
La compétence sur le plan culturel est devenue
un sujet d’intérêt dans le domaine de la santé
en Amérique du Nord et dans les ouvrages
d’enseignement médical — un thème dont
l’importance se compare à celle des disparités en
matière de soins de santé, de la qualité des soins et
de l’accès rapide aux soins. Les soins culturellement
appropriés impliquent des éléments touchant à la
relation patient-médecin qui devraient être enseignés
à tous les médecins exerçant au Canada, qui devraient
à leur tour les refléter dans la pratique. Le respect, la
confiance et la compréhension sont les premiers
résultats d’une relation professionnelle culturellement
appropriée; le résultat est simple, mais il a un profond
impact : de meilleurs services de santé.
Nos croyances, nos traditions et nos valeurs peuvent
avoir un important impact non seulement sur nos
perceptions de la santé et de la maladie, mais
également sur nos attentes et nos choix de soins de
santé. Un médecin dont les soins sont culturellement
appropriés est un médecin respectueux de la culture
lorsqu’il discute avec ses patients et leur fournit avis
et traitement médicaux. Il communique avec eux de
manière efficace pour leur permettre de comprendre
les choix de traitement qui s’offrent à eux. Fort
de cette compréhension, le patient joue un rôle
actif dans les soins médicaux qu’il reçoit. La
communication culturellement appropriée donne aux
patients le sentiment que nous comprenons leurs
préoccupations, qu’une relation de confiance s’est
établie et que, surtout, nous les avons traités avec
respect. Nous devons, en tant que médecins,
apporter chaque jour de nombreuses modifications à
notre façon de communiquer avec nos patients pour
leur fournir des soins qui tiennent compte de leurs
diverses particularités culturelles reflétées par la
mosaïque multiculturelle de notre pays.
L’étendue de la diversité au Canada
Le Canada est l’un des pays qui renferme la plus
grande diversité culturelle au monde : 18 p. 100 de
nos concitoyens sont nés à l’étranger — un taux qui
augmente, selon le recensement de Statistique
Canada de 2001. Un nombre croissant de Canadiens
sont originaires de pays non européens, ce qui accroît
la diversité des cultures qui composent le paysage
culturel canadien. Dans l’ensemble, 13 p. 100 de la
population canadienne se compose de minorités
visibles, avec certaines villes, comme Toronto et
Vancouver, dont plus de 35 p. 100 de la population
appartient à cette catégorie.
Plus de 3 p. 100 de la population canadienne est
autochtone et les membres de ce groupe diversifié
ont trop souvent été victimes de stéréotypes qui ne
tiennent pas compte de leur diversité culturelle. Nul
besoin d’examiner les cultures issues de l’immigration
pour voir le défi qui consiste à nous comprendre les
uns les autres. Dans notre pays, les Métis, les Inuits
et les différents groupes des Premières nations sont
des peuples dont l’histoire, les défis, les besoins et
les systèmes de croyances sont différents les uns
des autres, ce qui fait que les soins culturellement
appropriés demeurent un objectif inaccessible pour de
nombreux médecins.
Nous sommes plus éloquents lorsque
nous ne disons mot
La communication non verbale est un élément clé des
soins culturellement appropriés, bien que nous en
tenions peu compte lorsque nous nous efforçons de
communiquer concrètement avec nos patients. C’est
la forme de communication la plus difficile puisqu’il y
a diverses attentes, en fonction des cultures,
concernant les éléments non verbaux, tels que le
contact visuel, l’espace personnel, le langage
corporel, la perception du temps, l’égalité des sexes,
le volume de la voix, le ton et le débit. Prenons un
exemple simple : dans certaines cultures autochtones,
une personne ne regarde pas une autre dans les
yeux. Les yeux sont les « fenêtres de l’âme » et le
contact visuel est considéré comme irrespectueux;
éviter cette violation témoigne évidemment de
respect, sans qu’il soit nécessaire de parler. Dans la
culture nord-américaine, toutefois, le contact visuel
témoigne de l’intérêt, de la sollicitude et de
l’honnêteté. Alors que l’absence de contact visuel
peut être considérée chez les patients autochtones
comme le signe du plus grand respect envers leur
médecin, il peut être interprété par ce dernier comme
venant d’une personne indigne de confiance ou
indifférente.
20 Soigner les patients autochtones : offrir des services culturellement appropriés
« On a besoin de peu de paroles pour dire la vérité. »
— Chef Joseph (Nez Percé)
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