l`économie-monde multipolaire

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Corrigé de la dissertation l' « économie-monde multipolaire »
Le sujet « l'économie-monde multipolaire » a fait l'objet récemment de nombreuses discussions,
essais dans les sphère économique ou encore historienne. Citons à titre d'exemple les ouvrages de
Maddison Angus, L’Économie mondiale : statistiques historiques, OCDE, 2003 et d'Immanuel
Wallerstein, L’Après-Libéralisme, Essai sur un système-monde à réinventer, L’Aube, 2003.
Il convient, avant de procéder à une analyse globale et exhaustive du sujet, d'en définir les termes
clef.
On définit comme « économie-monde » un concept désignant un système autonome et intégré
d'échanges internationaux centré sur une ville ou un Etat qui regroupe l'essentiel des fonctions de
commandement économique mondial. Ajoutons que c'est l'historien Fernand Braudel qui en avait
déterminé les contours. Le qualificatif de « multipolaire » mérite également d'être analysé.
Littéralement, cela signifie qu'il existe plusieurs pôles, que la polarisation est multiple et pas unique.
Rappelons que la polarisation est l’attraction qu’exerce un lieu sur un espace plus ou moins étendu
et hétérogène. Celui-ci se trouve dans une situation de dépendance à l’égard de ce centre.
L'économie-monde aurait donc plusieurs centres, plusieurs pôles. D'aucuns considèrent que c'est le
cas depuis le début des années 1970'. Elle se serait substituée aux économies monde britannique et
américaine.
Après cette présentation et cette analyse des termes du sujet, il nous est possible d'énoncer la
problématique suivante :« quels sont les grands mécanismes de fonctionnement de l'économiemonde multipolaire qui s'est substituée au début des années 1970 à l'économie-monde américaine ?
Pour y répondre, notre étude suivra un plan en trois axes. Nous nous focaliserons dans un
premier temps sur la restructuration économique et des transports matériels visible à partir des
années 1960' préfigurant l'émergence d'une économie-monde multipolaire. Les facteurs sont
nombreux : méthodes de travail affinées, utilisation de moyens de communication standardisés et
perfectionnés. En second lieu, on en étudiera les conséquences commerciales. Le volume des
échanges,des flux a-t-il augmenté ? Quels facteurs « immatériels » ont joué ? Enfin, dans le dernier
pan de notre analyse, on mettra en avant les répercussions spatiales des facteurs narrés dans les
deux premières parties et l'avènement d'une économie-monde multipolaire.
D'emblée, il nous apparaît pertinent d'évoquer la mise en place de nouvelles méthodes de travail et
de production. Le Fordisme et le Taylorisme avaient constitué des « révolutions » au début du XX e
siècle. Ces deux conceptions vont être perfectionnées au cours des années 1960'. En effet, les FTN ,
ou firmes trans-nationales, toujours plus nombreuses, ont petit à petit instauré la D.I.T. Ces initiales
signifient Division Internationale du Travail. Cela signifie que les étapes de conception,
construction ( ou fabrication) et de vente sont éclatées et ne s'effectuent pas au même endroit. Ce
processus a été mis en place afin de juguler les effets du ralentissement de la croissance économique
perceptible dès les années 1960'. ( le coup de grâce sera porté par les chocs pétroliers des années
1970')
Très fréquemment, la conception s'effectue dans des laboratoires ou bureaux d'étude situés dans
les pays du siège social de la FTN. La fabrication, à la chaîne, se fait dans des pays-ateliers,
essentiellement en Asie de l'Est. La main d'oeuvre est très peu payée. Les salaires sont bas. Les
entreprises effectuent ainsi des énormes gains au cours de cette étape. Cela leur permet de produire
souvent plus et de dégager des bénéfices importants. La formulation, désormais célèbre du «
travailler plus ( ou produire plus) pour gagner plus correspond parfaitement à cette démarche.
La D.I.T s'accompagne aussi depuis quelque temps de la logique du Toyotisme. Celui-ci a vu le
jour dans les usines...Toyota ( d'où son nom) au Japon au cours des années 1960'. Cette nouvelle
méthode est en soi un bouleversement. La production ne s'effectue plus désormais à la demande de
l'entrepreneur mais du client. Le toyotisme se caractérise par une production en flux tendus en
minimisant les stocks.
Il convient d'évoquer aussi l'amélioration des moyens de transports. Celle-ci a été fulgurante
depuis l'après-guerre seconde-guerre mondiale. Désormais, les grandes villes mondiales, les mieux
connectées bien sûr, sont joignables en à peine plus d'une journée par avion. Ainsi, il faut environ
24 heures par exemple pour faire Paris-Sydney. Ce gain considérable en temps permet de lier plus
facilement les différents espaces du monde. Les distances se contractent et le volume des échanges,
augmente fortement a priori. Ajoutons que cette amélioration des transports ne concerne pas que
l'avion. Les trains ( le TGV par exemple) , les bateaux, les voitures vont beaucoup plus vite
qu'auparavant. Les distances-temps se réduisent donc considérablement.
Evoquons la conteneurisation du monde, facteur primordial de l'augmentation des échanges et
l'instauration d'une économie-monde multipolaire. Depuis une quarantaine d'années, le conteneur
est le mode de transport phare et standard de la mondialisation économique. Rappelons que celle-ci
se définit comme le processus de mise en relation des territoires éloignés se traduisant par la
croissance rapide des échanges et des marchés à l'échelle internationale.
La conteneurisation a joué un rôle prépondérant. Le conteneur, caisson métallique de 7 à 8 mètres
de long est l'outil standard de transport. Un de ces objets peut ainsi être chargé à Singapour
( premier port-conteneurs du monde) rempli d'objets divers fabriqués dans les pays ateliers d'Asie
puis débarqué en quelques minutes dans les ports occidentaux tels Le Havre ( par Port 2000) ou
encore Rotterdam. Le conteneur est ensuite posé sur camion, train ou bateau puis amené jusqu'aux
plate-forme de distribution.
Il convient maintenant d'évaluer avec précision les répercussions de ces mutations des transports
et des méthodes de travail sur le volume des échanges mondiaux.
En 1800, selon l'OCDE, le volume des échanges était estimé à environ 20 milliards de dollars. En
2007, record en la matière, on estimait celui-ci à 16 000 milliards de dollars La restructuration
économique, l'amélioration des transports a joué un rôle important dans la croissance des échanges
a été indéniable. Cette augmentation énorme dudit volume implique l'idée d'une hausse
susbtantielle (énorme) des flux économiques et commerciaux.
Cette croissance des échanges, cette inter-connexion évidente entre les espaces de production et de
vente a été rendue aussi par d'autres facteurs « immatériels » ou s'en rapprochant.
Tout d'abord, les FTN( il y a quelques années appelées FMN , firmes multinationales) bénéficient
d'une quasi-absence des tarifs douaniers. Celle-ci avait été enclenchée en 1947 par les accords du
GATT. Ces initiales signifient General Agreement on Tarifs and Trades. Ces dispositions ont été
remplacées en 1995 par l'OMC, organisation mondiale du commerce. Celle-ci continue de concourir
à la baisse des taxes aux frontières et à contribué au renforcement d'une économie mondialisé ou les
acteurs commerciaux ne seraient pas un mais multiples.
La numérisation du monde a aussi facilité les échanges immatériels et a renforcé le rôle des
bourses. La plus connue d'entre elle est bien sûr Wall Street, lieu emblématique de la finance et de
la capitalisation mondiale. Internet a ainsi dématérialisé les échanges, les rendant plus rapides
( quelques fractions de seconde pour un email) et par conséquent beaucoup plus volumineux. Cette
inter-connexion sans cesse renforcée entre les différents lieux de décision et espaces de production,
de vente a incontestablement joué sur l'augmentation énorme des échanges.
Il nous apparaît cependant pertinent de faire remarque que cette connexion et dématérialisation des
échanges n'est pas sans conséquence négative. En effet, de plus en plus de traders, d'entrepreneurs
( l'exemple Jérôme Kerviel est édifiant) sont déconnectés de la réalité et contribuent au dérèglement
et à la fragilité de l'économie-mondiale.
Après avoir évoqué les différents facteurs, après avoir constaté l'expansion énorme du volume des
échanges et des flux immatériels, il nous apparaît bien sûr indispensable de s'attarder sur les
conséquences spatiales de l'avènement d'une économie-monde multipolaire.
Aujourd'hui l'économie mondiale n'est pas dominé par un seul espace ou une seule puissance
comme auparavant. La Grande-Bretagne, les Etats-Unis ne sont plus les hyper-puissances
économiques. La Triade pourrait revêtir cet habit. Elle concentre, en effet, 80% des échanges
mondiaux. Elle est composée de l'Amérique du Nord, de l'Europe Occidentale, notamment l'Union
Européenne et du Japon. La place de ce dernier est contesté par nombre d'économistes. Selon eux,
le pôle asiatique de la Triade est désormais composé du Japon mais aussi de la Corée du Sud et des
villes littorales de la Chine.
Ces acteurs dominants, décisionnaires de l'économie-monde multipolaire sont de plus en plus
contestés actuellement. Les anciens pays-ateliers, comme la Chine ou l'Inde sont devenus des
concurrents très sérieux. Ces derniers ont crée leurs propres entreprises, ont adopté les techniques
de production des FTN « occidentales » et offrent des objets, des produits à prix défiant ...toute
concurrence. Ces pays sont aujourd'hui appelés puissances émergentes. Les BRICS en seraient les
fers de lance. Le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine, et l'Afrique du Sud constitueraient cet ensemble
géographique. Nous employons ici le conditionnel. En effet, cette appellation est sujette à de
nombreuses polémiques. La Russie, ne serait-elle pas une puissance ré-émergente ?
Ces cinq Etats, ont quoiqu'il en soit réalisés 20% du P.I.B mondial en 2011. Ils incarnent
l'émergence d'une nouvelle concurrence. Ils sont aussi appelés N.P.I : nouvelles puissances (ou
pays) industrialisé(e)s. D'autres pays, notamment asiatiques, jouent un rôle prépondérant dans
l'économie mondiale actuellement. On les appelle les Tigres ou Dragons. Singapour, Taïwan, la
Malaisie, la Corée du Sud en font partie. ( le qualificatif employé vaut aussi bien sûr pour la Chine).
D'autres puissances du proche et moyen Orient, de l'Amérique Latine ont une influence de plus en
plus grande dans l'économie mondiale. Le Qatar en est le plus bel exemple.
L'économie mondiale forme aujourd'hui une boucle. Le monde est en effet interconnecté entre les
différents pôles dominants. La Triade a toujours un rôle primordial. La plupart des grandes FTN y
possèdent leurs sièges sociaux, leurs bureaux d'étude. C'est également dans ces espaces que se
vendent encore la majorité des produits. Leur influence, leur puissance se réduit au profit de
nouveaux acteurs aux ressources humaines, économiques ou énergétiques importantes. La Chine est
ainsi devenue en 2011 la 2ème puissance économique mondiale, assez loin derrière certes les EtatsUnis. Ces nouveaux acteurs veulent se faire entendre. La création du G20 le montre. Celui-ci
prendrait-il plus d'importance que le G8 ?
L'avenir de l'économie mondiale est en tous les cas très incertain. Depuis 2008, les économies
occidentales sont plongées dans le marasme : crise, dépression, chômage, endettement sont des
maux inquiétants. Et si le XXI ème siècle était le siècle d'une économie-monde chinoise ?
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