des particules. Cette fonction possède en effet deux composantes, correspondant au passage
de la particule par chacune des deux fentes. La fonction d’onde totale est la somme des deux
composantes, au sens de l’addition des nombres complexes, ou encore des vecteurs qui les
représentent. En certains points de l’écran, les ondes sont en phase, leurs vecteurs de même
direction, et la probabilité de trouver la particule est importante. En d’autres points, les ondes
sont en opposition de phase, leurs vecteurs opposés, et la particule a une probabilité nulle
d’arriver. La figure d’interférence s’évanouit si on ferme une des deux fentes, puisque alors
une des composantes de la fonction d’onde disparaît.
Cette interprétation ondulatoire est étrange si l’on note que l’expérience peut être faite
dans des conditions de flux très faible, où il ne se trouve à chaque instant qu’une particule
dans l’appareil. On obtient alors les mêmes franges, après un temps de moyen-âge très long.
On peut alors se demander comment une particule, seule dans l’interféromètre, peut « savoir »
si les deux trous sont ouverts, auquel cas elle doit éviter les franges noires, ou si un trou est
bouché, auquel cas elle peut arriver n’importe où ! On a là un exemple typique de logique
non-classique : un phénomène (arrivée de la particule en un point) est moins probable lorsque
deux possibilités sont offertes à la particule que si une seule ne l’est ! Un physicien classique
posera immédiatement des questions simples : par quel trou passe réellement la particule ? Est
ce une onde (auquel cas on comprend les interférences mais pas l’arrivée discrète sur l’écran)
ou une particule (auquel cas on comprend les impacts discrets mais plus les interférences). La
mécanique quantique répond qu’en vertu du principe de superposition, la particule passe par
les deux trous à la fois, aussi longtemps qu’on ne la force pas à choisir ! Notons enfin que de
telles expériences, relativement faciles à réaliser avec des particules microscopiques,
deviennent de plus en plus difficiles avec des particules de taille importante. C’est encore
possible avec des molécules, mais pas avec des boules de billard ou un quelconque objet
macroscopique !
Les interférences quantiques jouent un rôle capital en physique microscopique et l’on
peut s’en servir pour des applications importantes. Considérons par exemple un atome
possédant deux niveaux d’énergie, un niveau fondamental g d’énergie Eg, et un niveau excité
e, d’énergie Ee. On sait qu’en absorbant de la lumière dont la fréquence ν satisfait la relation
Ee – Eg = hν (où h est la constante de Planck) l’atome peut être porté du niveau g au niveau e
en absorbant un photon. Si on excite l’atome par une impulsion lumineuse et si on ajuste la
durée de cette impulsion, on peut s’arranger pour que l’atome se trouve excité « à mi-
chemin » entre e et g, dans une superposition de ces deux états. Appliquons maintenant à
l’atome initialement dans l’état g deux impulsions identiques, séparées dans le temps, à deux
instants t1 et t2. Chacune des impulsions superpose les deux états e et g. Mesurons enfin
l’énergie de l’atome et, en recommençant l’expérience un grand nombre de fois, déterminons
la probabilité de le trouver finalement dans l’état e. La fonction d’onde associée à l’atome va,
comme dans le cas de l’expérience de Young, présenter deux termes. L’un correspond à
l’excitation de l’atome de g à e à l’instant t1, l’autre à l’instant t2. À ces termes correspondent
des amplitudes complexes qui interfèrent. Leur phase relative peut être variée en balayant la
fréquence ν autour de la fréquence de résonance atomique. On observe alors que la probabilité
de trouver l’atome dans l’état e oscille en fonction de ν. On obtient un signal d’interférence
dit « de Ramsey », du nom du physicien qui a mis au point cette méthode interférométrique.
Alors que dans l’expérience de Young l’interférence provient du fait que l’on ne sait pas par
quelle fente la particule est passée, ici elle résulte de l’ambiguïté sur l’instant de l’excitation
de l’atome. C’est en détectant de telles franges sur l’atome de Césium que l’on fait
fonctionner l’horloge atomique qui définit actuellement la seconde.
Revenons un instant sur la question de savoir par quel chemin la particule est passée.
L’interférence ne s’observe que si on n’a aucun moyen de connaître ce chemin. Si on cherche
à le déterminer, il faut introduire un nouvel élément dans l’appareillage expérimental, par