jules barni (1818-1878) ou l`entreprise démopédique d`un

JULES
BARNI
(1818-1878)
OU L'ENTREPRISE
DÉMOPÉDIQUE
D'UN
PHILOSOPHE RÉPUBLICAIN
MORALISTE
ET
LIBRE-PENSEUR
PAR
Mireille GUEISSAZ
Ingénieur d'Etudes
au
CNRS
(CURAPP)
1 - FORMER DES MŒURS CONFORMES ÀNOS
INSTITUTIONS:
EDGAR QUINET, JULES
BARNI,
LE SUFFRAGE UNIVERSEL
ET
L'INSTRUCTIONPUBLIQUE
Si
cette
communication
porte
sur
Jules
Barni,
ce
n'est
pas
parce
que
celui-
ci,
député
républicain
de
la
Somme
de
1872 à1877,
eut
une
vie
unanimement
reconnue
comme
particulièrement
exemplaire
et
qui
en
elle-même
pourrait
être
le
symbole
de
ce
que
ce
moraliste
austère
et
intransigeant
entendait
par
"bonnes
mœurs"l.
La
raison
de
la
présence
d'une
communication
sur
Jules
Barni,
dans
ce
colloque
Amiénois
sur
les
Bonnes
Mœurs,
est
que
ce
philo-
sophe,
qui
est
d'ailleurs
plus
connu
comme
traducteur
de
Kant
que
comme
député
républicain
d'Amiens,
ne
s'occupa
jamais,
de
son
propre
aveu,
que
de
moralisation
2,
qu'il
fut
(et
cela
est
peu
ou
pas
du
tout
connu),
à
une
période
les
républicains
en
exil
ou
dans
l'opposition
se
préoccupaient
peu
de
ce
genre
de
problèmes,
le
promoteur
passionné
de
la
mise
en
place
de
la
morale
laïque
1. M.D. Nolen,
Recteur
de
l'Académie
de
Douai,
dans
sa
préface
à
la
2ème
édition
(post-
hume)
de
La
Morale dans la démocratie de Jules
Barni,
traduit
très
certainement
le sentiment
de
tous
ceux
qui
l'ont
connu,
quand
il
dit
"Peu
d'existences, de notre temps,
ont
aussibien réa-
lisé l'idéal de la sagesse
antique:
l'unité de la vie
dans
l'harmonie des actes
et
des pensées.
Barni
nous
apparait
comme la personnifr,cation
vivante
de l'idée de
droit",
La
Morale
dans
la
démocratie,
2e
édition,
1885,
Introduction
de
M.D. Nolen.
2.
"Eclairer
et
moraliser
la
démocratie,
tel est le
but
que,
pour
ma
part,
j'ai
toujours
poursuivi,
à
l'étranger
comme
en
France",
cité
par
Auguste Dide, Jules
Barni,
sa
vie
et
ses
oeuvres, 2e
ed.
1892,
Paris,
F.
Alcan,
p.88.
216
LES BONNES MŒURS
par
le
biais
de
l'école
primaire,
qu'il
fut
(pour
reprendre
l'expression
de
Fourier
reprise
par
Pierre
Rosanvallon)
un
"démopède"
avant
l'heure
3
L'entreprise
de
"moralisation"
et
de
création
de
mœurs
"conformes
aux
insti-
tutions
(républicaines)"
de
ce
"démopède"
de
la
première
génération
me
semble
différer
par
un
certain
nombre
de
ses
aspects,
que
nous
chercherons
à
identifier,
de
celle
qui
devait
submerger
la
France
républicaine
à
la
fm
du
siècle. Elle
n'en
a
pas
moins
joué
un
rôle
non
négligeable
dans
le
combat
poli-
tique
des
républicains
et
dans
la
mise
en
place
de
cette
morale
laïque
par
l'école
républicaine,
que
dès 1879,
Ferry
et
les
libéraux
protestants
s'emploie-
ront
à
réaliser.
En
1849,
c'est-à-dire
peu
après
la
Révolution
de
1848
et
peu
avant
le
début
de
l'Empire,
Jules
Barni
publiait,
dans
une
revue
intitulée
La
liberté
de
pen-
ser,
un
article
sur
"Le
suffrage
universel
et
l'instruction
primaire"4.
Jules
Barni
était
alors
un
jeune
philosophe
peu
connu
du
grand
public
mais
jouis-
sant
d'une
certaine
notoriété
dans
un
cercle
étroit,
en
tant
que
spécialiste
de
Kant,
dont
il
avait
déjà
traduit
et
commenté
plusieurs
œuvres
5
Il
avait
été
candidat
républicain
malheureux,
aux
élections
de
1848,
dans
la
Somme. Dès
ce
moment,
il
avait
vu
dans
la
formation,
par
l'école
laïque,
de
mœurs
"conformes
aux
institutions
républicaines"
un
enjeu
majeur
pour
la
République.
Cependant,
ce
programme
politique
républicain,
destiné
à
ancrer
ou
à
affermir
les
mœurs
républicaines
en
France,
l'Empire
l'obligera,
non
à
l'abandonner,
mais
à
le
différer,
pendant
plus
de
dix
longues
et
sombres
années
d'exil
intérieur,
auxquelles
succéderont
dix
années
d'exil
"volontaire".
Au
cours
de
cette
période
de
vingt
ans,
ce
philosophe
moraliste,
que
ses choix
politiques
auront
définitivement
marginalisé,
ne
cessera
d'en
appeler
à
la
résistance
à
l'Empire,
au
nom
de
la
morale
et
de
la
liberté
de
penser.
La
fm
de
l'exil,
loin
de
représenter
la
fm
du
combat,
lui
permettra
de
renouer
avec ses
projets
de
1849,
qu'il
défendra
en
tant
que
candidat
6,
puis
en
tant
que
député
républicain
dans
la
Somme.
Cette
dernière
phase
d'un
combat
de
toute
une
3.
Pierre
Rosanvallon
situece
qu'il
appelle
la
"ferveur
démopédique"
des années 1880
aux
années 1900.
Pour
la
deuxième
génération
de
la
République,
l'enracinement
et
la
consolida-
tion
de
la
république
passent
par
une
action
prioritaire:
l'éducation
de
la
démocratie
(
...
)
"D'où
la
centralité
du
rôle
de
l'instruction
publique
àses yeux. "Démocratie c'est démopé-
die"
:ces mots de
Proudhon
résument
un
des objectifs
centraux
des républicains après 1880",
écrit
Pierre
Rosanvallon
dans
Le sacre
du
citoyen, Histoire
du
suffrage universel
en
France
(Gallimard,
p.
356).
Jules
Barni
qui
consacra
la
plus
grande
partie
de
sa
vie àcette moralisa-
tion
de
la
démocratie,
notamment
par
la
défense
d'une
instruction
primaire
morale
et
laïque,
était
donc
un
précurseur
de
cette vague
démopédique
de
1880.
4.
La
liberté de
penser,
1849,
t.3,
pp.
165-172.
5.
Il
avait
été,
au
titre
de
germaniste
et
de
spécialiste
de
Kant,
quelque
temps
secrétaire
particulier
de
Victor
Cousin.
En
1849, il
avait
déjà
publié
aux
éditions
Ladrange
sa
traduction
de
La
Critique
du
jugement,
suivie des Observations
sur
le beau
et
le sublime (1846),
de
La
Critique de la raison
pratique
précédée
des Fondements de la métaphysiquedes
mœurs
(1848).
Un
volume
de
commentaires:
Philosophie de
Kant
-Examen
de la critique
du
jugement
-allait
sortir
en
1850.
6.
De 1870 à1872,
année
il
fut
élu
lors
d'une
élection
partielle,
Jules
Barni
se
repré-
sentera
plusieurs
fois à
la
députation,
sous
l'étiquette
républicaine,
le
plus
souvent
dans
la
Somme,
une
fois, à
Paris.
JULES BARNI, PHILOSOPHE RÉPUBLICAIN MORALISTE
217
vie,
il
l'entamera
dès
1870,
avec
le
soutien
de
Gambetta,
et
il
se
situera
jusqu'à
sa
mort,
dans
la
mouvance
républicaine,
proche
de
Gambetta
et
de
Ferry.
Après
huit
ans
de
luttes,
la
République
et
les
républicains
triomphe-
ront,
mais
Jules
Barni
avait
fini
d'y
épuiser
les
dernières
forces
d'une
santé
assez
précaire.
Jules
Barni,
mort
en
1878,
ne
sera
pas
de
la
nouvelle
généra-
tion
des
"républicains
de
gouvernement"
qui
arriveront
au
pouvoir
en
1879.
La
défaite
de
1848
Le
10
décembre
1848,
les
premières
élections
présidentielles
au
suffrage
direct
s'étaient
révélées
comme
un
piège
épouvantable
pour
les
républicains.
Leur
résultat,
avait
été
on
ne
peut
plus
favorable
au
"césarisme"
puisqu'il
portait
à
la
magistrature
suprême
du
nouveau
régime
républicain,
le
prince
Bonaparte,
qui
se
réclamait
de
l'Empire
et
ne
faisait
pas
mystère
d'ambitions
fort
peu
républicaines
7
Instaurée
dans
l'enthousiasme
consensuel,
menacée
à
la
fois
par
la
rue
et
par
le
césarisme,
la
République
tendra
à
devenir
un
régime
de
plus
en
plus
autoritaire
et
de
moins
en
moins
favorable
aux
libertés.
Bonaparte
et
la
bourgeoisie
mènent
alors
de
concert,
une
"œuvre
de
répres-
sion
commune",
selon
l'expression
de
Maurice
Agulhon
8Les
républicains,
en
état
de
choc,
sont
peu
portés
à
envisager
de
prendre
des
mesures
d'éducation,
quelles
qu'elles
soient.
La
défiance
à
l'égard
du
suffrage
universel
est
chez
eux,
à
son
comble.
Les
uns
voient
dans
ce
résultat
la
confirmation
de
leurs
préjugés,
les
autres
en
sont
profondément
déçus
9
Deux
hommes
cependant,
Edgar
Quinet
et
Jules
Barni,
d'âge
et
de
notorié-
très
différentes,
mais
proches
par
leur
souci
de
la
formation
morale
et
poli-
tique
des
Français,
échappent
au
désarroi
républicain
ambiant
et
tirent
les
leçons
de
cette
expérience
traumatisante.
Ils
en
profitent
pour
prôner,
dans
l'indifférence
générale,
une
politique
d'éducation
(particulièrement
d'éduca-
tion
morale),
de
type
républicain.
Si
leur
propos
ne
sera
guère
entendu
sur
le
moment,
il
inspirera
largement,
quelques
trente
ans
plus
tard,
la
politique
de
Gambetta
et
de
Ferry,
avant
de
devenir,
vers
la
fin
du
siècle,
une
sorte
de
lieu
commun
de
l'idéologie
républicaine.
7. Louis
Napoléon
Bonaparte
était
élu
triomphalement
au
suffrage
direct
avec
plus
de
5.400.000 voix
(contre
1.400.000 voix àCavaignac
et
400.000 àLedru-Rollin).
8.
Maurice
Agulhon,
1848
ou
l'apprentissage de la République (1848-1852), Editions
du
Seuil, coll.
Points
Histoire,
2e
éd.
1992.
9.
"Par
son
résultat (la victoire
d'un
Bonaparte),
(cette élection) est l'origine directe
du
Second
Empire.
Et,
par
ce
résultat
encore, c'est la source
d'une
des
plus
solides
"traditions
républicaines",
la
méfiance
à
l'égard
du
pouvoir
personnel
et
même
du
suffrage
universel
quand
il
n'est
pas
-
ou
pas
assez -éclairé",
écrit
Maurice
Agulhon,
op.cit.,
p.94.
Après 1870,
les
sentiments
de
désarroi
et
d'hostilité
à
l'égard
du
suffrage
universel
seront
encore
plus
intenses.
Cf.
Rosanvallon
(P.),
op.cit.,
pp.
301-324.
218
LES BONNES MŒURS
La
morale
laïque
de
Quinet
Edgar
Quinet
était
un
homme
politique
de
renom,
bien
connu
pour
ses
analyses
originales
et
pénétrantes
lO
Dans
un
petit
livre,
particulièrement
inci-
sif, L'enseignement
du
peuple,
publié
en
1850,
il
posera
le
problème
du
rap-
port
entre
l'éducation
morale
et
la
vie
politique,
en
termes
religieux.
La
France
était
déchirée
selon
lui
entre
deux
types
d'aspirations
diamétralement
opposées:
d'un
côté,
la
soumission
à
une
idéologie
catholique
favorable
au
despotisme,
et
de
l'autre,
une
aspiration
philosophique
"anarchique",
non
tempérée
par
des
principes
moraux,
la
tirant
vers
la
liberté
moderne
ll
.
La
France,
tirée
entre
ces
deux
aspirations
antagoniques
était
donc,
selon
lui,
vouée
à
l'incohérence
et
à
l'instabilité,
ce
qui
expliquait
l'alternance
de
périodes
révolutionnaires
et
de
périodes
despotiques
depuis
la
Révolution
française.
Si
on
voulait
sortir
de
ce
cycle
infernal
des
révolutions
et
des
contre-révolutions,
qui
caractérisait
la
vie
politique
française,
il
fallait
lutter
contre
le
catholicisme,
obstacle
majeur
à
la
révolution
moderne
des
mœurs
et
de
la
morale
qui
seule
aurait
pu
fournir
un
correctif
moral
à
l'individualisme
politique.
Il
fallait
enfm,
faute
de
mieux,
c'est-à-dire
faute
d'une
religion
et
d'une
morale
modernes,
capables
de
supplanter
la
religion
catholique,
dont
la
morale
ne
véhiculait
-selon
lui
-
que
des
valeurs
d'intolérance
et
de
despotis-
me,
s'attacher
à
mettre
au
moins
en
place
une
véritable
école
laïque,
qui
serait
un
lieu
de
médiation,
de
paix
et
de
concorde
civile
et
d'apprentissage
du
res-
pect
de
l'autre
12
La
morale
laïque
de
Jules
Barni
Jules
Barni,
dans
"Le
suffrage
universel
et
l'instruction
primaire",
précé-
dant
Quinet
lui-même,
l'un
des
tout
premiers
-
peut-être
le
premier
à
cette
10.
Sur
la
place
particulière
d'Edgard
Quinet,
lire
Furet
(F.),
La
gauche
et
la Révolution
au
milieu
du
XIXe
siècle,
Hachette,
1986.
Il.
Depuis 60
ans
qui
signentle
début
de
la
Révolution,
"la
France est emportée
par
un
vif
mouvement
de liberté,
mais
une
énorme
puissance de servitude
l'entraîne
en
même
temps
par
sa
masse;
d'où
il résulte que ses élans les
plus
fiers
d'indépendance
n'aboutissent
qu'à
lafaire
graviter
vers
un
violent servage".
"Si
la France, ajoute-t-il, n'obéissait
qu'au
principe
catho-
lique, elle se réglerait
sur
le modèle
de
la politique sacrée de Bossuet,
et
se reposerait
immua-
blement
dans
l'absolutisme. Si elle n'obéissait
qu'à
l'attraction
des
principes
philosophiques
qui
la travaillent, elle
suivrait
en
droite ligne la direction de
la
liberté moderne. Mais,
portant
en
elle
deux
principes
différents
et
comme
deux
âmes dijJérentes, elle ressemble àces corps
qui, attirés
par
plusieurs
formes
divergentes,
parcourt
une
courbe
plus
ou
moins composée"
(E.
Quinet,
L'enseignement
du
peuple,
Paris,
Chamerot
Libraire,
1850,
p.
31
sqq.)".
12.
La
situation
en
France
disait
Quinet
est
qu'il
ya
"d'un
côté des individus
épars;
de
l'autre,
une
association immense
qui
s'appelle l'Eglise. C'est avec cette inégalité
formidable
qu'il
faut
ordonner
la liberté
dans
le
monde
moral. voilà le
problème
dans
sa
rigueur, il est
et
non
ailleurs"
(Ibid.,
p.139).
"Puisque
la société
française
subsiste
en
dépit
des contradic-
tions
entre
les Eglises diverses,
ilfaut
bien
qu'il
y
ait
un
lieu
les
jeunes
générations
appren-
nent
que, malgré ces dijJérences éclatantes de
foi
et de dogme, tous les membres de cette société
forment
une seule
famille.
Or
ce lieu
de
médiation,
doivent
s'enseigner
l'union,
la
paix,
la
concorde civile,
au
milieu
des
dissentiments
inexorables des
croyances
et
des Eglises,
c'est
l'école laÜJue"
(Ibid.,
p.
162).
JULES BARNI,
PHILOSOPHE
RÉPUBLICAIN MORALISTE
219
époque
-
liait
non
seulement
la
question
du
suffrage
universel
et
de
l'instruc-
tion
primaire
13
,
mais
associait
la
question
de
l'instruction
primaire
et
de
l'ins-
truction
primaire
laïque
à
l'idée
de
formation
de
"mœurs
républicaines".
Il
ne
faisait
aucune
allusion
à
la
question
religieuse,
mais
soutenait
que
le
suffrage
universel
devait
avoir
pour
corollaire
indispensable,
l'instruction
primaire.
Plus,
disait-il,
cette
instruction
devrait
être
prise
en
charge
par
l'Etat
républi-
cain.
Dans
cet
article
véritablement
programmatique
d'une
éducation
républi-
caine,
Jules
Barni
assignait
à
cet
enseignement
qui
devait
se
faire,
selon
lui,
"sous
la
forme
laïque",
l'objectif
de
créer
des
mœurs
véritablement
républi-
caines.
Il
s'agira,
écrivait-il
dans
son
article,
de
"faire
à
notre
société des
mœurs
conformes àl'esprit de ses nouvelles institutions. Inculquer et dévelop-
per
dans
les
jeunes
âmes,
par
tous les moyens, ces principes et ces sentiments
de liberté, d'égalité, de
fraternité
dont
la République a
fait
sa
devise (
...
)les
initier àla connaissance et leur inculquer
l'amour
de leurs droits
et
de leurs
devoirs
d'hommes
et
de citoyens,
et
en
même
temps les
prémunir
contre
les
fausses doctrines
qui
menacent
aujourd'hui
l'ordre social".
Jules
Barni
y
par-
lait
de
"mettre
à
la
portée
des
enfants
les vérités philosophiques qui doivent
servir
defondement,
de soutien, de règles à
l'Etat,
àla société,
aux
individus;
les
infiltrer
dans
leurs esprits
et
dans
leurs cœurs
par
tous les
moyens:
la lec-
ture,
l'enseignement oral, les exercices de
toute
espèce,
en
un
mot
exciter
en
eux
les idées, les sentiments, les
vertus,
qui
conviennent ànos nouvelles insti-
tutions,
voilà
ce
qu'il
faut
s'empresser
de
faire.
Lorsque les
jeunes
généra-
tions,
qui
s'élèvent
ou
qui
vont
naître,
auront
reçu cette éducation, alors il
n'y
aura
plus
rien à
craindre
du
suffrage
universel". Mais
jusque-là,
"l'œuvre
commencée
par
la révolution de Février restera incomplète
et
mal
assurée".
"Il
ne
faudra
point
s'étonner
(poursuivait-il)
si, quoique
devenu
nécessaire à
beaucoup d'égards, salutaire, l'exercice
du
suffrage
universel
n'est
pas
sans
inconvénient
et
sans
péril
pour
la
cause
même
àlaquelle nous
le
devons, et
dont
il
ne
devrait
pas
cesser
d'être
le
moyen,
c'est-à-dire à
la
cause
de
la
démocratie".
Ne
se
contentant
pas
de
perspectives
relativement
abstraites,
Jules
Barni,
faisait
observer
que
l'Etat
républicain
avait
d'ailleurs,
"dès
aujourd'hui,
entre
les mains ce
qu'il
lui (fallait)
pour
entreprendre
cette tâche
quotidienne",
dans
le "corps de
jeunes
instituteurs, tous sortis des rangs
du
peuple,
etformés
pour
la
plupart
dans
nos écoles normales".
13.
L'article
de
Jules
Barni
est
puhlié
en
1849,
l'ouvrage
de
Quinet
en
1850.
Pierre
Rosanvallon
ne
signale
pas
l'article
de
Jules
Barni
et
attribue
à
Jules
Simon
la
paternité
de
la
liaison
suffrage
universel/instruction
publique,
pour
son
discours
du
8
avril
1866,
donc
hien
postérieur.
Jules
Simon
avait
fait,
pour
La
liberté de
penser,
un
compte-rendu
sur
les
travaux
de
la
Commission
Falloux,
dans
lequel
il
n'était
question
que
du
prohlème
de
l'Université
("Jules
Simon,
"L'éducation",
La
liberté de
penser,
15
février
1850,
repuhlié
sous
forme
de
fascicule,
imprimé
par
H.
Thunot,
19 pages).
Dans
le
discours
de
1866,
sa
défense
de
l'instruc-
tion
primaire
mêle
étrangement
droit
de
vote, défense des
mœurs
(pas
républicaines
puisqu'on
est
en
plein Empire)
et
de
la
famille, nécessité
d'être
àmême
de
se défendre contre
la
concurrence
étrangère
en
raison de la suppression des droits
de
douane. Lapolitique radicale, Bruxelles, 1868.
1 / 30 100%

jules barni (1818-1878) ou l`entreprise démopédique d`un

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