Énoncé économique de l’automne 2016
1er novembre 2016
Aperçu
Plus tôt aujourd’hui, le gouvernement fédéral a publié l’Énoncé économique
de l’automne dans lequel était confirmé, comme l’a récemment souligné le
ministre des Finances, M. Morneau, que les prévisions budgétaires risquaient
d’être infirmées par une conjoncture économique plus faible que prévu. Mal-
gré l’absorption d’un ajustement annuel en fonction du risque, une révision à
la baisse des perspectives économiques a réduit le potentiel de croissance des
revenus et contribué à générer un déficit budgétaire cumulatif un peu plus
élevé pour la période de projection. Le rapport, qui fait état de la situation
depuis le début de l’exercice 2016-2017, tient compte des résultats supé-
rieurs aux attentes enregistrés en 2015-2016, mais l’ajout de nouveaux inves-
tissements dans les infrastructures et d’autres initiatives stratégiques ont
amoindri les économies réalisées, de sorte que l’actuel déficit budgétaire ne
devrait diminuer que légèrement. Fait décevant, aucune cible n’a été fixée
quant à un retour à l’équilibre budgétaire malgré l’inclusion de prévisions
relatives à l’exercice 2021-2022, pour lequel le déficit budgétaire prévu est
de 14,6 milliards de dollars, alors que peu de mesures laissent entrevoir un
effort en vue de revenir à un excédent. Le gouvernement entend plutôt avoir
recours aux dépenses pour stimuler la croissance à long terme.
La mise à jour présentée aujourd’hui annonçait principalement des dépenses
supplémentaires en infrastructures destinées à stimuler le potentiel de crois-
sance, mais le ministre Morneau a souligné que les initiatives du budget de
2016 sont sur la bonne voie et qu’elles exerceront leur effet sur l’économie
au cours de l’année courante. Malgré les retombées économiques des me-
sures mises en œuvre depuis le début de l’année, la mise à jour reflétait une
conjoncture de faible croissance persistante depuis le budget du mois de
mars. Des hypothèses fondées sur une faible croissance économique devenue
la « nouvelle norme » ont contribué au maintien d’importants déficits budgé-
taires dans le plan financier relatif à la période de prévision. Pour l’exercice
courant, un déficit estimatif de 25,1 milliards de dollars vient s’ajouter au
déficit de 1,0 milliard enregistré en 2015-2016 (par rapport à une estimation
de déficit de 5,4 milliards de dollars dans le budget 2016). D’autres déficits,
soit 27,8 milliards de dollars, 25,9 milliards de dollars et 19,3 milliards de
dollars, devraient suivre pour la période allant de l’exercice 2017-2018 à
l’exercice 2019-2010 respectivement.
Analyse
Les prévisions macroéconomiques sur lesquelles se fondent les hypothèses
formulées dans le budget ont légèrement été révisées à la baisse pour tenir
compte des conditions difficiles qui ont prévalu sur la scène économique
depuis le budget du mois de mars. Le consensus des prévisionnistes du sec-
teur privé établit à 1,2 % la croissance du PIB réel en 2016 et à 2,0 % en
2017 (par rapport à 1,4 % et 2,2 % respectivement dans le budget). Parce
qu’on prévoit que la pression baissière exercée sur l’inflation des prix à
l’échelle de l’économie s’atténuera à mesure que les cours pétroliers se re-
dresseront, on s’attend à ce que l’indicateur le plus large de l’assiette fis-
cale, le PIB nominal, signale une accélération du rythme de croissance à
4,3 % (et non pas à 4,6 %, comme prévu auparavant) en 2017 et à 1,8 %
(plutôt que 2,3 %) en 2016. Ces prévisions reflètent, pour 2016, un PIB no-
minal inférieur de 10 milliards de dollars au niveau prévu au mois de mars.
La prudence, qui se manifeste par une révision à la baisse des prévisions de
croissance économique, vient remplacer le précédent conservatisme intégré
Laura Cooper
Économiste
(416) 974-8593
-1.0
-25.1 -27.8
-25.9
-19.3 -16.8
-14.6
-60
-50
-40
-30
-20
-10
0
10
20
30
2000-01
2001-02
2002-03
2003-04
2004-05
2005-06
2006-07
2007-08
2008-09
2009-10
2010-11
2011-12
2012-13
2013-14
2014-15
2015-16
2016-17
2017-18
2018-19
2019-20
2020-21
2021-22
Budget 2016 du 22 mars
Mise à jour du 1er novembre
Prévisions du gouvernement
Source : Ministère des Finances du Canada, Recherche économique RBC
Solde budgétaire du gouvernement fédéral
Milliards $
5
10
15
20
25
30
35
40
45
2002-03
2003-04
2004-05
2005-06
2006-07
2007-08
2008-09
2009-10
2010-11
2011-12
2012-13
2013-14
2014-15
2015-16
2016-17
2017-18
2018-19
2019-20
2020-21
2021-22
% du PIB
Dette du gouvernement fédéral
Prévisions du gouvernement
Source : Ministère des Finances du Canada, Recherche économique RBC
2016 CHUTE DE DÉCLARATION ECONOMIC | 1 NOVEMBRE 2016
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que traduisait l’inclusion d’un ajustement annuel en fonction du risque. Fait à noter, les projections ne tenaient pas compte du « 
coussin » annuel de 6 milliards de dollars (équivalant à l’ajustement de 40 milliards de dollars). La révision à la baisse des perspec-
tives de croissance du PIB nominal pour tenir compte d’un manque à gagner de 40 milliards de dollars en 2020 équivaut, comme l’a
souligné le gouvernement, à l’ajustement auparavant prévu dans les hypothèses de référence. En conséquence, la perspective de ra-
lentissement de la croissance « absorbe » cet ajustement en fonction du risque. Les risques liés aux prévisions économiques, a-t-on
souligné, sont plus équilibrés qu’au moment du budget du mois de mars ; toutefois, le gouvernement continuera à surveiller les
risques de détérioration des perspectives et verra s’il convient d’inclure un ajustement en fonction du risque dans le budget de 2017.
Malgré la tendance à court terme relativement stagnante de la croissance économique, le ministre des Finances, M. Morneau, a affir-
mé son engagement à réduire le ratio de la dette à l’économie au Canada. Dans un discours prononcé devant la Chambre de com-
merce de la région de Toronto la semaine dernière, il a souligné que la réduction du ratio de la dette au PIB reste la méthode de ges-
tion budgétaire qu’applique le gouvernement. C’est ce qu’on a vu aujourd’hui, puisque le ratio de la dette nette au PIB devrait at-
teindre 31,8 % à la fin de l’exercice 2016-2017 (et non pas 32 % comme prévu dans le budget de 2016) pour ensuite monter au cours
de l’exercice 2018-2019, puis retrouver sa tendance baissière et atteindre 31,0 % en 2020-2021 (plutôt que 30,9 %) et de 30,4 % en
2021-2022.
Avant la mise à jour présentée aujourd’hui ont circulé des rumeurs voulant qu’y soient prévues de nouvelles politiques et notamment
les recommandations « audacieuses » récemment formulées par le Conseil consultatif en matière de croissance économique. Le mi-
nistre des Finances, M. Morneau, a confirmé ces propos dans un récent commentaire signalant que l’énoncé prendrait en considéra-
tion les recommandations du Conseil et indiquerait comment le gouvernement entend amplifier l’efficacité des mesures prévues dans
le budget afin qu’elles aient une plus forte incidence sur l’économie. Le gouvernement a effectivement présenté son plan visant à
mettre à profit les investissements déjà annoncés pour tenir compte de la « nécessité d’investir afin de stimuler une croissance du-
rable ».
L’augmentation des dépenses en infrastructures était indubitablement un élément clé de l’Énoncé économique de l’automne. Le bud-
get de 2016 prévoyait 11,9 milliards de dollars d’investissements répartis entre le transport en commun, l’infrastructure verte et
l’infrastructure sociale. La mise à jour d’aujourd’hui décrit en détail comment évolue le programme d’infrastructure actuel ; toute-
fois, il propose un investissement supplémentaire de 81 milliards de dollars réparti sur une période de onze ans à compter de l’exer-
cice 2017-2018. Le prolongement et l’expansion du programme prendront la forme d’un investissement de 25,3 milliards de dollars
dans le transport en commun jusqu’en 2027-2028, puis d’un investissement de 21,9 milliards de dollars attribué à chacun des élé-
ments que sont l’infrastructure verte et l’infrastructure sociale. Le commerce, le transport et l’investissement dans les collectivités
rurales et nordiques représentent un montant supplémentaire total de 12,1 milliards de dollars d’investissement. Ces ajouts aux pro-
grammes d’infrastructure actuels font en sorte que l’investissement total en infrastructure devrait représenter un montant cumulatif
de 186,7 milliards de dollars en 2027-2028.
Pour financer cet ambitieux programme, le gouvernement crée une Banque de l’infrastructure du Canada, comme l’avait recomman-
dé le Conseil consultatif. La Banque aura pour mandat de puiser dans le vaste réservoir de capitaux que détiennent les caisses de re-
traite mondiales pour multiplier le niveau d’investissement et investir dans des projets d’infrastructures générant des revenus. En
2008-09 2015-16 2016-17 2017-18 2018-19 2019-20 2020-21 2021-22
Opérations budgétaires
Recettes Budgétaires 295,5 291,1 303,3 313,2 326,2 339,5 355
Dépenses de programmes 270,8 291,3 306,5 313,2 317,2 326 336,5
Frais de la dette publique 25,6 24,9 24,6 25,9 28,2 30,3 33,1
Total des dépenses 296,4 316,1 331 339,1 345,4 356,3 369,6
Équilibre budgétaire -1 -25,1 -27,8 -25,9 -19,3 -16,8 -14,6
Dettedéral 616 642 669,8 695,7 715 731,8 746,4
Pourcentage du PIB
Recettes budgétaires 14,9 14,4 14,4 14,3 14,4 14,4 14,5
Dépenses de programmes 13,7 14,4 14,6 14,3 14 13,8 13,7
Frais de la dette publique 1,3 1,2 1,2 1,2 1,2 1,3 1,3
Équilibre budgétaire 0 -1,2 -1,3 -1,2 -0,8 -0,7 -0,6
Dette fédéral 31,1 31,8 31,8 31,9 31,5 31 30,4
Projections
Projections de la mise à jour financière novembre 2016 (en milliards de dollars)
2016 CHUTE DE DÉCLARATION ECONOMIC | 1 NOVEMBRE 2016
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tirant parti des connaissances acquises dans le secteur privé et en collaborant avec tous les paliers de gouvernement, la Banque de
l’infrastructure cherchera à repérer une série de projets éventuels et à choisir les investissements offrant « les résultats le plus favo-
rables sur les plans économique, social et environnemental ». Le mode de financement de la Banque est toutefois plus obscur. Le
gouvernement fédéral y injectera 35 milliards de dollars de capital initial, y compris les 15 milliards provenant du financement ac-
tuellement attribué à l’infrastructure. Les 20 milliards de dollars manquants proviendront d’un « large éventail d’instruments finan-
ciers », y compris le financement au moyen d’emprunts et de participations au capital. Cela reflète un important manque à gagner au
chapitre du financement de l’infrastructure, mais le gouvernement juge que la Banque de l’infrastructure attirera du secteur privé
quatre à cinq dollars d’investissement pour chaque dollar de fonds publics.
Il faut souligner que cet investissement massif en infrastructure n’est pas réparti également sur la période de projection. Près des
deux tiers (52,4 milliards de dollars) du montant de 81,2 milliards de dollars d’investissement seront dépensés au cours des cinq der-
nières années du programme, soit à compter de l’exercice 2023-2024.
Fait important, le rapport d’étape sur la situation financière du pays prend en compte non seulement l’incidence des mesures budgé-
taires annoncées depuis le budget du mois de mars, mais aussi celle des nouvelles mesures de dépenses envisagées. Ces mesures con-
sistent notamment en une hausse des niveaux d’immigration, à un coût de 1,1 milliard de dollars, sur une période allant de l’exer-
cice 2017-2018 à l’exercice 2021-2022. Auparavant, avaient été annoncées une bonification du Régime de pensions du Canada (à un
coût financier de 2,3 milliards de dollars, à compter de l’exercice 2018-2019) et une première indexation de l’Allocation canadienne
pour enfants (à 1,7 milliard de dollars sur une période de deux ans commençant en 2020-2021). D’autres initiatives mises en œuvre
au cours de la période intermédiaire écoulée depuis le budget du mois de mars ont donné lieu à un ajustement cumulatif de
7,6 milliards de dollars au titre du déficit budgétaire prévu (surtout en fin de période, le coût net étant de 0,6 milliard de dollars pour
la période de 2016 à 2018 et de 2,7 milliards de dollars en 2021-2022).
Les autres initiatives ou projets annoncés dans l’Énoncé économique comprennent les suivants :
La création du centre Investir au Canada pour attirer l’investissement étranger (218 millions de dollars sur cinq ans).
Le lancement d’une Stratégie en matière de compétences mondiales, qui fixera une norme « ambitieuse » de deux semaines pour
le traitement des visas et des permis de travail.
Une plus grande indépendance du directeur parlementaire du budget et du statisticien en chef du Canada.
Le gouvernement estime être sur la bonne voie en ce qui concerne la mise en œuvre des mesures du budget de 2016, qui visent à
stimuler l’activité économique réelle de 0,5 point de pourcentage au cours de l’exercice 2016-2017. Ces mesures comprennent des
paiements aux ménages sous la forme d’une bonification de l’Allocation canadienne pour enfants et des investissements « importants
pour le logement et l’infrastructure ». Puisqu’un programme de dépenses en infrastructure élargi est lancé et qu’il devrait contribuer
plus fortement à la croissance, nous nous attendons à ce que la Banque du Canada maintienne le degré actuel de détente monétaire.
Le ministre des Finances, M. Morneau, a récemment souligné que l’objectif de son gouvernement est de s’efforcer de trouver un
équilibre entre les mesures à court terme et « l’objectif primordial de garder une vision à long terme ». Le rapport d’étape publié au-
jourd’hui sur l’évolution de la situation budgétaire semble vouloir concrétiser cet objectif au moyen d’un ambitieux programme
d’infrastructure visant à stimuler une croissance durable. Il y a cependant un coût à cela. Il est décevant de constater que les déficits
augmentent tout au long de la période de projection et qu’aucune cible n’a été fixée quant à un retour à un budget équilibré. De sur-
croît, l’absorption de l’ajustement en fonction du risque pourrait se traduire par une augmentation du niveau anticipé de déficit, adve-
nant un imprévu. Cela dit, la possibilité d’avoir recours au financement privé pour soutenir les ambitieux projets du gouvernement
est un facteur positif puisque le Canada fait face à des vents contraires des points de vue de la démographie et de la productivité.
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Hypothèses économiques
(% de variation annuelle)
2016 2017 2018 2019 2020 2021 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Croissance du PIB réel 1,4 2,2 2,2 2 1,9 N/A
1,2 2 1,8 1,8 1,8 1,9
Inflation du PIB 0,9 2,4 2,1 2,1 2,1 N/A
0,6 2,2 1,8 2,1 2 2,1
Croissance du PIB nominal 2,3 4,6 4,3 4,2 4,1 N/A
1,8 4,3 3,7 4 3,9 4
Taux des bons du Trésor - 3 mois* 0,5 0,7 1,6 2,4 2,7 N/A
0,5 0,6 1 1,6 1,9 2,4
Taux des obligations du
gouvernement - 10 ans *
1,6 2,3 3 3,4 3,6 N/A
1,2 1,6 2,1 2,5 2,8 3,3
Taux de chômage 7,1 6,9 6,5 6,4 6,3 N/A
7 6,9 6,8 6,7 6,5 6,2
Croissance du PIB réel des É.-U. 2,3 2,4 2,4 2,2 2,1 N/A
1,6 2,2 2 2 2 2,1
* %, fin de la période
Source: Statistiques Canada, Bureau of Economic Analysis, Recherche économique RBC
Budget
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