l’ozone...
Source : www.eumetsat.int
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1.1.3.Les missions, les produits et la distribution
Les missions MSG sont l’imagerie, l’extraction de produits, la collecte et le relais de
données ainsi que la distribution.
La mission imagerie utilise les 12 canaux du radiomètre pour produire des images
brutes ou composites c'est-à-dire utilisant plusieurs canaux en
même temps.
Trois catégories de produits météorologiques et géophysiques
sont disponibles au service de traitement central Eumetsat. La
première catégorie concerne les produits distribués
régulièrement. Ils donnent des informations sur le vent,
l’humidité, les nuages (AMV, CA…). Les produits de la
deuxième et troisième catégorie seront traités régulièrement
mais seront distribués uniquement sur demande aux
participants du Programme mondial de Recherche sur le
Climat (WRCP). Ces produits fournissent des informations sur
l’ozone, indice de précipitations …
Source : www.eumetsat.int
1.2. Le radiomètre SEVIRI
1.2.1.Fonctionnement et capacités
Le radiomètre imageur visible et infrarouge rotatif amélioré est embarqué à bord de
MSG et permet, grâce à sa position géostationnaire, de fournir des images fréquentes (toutes
les 15 minutes, 24h sur 24) du disque terrestre avec un échantillonnage de 3 km.
Un miroir principal de 51cm de diamètre et des détecteurs à infrarouge composent
l’instrument.
Le satellite effectue une rotation de 100 tours/minutes ce qui permet au radiomètre
d’effectuer un balayage est-ouest et de produire ainsi des images toutes les 15 minutes.
Chaque pixel couvre une zone de 4,8 km.
Au total, en 15 minutes, le radiomètre produit 2,4 Gigabits de données qui sont
stockées dans les archives d’Eumetsat.
Chacun des 12 canaux correspond à une application spécifique.
Les données brutes parviennent à la station de réception sous forme numérique. Elles
sont alors traitées pour corriger les distorsions, converties et stockée sur disquettes. Des
produits météorologiques dérivés sont aussi créés et stockées (MPEF).
Les images satellites sont constituées de pixel. Chaque pixel correspond à une valeur
de rayonnement auquel est attribuée une valeur de niveau de gris.
8
Exemple : Dans le visible, plus le rayonnement est élevé, plus l’absorption est réduite et donc
plus la couleur est clair (ex : les nuages). Inversement, plus le rayonnement est faible, plus
l’absorption est élevée et donc plus la couleur est foncée (ex : les mers). On peut ainsi dériver
cette valeur pour obtenir les températures, les vents, l’humidité et la couverture nuageuse.
Deux types d’images me seront utiles pour mon étude :
- Les images correspondant à un unique canal représenté selon une simple échelle de
nuances de gris
- les images composites où sont mêlés plusieurs canaux auxquels est accordés une
couleur (rouge, bleu ou vert).
Description des différents canaux :
Figure 1-1: descriptions des canaux du radiomètre SEVIRI
9
1.2.2.Les images à canal unique
Les canaux VISIBLES (VIS 0.6 et VIS 0.8)
C1 VIS 0.6 le 31.10.01 11 :30UTC C2 VIS 0.8 le 31.10.01 11 :30UTC
Applications :
- Permet la détection et suivie des masses nuageuses
- Aide à l’identification des scènes
- Facilite l’étude des terres émergées et des produits aérosols
Le canal PROCHE INFRA ROUGE (NIR 1.6)
C3 NIR 1.6 le 31.10.01 11 :30UTC
Applications :
- Aide à faire la différence entre les nuages de glace et la neige et entre nuages de glace
et d’eau
- Apporte des informations sur les aérosols
10
Les canaux INFRA ROUGE THERMIQUES (IR 3.9, IR 8.7, IR 10.8, IR 12, IR 13.4)
C4 IR 3.9 le 31.10.01 11 :30UTC
C7 IR 8.7 le 31.10.01 11 :30UTC
C8 IR 9.7 le 31.10.01 11 :30UTC
C9 IR 10.8 le 31.10.01 11 :30UTC
C10 IR 12 le 31.10.01 11 :30UTC C11 IR 13.4 le 31.10.01 11 :30UTC
11
Applications :
-
Aide à la détection des nuages bas et brouillards nocturnes (C4)
Mesure de la température à la surface de la terre et la mer (C4)
Aide à la détection des incendies de forêts (C4)
Apporte des informations sur les masses nuageuses minces (C7)
Aide à la différence nuages de glace et d'eau (C7)
Mesure la concentration d'ozone dans la basse stratosphère (C8)
Permet de mesurer la variabilité radiative diurne (C8)
Donne la température des nuages et de la surface (C9, C10)
Sert au suivi des nuages (C9, C10)
Détermine les vents atmosphériques et estime l’instabilité atmosphérique (C9, C10)
Mesure l’absorption du CO2 (C11)
Estime l’instabilité atmosphérique (C11)
Mesure la température de la basse troposphère (C11)
Les canaux VAPEUR D’EAU (WV 6.2, WV 7.3)
C5 WV 6.2 le 31.10.01 11 :30UTC
C6 WV 7.3 le 31.10.01 11 :30UTC
Applications :
- Mesure de la vapeur d'eau dans la mésosphère
- Fournis des traceurs pour les vents atmosphériques
- Permet d'affecter une altitude pour les nuages semi transparents
- Donne une idée de l’instabilité atmosphérique
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Le canal HRV (High resolution visible)
C12 HRV le 31.10.01 11 :30UTC
Application :
- Observation des phénomènes météorologiques de petite taille
- Détermine avec une grande précision la direction et la vitesse des vents.
13
1.2.3.Les images composites RGB
Les images pour un unique canal utilisent une simple échelle de nuance de gris comme
nous l’avons vu précédemment. Il est aussi possible d’accorder à chaque valeur de
rayonnement une couleur par le mélange du rouge, du vert et du bleu. Ainsi sont obtenue les
traditionnelles images satellites en couleurs artificielles dans le visible. Cette image est
obtenue en effectuant une composition. A chacun des 3 canaux est attribué une couleur. Dans
le cas de l’image ci-contre, le rouge est attribuée au canal 3 (NIR 1.6), le vert au canal 2 (VIS
0.8) et le bleu au canal 1 (VIS 0.6). Ainsi sont obtenues les couleurs quasi-naturelles que nous
avons l’habitude de voir.
Figure 1-2: image composite (R03, G02, B01)
14
D’autres compositions permettent de mettre en évidence des propriétés particulières
atmosphériques ou de surface :
Propriétés des nuages
Propriétés des nuages et distinction
entre les différentes tailles des
particules
R 01 G 04 B 09
R 06-05 G 04-09 B 03-01
Couverture neigeuse, nuages bas
et brouillard
Orages
R 12 G 12 B 03
R2G4B9
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Toutes les compositions sont possibles mais seulement certaines sont utiles :
COMPOSITION
RGB
APPLICATIONS
TEMPS
03 02 01
Végétations, neige, fumée, brouillard, aérosols
jour
02 04 09
Nuages, convection, neige, brouillard, feux
jour
02 03 04
Nuages, convection, neige, aérosols, brouillard,
feux
jour
12 12 09
nuages, convection
jour
03 12 12
neige, brouillard
jour
10-09 09-04 04-09 Nuages, convection, brouillard, feux
nuit
10-09 09-07 07-09 aérosols
jour et nuit
12 12 04-09
jour
violents orages
jour
05-06 04-09 03-01 brutale convection
Figure 1-3: description des compositions RGB utiles
Pour résumer, les applications des images satellites du système MSG sont multiples.
En effet il est possible par le biais des compositions ou des différences entre les canaux ou
même sur un unique canal, de mettre en évidence plusieurs types de phénomènes. Il est
possible de faire la différence entre la neige et les nuages de glace, mettre en évidence un feu
et connaître sa vitesse de propagation (Hot spot), d’observer des zones inondées, de
caractériser une convection, de connaître les caractéristiques d’un nuage, de connaître
l’humidité dans la haute et basse troposphère…
Chacune des images peut être interprétée différemment selon l’objectif de l’analyse. Mon
interprétation sera essentiellement atmosphérique.
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2. L’effet de Foehn
2.1. Définition
Le Foehn est un vent chaud et sec qui descend le long des versants sous le vent. Une
masse d’air rencontre un obstacle, les Alpes dans
le cas du Foehn. La masse d’air est alors
contrainte de s’élever. C’est le phénomène
d’ascendance. Il se forme alors une masse
nuageuse au dessus du versant au vent. Après le
passage de l’obstacle la masse d’air descend le
long du versant sous le vent et se réchauffe. Ceci
est le phénomène de subsidence. Le
réchauffement provoque la dissipation des nuages. Figure 2-1: mécanisme de l'effet de Foehn
Plus précisément, lors de la rencontre de
l’obstacle, l’air atteint des zones de moindre pression et il s’opère un refroidissement
adiabatique d’environ 1°C par 100m. Cependant, la formation des nuages par ascendance
provoque fréquemment des précipitations et pendant ce temps la vitesse de refroidissement
adiabatique est plus lente, 0,5°C par 100m. L’air se trouve alors asséché au niveau de la crête.
Après le passage de l’obstacle, l’air sec redescend le long du versant sous le vent et se
réchauffe de même d’1°C par 100m. Ainsi le nuage s’évapore et il se forme une zone de
« beau temps ». Par conséquent le refroidissement s’effectue plus lentement que le
réchauffement. Il semble donc normal qu’à altitude égale, de part et d’autre du relief, des
températures différentes soient observables.
Autrement dit, l’existence de 2 taux de variation
thermique, l’un pour l’air sec et l’autre pour l’air saturé,
explique le réchauffement consécutif à 1 mécanisme de
B
foehn. Supposons une particule très humide qui part de
A (cf. fig.) atteint le sommet B de la montagne et
rejoint le sol en C. De A à B la particule se refroidit par
détente et condense sa vapeur d’eau sur le flanc AB de
la montagne. De B à C la particule desséchée se
réchauffe adiabatiquement par compression. Mais la
C
A
température atteinte en C sera supérieure à celle qu’on
notait en A. En effet, de A à B l’air humide saturé se Figure 2-2: schéma explicatif de l'effet de Foehn
refroidit lentement. De B à C, au contraire, l’air devenu
sec se réchauffe beaucoup plus vite.
Exemple pour une montagne de 3000m :
- refroidissement adiabatique de 1°C par 100m jusqu’à 1500m
- formation de nuages à partir de 1500m et refroidissement de 0,5°C par 100m
- réchauffement adiabatique lors de la descente
=> Gain de chaleur
17
15°C
7,5°C
30°C
7,5°C
Dans les Alpes, il existe deux cas principaux de Foehn :
-
Le Foehn du sud se produit lorsque les masses d’air proviennent du sud ou sud ouest,
passent au dessus des Alpes. La ceinture nuageuse est alors observable au sud de
l’obstacle c'est-à-dire au dessus de l’Italie ou du sud est de la France.
- Le Foehn du nord se produit lorsque les masses d’air proviennent du nord ou du nord
ouest, passent de même au dessus des Alpes. La ceinture nuageuse est alors observable
au nord de l’obstacle. Le vent chaud et sec descend le versant sud des Alpes et les
records de températures sont observables dans la plaine du Pô. Nous étudierons ce
second cas.
Sur les images satellites il est difficile d’observer directement le phénomène étant donné que
c’est un vent, donc un mouvement atmosphérique. Or une image satellite est par définition
fixe. Cependant plusieurs solutions sont possibles.
2.2. Méthodes de mise en évidence du phénomène
Sachant qu’il est difficile de mettre en évidence un phénomène mobile tel que l’effet
de Foehn, il est tout de même possible de le mettre en évidence par l’usage des paramètres
météorologiques des stations au sol et des images satellites.
Pour comprendre l’origine du phénomène il est nécessaire de décrire brièvement la
circulation atmosphérique au dessus de l’Europe afin de connaître l’origine des flux et les
caractéristiques des masses d’air en jeu.
Une analyse statistique est par la suite nécessaire pour traiter les données brutes des
stations météorologiques situées dans la zone d’étude. Cela permettra de connaître avec
précision les moments favorables où l’effet de Foehn sera le mieux observable.
Sur les images satellites, il est possible de faire apparaître ces paramètres de
différentes manières (images brutes ou composites). Sur les images uniques, une ceinture de
nuages est détectable sur le versant au vent, c'est-à-dire qui précède l’obstacle. Dans notre cas,
la ceinture observable se situera au Nord des Alpes. Elle sera présente sur les images du canal
visible. Sur les images composites, les compositions de couleurs mettront en évidence
certaines caractéristiques de l’effet de Foehn.
18
2.3. Le reader MSG Natives files
Le reader MSG est un programme permettant de lire les fichiers en format natif. Ces
fichiers se composent des données issues de tous les canaux. Ce programme constitue les
images en fonction des données originales de MSG. Il est donc possible de
visualiser les images, dans tous les canaux séparément, créer des images
composites et enfin de connaître la différence de rayonnement entre 2 Readmsg2.exe
canaux à un moment donné. Un fichier additif bitmap permet de calquer
exactement les limites des continents. Voici quelques unes des options disponibles :
-
Région : en entrant les coordonnées géographiques (latitude/longitude) il est possible
de sélectionner approximativement la zone d’étude.
-
Canal : La valeur du rayonnement est précisée pour chacun des pixel dans les
différents canaux. Les canaux Infra rouges thermique et de vapeur d’eau nécessitent
une inversion de l’échelle de gris de façon à ce que les nuages apparaissent blancs.
-
Résolution : Cette option fait varier la résolution horizontale à l’aide d’un facteur
compris entre 1 (vers la droite) et 5 (vers la gauche)
-
Enregistrement : L’image obtenue peut être enregistrée soit en format JPEG soit
bitmap.
Ce programme m’a permis de concevoir certaines des images contenues dans la troisième
partie de mon rapport et ainsi de compléter l’analyse statistique des paramètres
météorologiques relevés par les stations. L’usage d’autres programmes plus perfectionnés m’a
permis de constituer les images couplées avec le canal HRV avec l’aide de personnes
compétentes.
19
3. Le cas du 21 février 2005
3.1. Circulation atmosphérique générale au dessus
de l’Europe
Figure 3-1: Modèle des fronts de Bracknell pour le 21 janvier 2005 à 00 TU
Cette carte est un modèle classique anglais étant sous l’égide de Met Office. Les fronts
sont tracés manuellement par l’homme et associés aux pressions aux sols. L représente une
dépression et H un anticyclone. Ce modèle est élaborer toutes les 12h ce qui permet de suivre
la progression des systèmes perturbés et de prévoir leur trajectoire. Suivant les flux et les
lignes de géopotentiel principales, nous pouvons avoir une idée de l’intensité des
précipitations et de leurs localisations. De plus nous pouvons prévoir les variations de
températures liées aux déplacements des fronts.
D’après ce modèle, nous pouvons dire qu’une grande partie de l’Europe du Nord est
soumise à un système de fronts. Ce front est situé en majorité au dessus de l’océan Atlantique,
se poursuit au dessus de la Manche, passe au nord de l’Allemagne pour atteindre le centre du
puissant système dépressionnaire dans la mer Baltique exactement sur l’île Gotland en Suède.
Nous pouvons de même voir l’anticyclone des Açores alors situé au Nord Est du Portugal, il
montre la présence d’une masse d’air chaude et humide provenant du Sud.
20
Aussi, le petit système dépressionnaire situé au dessus de la Corse est très fréquent en hiver.
C’est la dépression Ligurienne.
Elle naît d’un double effet :
- effet thermique en hiver quand la Méditerranée est beaucoup plus chaude que le
continent.
- Effet dynamique quand les coulées froides de Nord Ouest et de Nord pénètrent
jusqu’au golf de Gênes où elles déterminent l’ascendance de l’air chaud préexistant.
Conséquences : cette dépression attire les perturbations polaires d’ouest vers la Méditerranée
et par conséquent déclenche ou renforce les courants de nord ouest.
Dans notre cas, une masse d’air froide arrive sur l’Europe par le Nord, traverse le
Royaume-Uni, puis le nord de la France. Elle est ensuite contrainte de se diviser. La partie
nord de la masse d’air remonte vers le nord en direction du système dépressionnaire Suédois,
l’autre partie est déviée vers le sud est en direction de la petite dépression Ligurienne.
Par conséquent, l’avant du front est constitué essentiellement d’air froid en provenance de
l’Arctique. En opposition à l’arrière du front qui, lui, est constitué d’air chaud d’origine
tropicale.
Figure 3-2: modèle GSF à 500 hPa des géopotentiels et de la pression en surface
Cette carte GFS indique la provenance et la direction des masses d’aires en fonction de
la situation des systèmes dépressionnaires ou anticycloniques. Le sens de rotation des centres
21
de pression étant connus, les masses d’aires se déplacent dans des directions définies. Elle
représente donc les pressions au sol (lignes blanches) et les géopotentiels (plages de
couleurs). Ce modèle nous permet donc de connaître l’altitude (en Décamètre) qui correspond
à une pression de 500hPa. En somme, le géopotentiel se défini par le travail d’une force (la
pression) qui est exercée en fonction de l’altitude.
La France, l’Espagne et le Portugal appartiennent à un système de hautes pressions
dont le plus puissant se situe sur l’océan Atlantique au Nord Est du Portugal. Les deux autres
anticyclones appartiennent de même au système.
Le dégradé de couleur nous permet de constater que la masse d’air qui arrive sur les Alpes est
constituée d’air chaud issu de l’anticyclone des Açores alors situé au Nord Est du Portugal et
d’air froid provenant de l’arctique.
La figure suivante est un produit dérivé du système MSG. Elle représente avec une très
haute résolution les mouvements des vents dans le canal visible 0.8 (vert) et dans le canal
infrarouge 10.8 (rouge) du radiomètre SEVIRI. Les mouvements atmosphériques sont obtenus
en suivant le déplacement des nuages ou d’autres constituants atmosphériques (ozone, vapeur
d’eau) dans les zones sans nuages.
La direction des vents montre une rotation suivant le sens des aiguilles d’une montre. L’air est
expulsé de l’anticyclone vers l’Europe de l’Est et du Sud. C’est par conséquent une partie de
cette masse d’air qui traverse les Alpes pendant la journée du 21 janvier 2005.
Anticyclone des Açores le 21 janvier 2005 à 12h45
Figure 3-3: Vecteurs de mouvements atmosphériques à 12h45
22
3.2. Analyse Statistique des paramètres
météorologiques
3.2.1.Objectifs, méthode, et plan d’analyse
L’objectif de l’analyse statistique est de mettre en évidence l’effet de Foehn. Pour cela
il est nécessaire d’utiliser les données horaires des stations météorologiques au sol. Le
premier objectif réside dans la mise en évidence du phénomène au nord ouest de l’Italie. Pour
cela j’ai confronté les données des températures et de l’humidité relative des stations
météorologiques de Milan et Piacenza relevées pendant la journée du 21 janvier de façon à
caractériser le moment où l’effet sera le mieux observable. Connaissant ainsi le moment le
plus propice à l’observation, j’ai adapté les mêmes paramètres dans un axe nord sud de façon
à identifier la différence entre la température et l’humidité entre les stations situées au Nord et
au sud des Alpes. L’axe nord sud débute à Mannheim en Allemagne et s’achève à Piacenza en
Italie. Les stations ont été sélectionnées de façon à ce que leurs altitudes permettent la
comparaison Nord-Sud. Avec l’utilisation d’Excel, j’ai conçu des graphiques confrontant les
températures et l’humidité relative enregistrées par les stations météorologiques Italiennes
puis situées sur cet axe. L’analyse de la coupe verticale atmosphérique me permettra alors de
connaître le comportement de la masse d’air lors de la traversée des alpes et les conséquences
qui en découlent.
23
Figure 3-4: Localisation des stations météorologiques autour de l'axe nord-Sud
24
3.2.2.Les caractéristiques des stations Italiennes
En confrontant l’humidité relative et la température, il est possible de déterminer le
moment où l’intensité de l’effet de Foehn est la plus élevée.
A Milan, l’écart entre les deux courbes est le plus élevé à 12h30. En effet la température est
de 18°C, ce qui est exceptionnellement élevé pour un mois de janvier. La valeur de l’humidité
relative est de même très faible, 28%. En ce qui concerne le vent, une pointe de vitesse est
enregistrée exactement au même moment. Un vent de 46km/h en moyenne pour 12h30 est
remarquable sur le graphique.
A Piacenza, il en est de même à 13h, l’humidité relative étant de 30% et la température
est de 19°C.
Ces données illustrent donc la présence d’un vent puissant, d’un air chaud, largement
au dessus de la moyenne d’un mois de janvier, et sec caractérisant ainsi l’effet de Foehn.
Ainsi, la période qui semble la plus propice à l’observation de l’effet de Foehnde situe entre
12h30 et 13h30.
20
17,5
15
12,5
10
7,5
5
80
70
60
50
40
30
20
10
11
12
13
14
15
16
Temperature
17
18
19
20
21
22
23
Relative Humidity
Graphique 3-1:variation de la température et de l'humidité relative à Milan entre 10h et 23h
Km/h
Wind speed variation in Milan from 10:00 to 23:00
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
Graphique 3-2: Variation de la vitesse du vent à Milan entre 10h et 23h
25
22
23
%
°C
Temperature and relative humidity variation
MILAN from 10:00 to 23:00
20
18
15
13
10
8
5
80
70
60
50
40
30
20
10
11
12
13
14
15
Temperature
16
17
18
%
°C
Temperature and relative humidity variation
PIACENZA from 10:00 to 19:00
19
Relative Humidity
Graphique 3-3: Variation de la température et de l'humidité relative à Piacenza entre 10h et 19h
Wind speed variation in Piacenza from 10:00 to 19:00
30
Km/h
25
20
15
10
5
0
10
11
12
13
14
15
16
Graphique 3-4:Variation de la vitesse du vent à Piacenza entre 10h et 19h
26
17
18
19
3.2.3.Axe nord Sud
Le choix des stations a été fait en fonction des disponibilités des données sur le site
Internet mais surtout en fonction des altitudes de façon à ce que les valeurs des paramètres
soient comparables.
Les stations de Mannheim et Strasbourg sont situées au Nord des Alpes et sont censées
avoir des températures plus faibles ainsi qu’un taux d’humidité relative plus élevé par rapport
aux stations de Milan et Piacenza qui elles, sont soumises à l’effet de Foehn. Les stations de
Zurich, Altdorf et Lugano vont mettre en évidence le moment et l’intensité de l’inversion des
valeurs des paramètres.
Situation et synthèse des relevés horaires des stations météorologiques situées
sur l’axe Nord-Sud le 21 janvier 2005 à 12H30
Graphique 3-5: synthèse des relevés horaires des stations météorologiques sur l'axe Nord-Sud
27
Meteorologicals parameters variation on the cross section N-S
Mannheim to Piacenza 12:30 UTC
MANNHEIM STRASBOURG
ZURICH
relative humidity
ALDORF
LUGANO
MILAN
PIACENZA
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
20
°C
15
10
5
0
8,6
7,6
8,5
8,6
9
8,7
9,7
49,5
48,5
47,5
46,9
46
45,6
44,9
%
temperature
Lat/Long
Graphique 3-6: Variation de la température et de l'humidité relative sur l'axe Nord-Sud à 12h30
Ce graphique montre donc les variations de la température et d’humidité relative
partant de Mannheim jusqu’à Piacenza. A 12h30, on remarque que l’humidité relative au
Nord des Alpes est moyenne (53% pour Mannheim et 71% pour Strasbourg) et faible au sud
des Alpes. Elle augmente jusqu’à un maximum de 89% à Altdorf qui rappelons le est la
station la plus élevée de l’axe. Cette augmentation illustre le refroidissement adiabatique sec
marqué surtout entre Strasbourg et Altdorf. Le refroidissement adiabatique continue jusqu’aux
sommets des Alpes. Puis la subsidence de la de masse d’aire provoque le réchauffement
adiabatique et donc l’évaporation de l’humidité. Après le passage de la chaîne alpine, la
courbe de l’humidité décroît rapidement. Ce qui signifie que la masse d’air s’assèche. La
valeur de l’humidité passe de 100% à 28%.
De façon à caractériser l’effet, il est nécessaire de comparer les différences d’humidité
relatives et de température entre les stations situées au nord et au sud des Alpes. A 12h30
l’humidité relative de la station de Mannheim est de 53% contrairement à la station de
Piacenza qui a une humidité de 30%. On remarque donc une différence de 23% entre ces deux
stations qui ont une altitude équivalente. La différence est encore plus remarquable entre les
stations de Milan (28%) et Strasbourg (71%), soit 43% d’écart.
En ce qui concerne la température, elle varie à l’inverse de l’humidité relative. Elle
débute à un niveau moyen (7°C pour Mannheim et Strasbourg) puis décroît avec l’altitude
jusqu'à un minimum de 4,6°C pour Altdorf puis remonte brusquement après le passage des
Alpes jusqu’à 18°C à Milan. La vitesse de refroidissement entre Mannheim et Altdorf est de
1,09°C par 100m. Ce taux de décroissance thermique correspond à l’adiabatique sèche.
28
Si l’on compare maintenant les différences de températures entre le nord et le sud des
Alpes, on remarque qu’à Mannheim la température est de 7°C alors qu’à Piacenza, elle est de
17°C soit une différence de 10°C ! Il en est de même pour la différence entre Strasbourg et
Milan, 11°C d’écart. Le réchauffement adiabatique s’opère sur une distance plus longue du
côté sud que le refroidissement par ascendance sur le coté Nord étant donné qu’a partir du
point de saturation, le refroidissement adiabatique saturé est deux fois moins rapide comme
nous l’avons précédemment expliqué.
La comparaison des deux courbes simultanément nous donne plusieurs informations.
En effet, on remarque que les courbes de la température et l’humidité relative des stations
situées au nord des Alpes sont proches. L’écart se creuse lorsque l’ascendance débute, c'est-àdire à partir de Zurich et l’inversement s’opère après le passage des Alpes. Il est intéressant de
remarquer l’importance de la différence entre les deux courbes après le passage du relief. La
température est extrêmement élevée pour un mois de janvier et l’humidité relative est plutôt
faible. Par conséquent, une masse d’air sec et chaud traverse l’Italie du Nord. Ainsi se
caractérise l’effet de Foehn. Il est important de connaître aussi le comportement de la masse
d’air en alitude.
29
3.2.4.Coupe verticale de l’Atmosphère le 21 janvier à 12h30
Graphique 3-7: Coupe verticale atmosphérique de la température pseudo adiabatique saturée
Source : www.ecmwf.com
Cette coupe verticale atmosphérique débute au niveau du Luxembourg jusqu’au nord de la
Sicile. Elle illustre la température pseudo adiabatique potentielle saturée. C’est la température
que prendrait une particule à la suite de deux transformations théoriques :
- détente adiabatique sèche jusqu’au niveau où la particule devient saturée
- descente et compression pseudo adiabatique jusqu’au niveau du sol (1000 mb)
La chaîne des plus hauts sommets se situe au niveau du 46 ème parallèle (la ligne verte).
Le début de l’ascendance se fait à partir du 48 ème parallèle.
Si l’on observe ce graphique, on peut clairement voir que la zone située avant les Alpes (sur
l’Allemagne) est moins chaude que la zone située après (plaine du Pô).
De plus, à moyenne altitude, on peut voir deux points de zone où la température pseudo
adiabatique est relativement faible (L). Ces deux zones montrent la formation des nuages
lenticulaires issus de la longue vague atmosphérique due à un effet orographique.
30
Graphique 3-8: Coupe verticale atmosphérique de l'humidité spécifique
Source : www.ecmwf.com
Ce graphique représente l’humidité spécifique le 21 janvier 2005 à 12h00 au même endroit
que le graphique précédent (cf. carte 1).
L’élévation des courbes dans l’atmosphère montre l’augmentation de l’humidité et donc la
création de nuages. La ligne verte représente de même la ligne des plus hauts sommets des
Alpes. On remarque que la couche d’humidité avant les Alpes s’étend jusqu’à plus de 600 hPa
par l’effet orographique qui provoque l’ascendance.
Enfin un important gradient d’humidité spécifique montre une zone très sèche à 1000 hPa, en
surface.
Par conséquent, ces deux graphiques montrent l’effet des Alpes sur les caractéristiques des
masses d’air. Il est donc possible de connaître où se forment les nuages et pourquoi. Dans
notre cas, on peut clairement observer la formation de nuages au dessus du versant au vent
sous l’influence du relief, puis les vagues atmosphériques créent de nouveaux nuages. Les
nuages situés à proximité du relief (seulement quelques centaines de mètres) sont constitués
par les vagues courtes. Les vagues longues créent des nuages lenticulaires que nous pourrons
caractériser sur les images satellites.
31
3.3. Le Foehn sur les images satellites
L’effet de Foehn sur les images satellites se caractérise par la formation d’un barrage
de nuages sur la partie nord des Alpes et une zone sans nuage au sud des Alpes comme le
montre clairement l’image de la figure 3-4. Les nuages représentés en blanc sont constitués de
vapeur d’eau essentiellement, ce sont des nuages de basse altitude contrairement aux nuages
d’apparence bleue qui sont constitués sur le dessus de grosses particules de glace émettant un
fort rayonnement. Il est possible de même de détecter la dépression suédoise conduisant le
front froid sur l’Europe.
Figure 3-5: image composite (R03-G02-B01) à 12:15 UTC
32
3.3.1.L’allongement de la ceinture nuageuse
Cette image du canal HRV (haute résolution) montre que la ceinture nuageuse s’étend
plus loin que les plus hauts sommets des Alpes, environ 50km de plus. En effet Locarno est
ennuagé et Lugano non. Or en général, la barrière nuageuse commence à s’évaporer dès le
passage des hauts sommets représentés par les pointillés sur l’image qui suie.
La composition du nuage explique cet avancement.
Figure 3-6: image interprétée du canal HRV le 21 janvier à 12h15
33
Cette image composite HRV (R12, G12, B04-09) du 21 janvier à 12 :15 UTC montre
que la barrière nuageuse au nord des Alpes de couleur bleue et jaune est mixte. Elle est
constituée à la fois de petits et de grosses particules de glace ainsi que de vapeur d’eau.
On remarque tout d’abord une ligne jaune à la terminaison sud de la ceinture nuageuse. Ceci
s’explique par un rayonnement plus intense issu de la constitution du nuage. En effet les
grosses particules de glace s’évaporent plus lentement que les petites. Par conséquent,
pendant un certain laps de temps, la terminaison du nuage est constituée de grosses particules
de glace uniquement ce qui explique pourquoi le rayonnement est plus intense.
Ceci explique en partie pourquoi la barrière nuageuse s’étend sur le sud. Il serait nécessaire
d’étudier les précipitations pour savoir exactement l’intensité et à quel moment elles
s’arrêtent. Cela pourrait être une seconde explication.
Figure 3-7: image composite (R12, G12, B04-09) à 12h15 UTC
34
Il en est de même sur l’image suivante. On remarque une ligne rosée à la terminaison du
nuage. La neige porte par ailleurs la même couleur mais la définition de l’image composée
avec le canal HRV nous permet de faire facilement la différence. Sur cette image il est aussi
intéressant de remarquer la présence des petits nuages disposés parallèlement à la barrière
nuageuse. Ceux-ci sont créés par les effets orographiques. Ils sont la conséquence des courtes
vagues atmosphériques fréquentes les jours de Foehn.
Figure 3-8: Image composite (R12-2, G04r, B09)
35
3.3.2.Les types de vagues atmosphériques
Deux types de vagues atmosphériques apparaissent le 21 janvier 2005 à 12h15. Les
vagues courtes résultent de l’effet orographique est sont créées parallèlement à la chaîne de
montagnes. Elles sont situées à quelques centaines de mètres après le passage des plus hautes
altitudes. Les longues vagues se produisent à plusieurs centaines de km après l’obstacle.
L’image du canal vapeur d’eau (figure 3-6) met en évidence les vagues atmosphériques
courtes créées par le relief. Elles se forment donc parallèlement au relief et montrent les
variations de l’humidité et donc de la température en altitude. A chaque fois que l’humidité
augmente, cela crée un nuage qui disparaît puis réapparaît quelques centaines de mètres plus
loin. Ce sont des nuages qui ont une situation fixe mais dont la composition est
continuellement renouvelée. C’est donc un type de nuage lenticulaire de basse altitude.
Ce type de vague montre une forte instabilité atmosphérique et représente un danger pour
l’aviation en créant de fortes turbulences.
Figure 3-9: image du canal 6 à 12:15 UTC
36
L’image composite suivante illustre clairement la présence d’une longue vague
atmosphérique (bleu). Cette longue vague est située à plusieurs centaines de km après les
Alpes. Celle-ci crée des nuages de haute altitude mixte, de forme arrondie. Ce type de nuage
lenticulaire est composé de vapeur d’eau et de petites particules de glace comme on peut le
voir sur l’image suivante. Par conséquent l’air s’élève une première fois face au relief, puis
descend le long du versant sous le vent. Elle est contrainte de s’élever de nouveau par
mécanisme malgré l’absence de relief, puis subside de nouveau jusqu'à ce que l’amplitude de
l’onde soit trop faible.
Figure 3-10 : Image composite (R09-10, G09-07, B09)
37
3.3.3.L’analyse des nuages
Figure 3-11: image composite (R02, G04r, B09) à 12h15 UTC
L’image composite (R02, G04r, B09), permet de différencier les types de nuages.
La ceinture nuageuse, comme nous l’avons vu est mixte.
De petits traits vert très clair apparaissent régulièrement après la barrière nuageuse. Ceux-ci
sont des nuages de type lenticulaires créés par les courtes vagues atmosphériques. Les nuages
créés par la longue vague atmosphérique sont visibles en vert plus foncé, au dessus de la mer
adriatique à l’est de l’Italie, ceux-ci ont une altitude plus élevée, donc une température plus
faible, des petits cristaux de glace le compose.
Les nuages de basse altitude en provenance de l’ouest (couleur vert jaune) dans le coin
supérieur gauche de l’image sont composés de petites et très nombreuses particules d’eau. Le
nombre de particules en suspension est très élevé car ce sont des nuages continentaux.
L’évaporation très rapide des particules est illustrée par la ligne foncée à la terminaison du
nuage.
38
3.3.4.Analyse de l’évolution
L’analyse de l’évolution permet de voir depuis 9h jusqu’à 15h (toutes les 15 minutes)
plusieurs détails à propos des vagues atmosphériques résultant de l’effet orographique. Cette
animation met en évidence les vagues courtes ou l’on peut facilement observer la stabilité de
la situation des nuages et leur disposition parallèle à la barrière nuageuse. De plus on peut de
même voir la longue vague se créer plus au sud de l’Italie et former les nuages de type
lenticulaires.
Animation :
2005_01_21_0900-1500_rgb_02-04r-09_loop.avi
39
CONCLUSION
Pendant la journée du 21 janvier 2005, l’Italie du nord a été frappée par une violente
tempête de Foehn. L’arrivée d’un vent de tempête venant du nord nord-ouest,
perpendiculairement aux Alpes est à l’origine de l’effet de Foehn. Ce dernier est lié à une
augmentation exceptionnelle de la température de plus de 10°C, à une chute de l’humidité
relative, à une extrême transparence de l’atmosphère et à la formation de nuages lenticulaires
dans le ciel bleu. En hiver, le Foehn est responsable de la rapide fonte des neiges (cf
« Melting snow over North West Italy, 19 january 2005 » dans le dossier des images du mois
du site www.eumetsat.int) et produit une journée à caractère printanier en l’espace d’une nuit.
En été il peut contribuer au développement des incendies forestiers.
La prévision est difficile car le phénomène est très instable et irrégulier mais les
conséquences sont dans certain cas très graves.
On peut faire des observations analogues sur le versant nord des Alpes et au sud de
l’Allemagne. Le phénomène est d’autant plus intense car la masse d’air est beaucoup plus
chaude et humide après avoir traversé la Méditerranée qu’il pourrait être intéressant de
caractériser.
Durant ce stage, j’ai pu comprendre et ainsi caractériser l’effet de Foehn par l’étude du
cas du 21 janvier 2005. La phase la plus longue fut la recherche et l’acquisition de données
en relations avec mon sujet, notamment celle des paramètres météorologiques, puis il a fallu
formuler un plan d’analyse en choisissant les bons paramètres, les bonnes images, les bonnes
combinaisons…
Les météorologues m’ont été d’une grande aide en ce qui concerne l’interprétation.
J’ai aussi appris à manipuler les différents outils de l’analyse, les programmes, les logiciels.
J’ai acquis de même énormément de vocabulaire scientifique essentiellement en anglais mais
aussi français.
J’ai pu ainsi appréhender la difficulté et le travail à fournir pour concevoir une étude
climatique pertinente. Quelques semaines supplémentaires m’auraient permis de détailler
l’analyse statistique et surtout l’analyse des images satellites. Mon objectif premier était de
concevoir un système de reconnaissance de l’effet de Foehn mais 6 semaines ne m’ont
malheureusement pas suffit malgré un nombre d’heures supplémentaires relativement
important. L’étude de plusieurs cas était nécessaire.
40
Ce stage m’a tout de même permis de découvrir un domaine passionnant et très
enrichissant qu’est le spatial. L’observation de notre planète par les satellites
météorologiques en particulier MSG recouvre des domaines très diversifiés. L’interprétation
d’une image peut apporter des renseignements aussi bien sur l’atmosphère (les nuages, les
vents, les précipitations, les aérosols), que sur les océans et les terres émergées (température à
la surface de la mer, incendies, végétation, neiges, glaces). Les applications ne cessent de se
multiplier et de se diversifier avec les progrès technologiques.
Ces 6 semaines de stage ont été extrêmement enrichissantes aussi bien au niveau
personnel que professionnel ce qui fait que le bilan est très positif.
Pour allez plus loin : Sur le site officiel d’Eumetsat, dans le dossier Meteosat IMAGE of the
Month , vous pourrez trouver une analyse plus détaillées (à laquelle j’ai participé) des images
correspondant à mon étude de cas. Mon rapport est aussi disponible au format PDF. Je
remercie encore une fois Monsieur Kerkmann qui m’a permis de publier cette étude de cas.
41
Table des Figures
Figure 1-1: descriptions des canaux du radiomètre SEVIRI...................................................... 9
Figure 1-2: image composite (R03, G02, B01) ........................................................................ 14
Figure 1-3: description des compositions RGB utiles.............................................................. 16
Figure 3-1: Modèle des fronts de Bracknell pour le 21 janvier 2005 à 00 TU ........................ 20
Figure 3-3: Vecteurs de mouvements atmosphériques à 12h45............................................... 22
Figure 3-4: Localisation des stations météorologiques autour de l'axe nord-Sud.................. 24
Figure 3-5: image composite (R03-G02-B01) à 12:15 UTC ................................................... 32
Figure 3-6: image interprétée du canal HRV le 21 janvier à 12h15......................................... 33
Figure 3-8: Image composite (R12-2, G04r, B09) ................................................................... 35
Figure 3-9: image du canal 6 à 12:15 UTC .............................................................................. 36
Figure 3-10 : Image composite (R09-10, G09-07, B09) .......................................................... 37
Figure 3-11: image composite (R02, G04r, B09) à 12h15 UTC.............................................. 38
42
Table des Graphiques
Graphique 3-1:variation de la température et de l'humidité relative à Milan entre 10h et 23h 25
Graphique 3-2: Variation de la vitesse du vent à Milan entre 10h et 23h................................ 25
Graphique 3-3: Variation de la température et de l'humidité relative à Piacenza entre 10h et
19h ............................................................................................................................................ 26
Graphique 3-4:Variation de la vitesse du vent à Piacenza entre 10h et 19h ............................ 26
Graphique 3-5: synthèse des relevés horaires des stations météorologiques sur l'axe Nord-Sud
.................................................................................................................................................. 27
Graphique 3-6: Variation de la température et de l'humidité relative sur l'axe Nord-Sud à
12h30 ........................................................................................................................................ 28
Graphique 3-7: Coupe verticale atmosphérique de la température pseudo adiabatique saturée
.................................................................................................................................................. 30
Graphique 3-8: Coupe verticale atmosphérique de l'humidité spécifique................................ 31
43
Bibliographie
- Site officiel d’Eumetsat : www.eumetsat.int
- BADER, FORBES, GRANT, LILLEY and WATERS, Image in weather forecasting, 2003,
436p
- ZAMG, Manual of synoptic satellite Meteorology:
www.zamg.ac.at/docu/Manuel/Satmanu/main.html
- ACKERMAN, KNOX, Meteorology, Understanding the Atmosphere, ed. Thomson/ Brooke/
Cole, 2003, 486p.
- modèle numérique de prévision et coupe verticale : www.ecmwf.com
- modèle de circulation atmosphérique générale ; www.wetterzentral.com
- relevés météorologiques horaires des aéroports : www.weatherunderground.com
- DELABORDE, Introduction à l’étude scientifique du climat, ed. SEDES, 1982, 350p
- ROYAL GEOGRAPHY SOCIETY, Atlas of The World, Paperback edition, Philips, 2003.
44
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