
1
Chapitre 1 : Introduction
1.1. L’objectif de l’étude
Pour exprimer une hypothèse, les langues néolatines modernes utilisent différents
temps et modes dans les phrases conditionnelles construites avec si. Si nous examinons les
trois types principaux de phrases conditionnelles – phrases relevant du futur, phrases
relevant du présent et phrases se rapportant au passé –, nous pouvons voir que ce sont les
différents temps de l’indicatif qui sont employés dans la protase en français moderne, alors
qu’en portugais ce sont les différents temps du subjonctif qu’on y trouve. En ce qui
concerne l’apodose, nous y trouvons le futur de l’indicatif ou le présent de l’indicatif, le
conditionnel présent et le conditionnel passé aussi bien en français moderne qu’en
portugais moderne, mais la langue portugaise peut substituer l’imparfait de l’indicatif au
conditionnel présent et le plus-que-parfait composé de l’indicatif au conditionnel passé.
Notre intention est de présenter et d’analyser toutes les structures utilisées dans les
phrases conditionnelles françaises et portugaises des XIVe-XVe siècles, d’étudier l’emploi
des différents temps et des modes dans ces phrases. Nous avons choisi cette période car, en
ce qui concerne l’évolution des phrases conditionnelles françaises, c’est une époque que
nous pourrions appeler « période de transition », car l’imparfait du subjonctif est encore
utilisé aussi bien dans la protase que dans l’apodose des phrases conditionnelles, il peut
encore se référer au présent ou au passé, mais, en ce qui concerne les phrases relevant du
présent, la construction moderne avec l’imparfait de l’indicatif et le conditionnel présent
est déjà prédominante. Le plus-que-parfait du subjonctif est également utilisé dans la
protase et dans l’apodose des phrases conditionnelles relevant du passé et nous trouvons
déjà des exemples pour l’emploi du plus-que-parfait de l’indicatif et du conditionnel passé.
En ce qui concerne l’évolution des phrases conditionnelles portugaises, à notre
connaissance, aucune étude de l’envergure de celle de Wagner1 n’a été faite. Leão a publié
en 1961 son œuvre sur les phrases conditionnelles portugaises construites avec se. Cette
étude a le mérite de nous donner un aperçu des différentes structures utilisées dans les
textes qu’elle a analysés, elle nous présente leur fréquence au cours des siècles dans
plusieurs tableaux. Mais, malheureusement, nous n’y trouvons aucune autre analyse, elle
n’analyse pas l’emploi des différents temps et des modes, elle ne parle pas de la valeur
1WAGNER, Robert Léon (1939) : Les phrases hypothétiques commençant par « si » dans la langue française
des origines à la fin du XVIe siècle.