Journées de la Fondation Recherche Médicale y L’oreille malade du bruit ? y www.frm.org 4
très important car c'est la précocité de la prise
en charge d'une déficience, quelle qu'elle soit,
qui permet d'obtenir un meilleur résultat. Pour
les adultes qui deviennent sourds, la technique
donne des résultats très satisfaisants en cas
de surdité totale due à une otite chronique ou
à une exceptionnelle maladie de Ménière
bilatérale.
> Les progrès de
l'imagerie
médicale
Dans le domaine
de l'oreille, le
scanner a fait des
progrès
considérables. Sur
un scanner de
l'oreille réalisé il y
a quinze ans, les
plans de coupe
étaient de
2 centimètres, ce qui ne permettait que de voir
vaguement la mastoïde. Aujourd'hui, ces plans
de coupe sont de 0,3 millimètre. Cela permet
de distinguer parfaitement les branches des
osselets, la fixation de l'osselet ou une
pathologie telle que l'otospongiose de manière
absolue. Il y a une dizaine d'années sont
arrivés les IRM qui ont également fait des
progrès considérables dans l'imagerie du nerf
auditif et dans la vision des liquides de l'oreille
interne.
Nous en sommes arrivés aujourd'hui à la
troisième génération qui est absolument
fascinante : l'imagerie fonctionnelle. Avec les
PET-scans, il est aujourd'hui possible
d’observer comment le cortex cérébral réagit à
une stimulation auditive.
La Fondation pour la Recherche Médicale
finance d’ailleurs l'un de nos jeunes
chercheurs qui étudie comment le cerveau se
comporte lorsqu'il y a une déprivation
(absence de stimulation auditive) et comment il
se modifie après une stimulation auditive par
l'implant. Il est donc possible d'évaluer les
modifications du cortex avant et après
l'implantation cochléaire afin de déterminer la
zone qui se régénère. C'est fondamental parce
que cette recherche devrait permettre de
mieux orienter la rééducation. L'implantation
est une technique chirurgicale mais ce qui est
crucial, c'est tout l'environnement de la
rééducation et de la réhabilitation – le travail
magnifique réalisé par les orthophonistes.
Une recherche
qui va faire du bruit
Dr Didier Dulon,
Directeur de recherche de l'Inserm EA 3665
"Biologie cellulaire et moléculaire de l'audition",
Bordeaux
Comme dans tous les domaines de la science,
la recherche fondamentale sur l'audition se
place dix ou vingt ans avant les applications
cliniques qui découleront de son travail. Trois
progrès essentiels ont été réalisés.
> Une meilleure compréhension du
fonctionnement des cellules ciliées
Le premier progrès est une meilleure
compréhension des mécanismes de
fonctionnement des cellules ciliées. Ces
dernières sont la structure élémentaire de
l'audition qui permet de percevoir les sons et
de transformer cette stimulation mécanique en
signal électrique. Celui-ci sera interprété par le
nerf auditif qui enverra le message au cerveau.
Chacune des 20 000 cellules ciliées de la
cochlée fonctionne comme un petit
microphone quasiment accordé pour chaque
fréquence. La recherche fondamentale a isolé
la molécule clé transductrice au niveau des cils
qui permet la conversion de l'énergie
mécanique en énergie électrique.
Par ailleurs, la recherche a démontré
récemment que l'oreille n'était pas un organe
sensoriel passif mais actif et qu’elle possédait
des mécanismes amplificateurs dans la
cochlée. L'oreille est un microphone associé à
un amplificateur (les auto-émissions
acoustiques). Cela a permis de mettre au point
le test des auto-émissions chez les nouveau-
nés afin de tester leur audition de manière
objective.
> Les progrès de la génétique
Il faut également souligner les avancées
considérables dans la génétique des surdités.
La recherche française est leader dans ce
domaine. Le laboratoire Inserm de Christine
Petit à Paris a identifié de très nombreux
gènes responsables de surdités. Cette
identification permettra certainement dans le
futur d’élaborer des tests de dépistage
précoces de la surdité et, à plus long terme, de
mettre au point des moyens de réparation des
gènes affectés par ces maladies génétiques.