Derrière La Vitre Un spectacle de la compagnie Le Téatralala Ecrit et mis en scène par Franck Magnier Site: teatralala.com Derrière la vitre Derrière la vitre place les spectateurs assis face à une baie vitrée, donnant sur une rue. Le décor naturel de cette rue derrière la vitre devient alors le décor d’un spectacle, les passants en sont les comédiens. On est au théâtre, la pièce peut commencer… Assis à la terrasse d’un café, derrière une baie vitrée ouvrant sur le décor naturel de la rue, qui n’a jamais imaginé la vie d’un quidam qui passe? À partir de son allure, des mouvements de son corps, de ses gestes, des traits de son visage, du rythme de sa marche, qui n’a jamais tenté de lire le quotidien de ce passant, les épreuves qu’il a traversé, ses joies, ses peines, ses préoccupations du moment, son histoire ? Qui n’a jamais observé, depuis cette place idéale, l’être humain au cœur de son milieu naturel, qui n’a jamais été le témoin de situations cocasses, burlesques, dramatiques… La rue c’est la vie. Derrière la vitre, spectacle à la forme originale et burlesque, pose par le prisme d’une vitre, un regard réaliste et onirique sur les êtres humains et leur environnement. Le principe du spectacle L’espace public, l’espace scénique Derrière la vitre prend pour décor un espace public de la ville. La place des spectateurs, leur accueil, est un lieu existant : un espace pouvant accueillir du public, disposant d’une large baie vitrée donnant sur la rue. Pour exemple, lors de la création du spectacle en mai 2011 à Torcy, les spectateurs étaient installés sur un gradin dans le hall d’accueil du théâtre Lino Ventura face à une baie vitrée donnant sur une place : Le lieu choisi devient le décor du spectacle : L’entrée d’une mairie fond scène cour, des bureaux fond scène jardin Des bancs, des arbres, une allée passante, de multiples plans…( exemple de Torcy) Un spectacle sur tous les plans Le spectacle prend en compte la réalité du décor naturel choisi : son identité, ses caractéristiques. Il s’inscrit totalement dans la ville, le quartier qu’il investit. La vision offerte aux spectateurs par la vitre définit le décor et correspond au cadre de scène du théâtre ou au plan fixe du cinéma. Les différents plans du décor sont occupés par les comédiens, jouant sur les différentes profondeurs de champ. L’attention des spectateurs peut être sollicitée soit sur un seul plan à la fois ou soit sur plusieurs plans simultanément. Les « acteurs » du spectacle Derrière la vitre réunit 6 comédiens professionnels de la compagnie, des habitants du quartier préparés en amont au principe du spectacle et les passants du jour, protagonistes sans le savoir…ou le découvrant au moment de leur passage dans l’espace scénique. Les protagonistes du spectacle sont donc multiples et de différentes natures : Des comédiens professionnels. Des habitants volontaires. Les passants du jour. Les spectateurs eux-mêmes (leur présence derrière cette vitre étant également mise en scène) Réalité ou fiction ? Les conditions de représentations brouillent les frontières entre la réalité de la rue et la mise en scène de cette réalité. Le public est installé dans un espace clos, une boîte noire, sonorisé, avec un cadre de scène équipé de rideaux comme au théâtre et pourtant il fait face au décor naturel de la rue dans lequel la vie semble suivre son cours normal. Le public se questionne : Les passants défilant dans ce décor naturel sont-ils de vrais passants ou des comédiens ? Ou les uns sont-ils mêlés aux autres ? Est-ce la mise en scène d’un spectacle ou la réalité qui défile sous nos yeux ? Certaines situations du spectacle mettent en jeu la présence du public derrière cette vitre : Qui regarde, qui est regardé ? Le contenu du spectacle Le principe de ce projet repose non pas sur une écriture classique composé d’un texte interprété par des comédiens mais plutôt sur une écriture théâtrale du corps, du geste, des regards et de la situation. Dans les lignes qui suivent, vous trouverez quelques éléments descriptifs de situations qui composent en partie le « texte » de Derrière la vitre. Un résumé D’abord des passages, banals, quotidiens : un catalogue humain Puis des rencontres, des histoires …d’amour, de haine, de violence, de vengeance, de mépris, d’indifférence, de rencontres Puis des révoltes, individuelles, collectives, des victimes, la nature qui reprend la main, les éléments qui se déchaînent et qui emportent tout sur leur passage… Et enfin l’espoir ou le rêve ? Des passants ponctuels ou récurrents Certains personnages n’apparaitront qu’une fois dans le décor, d’autres au contraire, tels les habitants du quartier seront des personnages récurrents dont on suivra les déplacements quotidiens, allers-retours au travail, aux courses, dans leur promenade…passages récurrents, répétitifs et monotones pour certains, passages marqués par les différentes étapes d’une relation amoureuse ou de toute une vie pour d’autres. Exemples de personnages récurrents : -Deux personnes, une histoire d’amour de la rencontre à la rupture… -Le « jeune cadre dynamique », ses succès, ses échecs professionnels, lisibles à partir de ses passages. -L’homme qui cherche sa direction, demande de l’aide, mais toujours perdu, dans tous les sens du terme, difficulté à se situer, à se trouver. -Les êtres humains et leurs chien : leurs rencontres volontaires ou fortuites, leurs échanges. -Deux personnes, un croisement, un petit incident, un effleurement, arrêt, échanges de regards, petite tension, la naissance d’un conflit. Chacun repart de son côté. Ils se croiseront à nouveau, évolution de leur « histoire » : tension en progression, la construction de la haine… Entre la réalité et la théâtralisation du quotidien Les différents tableaux du spectacle alternent des retranscriptions très réalistes et quotidiennes de la vie de la rue, d’autres utilisent le « vocabulaire » théâtral, suggérant, transposant, symbolisant, extrapolant cette réalité. Un point de vue réaliste Le décor naturel de la rue « impose » un traitement au plus près de la réalité des passants ainsi l’entrée dans le spectacle se fait d’un point de vue réaliste et quotidien de la rue et de ses protagonistes. L’action se situe dans la rue de cette ville, en 2012 et mettra en jeu des situations reflétant la réalité. La réalité théâtralisée Ce spectacle part donc de situations quotidiennes de la rue posant un regard sur les us et les mœurs de l’être humain, son rapport aux autres, ses occupations, ses attitudes vestimentaires, ses préoccupations….Puis la mise en scène de cette rue « théâtralise » la réalité par l’intermédiaire de ressorts du spectacle vivant. Utilisation de plusieurs espaces temps, d’ellipses, d’arrêts : -L’histoire d’une vie, de la naissance à la mort en 10 passages successifs. -Une histoire suivie sur la durée totale du spectacle avec des personnages récurrents. - Des retours en arrière dans une histoire. - Des arrêts dans les histoires, comme des instantanés photographiques : Tout à coup, la vie s’arrête, les passants se figent, s’immobilisent, comme sur une photo. Un principe pour montrer le détail d’un regard, d’un geste, d’en faire un gros plan avant de reprendre le cours de l’histoire influencé par le détail zoomé. - une situation traitée au ralenti : les retrouvailles entre 2 êtres éloignés depuis plusieurs années, un coup de foudre… Le mouvement général de la rue et de ses protagonistes passe au mode ralenti : passants, véhicules… - Une situation traitée sur le mode accélérée, la valse des passants qui s’accélère, le monde en mouvement, la terre tourne… La mise en jeu des éléments naturels Dans la rue, l’attitude corporelle des passants, leur rythme de marche dépendent de leur âge, leurs préoccupations, leurs activités mais aussi des éléments naturels. La résistance face au vent, la protection contre la pluie, le froid, l’influence positive du soleil… Le spectacle propose une mise en jeu de ces d’éléments météorologiques intégrés à des situations, à des histoires de la rue : la pluie, le vent ou la pluie et le vent, le froid, la chaleur… Travail d’images sur la ronde d’« objets » pouvant passés sous l’emprise du vent : feuilles, sacs en plastique, journaux…puis le vent se fait de plus en plus fort, des gens passent, poussés ou repoussés par ce vent. Comment les passants traversent cette situation ? Braver les intempéries, essuyer une tempête, avancer dans la vie, ne pas revenir en arrière, lutter, faire face, résister aux épreuves du temps, être emporté. Ces changements climatiques provoqueront des rencontres, rapprocheront physiquement les gens, les éloigneront, bouleverseront le cours des choses, des histoires. La métaphore, le rêve Les passants qui tombent… Des chutes accidentelles et quotidiennes : la chute de la vieille dame, ou encore l’évanouissement de la jeune fille, la chute de l’homme agressé… Des chutes symboliques : Les chutes des personnages dues aux embûches de la vie. Quelqu’un chute sans raison apparente comme un signe avant coureur. Un autre lâche prise…Un autre chute et se relève dans la peau d’un autre...être quelqu’un d’autre... la réalité d’un passant est transposée en un rêve, le décor se transforme en un monde rêvé où chaque passant le salue, lui sourit, s’adresse à lui, on l’aime, on l’apprécie, tout le monde autour de lui se déplace dans une chorégraphie joyeuse, légère et dansante… Les conditions de réalisation du spectacle Les conditions techniques - L’espace public Les spectateurs sont placés en intérieur, assis, face à la baie vitrée. La jauge variera en fonction de la capacité d’accueil de public dans l’espace de représentation choisi. - L’espace scénique Ce spectacle, est joué en plein jour dans un décor naturel. Un espace scénique libre de circulation L’espace scénique choisi est par moments, libre de circulation pour les vrais passants. Mêlés aux comédiens professionnels et aux habitants volontaires de la ville, ils participent ainsi sans le savoir au spectacle. S’interrogeant sur la présence et les regards des spectateurs derrière cette vitre ou encore réalisant sur leur passage qu’ils sont au cœur d’un spectacle. Un espace scénique contrôlé Pour une interprétation claire par le public de situations mises en jeu, certaines scènes du spectacle demandent un contrôle total de l’espace investi. La présence de vrais passants en brouillerait le sens. Aussi l’organisation d’un contrôle ponctuel des passages dans l’espace est nécessaire. Le traitement sonore du spectacle Derrière la vitre, c’est le silence. Les seuls « bruits » viennent des spectateurs. Cependant, des incursions musicales et de bruitages viennent soutenir certaines histoires. Comme dans un ciné concert, un pianiste présent dans la salle accompagne ponctuellement certains passages du spectacle. Une collaboration et une implication des citoyens dans la réalisation Ce spectacle s’inscrit doublement dans la ville où il s’installe car au-delà du décor naturel investi, nous proposons à un groupe d’habitants de la ville de participer activement à la réalisation de ce spectacle, en y interprétant, aux côtés des comédiens professionnels, le rôle de passants. Ce groupe réunit des personnes toutes générations confondues, contactées au travers du réseau associatif de la ville (club du 3ème âge, maison des jeunes, ateliers théâtres enfants, adolescents, adultes, associations sportives...) mais aussi par les supports d’information locaux (presse, affiches, tracts...) La diversité des profils de ces personnes (âge, silhouette, intérêts…) apporte, aux côtés des comédiens professionnels, une infinie richesse, représentative de la vie de cette rue. Diversité enrichie le jour des représentations par la présence des vrais passants. Derrière la vitre est l’occasion de créer une relation d’échanges entre différentes générations d’habitants autour de la réalisation d’un spectacle au cœur de la commune. Il réunit sur un temps court des professionnels du théâtre et des amateurs mais aussi des personnes qui vivent dans la même ville, le même quartier mais qui, de par leur âge, leur activité, leur quartier, leur insertion ou leur milieu social (ou pour toutes autres raisons à découvrir) ne se côtoient pas habituellement. Le travail de préparation aux représentations Les personnages de ce spectacle sont interprétés par environ 25 personnes dont 6 comédiens professionnels (3 femmes et 3 hommes) et une vingtaine d’habitants de générations diverses (de 5 à 90 ans…). L’essentiel des scènes du spectacle est joué par les comédiens professionnels entourés par la figuration active du groupe d’habitants volontaires et des quidams, passants du jour. Au cours des représentations, comme les figurants réunis pour le tournage d’un film, les habitants seront guidés en direct dans leur passages, leurs arrêts, leurs regards, leurs gestes par la voix sonorisée du metteur en scène. En amont des représentations, des répétitions seront organisées sur 6 séances avec les habitants volontaires afin qu’ils se familiarisent avec ce mode de direction d’acteurs et le contenu de leurs interventions dans le spectacle. -Les ateliers préparatoires Dans les 10 jours précédents les représentations, Le Téatralala organisera 2 ateliers préparatoires avec le groupe d’habitants constitué, encadré par le metteur en scène et son assistant. Ces ateliers ont pour objectif de préparer les habitants volontaires, aux travers d’exercices théâtraux variés, à la réalisation effective du spectacle. Ces ateliers seront aussi l’occasion pour les habitants d’une prise de conscience de l’engagement que demande la participation à cette expérience et du type d’expression théâtrale qu’il met en jeu. Ils seront organisés de la manière suivante : 2 ateliers de 3h en soirée la semaine précédent les répétitions. -Les répétitions du spectacle Dans la semaine précédent les représentations, Le Téatralala organisera les répétitions mêlant les artistes professionnels (6 comédiens, 1 metteur en scène, 2 techniciens, 1 musicien) et le groupe d’habitants qui donneront lieu ensuite aux représentations publiques du spectacle Derrière la vitre. Elles seront organisées de la manière suivante : 1 week-end (2 journées de 6 heures le week-end précédent les représentations) + 3 soirées (3 x 3 heures dans la semaine précédent les représentations). Derrière La Vitre Création le 6 mai 2011 Espace Lino Ventura Torcy (77) Article paru dans Le Parisien du 6 mai 2011