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1.3. Les types de temps à risque climatique à Paris
Olivier Cantat (GEOPHEN-LETG, Université de Caen)
En région parisienne, la notion de risque climatique est étroitement dépendante de son
appartenance au domaine tempéré océanique et de son cadre topographique, contexte
géoclimatique auquel vient se greffer de façon plus moins marquée et durable les influences
urbaines, en liaison avec la diversité des types de temps.
Si le qualificatif de tempéré ne signifie pas sans excès, il est vrai cependant que la
prédominance des grands flux d’ouest propres aux latitudes moyennes et l’absence de relief
faisant obstacle à la propagation des masses d’air d’origine atlantique assurent une certaine
modération aux caractéristiques atmosphériques. Ainsi, les situations synoptiques à risque
climatique sont rares et, quand elles se produisent, leur durée est limitée par le brassage et/ou
le changement des masses d’air qui intervient au bout de quelques jours généralement.
Régionalement, l’occurrence des contraintes thermiques est d’environ 50 jours pour le
froid (Tn <= 0°C) comme pour la chaleur (Tx >= 25°C). A des seuils plus élevés, les cas sont
logiquement plus rares et non nécessairement présents chaque année : sur la période 2001-
2009, les grands froids (Tn <= -5°C) sont intervenus en moyenne à 5 reprises par an et les
fortes chaleurs (Tx >= 30°C) moins de 12 fois. Au cœur de Paris, l’influence de l’urbanisation
est surtout à l’origine d’une réduction sensible de la rigueur et l’intensité du froid (22 jours de
gelées et 1 jour de grand froid en moyenne) mais elle n’intervient guère sur la chaleur (51
jours avec Tx >= 25°C et 13 jours avec Tx >= 30°C). Ces observations reflètent concrètement
le phénomène d’îlot de chaleur urbain dont les effets sont principalement marqués sur les
valeurs nocturnes, appréciables notamment au travers des températures minimales. Ainsi, au
cours de la dernière décennie, la durée totale du gel est plus que divisée par deux entre le parc
de Paris-Montsouris et la station rurale de Melun (231 heures/an contre 491). Ces
caractéristiques urbaines ont pour conséquence la quasi-disparition des brouillards dans Paris
(7 jours par an) alors que dans la campagne environnante leur apparition est fréquente en
automne et en hiver (entre 30 et 50 jours, au gré des facteurs locaux propices à
l’humidification de l’air : proximité de forêts, lacs…). En terme de risque, la combinaison du
brouillard et d’une température négative tombe à moins de 2 jours par an dans Paris, contre 7
à 15 jours sur la périphérie. Il en va de même pour les phénomènes glissants liés à des
précipitations par températures négatives (3,8 jours à Paris avec Tn <= 0°C et RR >= 1 mm
contre 9,3 à Melun), le tout affecté par une variabilité interannuelle importante (2 jours durant
l’hiver 2006/2007 mais 16 jours pour l’hiver 2008/2009).
Toutefois, il est à noter que la diminution des types de temps à risque en ville ne
saurait s’analyser sans envisager la vulnérabilité des sociétés et des personnes et la sensibilité
des milieux. Il va par exemple de soi que les conséquences d’une seule journée de neige
tenant au sol sur Paris à une heure de grande affluence est autrement plus pénalisante pour
l’économie régionale et la sécurité des usagers qu’une semaine blanche sur la campagne…
Dans le même ordre d’idée, concernant les fortes chaleurs, il arrive que lors de
configurations synoptiques exceptionnelles la morphologie urbaine puisse aggraver fortement
les risques sanitaires. Tel fut le cas en 2003 avec l’intrusion et la stagnation d’une masse d’air
tropical continental. Pour mieux appréhender le risque induit par la canicule de cet été-là, une
analyse au pas de temps horaire a permis de discerner et de quantifier les phases de stress
thermique (T >= 30°C) et les phases de récupération physiologique (T <= 23°C). Ainsi, sur la
« décade extrême » (4-13 août 2003), au cœur de l’agglomération, les fortes chaleurs se sont
prolongées sur près de 15 heures par jour contre 11 heures « seulement » sur la campagne où
la décroissance nocturne apparaissait plus rapidement et plus fortement. En conséquence, le