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« Mais je crois qu’il ne suffit pas de situer ainsi l’examen de conscience, parce que, à dire vrai, il y a bien
des façons de le pratiquer. Et il serait, je crois, … tout à fait erroné de dire que, puisque l’examen de
conscience existait dans la direction grecque et romaine, c’est cet examen de conscience-là que l’on va
retrouver dans le christianisme. … La subjectivation de l’homme occidental, elle est chrétienne, elle n’est
pas gréco-romaine, de ce point de vue-là » (Id. p. 231).
On peut s’étonner que M. Foucault, dans cette conférence, s’attarde sur l’exemple de Sénèque lors même
qu’il vient de souligner l’importance de la dimension institutionnelle pour comprendre le développement
de la pratique d’une première forme de l’examen de conscience.
III - Les deux exemples tirés du De ira et du De tranquillitate animi de Sénèque lui servent à préciser la
forme que prend « l’aveu à soi-même » (« examen de soi », « examen de conscience ») et « l’aveu aux
autres » dans un contexte païen. le registre langagier, prétend-il, est plus administratif que judiciaire où il
s’agit de relever des « erreurs » plutôt que des « fautes ». « Sénèque est un administrateur permanent de
lui-même plus qu’un juge de son propre passé » (cf., Du gouvernement des vivants, p. 238).
Exercice stoïcien Aveu chrétien
mémoriser ses actes mémoriser la loi
pour réactiver les règles fondamentales pour découvrir ses propres péchés
découvrir la vérité oubliée par le sujet découvrir la vérité cachée dans le sujet
s’agissant de « l’aveu aux autres », il s’agit de « donner une place à la vérité en tant que force ». « Serenus
ne cherche pas à révéler quels sont ses désirs profonds… Pour lui,…il s’agit … d’ajouter quelque chose à la
connaissance des préceptes moraux. Cette addition à ce qui est déjà connu est une force, la force qui serait
capable de transformer la pure connaissance en un véritable mode de vie ». Ce qu’il désigne comme « la
subjectivation du discours vrai » (notes, p. 62). coaching.
Dans ses cours, M. Foucault développe ce qui est ici simplement évoqué.
« On a là, en un sens, le contraire de ce que sera par la suite la casuistique. La casuistique qui a pour
problème ceci : soit des lois générales données par la tradition, par l’autorité ; comment pouvoir les
appliquer à un cas précis et particulier ? Ici, on a le contraire. On a une situation particulière au cours de
laquelle on ne s’est pas conduit comme il fallait (…ne pas atteindre la fin qu’on se proposait). Et à partir de
cette situation particulière, l’examen de conscience va faire quoi ? Il va permettre de formuler une règle
générale, ou une règle plus générale, pour toutes la série des événements ou des situations de même type
qui pourront se présenter… cet examen…fondamentalement axé sur le futur n’est pas tellement centré sur
des actes qu’il faudrait juger en termes de code, permis/interdit, bien/mal. Il est centré sur l’organisation
de nouveaux schémas de conduite plus rationnels, plus adaptés et plus sûrs. Il s’agit donc, au sens strict du
terme, de ce que, précisément, les Grecs appellent … l’ascèse, exercice grâce auquel on pourra désormais
être plus fort, être mieux adapté, mieux ajusté dans ses comportements aux circonstances qui se
présenteront. Il s’agit, à l’exemple de l’athlète, de pouvoir désormais atteindre les buts qu’on se fixe. Et on
pourra atteindre les buts que l’on se fixe si l’examen de conscience découvre quoi ? Non pas, encore une
fois, des secrets intérieurs qui seraient déposés dans les replis du cœur et qu’il faudrait faire émerger parce
qu’ils donneraient une explication de la conduite mauvaise, par exemple, qu’on a eue. Pas du tout. Si on