Introduction à la physique nucléaire

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Physique
Physique nucléaire
3°degré
Introduction à la physique nucléaire
La structure de l’atome
Un atome est constitué d'un noyau central et d'un nuage électronique.
Composition du noyau
Le noyau se compose de nucléons : les protons et de neutrons ; les protons et les neutrons ont
une masse très proche l’une de l’autre, et de l’unité de masse atomique (uma). Mais le
neutron, comme son nom l’indique, ne comporte pas de charge électrique, tandis que le proton
a une charge positive, égale en valeur absolue à celle de l’électron.
Le nombre de neutrons est lié au nombre de protons : plus il y a de protons, plus il y a de
neutrons. Le rapport du nombre de protons sur le nombre de neutrons est proche de 1 pour les
éléments dont le nombre de protons est inférieur à 20. Au-delà, il y a un excédent de neutrons.
L’hydrogène, élément à proton unique, n’a pas de neutron, tandis qu’à l’opposé, l’uranium,
avec ses 92 protons, a 146 neutrons, soit un excès de 54 neutrons.
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Tout donne lieu à croire que les neutrons servent de « colle » pour maintenir ensemble les
protons, chargés positivement, et qui de ce fait se repoussent à cause de la force de Coulomb.
Si des nucléons de même charge sont suffisamment proches, les forces de cohésion peuvent
compenser les forces de répulsion électrostatiques, mais en présence de nombreuses charges,
des neutrons supplémentaires semblent nécessaires.
Il n’empêche, la taille de l’édifice ne peut croître indéfiniment, et il n’y a pas d’atome stable
qui possède plus de 92 protons (et 146 neutrons).
Nomenclature
Le nombre de protons dans un noyau est noté Z, et s’appelle le numéro atomique. Il varie de 1
pour l’hydrogène, à 92 pour l’Uranium, qui est l’élément naturel qui possède le plus grand
nombre de protons.
Le nombre de neutrons se note N, et comme vu précédemment, est généralement égal ou
supérieur au nombre de protons.
La somme du nombre de protons et du nombre de neutrons, donc le nombre de nucléons se
note A, et varie de 0 pour l’hydrogène à 238 pour l’uranium 238.
Exemples
L'atome de chlore possède un noyau central contenant Z = 17 protons positifs et N = 18
neutrons. Le nombre de nucléons est donc A = Z + N = 17 + 18 = 35. On symbolise ce noyau
par
.
De façon générale le noyau d'un atome correspondant à un élément X constitué de A nucléons
(Z protons et N neutrons) est noté Z X .
La relation A = Z + N permet de calculer le nombre de neutrons présents dans le noyau.
En résumé, le noyau contient des protons positifs qui se repoussent. La cohésion du noyau est
assurée par l'interaction forte entre les nucléons.
A
Le nuage électronique
Outre les nucléons du noyau, l’atome possède son « cortège électronique ». Les premiers
modèles décrivaient l’atome comme un noyau central autour duquel gravitent les électrons.
Ce modèle est remplacé par le modèle du nuage électronique. Le noyau est entouré de zones
de « densité de probabilité » de trouver un électron.
Un atome, étant électriquement neutre, possédera autant d'électrons négatifs dans le nuage
électronique que de protons positifs dans le noyau.
Le diamètre d'un noyau est de l'ordre de 10 - 15 m. Le diamètre d'un atome est de l'ordre de 10 10
m.
L'atome de chlore possédant 17 protons positifs p + dans le noyau aura donc 17 électrons
négatifs e - répartis sur trois couches (K)2, (L)8, (M)7, loin du noyau.
REGLE :
La couche n (entier) contient au maximum 2 x n² électrons.
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nombre maxi d’électrons
Couche
n = 1 (K)
n = 2 (L)
n = 3 (M)
2 x 3² = 18 électrons
Ce sont ces couches, ou orbitales électroniques qui sont responsables des propriétés chimiques
des atomes.
Un élément est donc déterminé par son nombre d’électrons, donc son nombre de protons.
Masse et énergie
La masse d’un atome est très petite. On pourrait l’exprimer selon les règles classiques, c’est à
dire en kilogrammes, mais il faudrait alors manipuler des nombres extrêmement petits. La
masse d’un atome est de l’ordre de 10-27 kg. La masse des petits atomes est, conformément à
notre attente, plus faible que celle des gros atomes. On remarque que la masse de tous les
atomes est un multiple de la masse de l’atome d’hydrogène.
Pourquoi ne pas, dès lors, prendre comme unité de masse atomique la masse de l’atome
d’hydrogène ?
C’est un peu ce que l’on a fait, si ce n’est que l’on prend comme référence le douzième de la
masse de l’atome de 12C.
L'unité de masse atomique unifiée (symbole: u, ou uma) est une unité de mesure standard,
utilisée pour mesurer la masse des atomes
Cette unité n'appartient pas au système international (SI), et sa valeur est obtenue
expérimentalement. Elle est définie comme 1/12 de la masse d'un atome de 12C (carbone), non
lié à d’autres atomes. En d'autres termes un atome de 12C a une masse de 12 uma et si on
prend N = 6,023 x 1023 atomes de 12C, on aura une masse de 12g; Une uma de 12C vaut
approximativement 1, 660 540 x 10-27kg
Pour rappel, N est le nombre d’Avogadro.
La masse atomique (ou masse molaire atomique) d'un isotope d'un élément est la masse
relative d'un atome de cet isotope par rapport à celle du carbone 12C dont la masse atomique
est fixée par convention à 12. La masse atomique est un nombre sans dimensions qui est assez
proche de la somme du nombre de protons et du nombre de neutrons dans le noyau de l'atome.
La masse atomique d’un élément chimique est la moyenne pondérée des masses atomiques de
ses différents isotopes. La masse atomique du carbone 12C est de 12,01 car il existe une infime
proportion d’isotopes 13C et 14C. Ces isotopes ont une masse atomique plus élevée que le
carbone 12C, car ils ont respectivement 1 et 2 neutrons surnuméraires.
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Les noyaux atomiques sont donc constitués de protons (p) et de neutrons (n). Ces deux types
de particules, que l'on englobe sous le terme nucléons, ont presque la même masse : 1,00727
uma pour les protons, 1,00866 uma pour les neutrons.) Seuls les protons sont porteurs d'une
charge électrique (+1e). Le nombre de protons indique le numéro atomique (noté Z) de
l'élément correspondant, tandis que le nombre de masse (noté A) est égal à la somme des
protons et de neutrons. La masse atomique, quant à elle, tient compte également des électrons,
dont la masse est cependant négligeable par rapport à celle des autres nucléons ( la masse
d’un électron est environ 1836 fois plus petite que la masse d’un neutron ou d’un proton )
mais elle tient compte aussi des isotopes. Les isotopes d’un élément sont ses variantes
atomiques, qui diffèrent en général de l’élément de base par le nombre de neutrons. Pour
rappel, la masse atomique est la masse qui correspond à un douzième de la masse de 6,023 x
1023 atomes de carbone.
Nucléon
Proton
Neutron
masse en uma
1,00727
1,00866
masse en kg
1,67261 x 10-27
1,67492 x 10-27
Le défaut de masse
En y regardant de plus près, étant donné les concepts ci-dessus, on peut se poser la question
suivante :
Pourquoi la masse atomique du carbone 12, par exemple, qui est de 12,01, est-elle assez
nettement inférieure à la somme des masses des nucléons ?
Ceci est bien réel : la somme des masses des nucléons individuels libres est supérieure à la
masse de ces mêmes nucléons liés au sein d’un noyau d’atome. De plus, il faudrait encore
ajouter à la masse atomique de l’atome la masse des électrons, mais celle-ci étant largement
inférieure à la masse des nucléons, on peut la négliger.
Reprenons l’exemple du carbone 12.
Les nucléons pèsent : (6 x 1,00866) + (6 x 1,00727) = 12,09558 uma.
L’atome de carbone 12 pèse, par définition, 12 uma.
0,09558 uma ont donc « disparu » lors de la constitution du noyau de carbone à partir des 6
protons et des 6 neutrons. C’est un peu comme si la masse d’un empilement de blocs de béton
était inférieure à la somme des masses de chaque bloc pris individuellement.
Cette perte de masse lors de l’assemblage de nucléons en noyaux d’atomes porte un nom :
c’est le « défaut de masse ».
On peut calculer ce défaut de masse non pas en uma, mais en kg : il est, pour l’atome de
carbone 12, de 0,09558 x 1, 660 540 x 10-27 soit 1,587 x 10-28 kg. Cela peut paraître dérisoire,
mais est à mettre en rapport avec la masse et la taille très petite des nucléons : il s’agit tout de
même d’un pratiquement un dixième d’uma pour douze nucléons.
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Défaut de masse et énergie
Où est passée la masse des nucléons individuels liés lors de la constitution d’un noyau ? Tout
simplement dans l’énergie de liaison !
En effet, nous savons par la théorie de la relativité que masse et énergie sont intimement liées,
par la relation E = mc², où c représente la vitesse de la lumière dans le vide et vaut 3 x 108
m/s.
Il ne faut pas confondre cette relation avec Ep = mv2/2, du ressort de la mécanique classique !
La théorie relativiste nous apprend que la masse peut devenir énergie et vice-versa.
Le défaut de masse apparaît aussi en chimie classique, mais de manière beaucoup moins
perceptible. C’est l’importance de ce défaut de masse au niveau des nucléons qui est
responsable des grandes quantités d’énergie qui entrent en jeu dès que l’on aborde les
réactions nucléaires.
Convertissons la masse perdue en énergie, en utilisant la formule
E = mc².
Pour l’atome de Carbone 12, le défaut de masse vaut :
Masse des nucléons non liés – masse de l’atome, soit 1,587 x 10-28. C’est le cas pour un seul
atome de carbone. Mais dans un gramme de carbone, il y a (6,023 x 1023 ) / 12 atomes. Le
défaut de masse atteint dès lors 1,587 x 10-28 x (6,023 x 1023 ) / 12 soit 0,79654175 x 10-5 kg,
ou encore pratiquement 8 mg ! . Pour trouver l’énergie qui correspond à cette masse, on
multiplie par c², soit 9 x 1016. On obtient 7,16887575 x 1011 Joules !
A titre de comparaison, la combustion d’un gramme de pétrole libère une énergie E = 45
103 Joules sous forme de chaleur.
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Applications numériques
Calculer l’énergie de liaison par nucléon associée au défaut de masse de
l’hélium.
masse atomique relative 4He
masse du proton
masse du neutron
vitesse de la lumière
nombre d’Avogadro
4,00260 uma
1,007276 uma
1,008665 uma
2,998.108 m.s-1
6,022.1023 mol-1
Il est tout d’abord nécessaire de calculer le défaut de masse, c’est à dire, la masse manquante
entre la masse du noyau et la somme des masses des protons et neutrons constitutifs de ce
noyau.
Masse manquante m = (2mp+ 2mn) - m He = (2x1,007276 + 2x1,008665) - 4,00260 =
0.029282 uma.
Cette masse est convertie en kilogramme, qui est l'unité MKSA.
(1 uma = 10-3/NA = 1,660 540.10-27) ;
m = 0.029282 x 1,660 540.10-27 = 4,8625.10-29 kg
Ce défaut de masse est ensuite converti en énergie grâce à la relation d’Einstein.
E = mc2 :
E = 4.8625-29 x (2,998.108)2 = 4,37.10-12 J
Cette énergie est finalement divisée par le nombre de nucléons (protons et neutrons) du noyau
E/nucleon = 4,37.10-12 /4 = 1,09.10-12 J/nucleon
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Défaut de masse du noyau de lithium 37Li
Un noyau de lithium 3Li est constitué de Z = 3 protons et de N = A - Z = 7 - 3 = 4 neutrons.
La masse de ce noyau formé est :
7
m ( 3Li ) = 7,01435 u
La masse de ses 7 nucléons, séparés, au repos, est :
m ( 7 nucléons séparés ) = 3 mp + 4 mn = 3  1,00727 + 4  1,00867
m ( 7 nucléons séparés ) = 7,05647 u
On constate que la masse du noyau formé, au repos, est inférieure à la masse des nucléons
séparés et au repos.
7
Le défaut de masse du noyau de lithium 3Li est :
7
m = m ( 7 nucléons séparés ) - m ( 3Li ) = 7,05647 - 7,01435
7
m = 0,04212 u = 4,212  10 - 2 uma
Cas général : défaut de masse du noyau ZAX
Définition : On appelle défaut de masse d'un noyau la différence entre la masse totale des A
nucléons séparés (Z protons et N neutrons), au repos et la masse du noyau formé, au repos.
Dans le cas général d'un nucléide, le défaut de masse est :
m = m ( A nucléons séparés ) - m ( Z X ) = Z mp + (A - Z) mn - m ( Z X )
A
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A
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Energie de liaison du noyau de lithium 37Li
Imaginons la transformation suivante :
- Dans l'état initial le noyau de lithium 3Li est au repos dans le référentiel terrestre. Son
énergie de masse initiale est :
7
m ( 3Li )  c²
- Dans l'état final on a les 7 nucléons isolés, au repos dans le référentiel terrestre. Leur énergie
de masse finale est :
m ( 7 nucléons séparés )  c²
7
- L'énergie de liaison EL du noyau de lithium
est l'énergie qu'il faut fournir à ce noyau au
repos pour le dissocier en ses 7 nucléons isolés :
m ( 3Li )  c² + EL = m ( 7 nucléons isolés, au repos)  c²
7
EL = m ( 7 nucléons isolés, au repos) m ( 3Li )  c²
EL = m  c²
Mais, on sait que :
m = 4,212  10 - 2 u = 4,212  10 - 2 1,660  10 - 27 = 6,995  10 - 29 kg
c = 2,998 10 - 8 m / s
Portons ces valeurs dans la relation de base
EL = m  c² = 6,995 . 10 - 29  ( 2,998 10 8 ) 2 = 6,287  10 - 12 J
En physique nucléaire, on emploie souvent le MeV pour unité d'énergie.
On sait que 1 MeV = 1,6022  10 - 13 J
EL = 6,287  10 - 12 J = 39,3 MeV
7
Cas général : énergie de liaison du noyau ZAX
Définition : L'énergie de liaison EL du noyau Z X est l'énergie qu'il faut fournir à ce noyau au
repos pour le dissocier en ses A nucléons isolés, également au repos :
A
EL + m ( Z X )  c² = m ( A nucléons séparés )  c²
A
EL = m ( A nucléons séparés )  c² - m ( Z X )  c²
A
EL = m ( A nucléons séparés ) - m ( Z X ) c²
A
Utilisons la relation m = m ( A nucléons séparés ) - m ( Z X )
A
EL = m  c² = Z mp + (A - Z) mn  c²- m ( Z X )  c²
A
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Energie de liaison par nucléon du noyau de lithium 37Li
Nous venons de voir ci-dessus que l'énergie de liaisons des 7 nucléons du noyau de lithium
Li est :
7
3
EL = 6,287  10 - 12 J = 39,3 MeV
L'énergie de liaison moyenne par nucléon d'un noyau de lithium 3Li est :
EL / A = 39,3 / 7 = 5,61 MeV / nucléon
7
Cas général : énergie de liaison par nucléon du noyau Z X
L'énergie de liaison d'un noyau (Z protons, A nucléons) est EL.
L'énergie de liaison moyenne par nucléon d'un noyau est EL/ A
Stabilité d'un noyau : Un noyau est d'autant plus stable que son énergie moyenne par nucléon
est grande.
L'énergie de liaison d'un noyau d'oxygène 16 est de 126 MeV, celle du noyau d'uranium 238
est de 1802 MeV.
Pour comparer leur stabilité il faut calculer l'énergie de liaison moyenne par nucléon.
On trouve :
A
EL/ A = 126 / 16 = 7,88 MeV par nucléon pour 8O
16
EL/ A = 1802 / 238 = 7,57 MeV par nucléon pour 92U
L'oxygène 16 est donc plus stable que l'uranium 238.
238
Energie de liaison par nucléon EL / A. Courbe d'Aston - EL / A = f (A)
La courbe d'Aston représente le graphe associé à EL / A = f (A). Les noyaux les plus stables
sont au bas du graphe.
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Défaut de masse de l’uranium 235
235
Précisons la composition d'un noyau de l'isotope 235 de l'uranium ayant pour symbole 92U
235
Le noyau de 92U contient :
A = 235 nucléons, soit :
Z = 92 protons
N = A -Z = 235 - 92 = 143 neutrons
Calculons le défaut de masse de ce noyau, en unité de masse atomique puis en kilogramme.
Rappel : On appelle défaut de masse d'un noyau la différence entre la masse totale des A
nucléons séparés ( Z protons et N protons), au repos et la masse du noyau formé, au repos.
Ici, on écrit :
235
m = ( 92 mp + 143 mn ) - m ( 92U )
m = ( 92 1,007281,00866234,99332
m = 236,90814 - 234,99332
m = 1,91148 uma
L'énoncé donne 1 uma = 1,66054  10 - 27 kg
m = 1,911482 .( 1,66054  10 - 27)
m = 3,17964  10 - 27 kg
Energie de liaison de l’uranium 235
Calculons, en joules, l'énergie de liaison de ce noyau.
Rappel : L'énergie de liaison EL du noyau Z X est l'énergie qu'il faut fournir à ce noyau au
repos pour le dissocier en ses A nucléons isolés, également au repos :
EL = m  c2
EL = 3,17964  10 - 27  ( 2,9979  10 8)2
EL = 2,85767  10 - 10 J
A
Energie de liaison par nucléon de l’uranium 235
Calculons l'énergie de liaison par nucléon de ce noyau.
On trouve :
EL / A = 2,85767  10 - 10 / 235 = 1,21603 x 10-12 J par nucléon
Comparaison de la stabilité de l’uranium 235 et du radium 226
Comparons la stabilité du noyau d'Uranium 235 à celle du noyau de radium 226 dont l'énergie
de liaison est de 7,66 MeV par nucléon.
Le noyau de Radium 226 a une énergie de liaison de 7,66 MeV par nucléon.
Le noyau d'Uranium 235 a une énergie de liaison de 7,5897 MeV par nucléon.
Le noyau de Radium 226 est plus stable que le noyau d'Uranium 235.
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Stabilité – Instabilité et Activité
Un noyau stable garde indéfiniment la même structure. C'est le cas, par exemple, d'un des
isotopes du carbone, l'isotope 6C .
Un noyau radioactif est instable. A une date inconnue, il se désintègre spontanément en un
autre noyau, en émettant des particules ou 
. C'est le cas,
12
par exemple, d'un autre isotope du carbone, l'isotope 6C qui est radioactif. Il émet une
14
particule 
C
14
6
-
et se transforme en un noyau d'azote 7 N suivant la réaction
14
N + 10e
14
7
Le noyau qui se désintègre, 6C , est le noyau père. Le noyau obtenu, 7 N , est le noyau fils.
On peut situer les noyaux stables et instables sur un diagramme (N, Z) .
14
14
Diagramme (N, Z). Domaines de stabilité et d'instabilité des noyaux
- 11 -
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Sur ce diagramme, les noyaux stables sont situés dans une zone nommée vallée de stabilité.
Pour Z < 20, les noyaux stables sont situés au voisinage de la droite Z = N.
Pour Z > 20, les noyaux stables sont situés au-dessus de cette droite Z = N. Ils contiennent
plus de neutrons que de protons.
La vallée de stabilité ne se poursuit pas au-delà du bismuth 83Bi puisque au-delà de ce
noyau on ne trouve aucun nucléide stable.
207
Les noyaux sont instables quand ils contiennent trop de protons ou trop de neutrons. Ces
noyaux radioactifs, qui ne sont pas situés dans la zone de stabilité, tendent à retrouver une
configuration stable en expulsant une particule, à une date aléatoire.
Plusieurs lois gouvernent ces réactions nucléaires spontanées. Nous en retiendrons deux :
- Loi de conservation de la charge électrique : la somme des nombres de charges de la
particule et du noyau produits est égale au nombre de charge Z du noyau père.
- Loi de conservation du nombre de nucléons : la somme des nombres de nucléons de la
particule et du noyau produits est égale au nombre de nucléons A du noyau père.
Différents types de radioactivité
Radioactivité 
-
Si le noyau père Z X possède trop de neutrons par rapport au nombre de protons, il se
A
transmute en transformant un neutron en proton, avec émission d'un électron
. Le noyau
fils Z 1Y se rapproche de la vallée de stabilité. L'équation de cette réaction nucléaire
spontanée s'écrit :
A
X
1
10n
Y
A
Z
e
0
A
Z 1 + 1 . Dans le noyau, un neutron est devenu proton :
1
1
p + 10e
Exemple :
C
14
6
N + 10e . On vérifie la conservation du nombre de charge Z et du nombre de
14
7
nucléons A.
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Radioactivité ß+
Si le noyau père Z X possède trop de protons par rapport au nombre de neutrons, il se
A
transmute en transformant un proton en neutron, avec émission d'un positon 1e . Le noyau
0
fils Z 1Y se rapproche de la vallée de stabilité.
A
X
1
1p
A
Z
Y + 10e . Dans le noyau, un proton est devenu neutron :
1
0
10n + 1e
A
Z 1
Exemple :
P
Si + 10e . On vérifie la conservation du nombre de charge Z et du nombre de
30
15
30
14
nucléons A.
Radioactivité .
Ce type de désintégration concerne les noyaux qui sont "trop" lourds (A > 180 nucléons), vers
la fin du tableau de Mendeleïev. Le noyau père Z X émet un noyau d’hélium 2 He . Le
A
4
A4
noyau fils Z 2Y se rapproche de la vallée de stabilité.
A
Z
X
A4
Z 2
Y
+ 2 He
4
Exemple :
U
238
92
Th + 24He . On vérifie la conservation du nombre de charge Z et du
234
90
nombre de nucléons A.
Désexcitation 
Le noyau fils engendré par radioactivité 
-
, ß+ se trouve le plus souvent dans un état
excité, noté ZY * . Il se désexcite en donnant un noyau stable ZY et un rayon 
A
A
Y*
A
Z
Y +
A
Z
Exemple : La production du noyau fils excité 7 N * est suivie de l'émission du rayonnement
gamma, avec désexcitation du noyau fils :
14
C
14N *
7
14
6
N* + 10e
14N
+
7
14
7
Remarque : Le nombre de noyaux (stables ou radioactifs) naturellement présents sur Terre est
voisin de 350. Ce nombre est porté à plus de 3000 en comptant les noyaux artificiels préparés
au laboratoire.
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3°degré
En 1896, Becquerel (1850 - 1908) constate que certains sels d'uranium émettent des
rayonnements pouvant traverser la matière et pouvant impressionner des plaques photos
placées dans l'obscurité complète.
Progressivement, on a pu déterminer la nature et l’origine de ces rayonnements.
A remarquer que d’emblée se pose la question de l’équivalence « rayonnement-particules »,
qui a longtemps divisé le mode scientifique. En effet, la lumière est-elle de nature particulaire
(photons) ou radiative (rayonnement électromagnétique). Les deux, sans doute … Ce point
sera détaillé dans la section du cours consacrée à la physique quantique.
Les quatre principaux types de rayonnement radioactif
Les particules alpha ( 
)
Ce sont des noyaux d'hélium, notés 2 He . Ces particules, formées de deux protons et de deux
neutrons, sont déviées légèrement par un champ magnétique ou électrique, car leur masse est
importante. Leur pouvoir de pénétration est faible. Quelques centimètres d'air ou une mince
feuille de papier d'aluminium suffisent à les arrêter.
4
Les particules bêta - ( 
-
)
Ce sont des électrons. Leur faible masse fait en sorte qu'elles sont facilement déviées par un
champ électrique ou magnétique, dans le sens opposé de la déviation des particules alpha.
Leur grande vitesse leur procure un pouvoir de pénétration supérieur à celui des particules
alpha. Il faut plusieurs mètres d'air ou quelques centimètres d'aluminium pour les arrêter
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Les particules bêta + (ß+)
Ce sont des positons ; leur émission est exceptionnelle. Elle ne concerne que quelques noyaux
artificiels. Ces particules ß+ sont encore appelées anti-électrons (antiparticules des électrons).
Ces positons ont la même masse que les électrons mais une charge électrique opposée. Leur
pouvoir de pénétration propre est très faible car ils s'annihilent lorsqu'ils rencontrent un
électron en donnant naissance à un rayonnement .
Les rayons gamma
Ce sont des rayonnements électromagnétiques de grande énergie et de faible longueur d'onde.
Ces rayons gamma, contrairement aux particules alpha et bêta, ne changent pas la
composition du noyau qui les émet. Leur pouvoir de pénétration est très élevé : ils peuvent
s'enfoncer dans plus de trente centimètres de plomb. Ces rayons sont très dangereux pour
l'homme.
Tableau récapitulatif :
On rappelle que la charge élémentaire est e = 1,600217733  10 - 19 C (1).
En physique nucléaire, on utilise souvent l'unité de masse atomique 1 u = 1,6605402  10 - 27
kg (2).
Symbole en
physique nucléaire
Masse
approchée (u)
Charge
(e)
He
4,00150 u
+2e
e
0,000549 u
-e
0
1
e
0,000549 u
+e

0
0
Emission
Nature
Particule 
noyau d'hélium 2 He ++
4
2
Particule -
électron 1e
0
1
Particule ß+
positon 1e
Rayon
gamma
rayonnement
électromagnétique
4
0
0
Remarque : A coté de ces quatre types de rayonnements au programme il existe d'autres
transformations spontanées d'un noyau. Citons la capture électronique ou l'émission d'un ou
deux protons (émission récemment mises en évidence avec certains noyaux artificiels).
- 15 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Quelques propriétés des rayonnements radioactifs
- Les rayonnements radioactifs peuvent arracher des électrons à la couche périphérique des
édifices atomiques de la matière qu'ils traversent. Cela peut provoquer l'ionisation des
molécules du milieu cellulaire ou la rupture des liaisons moléculaires. Tous les constituants de
la cellule peuvent être touchés mais c'est une action sur la molécule d'ADN qui risque d'avoir
le plus de conséquences.
- Les êtres humains sont sans arrêt soumis à des rayonnements d'origine naturelle ou d'origine
artificielle, c'est-à-dire dus aux activités de l'homme. Il faut s'efforcer de diminuer l'exposition
aux rayonnements, mais il est impossible de la réduire à zéro.
- La radioactivité est invisible, inodore, inaudible. Elle est indécelable par nos sens. L'homme
a du mettre au point divers dispositifs pour détecter cette radioactivité. Le plus ancien de ces
dispositifs, utilisé par Becquerel, est une plaque photographique. Parmi les autres dispositifs,
on peut citer les électroscopes, les chambres d'ionisation, le compteur de Geiger-Muller, la
chambre à brouillard, les chambres à bulles, les chambres électroniques, les scintillateurs, les
semi-conducteurs, etc.
- 16 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
La décroissance radioactive
Introduction
L'évolution d'une population de noyaux radioactifs suit un modèle de "mort aléatoire sans
vieillissement" correspondant à une décroissance exponentielle, ou cinétique de premier ordre
L'expérience montre que le nombre N de noyaux non désintégrés à l'instant t est lié au nombre
de noyaux No initialement présents à l'instant t0 par une relation exponentielle :

N = No e - . t = No e - t /
 est la constante radioactive (en seconde). Elle caractérise un radio-nucléide.
 = 1 /  est la constante de temps (en s - 1)
La loi de décroissance des noyaux radioactifs a été établie expérimentalement en 1902 par
Rutherford et Soddy.
Remarque :
La désintégration radioactive est un phénomène aléatoire. On ne peut pas, à l'échelle
"microscopique", dire quand un noyau va se désintégrer. Néanmoins, à l'échelle
macroscopique, on a pu établir cette loi d'évolution. N n'est pas connu exactement mais
l'incertitude sur sa valeur est tout à fait raisonnable.
Activité d'un échantillon
L'activité moyenne d'un échantillon radioactif est égale au nombre moyen de désintégrations
qu'il subit par seconde :
A = - dN / dt (10)
(N diminue, dN / dt est négatif, A est positif)
Par dérivation de N = No e -t, on obtient :
A = - dN / dt = No . e- t =  N
A l'instant t = 0, l'activité initiale de l'échantillon est Ao =  No.
Reportons cette valeur No = Ao dans l'expression qui précède :
A =  No.e-t :
A = - dN / dt = Ao.e -t avec Ao =  No
A se mesure en becquerel (Bq).
1 Bq correspond à une désintégration par seconde.
- 17 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Demi-vie t 1/2
Le temps de demi-vie t 1/2 d'un nucléide radioactif est la durée au bout de laquelle le nombre
de noyaux radioactifs est divisé par deux.
N (t 1/2) = No / 2
L’équation N = No e . t devient :
No / 2 = No e . t 1/ 2 soit :
e-t 1/ 2 = 1 / 2 ou encore en prenant le logarithme népérien des deux cotés :
ln ( e-t 1/ 2 ) = ln ( 1 / 2 )
- t 1/ 2 = 0 - ln 2
t 1/ 2 = ( ln 2 ) / 
t 1/ 2 = ( ln 2 ) /  = 0,693 / 
La demi-vie d'un radio-nucléide est une caractéristique de celui-ci et sa valeur est
extrêmement variable :
-6
- Pour le polonium 212, la demi-vie est t 1/ 2 = 3 
seconde
10
- Pour le thorium 232, la demi-vie est t 1/ 2 = 1,4  10 ans
Remarque 1 :  = 1 /  , on peut aussi écrire :
t 1/ 2 = ln(2) = 0,693 
Remarque 2 : L'activité A = - dN / dt = Ao.e  t = N s'écrit à la date t 1/ 2 :
A (t 1/ 2) = N (t 1/2
A (t 1/ 2) = Ao / 2
Au bout d'un temps égal à la demi-vie, l'activité d'un radio-nucléide est divisée par deux.
Application : datation au carbone-14
Le carbone et les êtres vivants
La matière organique est formée notamment de carbone, incorporé directement (organismes
autotrophes) ou indirectement (organismes hétérotrophes) à partir du CO2 atmosphérique
(dans les océans, les carbonates dissous proviennent de l'atmosphère). Le CO2 atmosphérique
contient principalement l’isotope stable 12C, mais également les isotopes 13C (stable) et 14C
(instable) en très petites quantités : 1 atome 13C pour 100 atomes de 12C et 1 atome 14C pour
1012 atomes de 12C environ. Le carbone 14 décroît par radioactivité, avec une demi-vie
d'environ 6000 ans. Il est produit dans la haute atmosphère par bombardement cosmique sur
l'azote N2. Dans l'atmosphère, la décroissance du 14CO2 équilibre cette production, et le
rapport 14C/12C du CO2 est constant. Tant qu'un organisme est vivant, il échange du carbone
avec l'atmosphère et le rapport isotopique 14C/12C de sa matière organique est constant. Dès
que cet organisme meurt, il n'échange plus avec l'atmosphère et ce rapport 14C/12C commence
à décroître.
- 18 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
La décroissance de la concentration en 14C et principe de la datation
Lorsque les mesures sont faites par spectrométrie (voir ci-dessous), elles fournissent le rapport
isotopique14C/12C d'un échantillon. Comme le nombre d'atomes 12C reste constant pour un
échantillon donné(*), on peut diviser N par le nombre d'atomes de 12C dans l'équation (1) qui
devient :
R = R0 . e(-λ t)
où R0 est le rapport isotopique initial (équilibre avec l'atmosphère) et R le rapport isotopique
au temps t.
(*) Le nombre d’atomes de 12C reste constant parce que le 14C ne se désintègre pas en 12C,
mais en azote 14N.
Cette loi exponentielle est caractérisée par un temps de demi-vie appelé période T, au bout
duquel la moitié de la quantité initiale de 14C a disparu. Au temps T, on a donc :
R = R0/2 donc = R/R0 = ½, ce qui entraîne que 1/2 = e(-λ T)
En prenant le logarithme :
ln(1/2) = - λT ou encore, étant donné que ln(1/2) = -ln(2), T = ln(2) / λ
Pour le 14C, la période T toujours utilisée est égale à 5730 ans. 1/ λ, ou τ, correspond alors à
8267 ans. ln(2) vaut en outre 0,6931.
Pour calculer l'âge, on utilise alors cette constante et l'équation R = R0 . e(-λt) devient :
R / R0= e(-λt)
En prenant le logarithme népérien,
ln(R / R0) = -λt ou encore ln(R0/R) = λt
On extrait l'âge t comme suit :
t = ln(R0/R) . 1 / λ.
En remplaçant 1/λ par sa valeur, on a finalement la formule
t = 8267 . ln(R0/R)
Quand R0/R vaut 2, ln(R0/R) vaut 0,6931, et t vaut alors 5730 ans, autrement dit la demi-vie
du 14C
Principe de mesure du rapport isotopique
Le rapport isotopique R = 14C/12C peut être mesuré de deux façons différentes.
Par comptage des particules 'Bêta' issues de la désintégration du 14C
On mesure le rayonnement Bêta issu d'un échantillon de masse connue (nombre d'atomes 12C
connu) pendant une longue période (plusieurs mois). Cette 'radioactivité' est proportionnelle
au nombre d'atomes de 14C, que l'on peut ainsi déterminer.
Par mesure du rapport isotopique par spectrométrie de masse
L'échantillon est réduit en graphite ou en CO2 gazeux, analysé dans un spectromètre de masse.
Cette technique permet la mesure d'un très petit nombre d'atomes de carbone. Elle présente
donc un avantage sur le comptage Bêta lorsqu'on ne dispose que de très faibles quantités
d'échantillon, ou que l'échantillon est vieux et contient peu de 14C.
La limite de détection des spectromètres fixe ainsi la limite de la technique 14C aux derniers
40 000 ans environ.
- 19 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Réactions nucléaires artificielles
Tandis que les réactions nucléaires naturelles sont causées par la décomposition de noyaux
atomiques instables (radioactifs), les réactions nucléaires artificielles peuvent impliquer des
noyaux atomiques stables. Bombardés avec une particule (neutron, proton, particule  ou
d'autres noyaux atomiques) d'énergie adéquate, un noyau atomique stable peut se transformer
pour donner un noyau atomique d'un autre élément. Parfois, les noyaux 2 He provenant d'une
source radioactive (émetteur ) ont la bonne énergie pour provoquer la transformation d'un
noyau atomique stable qui est bombardé par ces particules . C'est ainsi que les réactions
nucléaires artificielles ont été découvertes par Ernest Rutherford en 1913, lorsqu'il a constaté
que l'atmosphère d'azote, sous laquelle il avait stocké une substance radioactive, se
convertissait au fur et à mesure en oxygène et en hydrogène. Aujourd'hui, le bombardement
du béryllium avec des particules  représente la réaction nucléaire la plus importante pour la
génération des neutrons.
4
N + 24He
17
8
Be + 24He
12
6
14
7
9
4
O + 11H
C + 01n
Fission de noyaux lourds
Définition
La fission est une réaction nucléaire provoquée au cours de laquelle un noyau lourd se scinde
généralement en deux noyaux moyens, sous l'impact d'un neutron. La réaction se fait avec
perte de masse et dégagement d'énergie.
Exemple
Un noyau d'uranium 235 peut subir la fission. On dit qu'il est fissile. Une des réactions
possibles s'écrit :
U + 01n
235
92
1
Kr + 142
56Ba + ... 0n
90
36
Il est aisé en écrivant la loi de conservation du nombre de nucléons de déterminer le nombre y
de neutrons rapides formés :
235 + 1 = 90 + 142 + y
y=4
L'équation de la réaction de fission (23) s'écrit donc :
U + 01n
235
92
1
Kr + 142
56Ba + 2 0n
90
36
Une autre réaction possible est :
U + 01n
235
92
90Sr
1
Xe + 38
+ 3 0n
143
54
Les neutrons produits sont rapides. Après ralentissement, ils sont susceptibles de provoquer
des réactions de fission en chaîne car le nombre de neutrons produits est, ici, plus grand que le
nombre de neutrons consommés.
- 20 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Applications des réactions de fission en chaîne
Armes nucléaires
La fission nucléaire non contrôlée est utilisée dans les armes redoutables que représentent les
bombes A.
Production d ‘énergie
Dans les réacteurs nucléaires, la fission est contrôlée et le dégagement d'énergie est
progressif.
En 2004, la Belgique a produit 10 10 9 kWh d’électricité Plus de trois quarts sont d’origine
nucléaire
Masses de quelques particules
Masses de quelques noyaux Divers
proton : mp = 1,6726  10 - 27 kg
neutron : mn = 1,6749  10 - 27 kg
électron : me = 9,1094  10 - 31 kg
uranium 235 : 234,9935 u
cérium 146 : 145,8782 u
sélénium 85 : 84,9033 u
1 u = 1,6606  10 - 27 kg
c = 2,9979  10 8 m / s
NA = 6,022  10 23 mol - 1
e = 1,602  10 - 19 C
La Belgique compte aujourd’hui 7 réacteurs nucléaires à eau sous pression (PWR). La
production d’énergie dans ces réacteurs repose sur la fission de l’uranium 235.
235
Lorsqu’un neutron heurte un noyau d’uranium 92U , une des fissions possibles conduit à la
formation d’un noyau de cérium 58Ce , d’un noyau de sélénium 34Se , ainsi qu’à 5
146
85
neutrons 0n .
la variation de masse qui accompagne la fission d’un noyau d’uranium 235 est :
m = masse finale - masse initiale
m = (145,8782 + 84,9033 + 5 1,0086) - (234,9935 + 1,0086)
m = 235,8195 – 236,0021 = - 0,1826 u
La masse du système diminue (m est négatif). Ce système fournit donc de l'énergie au
milieu extérieur
Calcul de l'énergie E libérée par cette réaction.
1
235
On considère que les énergies cinétiques initiales du neutron 0n et de l'uranium 92U sont
négligeables devant leur énergie de masse.
L'énergie que la réaction dégage s'écrit, en valeur absolue :
E  = m   c²
Calculons m en kg (l'énoncé rappelle que 1 uma = 1,6606  10 - 27 kg) :
m  = 0,1826 uma = 0,1826 1,6606  10 - 27 = 3,032  10 - 28 kg
Portons dans la relation :
E  = m   c² = 3,032 10 - 28  (2,9979  10 8 ) 2
E  = 2,724981  10 - 11 J
1
- 21 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Un kilogramme d’Uranium libère donc : ((2,724981 x 6,022 x 1023 )/ 235) x 1000 = 69 829
087 582 000 Joules soit approximativement 70 x 1012 Joules
La combustion d’un kilogramme de pétrole libère une énergie E = 45 10 6 J sous forme de
chaleur.
Le rendement de la transformation d’énergie thermique en énergie électrique est d’environ 33
%.
1 kg de pétrole
45 10 6 J (calorifique)
0,342  45 10 6 = 15,39 10 6 J
(électrique)
Le principal problème d’exploitation est que les déchets sont radioactifs et posent de sérieux
problèmes de stockage.
La fusion des noyaux légers
Définition
La fusion est une réaction nucléaire provoquée au cours de laquelle deux noyaux légers
s'associent pour former un noyau plus lourd. La réaction se fait avec perte de masse et
dégagement d'énergie.
Exemple
La réaction de fusion entre le deutérium et le tritium s'écrit :
H + 13H
2
1
... + 0n
1
ou encore :
H + 13H
+ 0n
Il est aisé en écrivant les lois de conservation du nombre de protons et du nombre de nucléons
2
1
X
A
Z
1
de déterminer Z et A du nucléide formé
:
1 + 1 = Z + 0 qui donne Z = 2. Le noyau formé est donc un noyau d'Hélium He, caractérisé
par Z = 2.
2 + 3 = A + 1 qui donne A = 4
L'équation de la réaction de fusion s'écrit donc :
H + 12H
2
1
He + 01n
4
2
- 22 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Applications des réactions de fusion
Des réactions de fusion non contrôlées ont lieu dans les étoiles (nucléosynthèse)
Armes nucléaires
Les bombes H, encore plus destructrices que les bombes A font intervenir la fusion nucléaire.
Cette réaction nucléaire est à l'origine de l'énergie stellaire : l'hydrogène, qui est l'élément le
plus abondant de l'univers (plus de 90% en masse de la matière cosmique), se transforme en
hélium (plus de 5% de la masse de l'univers). Par la suite, des noyaux d'hélium peuvent
fusionner dans les régions plus chaudes des astres pour donner naissance aux noyaux
atomiques encore plus lourds. Ainsi, les astres sont des réacteurs nucléaires immenses, dans
lesquels les éléments chimiques sont fabriqués par fusion nucléaire à partir des éléments
parents hydrogène et hélium. L'énergie produite par ces fusions nucléaires est énorme ; la
température atteint plusieurs millions de degrés Celsius.
La réalisation de la fusion nucléaire sur terre pourrait résoudre les problèmes
d'approvisionnement d'énergie. La difficulté rencontrée lors des fusions nucléaires réside dans
les fortes répulsions électrostatiques des particules à fusionner. Pour surmonter cette barrière
énergétique et pour provoquer des collisions productives, il faut assurer une énergie cinétique
aux particules à fusionner, ce qui nécessite des températures de plusieurs millions de degrés.
Production d’énergie
Les chercheurs essaient de contrôler les réactions de fusion afin de réaliser des réacteurs
produisant de l'énergie électrique. Comme la température doit atteindre des millions de degrés
le problème n'est pas facile à résoudre.
- 23 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Applications médicales
Radiothérapie des cancers
Bien que la radioactivité puisse induire le développement de cancers dans un organisme
vivant, les radiations nucléaires sont aussi utilisées avec succès dans le traitement de certains
cancers.
La radiothérapie des cancers repose sur la plus grande sensibilité des cellules cancéreuses par
rapport aux cellules saines vis-à-vis des radiations nucléaires. La radiothérapie utilise des
rayons  émis par un émetteur . La source  naturelle, le nucléide 88Ra , a été remplacée
226
par le radio-isotope artificiel 27Co , synthétisé dans des réacteurs nucléaires, qui est
maintenant la radio-source la plus utilisée
60
Mis à part l'exposition de la partie malade du corps humain à une source  externe, d'autres
stratégies sont également poursuivies telles que l'insertion de la source radioactive
directement dans le tissu cancéreux par des anticorps monoclonaux contenant le radio-isotope
Il est important de trouver la dose qui est suffisante pour détruire les cellules cancéreuses mais
qui n'attaque pas les cellules saines voisines. Intensité et temps d'exposition sont donc des
grandeurs critiques dans ce type de thérapie.
- 24 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Imagerie médicale
Le TC-99
L'application la plus spectaculaire des radio-isotopes en médecine nucléaire se trouve dans le
domaine de l'imagerie médicale à des fins de diagnostic.
Le radio-isotope le plus utilisé en imagerie médicale est le technécium-99, employé sous la
forme de technate [ 43Tc O4]-. L'isotope 43Tc * est un émetteur γ qui se relaxe avec une
période de six heures. Cette courte demi-vie évite aussi un temps d'exposition trop long des
tissus humains aux radiations nucléaires durant l'acquisition des images.
99
99
La radiation  émise est enregistrée puis convertie en image par un traitement informatique.
Ceci permet d'étudier le fonctionnement des organes internes et de détecter des tumeurs.
Le radio-isotope fluor-18 (t1/2 = 110 minutes), qui est un émetteur de positrons, est utilisé
pour la tomographie par émission de positrons. Cette technique permet d'obtenir des images
très détaillées des tissus vivants.
Le radio-isotope fluor-18 est introduit dans les organes à étudier par des molécules, comme
par exemple le fluoro-œstrogène, marqué en fluor-18. Les positons émis sont instantanément
annihilés par les électrons de la matière environnante et ce sont les rayons  résultants qui sont
détectés.
F
18
9
e + 10e
0
1
O + 10e
18
8

La Tomographie par Emission de Positons (TEP)
Principe
Le PET-Scan constitue une technique d'imagerie fonctionnelle qui s'intéresse plus au
fonctionnement d'un organe qu'à sa structure. Tout comme la scintigraphie, le PET-Scan
repose sur l'injection d'un traceur, le plus souvent du 18 Fluoro-Deoxy Glucose ou 18FDG,
dont la distribution dans l'organisme sera détectée grâce à un système de détection spécifique.
Lors de sa désintégration radioactive, le 18F émet un positon β+ (ou encore positron en
anglais) qui est l'anti-particule de l'électron. Ce positon a une durée de vie très brève, en
raison des nombreux électrons présents dans la matière. Après un parcours très bref dans la
matière (1 à 3 millimètres) il rencontre rapidement un électron, ce qui provoque une réaction
- 25 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
d’annihilation. Cette réaction matière-antimatière donne naissance à deux photons. Ces deux
photons sont émis en direction diamétralement opposée (180°).
Le détecteur PET-Scan détecte les deux photons émis lors de son annihilation. Le principe du
PET-Scan repose sur la détection simultanée (détection en coïncidence) de ces deux photons.
Les détecteurs du PET-Scan sont disposés en couronne, réalisant un véritable "anneau de
détecteurs" autour du patient.
Les photons émis à 180° l'un de l'autre seront donc détectés par des récepteurs opposés et
l'endroit précis de l'annihilation se trouve sur une ligne rejoignant ces récepteurs. Grâce au
recoupement de ces "lignes" dans différentes directions, il est possible de déterminer l’endroit
exact où s’est produite l'annihilation, donc la désintégration du 18F, et donc l'absorption du
métabolite traceur au 18F.
Application
Le 18FDG (2-18F- fluoro-2-déoxy-D-glucose) est la molécule la plus souvent utilisée en
clinique. Il s'agit d'une molécule de glucose dont l'un des groupements hydroxyl (OH), en
position 2, a été remplacé par un atome de fluor radioactif (18F). Les cellules cancéreuses, qui
ont un métabolisme plus actif que les cellules normales, absorbent beaucoup plus de glucose
que les cellules normales. Le 18-FDG n'est pas métabolisé ensuite comme le glucose, il reste
plus longtemps dans la cellule (cancéreuse ou non). Plus les cellules cancéreuses seront
agressives et se multiplieront, plus elles capteront du 18 F-Glucose ou FDG.
L’examen est basé sur le passage trans-membranaire du 18-FDG, du fait d’un fonctionnement
exagéré de la glycolyse au sein de la cellule tumorale. Une onco-activation du gène du
transporteur GLUT-1 induit une hyper-production d’ARNm codant pour ce transporteur. Le
18-FDG entre en compétition avec le 2-déoxyglucose vis-à-vis de ce transporteur transmembranaire en excès, et pénètre donc dans la cellule tumorale. Métabolisé en 18-FDG-6Phosphate par l’hexokinase, il ne peut ensuite être transformé par les étapes suivantes de la
glycolyse.
Il s’accumule alors dans la cellule maligne sans y subir de dégradation ultérieure, le 18F se
désintégrant ensuite en émettant en direction opposée deux photons de 511 kev, captés par la
caméra et à la base de l’image Pet
Cette augmentation du métabolisme du glucose peut aussi s'observer au cours de processus
infectieux ou inflammatoires, ou sur des cellules très actives comme les cellules cérébrales ou
musculaires. A l'inverse, certaines tumeurs malignes peuvent avoir une faible consommation
de glucose, notamment les tumeurs nécrotiques. La fiabilité du PET-Scan n'est donc pas
absolue.
- 26 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Unités de mesure
Point de vue de la source
L’activité d’une source radioactive se mesure par le nombre de désintégrations par intervalle
de temps. On utilise comme point de départ le Becquerel, qui équivaut à une désintégration
par seconde.
Cette unité est difficilement utilisable dans la pratique, car très petite. On préfèrera utiliser
comme référence l’activité d’une certaine quantité d’un élément radioactif : on utilise
l’activité d’une masse de 1 gramme de Radium.
Un gramme de Radium subit 3,7 x 1010 désintégrations en une seconde. On a donné le nom de
Curie à cette unité. Un Curie équivaut donc à 3,7 x 1010 Becquerels.
Point de vue de l’exposition à la source
Dose absorbée
La dose absorbée par unité de masse dans n’importe quelle matière s’exprime en Joules/kg.
Cette unité porte le nom de Gray (Gy). Mais par habitude, on utilise encore couramment le
Rad, qui équivaut à 0,01 Gray, ou 0,01 Joule/kg. 1 Gray vaut donc 100 Rad.
Dose absorbée par les tissus vivants.
Les effets biologiques des radiations sont fonction de la manière dont l’énergie se disperse
dans les tissus, autant que de la quantité d’énergie. C’est pourquoi on apporte à la notion de
dose absorbée une correction qui dépendra du type de rayonnement. Cette dose absorbée
corrigée en fonction du type de rayonnement s’exprime en Sievert (Sv), ou en rem.
Le Sievert n’est autre que le Gray multiplié par un facteur d’efficacité biologique relative
(EBR). Le rem quant-à lui, est le rad multiplié par ce même facteur d’efficacité biologique.
Ce facteur d’efficacité biologique est de 1 pour les rayons X,  et , mais 10 pour les rayons
. Cela s’explique par la masse relativement importante des particules , et donc les dégâts
importants que ces particules provoquent lors de leur passage dans les tissus.
Exposition
Rayons , ,  et X sont dits « ionisants », parce qu’ils modifient la structure électronique des
atomes de la matière traversée. Il en va de même pour l’air, qui est ionisé par ces rayons.
Cette caractéristique est utilisée pour définir une unité d’exposition, le Roentgen, qui
correspond à une ionisation de l’air de 2,58 x 10-4 Coulomb/kg. Pour rappel, 1 Coulomb
correspond à 6,24 x 1018 électrons
- 27 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Introduction à la radioprotection
Types de danger
Les sources radioactives exposent à deux types de dangers bien distincts selon la position de
la source par rapport à l’organisme :
- Irradiation externe : la source est située à l’extérieur de l’organisme
- Irradiation interne : la source est située à l’intérieur de l’organisme
Irradiation externe
Dans ce cas, il s ‘agit principalement de rayonnements  et , car les particules  sont vite
arrêtées, même par une mince lame d’air. Les rayons  parcourent environ 4 mètres par
électron volt dans l’air, et les rayons  ne sont pour ainsi dire pas atténués. Seul l’effet de
dispersion diminue leur nocivité.
Moyens de protection
La protection contre l’irradiation externe peut se faire de trois manières différentes :
-
Limitation du temps d’exposition
Distance par rapport à la source
Interposition de blindage
Temps d’exposition
La limitation du temps d’exposition aux radiations doit surtout être suivie en milieu
hospitalier, aussi bien pour les patients qui subissent des examens radiologiques de type RX
que pour les techniciens.
Protection par la distance
L’atténuation de la nocivité des rayons est due à l’écran d’air d’une part, mais aussi à la
distribution spatiale du rayonnement. Le débit de dose varie en fonction de l’inverse du carré
de la distance par rapport à la source radioactive.
Interposition de blindages
L’épaisseur du blindage nécessaire pour atténuer un rayonnement donné est fonction de la
densité du matériau utilisé. Plus le matériau est dense, plus il atténue le rayonnement.
- 28 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
L’influence du type de rayonnement
Les trois principaux types de radiations nucléaires, ,  et , pénètrent dans la matière à des
degrés différents. En fonction du pouvoir de pénétration, il faut se protéger contre les
radiations nucléaires par un blindage de nature et d'épaisseur différente.
Rayonnement Pouvoir de pénétration Protection nécessaire
1
3 mm de papier

100
3 mm d'aluminium

10000
3 m de béton

Le rayonnement  est le moins pénétrant, car les particules  (ions He2+) sont assez
massives et captent des électrons à la surface de la matière pour former des atomes d'hélium.
Bien qu'elles ne pénètrent pas très profondément dans un tissu vivant, elles sont très
dangereuses, car l'ionisation du tissu humain peut provoquer des troubles graves et des
cancers. Ceci est d'autant plus dangereux si les particules  sont inhalées ou ingérées. D'un
autre côté, une protection en papier est suffisante pour blinder les rayons  à cause de leur
faible pouvoir de pénétration. Cependant, il ne faut pas sous-estimer la nature offensive des
rayons  qui, bien que moins pénétrants, représentent un rayonnement très ionisant.
Le rayonnement  est plus pénétrant, car les électrons sont des particules plus petites que les
ions d'hélium. Ils peuvent pénétrer jusqu'à environ un centimètre de profondeur dans un tissu
vivant avant d'être arrêtés. Ils peuvent être capturés par les bio-molécules qui sont en
conséquence ionisées. Ces rayons sont relativement faciles à arrêter, l’épaisseur nécessaire
pour arrêter totalement ce type de rayonnement dépend aussi de l’énergie des électrons émis.
En général, quelques mm de blindage métallique suffisent.
Le rayonnement est le plus pénétrant de tous les rayonnements nucléaires, car il s'agit de
photons de haute énergie, sans charge ni masse qui peuvent traverser la plupart des matériaux.
En traversant des tissus vivants comme le corps humain, ils peuvent provoquer des dommages
en ionisant des molécules situées sur leur chemin, ce qui peut induire un disfonctionnement de
l'ADN et provoquer l'apparition de cancers. Ces rayons sont difficiles à arrêter, et ne sont
jamais complètement stoppés par les blindages. L’atténuation du faisceau suit une loi
exponentielle de type
I = I0 e-x,
Avec
I0 l’intensité du faisceau incident,
I l’intensité du faisceau à la sortie du blindage,
 un coefficient d’atténuation,
x l’épaisseur du blindage
On voit que pour des épaisseurs très grandes, I tend seulement vers 0. On ne peut donc donner
d’épaisseur qui va complètement arrêter le rayonnement, à l’instar de ce qui se passe pour la
décroissance radioactive, pour laquelle il n’y a pas de temps au bout duquel l’activité de la
source radioactive est devenue nulle.
- 29 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
On doit donc caractériser le pouvoir « d’arrêt » d’un matériau donné par son épaisseur-demi,
c’est à dire son épaisseur telle que l’intensité du faisceau sortant vaut la moitié de l’intensité
du faisceau incident. On utilise aussi l’épaisseur-dixième, soit l’épaisseur telle que l’intensité
du faisceau à la sortie ne vaut plus que 10 % de son intensité à l’entrée dans le matériau.
Il est donc théoriquement impossible d’arrêter totalement les rayons X et 
Epaisseurs-dixièmes de quelques matériaux, rayons  de 1 MeV
Eau
Béton léger
Béton lourd
Plomb
31 cm
17 cm
10 cm
3 cm
L’irradiation interne
Dans ce cas, tous les types de rayonnement sont susceptibles de provoquer des dégâts.
L’irradiation interne est provoquée par ingestion ou inhalation de substances radioactives.
Nous avons vu que beaucoup d’éléments ont des isotopes radioactifs, donc également les
éléments nécessaires au métabolisme. C’est sur ce principe que sont basées les applications
médicales tant thérapeutiques que diagnostiques des radio-éléments.
Les risques causés par une irradiation internes sont plus délicats à cerner et à traiter. Il y a
contact permanent entre la substance radioactive et les cellules de l’organisme.
L’irradiation diminue dans le temps, à cause de l’effet combiné de la décroissance radioactive
de l’élément et de son élimination biologique. On devine donc que des éléments radioactifs à
longue demi-vie, incorporés à des substances qui s’éliminent difficilement, augmenteront
d’autant les risques. C’est le cas de l’iode, qui se fixe au niveau de la thyroïde, par exemple.
On évalue l’élimination de la radioactivité par la demi-vie effective Teff
Teff se calcule comme suit :
1/Teff = 1/T1/2 + 1/Tbio
- 30 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Caractéristiques biologiques de quelques isotopes radioactifs
Isotope
Demi-vie
Rayonnement

H-3
C-14
Na-22
P-32
S-35
K-42
Ca-45
Ca-47
Cr-51
Mn-54
Co-57
Co-60
Fe-59
Tc-99
I-125
I-131
Cs-131
Cs-137
12,3 a
5730 a
2,6 a
14 j
88 j
12 h
165 j
4,5 j
27,8 j
303j
270 j
5263 a
46 j
6h
60 j
8j
30 m
30 a
+
+
++
++
+
+++
+
++
+
+

+
+
+
+
+
+
++
++
+
++
+
++
++
- 31 -
Concentrations maximum
admissibles
Corps
eau
air
(Cu)
(Cu/ml) (Cu)/ml
Organes
critiques
1000
300
10
6
90
10
30
5
800
20
200
10
20
200
3 x 10-2
8 x 10-3
3 x 10-4
2 x 10-4
6 x 10-4
2 x 10-4
9 x 10-5
3 x 10-4
2 x 10-2
10-3
4 x 10-3
3 x 10-4
5 x 10-4
3 x 10-2
2 x 10-6
10-6
3 x 10-9
3 x 10-8
9 x 10-8
4 x 10-8
10-8
6 x 10-8
8 x 10-7
10-8
6 x 10-8
3 x 10-9
2 x 10-8
5 x 10-6
tissus
graisse
0,7
700
30
10-5
2 x 10-2
2 x 10-4
2 x 10-9
10-6
5 x 10-9
os
peau
muscles
os
os
reins
Reins-foie
foie
foie
sang
reins
Thyroïde
Thyroïde
muscles
muscles
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Radioactivité de l’environnement
La radioactivité de l’environnement est due à des sources naturelles, et depuis la maîtrise de
l’atome par l’homme, à des sources artificielles.
Sources naturelles
Rayonnement d’origine cosmique
Généralités
Le rayonnement cosmique qui atteint la surface de la terre, et donc les populations qui y
vivent est le rayonnement secondaire produit par interaction du rayonnement primaire sur les
couches de l’atmosphère. Le rayonnement cosmique primaire n’atteint pas la surface de la
terre. Celui-ci est constitué principalement de protons dont l’énergie varie entre 1 et 1014
MeV. Les protons à haut niveau d’énergie provoquent des réactions nucléaires, les protons à
bas niveau d’énergie interagissent par ionisation. Les réactions nucléaires produisent
essentiellement des nucléons (neutrons et protons), et des mésons (pions et kaons). Les
nucléons perdent rapidement leur énergie par collision et ionisation dans l’atmosphère ; par
contre, les pions et les kaons se transforment en muons, électrons et photons. A cause de leur
durée de vie « relativement importante » de l’ordre de la microseconde, et de leur faible
section efficace d’interaction avec la matière, les muons constituent la principale composante
du rayonnement cosmique au niveau de la mer.
Composantes du rayonnement cosmique
On distingue dans le rayonnement cosmique une composante ionique (qui contribue pour la
plus grande part à l’irradiation cosmique), une composante neutronique, ainsi qu’une
composante due aux radioéléments induits.
Parmi les radio-nucléides induits, on trouve le béryllium-7, le tritium et le carbone –14. Seul
le bérillyium-7 peut être à l’origine d’une irradiation externe, de toute manière très faible par
rapport à l’ensemble de l’irradiation cosmique.
Contribution des diverses composantes du rayonnement cosmique
Composante ionique
28 mrad/an
Composante neutronique
0,5 mrad/an
Radio-nucléides induits
négligeable
- 32 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Répartition du rayonnement d’origine cosmique
Le rayonnement cosmique varie dans l’espace, car il est fonction de l’altitude, et dans le
temps, car il est lié aux cycles d’activité solaire.
Rayonnement tellurique
Les radio-nucléides naturels
Radio-nucléides primaires
Les radio-nucléides primaires sont apparus lors de la nucléosynthèse, et ont subsisté jusqu’à
nous en raison de leur demi-vie très longue. Le dernier épisode de nucléosynthèse des
nucléides constitutifs du système solaire a eu lieu il y a 5 milliards d’années (estimation). Seul
l’hélium est encore produit dans le soleil à l’heure actuelle, par fission de l’hydrogène. On
distingue les radio-nucléides primaires indépendants, et les têtes de famille.
Radio-nucléides indépendants
Ceux-ci donnent lieu directement à un nucléide stable
- 33 -
Physique
Physique nucléaire
Radio-nucléides têtes de famille
Ils donnent naissance à une famille radioactive.
Il s’agit de l’uranium 235, l’uranium 238, et le thorium 232
- 34 -
3°degré
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Radio-nucléides secondaires
Sont formés par désintégration d’un parent radioactif. Ils constituent les membres des familles
radioactives actuelles, qui sont au nombre de trois.
Radio-nucléides induits
Ce sont les radio-nucléides à durée de vie trop courte pour être primaires, et non formés par
désintégration d’un parent primaire. Ils sont produits actuellement lors de réactions nucléaires
provoquées par le rayonnement naturel (cosmique ou tellurique).
Principaux nucléides radioactifs dans la croûte terrestre
nucléide
Abondance isotopique Demi-vie (109 ans)
(%)
K-40
0,012
1,28
U-238
99,3 (100-0,7)
4,47
Th-232
100
14,4
- 35 -
Abondance (g/g)
3,1
2,8
10
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Répartition géographique du rayonnement d’origine tellurique
La répartition géographique suit la répartition des roches. Certaines régions (Bretagne, Massif
Central, Ecosse) subissent une irradiation tellurique importante. Un des risques pour les
population est l’absorption par voie respiratoire du Radon, une des produits de désintégration
de l’U-238. On trouve en Europe des doses annuelles de 30 à 200 mrem. Ces doses sont à
comparer au niveau admis, qui est de 500 mrem par an pour les individus qui ne sont pas
exposés pour des raisons professionnelles.
- 36 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Estimation des équivalents de dose effectifs annuels pour les sources naturelles des
rayonnements ionisants dans des régions non exceptionnelles
Sources
Rayonnement cosmique
- Composante ionisante
- Composante neutronique
- Radio-nucléides induits
Total
Rayonnement tellurique
- K40
- U238
- Th232
Total
Rayonnement interne
- K40
- U238 et descendants
- Rn222 et Rn220
- Th232
Total
TOTAL
TOTAL GENERAL
Equivalent de dose effectif annuel(mSv)
Irradiation externe
Irradiation interne
0,28
0,021
0,015
0,30
0,12
0,09
0,14
0,35
0,65
2 mSv (200mrem)
- 37 -
0,18
0,15
0,97
0,015
1,34
1,35
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Sources artificielles
Introduction
Les sources non naturelles de rayonnement sont principalement les rayons X, utilisés en
médecine, et les radio-nucléides artificiels. Les rayons X ne seront pas traités dans le cadre de
ce cours. Les radio-nucléides artificiels ont principalement deux origines :
- les centrales nucléaires (rejets, accidents)
- les bombes atomiques
Bref historique
Le début de l’ère atomique débute réellement en 1938, lorsque la fission est découverte un
peu par hasard, lors de tentative de synthèse d’éléments transuraniens (nombre de protons >
92, travaux de Fermi, Irène Curie, Otto Hahn).
La synthèse d’éléments transuraniens repose sur les principes suivants :
- l’uranium est bombardé avec des neutrons. Ces neutrons doivent avoir un certain
niveau d’énergie : de l’ordre de 0,025 eV. Pour obtenir des neutrons de cette énergie,
on les « ralentit » par chocs avec des protons H, dont la masse est proche de celle du
neutron. Les neutrons sont ainsi ralentis, mais pas absorbés.
- un neutron peut se transformer en proton, en libérant une particule Le transuranien le plus connu est le plutonium.
La fission de l’uranium : Le réacteur nucléaire
Principe de la fission de l’uranium
La fission de l’uranium est la réaction nucléaire qui consiste à « casser » le noyau de
l’uranium en éléments plus petits, en bombardant le noyau d’uranium de neutrons. Les
noyaux formés étant plus légers, ils auront un nombre de neutrons excédentaire, car le nombre
de protons étant moins élevé, il faut moins de nucléons neutres pour compenser les forces de
répulsion électrostatiques. Les atomes dont le numéro atomique (Z, nombre de protons) est
inférieur à 20 ont d’ailleurs un nombre de neutrons sensiblement égal au nombre de protons.
Les neutrons excédentaires sont eux-mêmes projetés sur d’autres noyaux d’uranium,
entraînant d’autres réactions de fission.
Le seul matériau fissile naturel est l’uranium-235. L’uranium naturel est constitué pour 99,3%
de l’isotope U-238, et seulement 0,7% de l’isotope fissile U-235. La réaction de fission en
chaîne est possible dans l’uranium naturel, mais moyennant certains conditions.
- Il faut tout d’abord que les neutrons ne s’échappent pas de la masse d’uranium. Il faut
donc une certaine quantité d’uranium, c’est ce que l’on appelle la masse critique.
- D’autre part, il faut que les neutrons aient une énergie ni trop faible, ni trop élevée
pour être captés par les noyaux d’uranium.
- Enfin, il ne faut pas trop d’impuretés à même d’absorber les neutrons.
Un noyau subissant la fission donne en moyenne 2 à 3 neutrons, d’une énergie de 1 MeV.
L’uranium 238 capture les neutrons.
- 38 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Le rôle du modérateur
Nous avons donc vu qu’il faut ralentir, mais pas absorber les neutrons. C’est le rôle du
modérateur. Différents modérateurs existent, parmi lesquels l’hydrogène (eau), le carbone
(graphite), le béryllium…
Dispositifs de contrôle de la réaction
Le bore est un bon modérateur, mais aussi un puissant absorbeur de neutrons. Il n’est donc
pas utilisé comme modérateur, mais dans les dispositifs de contrôle de la réaction. Lorsqu’il
faut arrêter la réaction en chaîne, on plonge des barres de contrôle constituées de bore dans le
coeur du réacteur.
Mais on voit aussi que puisque chaque réaction de fission donne lieu à 2 ou 3 neutrons, le
risque existe de voir la réaction en chaîne s’emballer, et conduire à l’explosion. Idéalement, il
faudrait que chaque réaction de fission produise un neutron efficace. L’uranium-238 est un
absorbeur de neutrons.
Premier réacteur nucléaire
Le premier réacteur nucléaire était constitué de barres d’uranium naturel à 0,7% d’U-235,
plongées dans du graphite servant de modérateur. Des barres de contrôles de Bore
permettaient de piloter la réaction. Le principe de ce type de réacteur est basé sur le fait que le
libre parcours moyen d’un neutron de fission est de 2 à 3 cm dans l’uranium. Il y a donc
intérêt à ce que les neutrons de fission passent dans le modérateur, où leur énergie diminue
rapidement. On espère que lorsque leur énergie est proche de l’énergie nécessaire pour
provoquer la fission de l’U-235, ils passent dans une barre d’uranium. Heureusement, les
neutrons lents sont peu sujets à l’absorption par l’U-238 !
Le plutonium
L’absorption de neutrons par l’U-238 ne conduit normalement pas à la fission, mais à la
formation d’U-239, qui par désintégration - donne le Neptunium-239, qui lui même se
désintègre (-) en Plutonium 239. Ce dernier est fissile. Mais à cause de la présence de
neutrons rapides, le plutonium Pu-239 devient Pu-240 non fissile. (la fission nécessite des
neutrons lents, mais les neutrons rapides peuvent entraîner la fission de l’U-238)
Le plutonium s’accumule donc dans le réacteur. Les militaires retirent le plutonium tant qu’il
est fissile (fabrication de bombes). Le pu-239 est aussi utilisé dans les réacteurs
surrégénérateurs (voir plus loin).
- 39 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Différents types de centrales
La proportion d’U-235 va donc avoir son importance. En pratique, pour l’usage civil de
production d’énergie, l’uranium est enrichi à 3%, c’est à dire qu’il contient 3% d’U-235 pour
97% d’U-238.
La combinaison des différents types de « combustibles », modérateurs et caloporteurs
(refroidissement et transport primaire d’énergie) donne les différentes filières de réacteurs.
« Combustible »
- U naturel (0,7 % d’U-235)
- U enrichi (3% d’U 235)
- U 235 pur
- Pu-239
Modérateur
- H20
- D20 (« eau lourde »)
- C (graphite)
- Be
- Liquides organique
Caloporteur
- H20
- D20 (« eau lourde »)
- CO2
- He
- Na
Tableau de quelques filières de réacteurs
BWR (Boiling Water Reactor)
- Combustible : Uranium enrichi (2,6%), oxyde d’uranium
- Gainage : Zircaloy
- Modérateur : Eau ordinaire
- Caloporteur : Eau ordinaire bouillante sous pression
- Rendement théorique : 32%
- Dimensions du cœur ( x h) : 3,7 x 3,7 m
- Pays : E-U
- 40 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
PWR (Pressurized Water reactor)
- Combustible : Uranium enrichi (3,3%), oxyde d’uranium
- Gainage : Zircaloy
- Modérateur : Eau ordinaire
- Caloporteur : Eau ordinaire sous pression
- Rendement théorique : 32%
- Dimensions du cœur ( x h) : 3,0 x 3,7 m
- Pays : E-U
SGHWR (Steam Generator Heavy Water Reactor)
- Combustible : Uranium enrichi (2,24%), oxyde d’uranium
- Gainage : Zircaloy
- Modérateur : Eau lourde
- Caloporteur : Eau ordinaire sous pression
- Rendement théorique : 32%
- Dimensions du cœur ( x h) : 3,0 x 3,7 m
- Pays : Royaume-Uni
CANDU (Canadian Deuterium Uranium)
- Combustible : Uranium naturel, oxyde d’uranium
- Gainage : Zircaloy
- Modérateur : Eau lourde
- Caloporteur : Eau lourde sous pression
- Rendement théorique : 30%
- Dimensions du cœur ( x h) : 7,1 x 5,9 m
- Pays : Canada
MAGNOX (Magnesium Alloy)
- Combustible : Uranium naturel, métal
- Gainage : Alliage magnésium (Magnox)
- Modérateur : Graphite
- Caloporteur : CO2 sous pression
- Rendement théorique : 31%
- Dimensions du cœur ( x h) : 14 x 9 m
- Pays : Royaume-Uni, France
AGR (Advanced Gaz-Cooled Reactor)
- Combustible : Uranium enrichi (2,3%), oxyde d’uranium
- Gainage : Inox
- Modérateur : Graphite
- Caloporteur : CO2 sous pression
- Rendement théorique : 42%
- Dimensions du cœur ( x h) : 3,0 x 3,7 m
- Pays : Royaume-Uni
- 41 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
HTGR (High Temperature Gaz-Cooled Reactor)
- Combustible : Uranium enrichi (10%), carbure d’uranium
- Gainage : Graphite
- Modérateur : Graphite
- Caloporteur : Hélium
- Rendement théorique : 39%
- Dimensions du cœur ( x h) : 9,8 x 6 m
- Pays : Royaume-Uni, E-U
FBR (Fast-Breeder Reactor, surrégénérateur)
- Combustible : Uranium naturel, plutonium-239, oxydes
- Gainage : Inox
- Modérateur : - Caloporteur : Sodium liquide
- Rendement théorique : 44%
- Dimensions du cœur ( x h) : 2,3 x 1,1 m
- Pays : France, URSS, Royaume-Uni
La centrale classique
La centrale nucléaire classique est de type PWR (Pressurized Water Reactor), ou REP
(Réacteur à eau pressurisée). Le « combustible » est de l’uranium enrichi, et l’eau fait office
et de modérateur et de caloporteur. Ce type de réacteur est en principe très sûr, car en cas de
surchauffe, par exemple, la disparition de l’eau et donc du modérateur entraîne l’arrêt de la
réaction, car il n’y a plus de neutrons lents responsables de fissions.
Le surrégénérateur
Le surrégénérateur est un réacteur sans modérateur, à neutrons rapides. Le terme
« surrégénérateur » vient du fait que la réaction régénère le combustible. 1 neutron produit 1
fission qui à son tour produit 3 neutrons. Ces trois neutrons produisent en moyenne 1 nouvelle
fission, mais 1,5 neutrons seront capturés par le combustible et vont ainsi le régénérer, au lieu
de subir une capture stérile par un absorbeur de neutrons (U-238, par exemple).
Cette filière est plus dangereuse, notamment en raison de l’absence de modérateur, et de la
nécessité d’utiliser un caloporteur à densité faible, afin de ne pas ralentir les neutrons. On
utilise souvent le sodium liquide, et ce dernier s’enflamme au contact de l’air et explose au
contact de l’eau. Pour rappel, les quelques % d’U-235 des réacteurs classiques ne peuvent
propager la réaction de fission.
Un grand avantage est que le combustible utilisé (Pu-239) provient du retraitement des
réacteurs normaux. On estime que cette filière permet de multiplier par 150 les réserves
d’Uranium.
- 42 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
La problématique des déchets
Le principal inconvénient des centrales nucléaires, d’un point de vue des effets sur
l’environnement est la production de déchets dont la gestion pose nombre de problèmes.
Dans un réacteur de type PWR, le « combustible » est irradié par le flux de neutrons pendant
3 ans. A la fin de cette période, 30% des fissions se produisent encore dans l’U-235, 55%
dans le Pu-239, 10% dans le Pu-241, et 4% dans l’U-238. Sur la durée de vie du combustible,
60% des fissions génératrices d’énergie se produisent dans l’U-235, 31% dans le Pu-239, 4%
dans le Pu-241, 5% dans l’U-238.
Pour une tonne de combustible enrichi à 3,3% en U-235, seront consommés :
- 24 kg d’U-238
- 25 kg d’U-235
A noter la proportion faible de l’U-238, celui-ci ne subit que peu de fissions, induites par des
neutrons rapides. La principale source de réactions est l’U-235.
Sont produits, outre plus ou moins 800x106 kWh thermiques,
- 35 kg de produits de fission
- 14 kg d’actinides (transuraniens)
Produits de fission.
Les produits de fission sont tous en excès de neutrons, et sont de ce fait des émetteurs -. On
remarque deux pics d’abondance en fonction du nombre de masse : autour de 95, et autour de
140. 95 correspond au Zirconium, et 140 au Baryum. Parmi les autres produits de fission
abondants, on peut citer le Strontium-90 (Sr-90), l’Yttrium-90 (Y-90), le Césium-137 (Cs137), l’Iode-131 (I-131), le Krypton-85 (Kr-85).
Produits d’activation et actinides
Parmi les produits d’activation et actinides, on trouve principalement du Plutonium, qui est un
émetteur  pur. Son principal danger est qu’il s’inhale facilement et se fixe au niveau des
bronches, provoquant ainsi des cancers bronchiques.
Citons aussi l’U-236, le Neptunium-237 (Np-237), l’americum-243 (Am-243).
La longue vie des déchets radioactifs
La durée de vie des produits de fission et des actinides est variable. Leur contribution à la
radioactivité des déchets varie donc dans le temps. Les plus actifs ont en général une durée de
vie plus courte.
Le graphique suivant montre l’évolution de l’activité des déchets générés lors de la production
de 1 GW pendant une année. Les échelles sont logarithmiques. On voit que le niveau de
radioactivité reste dangereux pendant plus de 10 000 ans, et que la radioactivité est surtout le
fait du Cs-137, du Ba-137, de l’Y-90 et du Sr-90.
- 43 -
Physique
Physique nucléaire
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3°degré
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Les armes nucléaires
La production d’énergie électrique n’est malheureusement pas le seul usage fait de l’énergie
atomique. Les quantités inouïes d’énergie produites ont vite intéressé les puissances
militaires. On distingue essentiellement les bombes atomiques classiques, à fission, et les
bombes à fission, ou à hydrogène.
Dans une bombe à fission, la réaction de fission de l’uranium (ou du plutonium) n’est pas
contrôlée par un absorbeur de neutrons. La réaction en chaîne est explosive. Outre la
puissance de destruction largement supérieure à celle des explosifs classiques, les ravages
proviennent également des radiations directes et de la contamination par les retombées.
La radioactivité produite par l’explosion d’une bombe nucléaire à fission, suit une
décroissance quelque peu différente de celle qui est produite par une centrale énergétique. La
radioactivité totale libérée par l’explosion d’une bombe est de l’ordre du millier de fois plus
grande que celle qui est produite lors de la durée de vie d’une centrale nucléaire, mais la
décroissance est beaucoup plus rapide. Après quelques jours, la radioactivité totale produite
par la bombe se rapproche de celle produite par le réacteur nucléaire civil, et après dix années,
la radioactivité résultant de l’explosion de la bombe est 100 fois moindre que celle des
déchets du réacteur civil. Ceci est dû à l’apparition de produits de fission et d’activation
différents dans les deux cas. Cependant, les isotopes qui contribuent le plus à la radioactivité
sont de nouveau le Sr-90 et l’Y-90, ainsi que le Cs-137, surtout après les premières années.
Au début, ce sont surtout les radio-nucléides à durée de vie plus courte Lantane-140, Baryum140 et Iode-131 qui contribuent à la radioactivité.
Sources d’irradiation de la population dans les pays industrialisés
On constate que les sources naturelles et artificielles contribuent de façon plus ou moins
équivalente dans la dose effective (compte tenu des effets biologiques) reçue. Les sources
naturelles englobent le rayonnement cosmique, le rayonnement tellurique et l’irradiation
interne, due principalement à la désintégration  du radon dans les poumons.
- 45 -
Physique
Physique nucléaire
3°degré
Annexes
Hydrogène
Hélium
Lithium
Béryllium
Bore
Carbone
Azote
Oxygène
Fluor
Néon
Sodium
Magnésium
Aluminium
Silicium
Phosphore
Soufre
Chlore
Argon
Potassium
Calcium
Scandium
Titane
Vanadium
Chrome
Manganèse
Fer
Cobalt
Nickel
Cuivre
Zinc
Gallium
Germanium
Arsenic
Sélénium
Brome
Krypton
Rubidium
Strontium
Yttrium
Zirconium
Niobium
Molybdène
Ruthénium
H
He
Li
Be
B
C
N
O
F
Ne
Na
Mg
Al
Si
P
S
Cl
A
K
Ca
Se
Ti
V
Cr
Mn
Fe
Co
Ni
Cu
Zn
Ga
Ge
As
Se
Br
Kr
Rb
Sr
Y
Zr
Nb
Mo
Ru
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
44
1,0081
4,003
6,94
9,02
10,82
12,01
14,008
16
19
20,183
22,997
24,32
26,97
28,06
30,98
32,06
35,457
39,944
39,096
40,08
45,1
47,9
50,95
52,01
54,93
55,84
58,94
58,69
63,57
65,38
69,72
72,6
74,91
78,96
79,916
83,7
85,48
87,63
88,92
91,22
92,91
95,95
101,7
Rhodium
Palladium
Argent
Cadmium
Indium
Etain
Antimoine
Tellure
Iode
Xénon
Césium
Baryum
Lanthane
Cérium
Praséodyme
Néodyme
Samarium
Europium
Gadolinium
Terbium
Dysprosium
Holmium
Erbium
Thulium
Ytterbium
Lutétium
Hafnium
Tantale
Tungstène
Rhénium
Osmium
Iridium
Platine
Or
Mercure
Thallium
Plomb
Bismuth
Radon
Radium
Thorium
Protactinium
Uranium
- 46 -
Rh
Pd
Ag
Cd
In
Sn
Sb
Te
I
Xe
Cs
Ba
La
Ce
Pr
Nd
Sm
Eu
Gd
Tb
Dy
Ho
Er
Tm
Yb
Lu
Hf
Ta
W
Re
Os
Ir
Pt
Au
Hg
Tl
Pb
Bi
Rn
Ra
Th
Pa
U
45
46
47
48
49
50
51
52
53
54
55
56
57
58
59
60
62
63
64
65
66
67
68
69
70
71
72
73
74
75
76
77
78
79
80
81
82
83
86
88
90
91
92
102,91
106,7
107,88
112,41
114,76
118,7
121,76
127,61
126,92
131,3
132,91
137,36
138,92
140,13
140,92
144,27
150,43
152
156,9
159,2
162,46
164,94
167,2
169,4
173,04
175
178,6
180,88
183,92
186,31
190,2
193,1
195,23
197,2
200,61
204,39
207,21
209
222
226,05
232,12
231
238,07
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