Gymnase français de Bienne Chaleur Thermodynamique par Philippe Drompt décembre 2005 Notions fondamentales 1. Chaleur Notions fondamentales Les chapitres qui suivent traitent de thermodynamique. Cette discipline fut baptisée ainsi en 1854 par lord Kelvin, pour qui elle était l’étude de « l’action dynamique de la chaleur ». Elle tire son origine de l’étude du travail mécanique accompli par les moteurs à vapeur au moyen du flux thermique. On dit de nos jours que la thermodynamique traite des modifications des variables macroscopiques qui caractérisent un système, tel que la pression, le volume et la température. Ces modifications résultent des échanges de chaleur avec le milieu ambiant et du travail accompli par le système sur le milieu qui l’entoure. La thermodynamique mène à des conclusions qui sont indépendantes de la structure ou de la composition microscopique du système. C’est ce qui lui confère sa force et son caractère général. Le premier principe de la thermodynamique constitue une généralisation du principe de la conservation de l’énergie applicable à la chaleur considérée comme une forme d’énergie. Le deuxième principe de la thermodynamique énonce des propositions générales concernant le rendement des moteurs thermiques, l’équilibre chimique, le transfert d’information et la direction dans laquelle évoluent les processus naturels. La théorie cinétique des gaz nous permet de comprendre pourquoi le comportement macroscopique d’un système résulte du comportement statistique d’un grand nombre de particules. La température étant une notion fondamentale de tous les aspects de la thermodynamique, c’est par elle que nous allons commencer ce chapitre. 1.1 La température La notion de température s’appuie sur notre sensibilité au chaud et au froid. Mais notre perception du caractère chaud ou froid d’un corps est trompeuse, Par exemple, une poignée de porte en métal nous semble plus froide que la porte en bois sur laquelle elle est fixée, alors qu’elles sont à la même température. En 1690, John Locke réalisa une expérience simple pour démontrer que l’on ne pouvait pas se fier à notre perception du chaud et du froid. Il suffit de tremper une main dans l’eau chaude et l’autre dans l’eau froide puis de les plonger toutes les deux dans une eau à température intermédiaire. Cette eau semble froide à la première main et chaude à la seconde. Il est évident qu’il nous faut un moyen plus fiable pour définir la température d’un objet. Un thermomètre est un instrument qui mesure la température. N’importe quelle propriété d’une substance ou d’un dispositif qui varie sous l’effet de la chaleur peut servir de thermomètre. Par exemple, la variation de température peut être définie comme proportionnelle à la variation de hauteur d’une colonne de liquide dans un tube capillaire, à la variation de pression d’un gaz maintenu à volume constant ou à la variation de résistance électrique d’un fil. Comme la température peut être définie à partir de propriétés diverses, il n’est pas surprenant que ces propriétés nous donnent des valeurs différentes de la température. Même dans le cas d’une même propriété, la résistance électrique par exemple, deux matériaux différents ne vont pas réagir forcément de la même manière lorsqu’on élève leur température. Par conséquent, la valeur de la température dépend non seulement de la propriété choisie, mais également de la substance utilisée. 1.2 L’échelle de température Pour étalonner un thermomètre à colonne de liquide dans un tube en verre, il faut attribuer des valeurs numériques aux températures de deux points fixes. En 1742, A. Celsius conçut une échelle de température à partir du point de congélation et du point d’ébullition de l’eau. Au point de congélations l’eau liquide et la glace peuvent coexister en équilibre ; autrement dit, ni l’une ni l’autre n’ont tendance à changer de phase. Au point d’ébullition, le liquide et le gaz sont en équilibre. Comme ces deux points dépendent de la pression, on la choisit égale à une atmosphère. 2 Chaleur Notions fondamentales On repère les positions du liquide à ces deux températures et on divise en intervalles égaux la distance entre les deux positions. L’échelle Celsius comprend cent intervalles, ou degrés Celsius (°C). ����� ����� ��� ��� Malgré sa simplicité apparente, la méthode que nous venons de décrire n’est pas sans présenter quelques difficultés. Par exemple, la dilatation thermique d’un liquide donné n’est pas forcément la même entre 10°C et 20°C qu’entre 60°C et 70°C. Par conséquent, des thermomètres au mercure et à l’alcool vont donner des valeurs qui coïncident aux deux points fixes, mais pas forcément en d’autres points. Ces thermomètres présentent en outre l’inconvénient d’avoir une plage limitée de températures. Par exemple, le mercure gèle à - 39°C. Il est évident que nous avons besoin d’un thermomètre qui puisse couvrir une plage étendue de températures et servir également d’étalon de laboratoire. 1.3. Le principe zéro de la thermodynamique On peut définir l’état d’un système quelconque, comme un gaz dans une bouteille, par un certain nombre de variables d’état macroscopiques, comme la température, la masse, la pression et le volume. En général, on devrait également inclure les propriétés électriques et magnétiques, la composition chimique et ainsi de suite, mais nous n’en tiendrons pas compte ici. Considérons un système isolé dans un récipient avec des parois isolantes qui empêchent théoriquement tout échange d’énergie avec le milieu environnant. Dans la pratique, on peut utiliser des isolants thermiques comme la mousse de polystyrène ou la fibre de verre. Prenons, par exemple, un gaz enfermé dans un cylindre muni d’un piston. Si l’on déplace subitement le piston pour comprimer le gaz, la pression sera dans un premier temps plus grande près du piston qu’en un point plus éloigné dans le cylindre. Cependant, au bout d’un certain temps, le gaz atteindra un état d’équilibre caractérisé par une pression uniforme dans la totalité du cylindre. De même, si l’on chauffe le cylindre à une extrémité la température n’est plus uniforme. Si l’on supprime la source de chaleur, le système finit par atteindre un état dans lequel tous les points sont à la même température. Initialement, les variables d’état subissent des variations, mais après un intervalle de temps suffisamment long, elles cessent de varier. Lorsque toutes ses variables d’état sont constantes dans le temps, le système est en équilibre thermique. Dans cet état, les variables d’état ont des valeurs uniques qui caractérisent l’ensemble du système. Considérons maintenant deux objets, chacun dans un état thermique différent. On les place de 3 Notions fondamentales Chaleur chaque côté d’une paroi isolante à l’intérieur d’un récipient qui les isole du milieu environnant. La paroi empêche que les variations survenant su un objet aient un effet sur l’autre. Ensuite, on remplace la paroi isolante par un conducteur thermique, comme une mince feuille métallique. Les objets sont maintenant en contact thermique, ce qui signifie qu’ils peuvent échanger de l’énergie si l’un d’entre eux est plus chaud que l’autre. Les variables d’état des deux objets prennent de nouvelles valeurs qui, après un temps suffisamment long, demeurent constantes. Les deux systèmes sont alors en équilibre thermique entre eux. À ce stade, on constate que les températures des deux objets sont les mêmes. Deux systèmes sont en équilibre thermique si leurs températures sont identiques. Bien que d’autres variables d’état des deux systèmes soient constantes dans le temps, l’équilibre thermique ne signifie pas forcément qu’elles aient les mêmes valeurs pour les deux systèmes. Par exemple, des gaz contenus dans deux récipients à la même température peuvent avoir des pressions et des volumes différents. Considérons trois systèmes A, B et C, un thermomètre. Supposons que A et C soient en équilibre thermique et que B et C soient en équilibre thermique. La question est de savoir si A et B sont également en équilibre thermique. La réponse n’est pas évidente. Par exemple, sachant qu’il existe une attraction mutuelle entre un aimant et deux clous, on ne peut pas en déduire que les deux clous s’attirent mutuellement. Mais les résultats expérimentaux nous permettent de répondre par l’affirmative : A et B sont bien en équilibre thermique. Cette constatation nous permet d’énoncer le principe zéro de la thermodynamique : Deux corps en équilibre thermique avec un troisième sont en équilibre thermique entre eux. Selon le principe zéro, les deux systèmes en équilibre thermique n’ont pas besoin d’être en contact thermique ; il leur suffit d’être à la même température stable. L’emploi des thermomètres s’appuie sur cette hypothèse. Considérons un thermomètre qui indique la même valeur lorsqu’on le met en contact avec deux systèmes différents, dont chacun est en équilibre thermique. Si on les met ensuite en contact thermique, les systèmes restent en équilibre thermique et donnent la même température. 4