Dossier de présentation

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DOSSIER de présentation
Théâtre
Demain il fera jour
Mercredi 27 novembre →20h30
Texte de Henry de Montherlant /// Mise en scène Michel Fau
Avec Léa Drucker
Durée : 1h15 (sans entracte)
Tarifs: Balcon : 30,50 € / Parterre : 34,50 €
Abonnement jeune 3 spectacles :
40,50 €
Renseignements et réservations
[email protected]
03 89 70 03 13
1
©Marcel Hartmann
2
SOMMAIRE
Résumé, distribution
4
Biographies
5
NOTE D’INTENTION
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Autour de l’œuvre
11
La Presse en parle
14
Photos
15
Bibliographie / sources
17
→
Résumé
L'histoire se situe en juin 1944, sous l’Occupation. C’est dans un décor
bourgeois d’époque que va se jouer ce drame familial.
George et Marie s’entretiennent au sujet de leur fils désirant entrer dans
la Résistance. La mère, possessive, en manque d’amour, s'inquiète; le
père lâche s'y oppose d'abord, mais l’encourage finalement, non pas par
conviction mais par intérêt personnel. Espérant éviter ainsi des ennuis à
la Libération…
Une tragédie dérangeante, digne des films noirs des années 40, qui nous
donne l’occasion de (re)découvrir l'un des grands auteurs du vingtième
siècle. Montherlant nous parle ici de l’ambiguïté et de l’inconscience
humaine sous l’Occupation. On retrouve le génial Michel Fau à la mise en
scène et dans le rôle du père, ainsi que Léa Drucker en partenaire
prestigieuse.
→ DISTRIBUTION
Texte : Henry de Montherlant
Mise en scène : Michel Fau
Assisté de : Damien Lefèvre
Avec : Léa Drucker ; Michel Fau ; Loïc Mobihan et Roman Girelli
Scénographie : Bernard Fau
Costumes : David Belugou
Lumières : Alban Rouge
Maquillage : Pascale Fau
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Biographies
>>> Henry de Montherlant, auteur
1896 : Naissance le 21 avril à Paris. Enfant unique de Joseph-Marie-Charles Million
de Montherlant et de Marguerite-Marie Camusat de Riancey
1905-1907 : Externe au lycée Janson de Sailly. Suit les cours de précepteurs
ecclésiastiques
1907-1910 : Externe à l’Ecole Saint Pierre où il est le condisciple de Louis Aragon.
Découvre les corridas à Bayonne à l’occasion d’un pèlerinage avec sa
grand-mère
1911 :
Ecole Sainte-Croix de Neuilly. Entre en classe de philosophie
1912 :
Renvoi de Sainte-Croix. Reçu à la seconde partie du Baccalauréat
Commence le droit à l’Institut Catholique de Paris.
1913 :
pratique
Echoue à l’examen de sa première année de droit. Période mondaine,
le sport et s’adonne au dessin
1914 :
Mort de son père
1915 :
Mort de sa mère
1917-1918 : Intègre le 360ème régiment d’infanterie sur le front, est blessé de sept
éclats d’obus. Il est affecté au bureau d’interprète de l’armée américaine
1919 :
Il est démobilisé et reçoit la Croix de guerre.
1921-1924 : Publie La Relève du matin à compte d’auteur, reçoit le prix Montyon de
l’Académie française. Le songe ; Les Olympiques
1925-1928 : Il liquide la maison familiale. Commence une longue période de voyages
Séjourne en Espagne, est blessé par un taureau. Convalescence à
Tanger, Les Bestiaires
1929 :
Publication de l’Exil. S’installe à Alger. Commence La Rose de sable
1932 :
Publication de Mors et Vita, textes inspirés par sa guerre de 1918
1934 :
Rentre en France. Publication du roman Les Célibataires qui obtient le
Grand Prix de Littérature de l’Académie française
1936-1939 : Publication de Les Jeunes Filles ; Pitié pour les femmes ; Les Lépreuses
1940 :
Quand la guerre éclate, il devient correspondant de guerre de
Marianne. Il est légèrement blessé
1941 :
Publication de Solstice de juin. Le livre est interdit par les allemands.
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1942 :
Création de La Reine morte à la Comédie française
1943 :
Création de Fils de personne au Théâtre Saint-Georges
1944 :
Perquisition de la Gestapo à son domicile
1946-1948 :Edition de Malatesta, création du Maître de Santiago au théâtre
Hébertot
1951 :
Publication de La Ville dont le Prince est un enfant
1954 :
Création de Port Royal à la Comédie française
1960 :
Election à l’Académie Française. Création du Cardinal d’Espagne à la
Comédie française.
1965 :
Création de La Guerre civile au Théâtre de l’Œuvre
1972 :
Montherlant se suicide à son domicile quai Voltaire le 21 septembre.
Ses cendres sont dispersées à Rome.
>>> Michel FAU, metteur en scène et comédien (dans le rôle de Georges Carrion)
Après une formation avec Yves Pignot et Julie Ravix, il entre au Conservatoire
National Supérieur d'Art Dramatique de Paris dans les classes de Pierre Vial, Michel
Bouquet et Gérard Desarthe.
Sa rencontre avec le poète Olivier Py est décisive (La Servante, Le Visage d'Orphée,
L'Apocalypse Joyeuse, Le Soulier de Satin de Claudel, Illusions comiques, L'Orestie
d'Eschyle, Les enfants de Saturne...).
Michel Fau a mis en scène et joué : Que faire de Mister Sloane ? de Joe Orton avec
Charlotte de Turckheim et Gaspard Ulliel, Demain il fera jour de Montherlant avec
Léa Drucker, Britannicus de Racine avec Geneviève Page et Agathe Bonitzer, Nono de
Sacha Guitry avec Julie Depardieu et Brigitte Catillon, Maison de poupée d'Ibsen avec
Audrey Tautou, American buffalo de David Mamet avec Michel Vuillermoz et Nicolas
Duvauchelle, Créanciers de Strindberg, Thérèse Raquin d'après Zola... & à l'opéra :
Bastien et Bastienne de Mozart, Madame Butterfly de Puccini, Eugène Onéguine de
Tchaïkovski, Rigoletto de Verdi, Cosi fan tutte de Mozart, Tosca de Puccini, Le
condamné à mort, monodrame de Capdenat d'après Genet...
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Il joue sous la direction de Jérôme Deschamps (Courteline en dentelles), Philippe
Calvario (Une visite inopportune de Copi), Eric Vigner (Othello de Shakespeare),
Emmanuel Daumas (L'ignorant et le fou de Thomas Bernhard, L'impardonnable
revue), Juliette Deschamps (Le Banquet de Platon), Sébastien Rajon (Le Balcon de
Genet), Paul Desveaux (Les Brigands de Schiller), Olivier Desbordes (Le Lac
d'Argent de Kurt Weill, Dédé de Christiné), Jean-Michel Rabeux (L'Homosexuel de
Copi, On purge bébé de Feydeau), Jean Gillibert (Athalie de Racine), Stéphane
Braunschweig (Le Marchand de Venise de Shakespeare), Jean Macqueron (Hyènes
de Christian Siméon), Pierre Guillois (Pélléas et Mélisande de Maeterlinck), JeanClaude Penchenat (Peines d'Amour Perdues de Shakespeare), Jean-Luc Lagarce (La
Cagnotte de Labiche), Laurent Gutmann (Le Nouveau Menoza de Lenz), Gilberte
Tsaï (Tableaux Impossibles), Gabriel Garran (Fragments d'une Lettre d'Adieu... de
Normand Chaurette)...
On a pu le voir dans des films réalisés par Albert Dupontel, Dominik Moll, Olivier Py,
Sophie Blondy, François Ozon, Benoit Jacquot, les"Quiches", Noémie Lvovsky,
Michel Hassan, Nina Companeez, Jérôme Le Gris...
Il a enseigné au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique de Paris ainsi
qu'à l'Ecole Florent.
En 1998 il a reçu le prix Gérard Philipe de la Ville de Paris et en 2006 le prix du
meilleur comédien du syndicat professionnel de la critique.
>>> Léa DRUCKER, comédienne (dans le rôle de Marie Sandoval)
Théâtre
-
... À la Française ! de et mise en scène Edouard Baer - Théâtre Marigny
Demain il fera jour de Henry de Montherlant, Msc. Michel Fau - Festival de
Figeac
Lucide de Rafael Spregelburd, Msc. Marcial Di Fonzo Bo - Théâtre Marigny
Mer de Tino Caspanello, Msc. Jean-Louis Benoit - Théâtre de l'Atelier
Jeux de scène de Victor Haïm, Msc. Zabou Breitman - Cérémonie des Molières
2011
L'Amant d’Harold Pinter, Msc. Didier Long - Théâtre Marigny
Miam-Miam de et mise en scène Edouard Baer - Théâtre de Nice, Théâtre
Marigny
Blackbird de David Harrower, Msc. Claudia Stavisky - Théâtre des Célestins
(Lyon)
Le système Ribadier de Georges Feydeau, Msc. Christian Bujeau -Théâtre
Montparnasse
Blanc d’Emmanuelle Marie, Msc. Zabou Breitman - Théâtre de la Madeleine
3 jours de pluie de Richard Greenberg, Msc. Jean-Marie Besset - Théâtre de
l'Atelier
84, Charing Cross Road d’Hélène Hanff, Msc. Serge Hazanavicius - Théâtre de
l’Atelier Nomination pour la révélation théâtrale féminine - Molière 2004
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-
-
Dany et la grande Bleue d'après John Patrick Shanley, Msc. John Pepper Théâtre Déjazet Nomination pour la révélation théâtrale féminine - Molière
2001
Extrême nudité de Christiane Liou, Msc. Hans Peter Cloos - Théâtre Essaïon
Mangeront-ils de Victor Hugo, Msc. Benno Besson-Les Célestins (Lyon), Th.
de la Ville
Les vilains de Ruzzante, Msc. Marjorie Nakache - Studio-Théâtre (Stains)
Plaidoyer pour un boxeur de M Romano, Msc. Serge Brincat
Le projet de Gilles Dyrek, F. Hulné, P. Vieux, A. Lemort, Msc. Gilles Dyrek
Le Misanthrope de Molière, Msc. Roger Hanin
Lysistratha d’Aristophane, Msc. S Serreau-Labib
Le mot de Victor Hugo, Msc. Xavier Marcheschi
El Burlador de Sevilla de Tirso de Molina, Msc. Jean-Louis Jacopin
Cinéma
-
Le grand méchant loup de Nicolas Charlet et Bruno Lavaine
Je suis supporter du standard de Riton Liebman
Je me suis fait tout petit de Cécilia Rouaud
La vérité si je mens 3 de Thomas Gilou
Pauline et François de Renaud Fely
Les meilleurs amis du monde de Julien Rambaldi
Une pièce montée de Denys Granier-Deferre
Cyprien de David Charhon
Coluche d’Antoine de Caunes
Le bruit des gens autour de Diastème
Tel père, telle fille d’Olivier de Plas
Les Brigades du Tigre de Jérôme Cornuau
L’homme de sa vie de Zabou Breitman
Virgil de Mabrouk El Mechri
Akoibon d’Edouard Baer
Narco de Tristan et Gilles
Bienvenue au gîte de Claude Duty
Dans ma peau de Marina de Van
Filles perdues cheveux gras de Claude Duty
Papillons de nuit de John Pepper
Chaos de Coline Serreau
Peut-être de Cédric Klapisch…..
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>>> Loïc MOBIHAN, comédien, (dans le rôle de Gilles Sandoval)
Théâtre
- Demain il fera jour d’ Henry de Montherlant, Msc Michel Fau - Festival de
Figeac
- La Tragédie d’Hamlet d'après William Shakespeare, Msc David Géry - Théâtre
de la Commune (Aubervilliers)
Télévision
-
Joséphine, ange gardien de Pascal Heylbroeck (Suivez le guide)
Famille d’accueil de Dominique Tabuteau (Esprit de corps)
Insoupçonnable de Benoît d'Aubert
>>> Roman GIRELLI, comédien (dans le rôle du messager)
Après une formation de comédien dans la « Classe Libre » de l'École Européenne
d'Art Dramatique Florent, Roman Girelli travaille sur de nombreux projets de théâtre
avec les metteurs-en-scène suivants : Laurent Gutmann (Scène Nationale de Blois,
Centre Dramatique de Thionville-Lorraine), Pierre Guillois (Théâtre du Peuple de
Bussang), Jean-François Mariotti (Théâtre Marcelin Berthelot de Montreuil),
Antonio Diaz-Florian (Théâtre de l’Épée de Bois, Cartoucherie, Paris), Jean-Pierre
Garnier (Théâtre du Marais, Paris), Thomas Condemine, Georges Ghika, Frédéric
Jessua et Thibaut Corrion.
Au cinéma, il collabore notamment à plusieurs projets du réalisateur Alessandro
Avellis, en tant que comédien dans ses films de fiction et voix off dans ses films
documentaires.
Actuellement, il cherche à créer une dynamique de projets pour la Scène et pour le
Cinéma en tant qu’auteur, directeur d’acteur et interprète, avec de jeunes artistes de
sa génération. Sa première pièce « Les Célèbres (02) – Hommage à Thomas
Bernhard » a été donnée en 2012 à la MC 11 de Montreuil.
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→
NOTE D’INTENTION
Mettre en scène en 2012 un texte de Montherlant peut paraître curieux, mais choisir
sa pièce la plus secrète et la plus brûlante est carrément audacieux ! Henry de
Montherlant auteur vénéré à une époque, un peu oublié aujourd'hui, souvent méprisé
par ceux qui le connaissent mal, reste pour moi un des grands poètes dramatiques du
vingtième siècle. Je me moque des modes, je choisis d'interpréter cet auteur parce
que sa langue et son propos me bouleversent ; le fond dévastateur est lié à la forme
raffinée de son style.
Montherlant est un auteur à succès quand il écrit "Demain il fera jour" en 1949, mais
ce drame dérange, le sujet est délicat et pesant, le public de l'époque n'a sans doute
pas très envie d'entendre parler de collaboration et d'épuration ; on parle même
d'interdire la pièce !
Au travers de l'histoire de cet avocat qui a plaidé pour un allemand pendant la guerre
et qui ne veut pas que son "bâtard" entre dans la Résistance, Montherlant nous parle
de l'ambigüité et de l'inconscience humaine sous l'occupation, mais ce qui nous
heurte avant tout c'est le manque d'amour entre cet homme odieux, étriqué et
sclérosé et sa femme délaissée, égarée et envoutée par son instinct maternel ; entre ce
bourgeois misanthrope et cette femme de douleur leur fils non reconnu est sacrifié ;
Montherlant rejoint la tragédie antique !
On a souvent reproché à cet auteur comme à Racine, de ne pas respecter les genres ; il
y a un humour amer dans cette tragédie en veston, une férocité proche de Thomas
Bernhard et un lyrisme précieux ; ce drame de la lâcheté se termine en vertige
métaphysique!
Pour porter cette parole terrifiée et terrifiante, j'ai la chance d'être le partenaire de
Léa Drucker ; elle possède la dérision et la folie pour incarner cette tragédie de la
peur et affirmer que Montherlant est un auteur vivant !
Michel Fau
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→
Autour de l’œuvre
1- Lettre ouverte à Montherlant à propos de “Demain il fera jour”,
par Manuel de Diéguez (Extrait de Paroles françaises, juillet 1949)
Demain il fera jour est, à mon sens, une pièce admirable qui entre au cœur de notre
désespoir. Vous aurez l'écho compréhensif de toute une part de la jeunesse qui refuse
de s'aveugler sur les hécatombes à venir.
On vous cherche toujours à travers vos personnages ; je m'étonne que ce sort ne soit
pas réservé à d'autres, qui mettent autant d'eux-mêmes dans leur œuvre et passent
pour des saints. Ils ont moins de talent ou plus d'hypocrisie, si bien qu'ils sortent
indemnes de l'aventure d'écrire, ce qui n'est pas à leur honneur.
Mais le courage de livrer au public le meilleur de soi-même, celui de mettre au grand
jour ses lumières et ses ombres, celui, enfin, de passer en jugement pour avoir
regardé en soi-même et instruit le procès, cela est d'une hauteur qui rachète de tout.
On ne se venge pas d'un écrivain. Ses voix sont celles de l'homme : on voit bien que
ceux qui se vengent ne se vengent que d'eux-mêmes. Mais j'en viens à votre ouvrage.
Ce qui est terrible dans Demain il fera jour, c'est qu'on n'y trouve aucun appel à ce
qu'il y a de meilleur en l'homme, ni aucun appel, d'aucune sorte, à la pitié, ou à
l'horreur, ou à l'espoir. C'est le drame du mépris. Et pourtant il fallait que cela fût dit.
Il fallait que fût dite la part d'enfer qui s'étend sur nous lorsque étant détachés de
notre haute exigence, nous cessons d'exiger de l'homme ce qu'il n'est pas.
Les Philistins ne vous le pardonneront pas
Car cette pièce n'est que l'envers effroyable et logique de Fils de personne. Certes,
vous êtes impitoyable pour votre personnage : mais jusque dans son abjection,
comme on comprend son regard inexorable, à ce “croyant” qui se glorifie de n'être pas
un père, mais un “homme qui choisit” ! C'est bien votre plus grande audace, d'être
entré dans l'univers du mépris; de n'avoir pas jeté le voile de la morale toute faite sur
le “méchant” de votre drame. Les Philistins ne vous le pardonneront pas. Mais j'avoue
que la souffrance de cette mère est une négation si absolue de l'esprit qu'elle ne m'a
pas ému une seconde, tant je comprends un regard sans pardon sur ce pathétique, cet
irréalisme, cet effondrement inguérissable dans l'amour. Matière amorphe, charriée
au gré d'une pauvre passion, dérangement terrible qui gesticule dans le vide, et
dégrade, irréparablement ! Et ce fils dont l'élan est taché de l'affreuse exigence de
tuer tous les suspects et les “moins que suspects” pour se retrouver “entre Français”,
ce fils est de “mauvaise qualité”!
Et va pour une tête!
Un homme qui envoie un autre homme se faire tuer en lui montant discrètement la
tête est abominable; mais j'ai lu dans les journaux que l'armée comprenait
maintenant des sections psychotechniques où l'on donne en peu de temps un goût
invincible pour les armes aux sujets les plus rebelles : ce qui éclaire bien les catégories
de l'hypocrisie que vous aurez contre vous. Je vous sais gré, pour ma part, d'avoir mis
votre scalpel dans cette terrible vérité. D'autant plus que le père laisse sa chance à son
fils obéissant, qui, s'il était fortement trempé, ne demanderait d'ailleurs pas de
permission. Et le hasard aussi joue son jeu narquois : il s'en faut de peu que la mère
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seule envoie son fils à la mort, par bêtise. Le père a du moins l'excuse de sauver ainsi
sa tête. J'ai lu dans les journaux que le général von Manstein serait seul décapité à
Nuremberg, parce que sa décapitation étant demandée par les Russes, fournirait un
excellent instrument de propagande antirusse aux Occidentaux. Et va pour une tête !
Quand on voit à quoi servent aujourd'hui les “coupables”, on donne tous les droits
aux “innocents” pour sauver leur tête !
La peur qui tue
Drame de la peur : dans ce monde du meurtre dont vous avez su donner
l'extraordinaire présence, on tue aussi dans le désarroi de la peur. Du moins Carrion
a-t-il reconnu jusque dans ses fondements l'univers qui l'entoure ; du moins se
reconnaît-il coupable, puisque nous le sommes tous, sans alibi ; s'il voit trop tard le
poids de son amour, ne fait-il pas sentir toute la force de l'absurde qui le broie,
quand, soudain, à l'instant de son déchirement, il se dégrade dans la peur comme une
bête traquée ? N'est-il pas le personnage le plus humain de cette pièce, parce que le
seul conscient, lui qui réclame son haut visage de l'homme et ne tue que par hasard,
pour se défendre contre l'effroyable hasard de ceux qui l'ont d'avance condamné ?
Cette panique d'animal aux abois l'accable : mais ceux qui brandissent le verdict ? La
lâcheté des assassinés plaide-t-elle pour les bourreaux?
Un terrible réquisitoire
Un père fait tuer indirectement son fils pour n'être pas lui-même injustement tué ;
système de meurtres fatals qui se neutralisent, nulle part définis, partout commis ;
monde grotesque et tragique que la peur révèle à gros traits. Sur la pente de
l'assassinat les marches sont glissantes: il est constant qu'on passe du mépris au
mépris qui tue. C'est une façon de prendre les idées au sérieux. Il est dangereux de
défier par trop l'intelligence, acculée à se défendre. Il y a une façon de ne rien
comprendre à rien qui finit par se retourner contre vous ! Je sais qu'on criera au
monstre, et on aura pleinement raison. Mais il faudrait aller bien peu au coeur de
cette œuvre pour ne pas voir, sous l'atmosphère accablante d'un drame sans
échappée, une descente profonde dans le monde moderne, une protestation
désespérée, un terrible réquisitoire.
Croyez, Maître à mon respectueux attachement.
2- La création
« L’année 1946, je dînai chez des personnes qui avaient été, notoirement des
« collaborateurs » (économiques), et qui, à la Libération, en avaient eu quelques
soucis. A table se trouvaient le fils et la fille de la maison, d’une vingtaine d’années, à
qui nul n’adressa la parole de tout le repas, et qui ne prononcèrent pas un mot.
Quand on se leva, je vis que le jeune homme boitillait. Notre hôte parut alors se
rappeler de son existence. « Je ne sais, dit-il, si je vous ai présenté mon fils. » Il
désigna la jambe infirme. « Il a été parachuté trois fois par les Anglais. »
De retour, je marquai dans mon carnet de notes : « J’ai la fin de Fils de personne »,
et j’imaginai ce qu’y deviendraient mes trois héros. »
Henry de Montherlant
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L’idée de Jacques Hébertot était de convaincre Montherlant d’écrire la suite de Fils de
personne. C’était un défi très difficile. Car donner Demain il fera jour en spectacle
séparé, sans que le spectateur connaisse l’épisode de Fils de personne risquait de
rendre cette pièce incompréhensible. Et donner les deux pièces l’une à la suite de
l’autre, cela voulait dire sept actes de suite pour le spectateur ! De plus, dans la
première pièce, Gillou a 14 ans, et dans la seconde il est un jeune homme de dix-sept
ans. Le rôle de Gillou ne pouvait donc être joué par le même acteur.
Montherlant
néanmoins accepta le défi.
La pièce fut écrite en 1948 et créée en 1949 au Théâtre Hébertot.
3- Ce que dit Montherlant à propos de sa pièce :
J’ai toujours arrêté mes pièces à temps. Je veux dire avant l’acte final, celui que je
n’ai pas osé écrire. Une fois seulement, j’ai écrit cet acte final ; “Demain il fera
jour“ est l’acte final de “Fils de Personne“… (Perruchot, Montherlant, NRF)
Avec “Demain il fera jour“ j’ai fait un bond, plus haut encore dans la solitude,
comme un ballon qui jette du lest.
En publiant cette pièce, j’ai cédé à une dernière tentation : celle de faire ce que la
plupart des auteurs ne feraient pas. Sortir de sa tranquillité pour appeler sur soi le
taureau, du pied, du cri et de la cape, c’est une tentation qui revient périodiquement
dans ma vie.
Théâtre, Pléiade
4- Citations de Henry de Montherlant, Demain il fera jour
« Ce qui dure, c'est l'indifférence. Rien ne tient mieux à l'arbre qu'une branche
morte. » « La plupart des hommes recèlent en eux-mêmes leur propre caricature. Et cette
caricature ressort un jour, à l'improviste, sous le coup de l'événement. » « Une vie peut être comblée et surmenée, mais le temps est extensible à l'infini pour
y faire entrer quelqu'un qu'on aime. » « Après vingt ans d'intimité, on peut se trouver moins unis que si on ne s'était vus
qu'une fois. La présence quotidienne, la confiance, les soucis partagés ne créent
rien; mieux, il arrive qu'ils séparent. L'habitude sépare. »
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>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>La presse en parle
« Michel Fau exhume une pièce de Montherlant rarement jouée, que l'écrivain a
écrite en 49 comme une suite à Fils de personne. C'est une époque où les Français
n'ont guère envie d'entendre parler de collaboration et d'épuration. La pièce fait
scandale. La mise en scène de Michel Fau dessine un univers bourgeois étriqué et
rigidifié qui sue la haine. Loin de tout réalisme, les deux acteurs (Léa Drucker et
Michel Fau) trouvent une sorte de lyrisme sophistiqué qui confine à la folie. Le
spectacle est empreint d'une atmosphère venimeuse digne des films noirs des années
40 et produit une forte impression. »
SortirTélérama.fr
« Il y a toujours une belle élégance dans les mises en scène de Michel Fau. Pour la
pièce de Montherlant, il nous plonge dans l'univers des années 1940, empruntant les
codes du théâtre de l'époque. Côtés décors, sublime travail de Bernard Fau. (…)
Romain Girelli, dans un tout petit emploi, est aussi dans le ton. Le duo Michel Fau et
Léa Drucker fonctionne à merveille. Jouant des décalages, appuyant un effet, ils font
ressortir les tourments de leurs personnages avec une maestria d'orfèvre. Un régal ! »
Pariscope
« L'écrivain décrit un couple désarçonné et horrifié par l'engagement de son fils
dans la Résistance. Une pièce brillante et cruelle. [...] »
Le Figaro
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Photos
© Marcel Hartmann
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© Marcel Hartmann
© Marcel Hartmann
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→ Bibliographie
Le Songe de Montherlant
Editeur : Gallimard
Collection : Folio
Service inutile de Montherlant
Editeur : Folio
Collection : Folio essais
Carnets de Montherlant
Editeur : Gallimard
Collection : Blanche
Histoire de la littérature libertaire en France de Thierry
Maricourt
Editeur : Editions Albin Michel
Une Grande génération: Céline, Malraux, Guilloux, Giono,
Montherlant, Malaquais, Sartre, Queneau, Simon
de Henri Godard
Editeur : Gallimard
Collection : Blanche
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