Situation économique et financière du Costa Rica

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Situation économique et financière du
Costa Rica
Description de la structure de l’économie
Taille de l’économie : le Costa Rica a un PIB nominal de 49,55 Mds USD courants en 2014 pour 4,93 M
habitants. Il s’agit de la deuxième économie d’Amérique Centrale (derrière le Guatemala), et le FMI classe le
pays parmi les économies émergentes.
Degré d’ouverture : le Costa Rica a mis en œuvre une transformation sociale et économique profonde depuis les
années 1980, axée sur l’ouverture à l’exportation et la diversification productive1. L’économie est plutôt ouverte2,
conséquence d’une stratégie de signature d’ALE bilatéraux et régionaux : les Etats-Unis demeurent de très loin
le premier partenaire commercial3 mais le Costa Rica diversifie sa politique commerciale vers l’Amérique latine4,
l’Asie5 et l’Europe6. Toutefois, une tentation récente à revenir vers plus de protectionnisme peut être notée, en
lien avec le manque de compétitivité de plusieurs secteurs en amont de la chaîne de valeur (énergie, industrie
cimentière, eau, raffinage de pétrole, distribution de médicaments, produits laitiers, sucre, etc.). Ainsi, une
réforme nécessaire à la loi de la concurrence est sans cesse repoussée. De plus, les autorités ont suspendu en mars
2015 la procédure pour intégrer l’Alliance du Pacifique. En outre, des taxes à l’importation de riz (passage de
35% à 62%) pour protéger les producteurs nationaux ont été adoptées début 2015, nécessitant des négociations
bilatérales avec l’Uruguay et l’Argentine pour éviter une procédure devant l’OMC. Enfin, la procédure en cours
de ralliement à l’OCDE semble diviser au sein du gouvernement, les sujets d’ouverture des marchés et de
concurrence étant au centre des discussions7.
Niveau de développement : le PIB par habitant s’établit à 10 415 USD courants en 2014 (mais 14 918 USD
courants en parité de pouvoir d’achat). Son IDH le place 68ème sur 187 pays (rapport PNUD publié en 2014) et le
taux de pauvreté ressort à 21,7% en 2015 d’après l’Institut National de la Statistique (INEC).
Avantages comparatifs et structure de l’économie : le Costa Rica présente des indicateurs de développement et
de compétitivité supérieurs à ceux de ses voisins centraméricains (hors Panama). Le pays parvient ainsi à
préserver à ce stade la compétitivité d’une économie essentiellement tournée vers le développement du secteur
exportateur et l’attraction de flux d’investissements productifs, en particulier dans le secteur des services. Les
principaux avantages compétitifs au niveau de la sous-région sont la diversification de l’économie et le
relativement bon niveau d’éducation et de qualification de la main d’œuvre, même si sur ces aspects le pays reste
en-deçà des pays de l’OCDE. Toutefois, le pays souffre plus récemment d’une perte de compétitivité :
notamment, l’absence d’ajustement du taux de change (voir partie sur la politique monétaire pour l’explication
de cette stabilité) est un handicap important comparativement à d’autres pays dont la monnaie s’est dépréciée ;
1
Le pays exportait principalement des biens alimentaires dans les années 1960 ; en 2014, les matériels électriques et les
matériels électroniques de pointe représentent 42,1% des exportations.
2
La somme des exportations et des importations représente 58% du PIB en 2014.
3 er
1 investisseur et partenaire commercial : 39% des IDE entrants, 37,3% des exportations et 47,1% des importations du
pays en 2014. ALE CAFTA-DR entré en vigueur en 2009.
4
Amérique Centrale (marché commun centraméricain - MCCA), Mexique (ALE entré en vigueur le 1er juillet 2013),
Colombie (signature en mai 2013) et Pérou (entrée en vigueur en juin 2013)
5
ALE avec la Chine en août 2011 - le Costa Rica étant le seul pays d’Amérique centrale à avoir établi des relations
diplomatiques avec la Chine dès 2007 -, entrée en vigueur de l’ALE avec Singapour en juillet 2013
6
Accord d’association entre l’UE et l’Amérique Centrale, entré en vigueur le 1 er octobre 2013 pour le Costa Rica.
7
Le pays a formellement initié le processus d’adhésion en avril 2015 et la « feuille de route » pour le processus d’adhésion
a été approuvée en juillet 2015.
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le secteur agricole notamment est en difficulté. En 2015, le pays a ainsi perdu une place au classement en termes
de compétitivité du World Economic Forum8.
Performances sur le long terme : après avoir subi les effets de la crise de 2009 (-1% du PIB), le Costa Rica a
renoué avec la croissance enregistrant depuis des résultats encourageants (+5% en 2010, +4,5% en 2011, +5,2%
en 2012), même si une légère décélération a été entrevue en 2013 et 2014 (+3,4% et +3,5%), en raison de
l’absence de dynamisme de la reprise de l’activité aux Etats-Unis et de la persistance de difficultés budgétaires
et financières en Europe, ses deux premiers partenaires commerciaux.
Place du secteur privé : l’économie est plutôt libéralisée. L’investissement privé représente 16,4% du PIB en
2013, contre 3% pour l’investissement public. En 2014, l’investissement privé a augmenté de 4,5% alors que
l’investissement public a reculé de 2,2%. Néanmoins, il existe plusieurs monopoles d’Etat (entreprise d’électricité
et de télécommunications ICE, institut qui administre et opère les aqueducs et les égouts et facture le service de
l’eau AyA, entreprise de raffinage de pétrole RECOPE, etc.) ainsi que des monopoles locaux de services publics
(distribution de l’eau). Les ouvertures de capital des entreprises publiques paraissent peu viables politiquement,
même si la question de l’ouverture à la concurrence du secteur de l’énergie apparaît critique étant donné le
manque de productivité et la cherté des prix.
Eléments d’analyse conjoncturelle
Performance récente de la croissance : les prévisions à court terme montrent un ralentissement de l’économie,
du fait de l’érosion de la compétitivité et de l’effet de la sortie d’Intel en avril 2014. Les prévisions ont récemment
été revues à la baisse par le FMI qui prévoit +3% pour 2015 et +4% en 2016, mais ces prévisions pourraient être
trop optimistes : la tendance-cycle de l’IMAE en glissement annuel est en baisse régulière et est passée de 3,3%
en janvier 2015 à 2,3% en août 2015, et les exportations sont en baisse de 16% en termes nominaux sur janvierjuillet 2015 par rapport aux mêmes mois de 2014.
Moteurs de la croissance (consommation, investissement, commerce extérieur) : la croissance en 2014 a été
tirée principalement par la demande intérieure (consommation privée +3,9% et consommation du gouvernement
+3,5%) et la hausse des investissements du secteur privé (+6,3%) soutenus par l’accroissement des crédits
octroyés (+19,2%), notamment au secteur privé non-financier (+17,6%). Cela a permis de contrebalancer la
baisse de 3% des exportations et de 2,2% de l’investissement public.
Situation du commerce extérieur : le déficit courant est resté stable en 2014 à 2,4 Mds USD soit 4,9% du PIB
selon le FMI (contre 5% en 2013) malgré la réduction du déficit commercial (6,2 Mds USD en 2014 contre 6,6
Mds USD en 2013). En 2014, les exportations ont diminué de 3% à 11,2 Mds USD et les importations ont diminué
de 3,3% à 17,5 Mds USD.
Flux d’IDE : la balance des paiements demeurait déficitaire en 2014 du fait de la réduction des flux d’IDE
entrants (2,7 Mds USD en 2013 soit 5,4% du PIB, et 2,1 Mds USD en 2014 soit 4,2 % du PIB). L’immobilier
(dont touristique) reste le premier poste d’attraction des IDE en 2014 (762,1 MUSD, 35%), suivi des services
avec en particulier l’externalisation informatique (centres d’appel) et les services IT (745 MUSD, 34%), puis de
l’industrie manufacturière (394 MUSD, 18%).
Dépendance aux financements externes : la dette externe est de 21 Mds USD au S1 2015, en hausse de 8,3%
par rapport à décembre 2014 ; elle atteint ainsi 40,2% du PIB.
Il se positionne ainsi en 52ème position, devant le Mexique (57ème) mais derrière certains émergents d’Amérique latine
auxquels il prétend se mesurer tels que Panama (50ème) ou le Chili (35ème)
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Politique économique
Policy mix : l’Etat-Providence est une réalité au Costa-Rica : la santé, l’éducation et la justice sont des postes de
dépense extrêmement importants et protégés par la Constitution. Toutefois, le niveau élevé d’évasion fiscale (67% du PIB), des exemptions fiscales (6% du PIB) et des conditions de traitement des fonctionnaires
(augmentation des salaires plus vite que l’inflation, retraites élevées, etc.) menacent l’équilibre des comptes
publics et la survie de ce modèle. Diverses mesures fiscales pourraient être adoptées d’ici fin 2015 mais seront
largement insuffisantes ; au contraire, l’augmentation de la TVA, de l’impôt sur le revenu, et une réforme de
l’emploi public nécessiteront une négociation difficile entre le gouvernement, le Congrès, les partenaires privés,
les syndicats et l’opinion publique. La fragmentation politique du Congrès et la fragilisation du gouvernement
par des annonces contradictoires n’invitent pas à l’optimisme.
Pro ou contra cyclicité de la politique budgétaire : la trajectoire des finances publiques est très préoccupante9.
La politique budgétaire donne la priorité au maintien de la masse salariale des fonctionnaires au détriment de
l’investissement productif10.
Inflation et politique monétaire/ de change : le pays est en déflation depuis 3 mois (de 5.1% g.a. en décembre
2014, l’inflation a rapidement baissé pour atteindre -0.3% g.a. en juillet 2015, -0.7% g.a. en août et -0.86% g.a.
en septembre). La Banque centrale a abandonné le 30/1/2015 son système de bande pour passer à un régime de
flottation administrée (interventions en cas de volatilité ou de déviation par rapport aux fondamentaux).
Toutefois, le colon reste fixe voire s’apprécie depuis début 2015 : en effet, le gouvernement se finance pour 2/3
en colons sur le marché interne, et le manque de concurrence conduit à une augmentation de la part de la valeur
ajoutée en colons par rapport à la valeur ajoutée en dollars (non-ajustement des prix de détail en colons, baisse
des prix des matières premières et donc des importations en dollars). La Banque centrale a baissé son principal
taux d’intérêt directeur à 6 reprises entre janvier et octobre 2015 mais le mécanisme de transmission monétaire
est grippé par l’importance des émissions du gouvernement sur le marché domestique qui se substitue à l’offre
de crédit, empêche la baisse des taux en colons et explique la dollarisation croissante du système financier.
Secteur bancaire
Taille du secteur et structure : les crédits au secteur privé représentent 55,1% du PIB en 2014, en augmentation
depuis 2011.
Dollarisation et évolution des crédits (volume et taux) : voir politique monétaire.
Mesures de soutien et réformes en matière de supervision : le secteur bancaire est simple (très peu de produits
dérivés), liquide et bien capitalisé. La dollarisation est le principal risque : 70% des prêts en dollars sont accordés
à des non-générateurs de dollars.
Perspectives et réformes structurelles
Stratégie et modèle de croissance : le Costa-Rica doit réinventer son modèle de croissance en diminuant le niveau
de déficit et de dette et en acceptant davantage de concurrence dans les secteurs clés.
Climat des affaires : Le Costa Rica a gagné 25 places dans le classement Doing Business 2016 publié par la
Banque Mondiale (58ème place sur 189 pays en 2016, contre 83ème place en 2014). L’indice des entreprises en
matière de confiance dans l’économie (IEC) se situe à 5,9/10 au T1 2015 contre 6,50 et 6.25 respectivement au
T1 2014 et au T2 2014.
9
Déficit public de 5,7% du PIB en 2014 et dette publique de 39,8% du PIB en 2014 selon le FMI (44,5% selon les autorités).
Les dépenses des fonctionnaires représentent 38% des dépenses publiques et 7,3% du PIB en 2013. En revanche, les
investissements publics représentaient 0,9% du PIB en 2014.
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Forces et faiblesses structurelles (R&D, marché du travail, concurrence, corruption, éducation…) : les coûts
économiques de la violence et des crimes se chiffrent à 3,6% du PIB (contre 10% environ dans les autres pays
d’Amérique centrale). Le système d’éducation publique fonctionne mieux que chez ses voisins du Nord, la main
d’œuvre est relativement bien formée et productive et les dépenses en R&D demeurent élevées pour la région
(0,5% du PIB). Le secteur académique déplore toutefois un manque de main d’œuvre qualifiée, ce qui contribue
à une inflation des salaires des professionnels et techniciens. L’absence d’accord sur une réforme fiscale et la
faible probabilité de son adoption à court terme sont la principale difficulté à laquelle fait face la classe politique
et le corps social dans son ensemble. Le pays semble être tombé dans une certaine inertie, sur le plan social,
politique et économique, dont il doit sortir pour faire face aux défis structurels qui se posent.
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Annexe statistique
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