Anthropologie de la « lose »: appel à communication Laboratoire d

Anthropologie de la « lose »: appel à communication
Laboratoire d’ethnologie et de cociologie comparative, Nanterre, 13-14 décembre 2012
Organisatrices : Isabelle Rivoal (CNRS-LESC) et Anne de Sales (CNRS-LESC)
Inscrites dans le contexte plus large d’une réflexion sur les transformations sociales, ces
journées d’études sur « la lose » veulent être un espace théorique et méthodologique pour
appréhender diverses formes et manifestations du changement. Le « ratage » tel qu’on
l’envisagera ici se définit en effet d’abord dans sa dimension de « désynchronisation »
temporelle avec ce qu’il convient de faire ou d’être à un moment donné et dans sa dimension
de « désassociation » avec un collectif par rapport auquel on le considère. Le loser est ainsi
perçu comme qui rate le coche, celui qui décroche. Nous invitons dans ce séminaire à comparer
des ethnographies fines de la manière dont se manifeste la « désynchronisation », le
ralentissement en quelque sorte qui semble laisser le loser « en arrière, à côté, en-deça » Autant
de métaphores spacio-temporelles qui exprime la désassociation.
Mais la « lose », comme nous voulons l’envisager, est également une posture esthétique
qui peut être valorisée et valorisante. Le ringard des campagnes dans des publicités récentes a
supplanté le fanfaron, qui jouait encore à imiter le grand même pour s’en moquer. De ce point
de vue, la « lose » comme « art de vivre » est un moyen de considérer les logiques de
compétition, d’adaptation, de performance par une focale « en négatif », que nous pensons être
heuristique.
En effet, dans une perspective sociologique qui privilégie la compréhension des
phénomènes sociaux comme résultant de stratégies individuelles, la réussite est la
manifestation des compétences nécessaires pour s’adapter à chaque « donne » sociale. Ceci
explique que l’anthropologie se soit surtout intéressée aux figures d’entrepreneurs sociaux, de
big men, de « grands » ou de héros pour retracer, selon le contexte social et historique, les
conditions et le parcours de la réussite. L’échec n’a souvent été appréhendé que comme
l’envers de cette disposition, un faire-valoir de la réussite en quelque sorte.
Nous voulons considérer l’hypothèse méthodologique que « la lose » ne soit considérée
comme un « état » résultant d’un ensemble de causalités plus ou moins déterministes — tels
que de nombreux travaux sur le déclassement ou la pauvreté ont tendance à le faire— mais
qu’il s’agit d’un mouvement caractérisé par le retrait, le ralentissement, la désynchronisation.
Ce mouvement peut concerner aussi bien des individus que des collectifs ou des ensembles
sociaux particuliers. Considérée comme phénomène social complexe de « désassociation », la
« lose » porte une attention particulière aux rythmes désynchronisés dans l’étude des
mouvements de transformation sociale. On suggère d’aller au-delà d’une approche en termes
de catégories sociologiques et d’idéal-typisme portant ces catégories, pour tenter de saisir
également la « lose » de manière existentielle : comment vit-on un quotidien de déclassé, de
raté ? Comment supporte-t-on les injonctions à changer, bouger, initier ? Comment assume-t-
on un destin de vieux garçon ou de vieille fille ? Comment sort-on perdants d’une guerre ?
Les propositions de communication doivent être soumises avant le 15 octobre à :
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