MISE AU POINT Gènes de fusion dans les cancers de la prostate : de la découverte aux perspectives thérapeutiques Fusion genes in prostate cancer: from the discovery to the therapy P. Beuzeboc*, V. Molinie**, S. Oudard*** L’ * Département d’oncologie médicale, institut Curie, Paris. ** Service d’anatomo-pathologie, hôpital Saint-Joseph, Paris. *** Service d’oncologie médicale, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris. identification d’altérations géniques impliquées dans le développement des cancers constitue l’un des axes principaux de la recherche fondamentale. Les réarrangements de gènes observés sont généralement de deux types. Dans le premier cas, des éléments promoteurs, ou enhancers, sont situés de façon aberrante près d’un proto-oncogène, entraînant l’expression d’une protéine oncogénique (l’apposition de gènes d’immunoglobuline, de récepteur T et de MYC conduisant à l’activation de cet oncogène dans des hémo­pathies B et T en constitue un exemple). Dans le deuxième cas, la fusion de gènes génère une activité nouvelle ou altérée (le prototype en est la fusion BCR-ABL dans les leucémies myéloïdes chroniques). Les translocations et les fusions de gènes leur correspondant jouent un rôle important dans les étapes initiales de la carcinogenèse. Plus de 350 fusions de gènes ont été identifiées (1). Leur intérêt diagnostique et pronostique a été largement démontré dans les hémopathies et les sarcomes des enfants. Jusqu’à présent, les gènes de fusion étaient considérés comme des événements rares dans les tumeurs épithéliales, qui se caractérisent habituellement par des altérations génétiques complexes, non spécifiques. Ils ont néanmoins été décrits dans des cancers de la thyroïde papillaires (RET-NTRK1) et folliculaires (PAX8-PPARG), dans des cancers 310 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XVII - n° 7 - septembre 2008 muco-épidermoïdes (MECT1-MAML2) ou des cancers du rein (TFE3-TFEB). La mise en évidence récente de gènes de fusion TMPRSS2-ETS dans une majorité des cancers de la prostate représente une véritable révolution dans la connaissance biologique de ces tumeurs. Le variant le plus habituel implique 2 gènes situés sur le chromosome 21 : TMPRSS2 et ERG. Le gène TMPRSS2 code pour une sérine protéase (sérine protéase transmembranaire 2) fortement exprimée à la fois dans les cellules prostatiques normales et dans les cellules prostatiques cancéreuses. L’expression de ce gène, qui possède dans ses promoteurs des séquences androgéno-dépendantes, est régulée par les androgènes. Les gènes de la famille ETS (ERG, ETV1, ETV4) codent pour des facteurs de transcription qui interviennent dans les voies de signalisation régulant la croissance cellulaire, la différenciation et la cancérogenèse (notamment dans les sarcomes d’Ewing). De nombreux groupes ont confirmé ces travaux et, actuellement, la recherche se concentre sur les retombées biologiques et cliniques de cette découverte. De nombreuses données expérimentales suggèrent que ces fusions représentent des événements moléculaires clés dans le développement et la progression d’une classe unique de cancers de la prostate, ce qui ouvre la voie à de futurs traitements ciblés. Résumé D’importantes implications biologiques et cliniques découlent de l’identification récente de gènes de fusion récurrents dans plus de la moitié des cas de cancer de la prostate. Ces réarrangements génétiques résultent de la fusion entre la partie 5’ non traduite de TMPRSS2 (un gène spécifique de la prostate codant pour une sérine protéase transmembranaire sous régulation androgénique) et des gènes de la famille ETS (codant pour des facteurs de transcription). La présence de gènes de fusion TMPRSS2-ERG pourrait avoir une valeur pronostique péjorative dans les tumeurs localisées traitées par prostatectomie totale. Cette découverte devrait pouvoir conduire, dans un avenir proche, à des traitements ciblés. Circonstances de découverte En 2005, S.A. Tomlis et al. (2) ont identifié des gènes de fusion récurrents dans les cancers de la prostate grâce à une approche bio-informatique (3) en microarrays appelée COPA (Cancer Outlier Profile Analysis), en recherchant des aberrations chromosomiques oncogéniques à partir de l’analyse de profils d’expression génique se distinguant des profils habituels. Ils se sont concentrés sur l’analyse de l’expression de gènes impliqués dans des cancers. Dans un premier temps, ils ont identifié par des techniques de polymerase chain reaction (PCR) quantitative des lignées cellulaires et des échantillons tumoraux qui surexprimaient ERG ou ETV1. En caractérisant les transcripts ERG et ETV1, ils ont découvert que les parties terminales en 5’ de ces deux gènes étaient remplacées par la région 5’ non traduite de TMPRSS2. Par des techniques de FISH (fluorescence in situ hybridization), ils ont confirmé qu’une majorité de cancers de la prostate présentaient des gènes de fusion TMPRSS2-ERG, plus rarement TMPRSS2ETV1. Types et fréquence des gènes de fusion dans les cancers de la prostate Ce sont des délétions introniques sur les chromosomes 21q22.2-3 qui sont à la base de ces fusions récurrentes. Ces gènes de fusion impliquent la région 5’ non codante de TMPRSS2 (21q22.3) et des membres de la famille des facteurs de transcription ETS qui sont soit ERG (21q22.2), soit ETV1 (7p21.2), soit ETV4 (17q21). Ils entraînent la surexpression de protéines tronquées ou normales. Environ la moitié des 1 500 cas de cancer de la prostate localisés analysés dans plus de 12 séries publiées jusqu’à maintenant présentent des gènes de fusion TMPRSS2-ERG (4). Il existe environ 15 variants de ce type de gène de fusion. D’autres, comme TEMPRSS2-ETV1 ou TEMPRSS2ETV4, sont présents dans respectivement environ 5 % et 1 % des cas. S.A. Tomlins et al. viennent de publier dans Nature (5) quatre autres différentes classes de réarrangements chromosomiques. Au vu de l’incidence des cancers de la prostate et de la fréquence des gènes de fusion dans ces cancers, les gènes TMPRSS2-ERG représentent les aberrations géniques les plus répandues des tumeurs humaines décrites jusqu’à présent. Mise en évidence Elle fait appel en pratique à des techniques de FISH ou de reverse transcriptase PCR (RT-PCR). Une équipe française de Nice vient de montrer, dans une étude rétrospective (6), que la détection par RTPCR était réalisable sur des blocs fixés en paraffine ou dans le formol, et a retrouvé la présence de gènes de fusion dans 72 % des cas de cancers prostatiques (40 cas sur 55). Plusieurs transcripts ont été mis en évidence dans différentes régions de la prostate, ce qui suggère que des gènes de fusion peuvent être retrouvés indépendamment au sein d’une même prostate (7). Des trancripts de fusion ont même été retrouvés par PCR au niveau des cellules tumorales circulantes (8) et dans les urines de patients atteints d’un cancer de la prostate localisé après massage prostatique, leur présence étant bien corrélée à celles des transcripts détectés au niveau de la tumeur (9). Mots-clés Cancer de la prostate Gènes de fusion TMPRSS2-ETS TEMPRSS2-ERG Highlights The identification of recurrent gene fusions in up to half of all human prostate cancers has important biological and clinical implications. These genetic rearrangements result in the fusion of the 5’ untranslated end of TMPRSS2 (a prostate-specific, androgenresponsive, transmembrane serine protease gene) and ETS family genes (oncogenic transcription factors). Some data suggest that TMPRSS2-ERG fusion prostate cancers have a more aggressive phenotype, which may affect cancer progression and outcome in localized tumors treated with prostatectomy. This discovery should pave the way towards future targeted therapies. Keywords Prostate cancer Fusion genes TMPRSS2-ETS TEMPRSS2-ERG Gènes de fusion et carcinogenèse, recherche dans les néoplasies intra-épithéliales prostatiques de haut grade N. Cerveira et al. (10) ont été les premiers à montrer que des gènes de fusion TMPRSS2/ERG pouvaient être présents dans des néoplasies intra-épithéliales prostatiques de haut grade (NIPHG) [4/19, soit 21 %] et que ces réarrangements moléculaires étaient des événements précoces de la carcinogenèse ­prostatique. D’autres auteurs (11) ont confirmé la présence de gènes de fusion dans 16 % des cas sur 143 NIPHG La Lettre du Cancérologue • Vol. XVII - n° 7 - septembre 2008 | 311 MISE AU POINT Gènes de fusion dans les cancers de la prostate : de la découverte aux perspectives thérapeutiques analysés, ce qui suggère que cette présence pourrait être un signe précurseur de lésions plus ­agressives. Gènes de fusion et caractéristiques cliniques, histologiques et moléculaires Les premières données ne suggèrent pas de différences raciales dans la prévalence des gènes de fusion. Les fusions avec les gènes ETS dans les cancers de la prostate sont associées à des caractéristiques morphologiques et pronostiques ainsi qu’à des signatures moléculaires spécifiques. J.M. Mosquera et al. (12) ont identifié, sur 235 cas de cancers prostatiques, cinq caractéristiques morphologiques associées significativement avec des fusions TMPRSS2-ERG. Quand trois d’entre elles ou plus étaient présentes, 93 % des tumeurs avaient des gènes de fusion. J.J. Tu et al. (13) ont aussi noté une fréquence plus élevée de gènes de fusion TMPRRSS2-ETS en cas de tumeurs mucine+. Ces données, si elles étaient validées par de larges études, pourraient avoir dans le futur des implications diagnostiques, pronostiques et théra­ peutiques. Androgènes AR Délétions Réarrangements AR ARE Facteur de transcription ERG TMPRSS2-ERG HDAC1 WNT TNF, FAS Autres (facteur oncogénique ETS) Nouvelles perspectives thérapeutiques Par exemple inhibiteurs HDAC1 Stimulation de la croissance cellulaire Réduction de l’apoptose Dérégulation épigénétique Figure. Oncogenèse médiée par les androgènes après fusion/translocation TMPRSS2 dans les cancers de la prostate. La fusion TMPRSS2-ERG est responsable, sous l’influence d’une stimulation androgénique, de la surexpression de facteurs de transcription. L’activation d’ERG par la fusion avec TMPRSS2 pourrait conduire à une surexpression d’HDAC1, une reprogrammation épigénétique, une signalisation de WNT et une down-regulation des voies de l’apoptose. 312 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XVII - n° 7 - septembre 2008 Gènes de fusion, caractéristiques pronostiques Des sous-types moléculaires distincts pourraient définir des populations dont les risques de progression diffèrent. La présence de TMPRSS2-ERG a fréquemment été associée à une agressivité tumorale et à un mauvais pronostic, sans qu’aucune conclusion définitive puisse être formulée, du fait de l’effectif limité de la plupart des études. Les premières données rapportées par R.K. Nam à Toronto (14) suggéraient que la présence du gène de fusion TMPRSS2-ERG chez les patients traités par chirurgie était un important facteur pronostique de récidive. Leur dernière publication (15) confirme cette impression dans une série plus conséquente de 165 patients présentant une tumeur localisée traitée par prostatectomie entre 1998 et 2006. L’expression d’un gène de fusion était retrouvée dans 81 cas (49,1 %). Le sous-groupe des patients présentant un gène de fusion avait un risque de rechute à 5 ans très significativement supérieur (58,4 % versus 8,6 %, p < 0,0001), sa présence constituant, en analyse multivariée, le facteur pronostique le plus important (hazard-ratio [HR] = 8,6 ; IC95 : 3,6-20,6), indépendant du grade, du stade et du taux de PSA. Signalons aussi que deux études de cohortes de patients présentant une tumeur localisée sous simple surveillance (watchful waiting) ont retrouvé un impact négatif de ces gènes de fusion sur la survie spécifique (16, 17). Dans la série de G. Attard avec une étude par FISH de 445 cancers, la survie spécifique à 8 ans était de 90 % en l’absence de gènes de fusion versus 25 % dans le cas contraire. A.B. Rajput et al. (18) ont relevé une fréquence des gènes de fusion plus élevée en cas de tumeur peu différenciée qu’en cas de tumeur bien différenciée. Néanmoins, vu la complexité liée à la présence de différents variants et le peu de puissance des études, la valeur pronostique de ces transcripts de fusion reste à déterminer. Anomalies moléculaires associées aux gènes de fusion À partir de l’analyse des données d’expression génique de 410 échantillons (178 témoins normaux, 232 tumeurs et métastases), K. Iljin et al. (19) ont MISE AU POINT montré une forte association entre les gènes de fusion et l’expression élevée d’histone désacétylase 1 (HDAC1). La fusion TMPRSS2-ERG serait responsable, sous l’influence d’une stimulation androgénique, de la surexpression de facteurs de transcription, qui pourrait conduire à une reprogrammation épigénétique, une signalisation de WNT et une down-regulation des voies de l’apoptose (figure). Une équipe du Memorial Sloan-Kettering Cancer Center (New York) a pu montrer à partir de modèles murins surexprimant ERG que ce dernier jouait un rôle majeur dans les tumeurs présentant des gènes de fusion TMPRSS2-ERG, en agissant comme activateur direct de la transcription de gènes impliqués dans la migration cellulaire (en particulier CXCR4 et ADAMTS1), une propriété centrale de la tumorigenèse. Il existe de plus une coopération en cas de perte de fonction de PTEN pour promouvoir l’accélération et la progression tumorales (20). Mécanisme d’action et perspectives Ces fusions de gènes conduisent à l’induction androgénique de l’expression de gènes dépendant d’ETS. Cependant, les fonctions biologiques d’une surexpression d’ERG demeurent en grande partie inconnues. Des données de transcriptomes et de signatures d’expression de gènes ont pu très récemment révéler que ces altérations pouvaient activer en particulier l’oncogène C-MYC et annihiler la différenciation épithéliale des cellules prostatiques (21). Une meilleure connaissance des retentissements biologiques de la présence de ces gènes de fusion pourrait avoir d’importantes implications cliniques, ouvrant la voie à de nouveaux traitements ciblés, des traitements épigénétiques, comme avec les HDAC1 actuellement en cours de développement, ou de petites molécules inhibitrices de l’activité d’ERG ou de cibles en aval de l’expression d’ERG. ■ Références bibliographiques 1. Mitelman F, Johansson B, Mertens F. The impact of translocations and gene fusions on cancer causation. Nat Rev Cancer 2007;7(4):233-45. 2. Tomlins SA, Rhodes DR, Perner S et al. Recurrent fusion of TMPRSS2 and ETS transcription factor genes in prostate cancer. Science 2005; 310(5748):644-8. 3. Rubin MA, Chinnaiyan AM. 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