Pourquoi le music-hall?
Un rapport direct avec le public, dans un mélange d'humour, de chansons, de danses et de magie nous a
semblé un bon moyen d’écarter tout dogmatisme et d’éviter de nous poser en « donneur de leçons ». Numéros
exploitant les différents talents de l’équipe se succèdent, créant de multiples rebondissements et éclairant le
sujet de multiples facettes, permettant en même temps pour le spectateur une mise à distance et un regard
critique.
Et quoi de mieux pour aborder un sujet qui peut apparaitre rébarbatif que de le traiter de manière ludique et
divertissante, tout en immisçant un regard critique et incisif ?
Nous nous sommes intéressés au répertoire de chansons d'entre-deux guerres, grâce auxquelles la France
entre folle croissance et crise noire, a exorcisé l'argent dans ses cabarets.
Vous entendrez les chansons telles que : « As tu déclaré tes revenus »
(Georges Milton), « Comme une banque » (Josephine Baker), « La crise est finie »
(Danielle Darieux), « Je suis fauché» (Roland Toutain), « Du Fric » (Louis Charco)
ou encore « Dollar » (Gilles et Julien).
D’autres chansons plus contemporaines : de Kurt Weil à Abba, sans oublier les
compositions originales de Daniel Glet complètent et contrastent le tableau.
Vous écouterez l'histoire du vieil orfèvre et de son coffre-fort plein d'or et vous le
verrez exécuter ses tours de passe-passe pour en arriver à devenir un banquier
moderne avec son argent virtuel.
Le personnage du banquier, figuré par une marionnette manipulé par un
ventriloque, détaillera le système bancaire qui crée de l’argent à partir de rien.
Entre le Côté pile du music hall et le côté face des coulisses, le trouble de la dette s’immisce
Entre les numéros et les chansons le spectateur a accès aux coulisses du music-
hall sur le bord de scène ou les trois interprètes viennent se changer et échanger
quelques mots sur le déroulé du spectacle. Le thème de l'argent exploré sur la
scène les pousse à se parler entre eux de leurs petits tracas quotidiens liés à
l'argent. Andrew, craignant de manquer d'argent note toutes ses dépenses dans un
carnet, tandis que Agostino flambe tout et taxe Andrew pour gratter son jeu de
millionnaire. On comprend que Annabelle a pu financer le spectacle avec de
l'argent de sa famille. Elle est néanmoins obnubilée par un SDF qu'elle croise à la
porte du théâtre, ne sachant qu’elle somme juste lui donner … ou pas. Jean-
Christophe, le pianiste, regarde ce petit monde avec un certain détachement.
Ces rapports se développent à l'entr'acte (le grand rideau du music-hall se retourne
pour montrer l'envers du décor) et une fois le rideau tombé : chacun lâche ce qu'il a
sur le cœur au risque de faire exploser le groupe.
Peu à peu, aux seins des numéros eux-mêmes, le clinquant de l’argent se ternit et est remis en question. La
figure de la dette apparait. L’argent s’immisce et fausse nos relations au quotidien.
PROCESSUS DE CREATION
Dès la création de la compagnie 'Tro-Didro' il nous est apparu évident que la démarche de la compagnie serait
de créer des spectacles de A à Z. Dans le processus de création le travail de plateau (en improvisation et
recherche sur un thème choisi) est premier. A partir de celui-ci nait l'écriture. Ainsi pour 'Moi...et Shakespeare',
le personnage du clown élisabéthain ainsi que les monologues que Shakespeare avait écrit pour son clown
fétiche avaient constitué le matériau de base de ce premier spectacle.
Ici, pour « Argent, dette et music-hall ! », c'est le répertoire des chansons françaises des années vingt/trente sur
le thème de l'argent qui a été le point d'appui de cette création.
Les comédiens/ créateurs ont passé une semaine de recherche avec ces chansons en bagage, et ils ont
développé une série de numéros de music-hall (claquettes, tango, ventriloquie, travestissement, magie, lancer
de couteaux) pour répondre à la question - qu'est-ce que l'argent ? Ils ont aussi, pour soutenir leur
argumentation, étudié le documentaire 'l'argent dette' de Paul Grignan, qui explique, en forme de bande
dessinée, l'histoire de l'invention de la monnaie fiduciaire.
L'équipe tenait à ce que le spectacle se nourrisse également de la relation intime que chacun, comme nous
tous, entretient avec l'argent. Pour intégrer cette dimension humaine, chaque comédien s’est exprimé sur son