Un monde plus qu'humain : approches féministes en
éthique animale et environnementale
Colloque présenté au
7ème Congrès international en recherches féministes dans la francophonie (CIRFF)
Thème : Penser Créer Agir les féminismes. De la révolution des savoirs au changement social
24 au 28 août 2015 (UQAM, Montréal, Québec, Canada)
Les approches ministes ont développé les outils nécessaires pour critiquer non seulement le sexisme, mais
également les autres oppressions comme le racisme, le capacitisme, l'âgisme, etc. Mais qu'en est-il du spécisme et de
l'anthropocentrisme? Au coeur de l'écoféminisme se trouve l'idée que les oppressions des femmes, des personnes
racisées ou marginalisées, des autres animaux et de la nature sont liées et fonctionnent selon une me logique de
domination. Pourtant, les liens entre l'oppression des humains et des autres animaux restent encore aujourd'hui peu
thématisés dans les mouvements féministes.
Ce colloque sera l'occasion de développer les théories et pratiques féministes permettant de critiquer et de transformer
nos relations aux autres animaux et à la nature en général. Les questions qui seront au centre de nos discussions sont
les suivantes : (1) Quels sont les liens entre le patriarcat, le colonialisme et la suprématie humaine? (2) Les critiques
féministes de l'anthropocentrisme doivent-elles passer par un rejet des approches rationalistes dominantes en éthique
animale? (3) Quel est le rôle des émotions, de l'empathie, du care, de l'attention et de la perception morale dans la
transformation de notre vision anthropocentriste du monde? (4) Comment les éthiques relationnelles pensent-elles nos
responsabilités envers les animaux domestiqués et les animaux sauvages? (5) Quelles pistes de solution à la
dévastation environnementale sont compatibles avec les valeurs et principes féministes?
Étant donné les problèmes environnementaux, sociaux et moraux associés à l'élevage, le véganisme apparaît un outil
incontournable dans les luttes pour la justice animale, sociale et environnementale au niveau mondial. Quels sont les
défis qui attendent une révolution végane dans les sociétés industrialisées et non-industrialisées? Comment
développer un mouvement global de libération animale et humaine qui soit attentif aux contextes socio-économiques,
respectueux des différences culturelles et solidaire avec les autres luttes sociales?
Mots clés : Écoféminismes, Animaux, Écologie, Care, Spécisme
Organisatrices :
Christiane Bailey
Doctorante en philosophie, Université de Montréal
6536 St-Laurent, Montréal, Québec, H2J3C6 (514-544-3069)
Marie-Anne Casselot
Doctorante en philosophie, Université Laval
4240 Fullum, Montréal, Québec, H2H2J5
Nombre de séances : 4 séances de 1h30
SÉANCES (4 SÉANCES DE 1H30 CHACUNE)
Séance 1 (1h30). Animaux humains et non-humains: intersections des oppressions
Dr. Valéry Giroux
La domination comme socle de l’oppression chez tous les êtres conscients
Jonathan Fernandez
Spécisme, sexisme et racisme : l’égalité peut-elle s’arrêter aux frontières de l’humanité ?
Christiane Bailey
Critique écoféministe de la suprématie humaine
Séance 2 (1h30). Écoféminisme(s) : Développements théoriques
Marie-Anne Casselot
Écoféminisme et nouveau matérialisme: similarités et tensions
Dr. Antoine Panaïoti
Analyse de la voie médiane de l'écoféminisme anti-dualiste
Séance 3 (1h30). Écoféminisme(s) en pratique
Elise Desaulniers
La prise de parole des femmes sur la question animale
Sophie Lecompte
Perspective féministe sur l'éducation des « animaux de compagnie » : le poids du patriarcat dans le domaine
de l'intervention en comportement animal
Dr. Martin Gibert
Carnisme et perception morale
Séance 4 (1h30). Approches antispécistes dans les arts et sciences
Pascale Lafrenière
Des mères, des vaches et des bébés-cyborgs: réflexion autour des technologies de reproduction à l’ère de la
bioéconomie
Julia Roberge Van Der Donckt
Vers une esthétique antispéciste : détournements de la taxidermie dans la pratique d'artistes contemporaines
Antoine C. Dussault
Un care écocentriste est-il possible ? Souci, respect et coopération avec la nature
COORDONNÉES DES PARTICIPANTES
1) Christiane Bailey (Doctorante en philosophie, Université de Montréal, 6536 St-Laurent, Montréal,
Québec, H2S3C6, [email protected])
2) Dr. Valéry Giroux (Coordonnatrice, Centre de recherche en éthique, 2910 Édouard-Montpetit, Montréal,
Québec, H3C3J7, valery.giroux@umontreal.ca)
3) Jonathan Fernandez (chercheur indépendant, Ch. de Primerose 9, 1007 Lausanne, Suisse,
4) Marie-Anne Casselot, Étudiante au doctorat en philosophie, Université Laval, 4240 Fullum, Montréal,
Québec, H2H2J5, marie.anne.casselot@gmail.com)
5) Dr. Antoine Panaïoti (Professeur en philosophie, Université McGill, 5862 Esplanade, Montréal,
Québec, H2T3A3, [email protected])
6) Elise Desaulniers (Auteure et activiste, 3833 St-Dominique, Montréal, Québec, H2W2A2,
7) Sophie Lecompte (Étudiante à la maîtrise en philosophie, Université de Montréal et Professeure au
Cegep de Rimouski, 1617 rue Taillefer, Laval, Québec, H7L1T9, sophlecompte@gmail.com)
8) Dr. Martin Gibert (Chercheur postdoctoral, Laboratoire de neuro-philosophie, Université McGill, 3833
St-Dominique, Montréal, Québec, H2W2A2, [email protected])
9) Pascale Lafrenière (Étudiante au baccalauréat en sociologie, Université de Montréal, 415 Duquette
Ouest, Gatineau, Québec, J8P3A7, lafrenierepascale@hotmail.com)
10) Julia Roberge Van Der Donckt (Doctorante, Histoire de l'art, Université de Montréal, 5509 Papineau,
Montréal, Québec, H2H1W3, [email protected])
11) Antoine C. Dussault (Doctorant en philosophie, Université de Montréal, 6739 St-Dominique,
Montréal, Québec, H2S3B1, antoine.corriveau-[email protected])
RÉSUMÉS DES SÉANCES
Séance 1 (1h30). Animaux humains et non-humains: intersections des oppressions
Dr. Valéry Giroux
La domination comme socle de l’oppression chez tous les êtres conscients
Dans « The Faces of Animal Oppression », Lori Gruen propose d’appliquer aux animaux nonhumains l’analyse
proposée par Iris Young pour démontrer qu’à l’instar des groupes humains subissant l’oppression des privilégiés, les
animaux non humains sont également exploités et marginalisés; eux aussi sont rendus impuissants et soumis à un
impérialisme culturel; eux aussi souffrent de la violence de certains êtres humains. Gruen dénonce à raison
l’oppression dont tous les animaux conscients peuvent être victimes et conclut qu’il faut les en affranchir. On se
demandera néanmoins si l’abolition des pratiques dénoncées par Gruen suffirait à remplir nos obligations de justice
envers eux. S’agit-il simplement d’en finir avec l’utilisation d’animaux dans les fermes industrielles, les cirques, les
animaleries ou les laboratoires? Doit-on seulement cesser les activités responsables de l’une ou l’autre de ces cinq «
facettes » de l’oppression des animaux, mises en évidence par Gruen? À partir de la critique néo-républicaine de la
notion d’asservissement, je soutiendrai que l’oppression trouve ses racines dans l’infériorité du statut moral et
juridique. Dans cette perspective, la seule manière d’être traité justement est de ne pas se trouver à la merci du
pouvoir arbitraire d’autrui. Pour échapper à la domination, il ne suffit donc pas d’éviter l’oppression; encore faut-il ne
pas se trouver dans une situation précaire l’on risque de la subir. Je conclurai qu’il est impératif de reconnaître
l’égalité des animaux en leur accordant le statut de personnes et les droits qui lui sont associés.
Jonathan Fernandez
Spécisme, sexisme et racisme : l’égalité peut-elle s’arrêter aux frontières de l’humanité ?
Cet exposé vise à élargir les réflexions égalitaristes à la catégorie des animaux. Sur la base d'une enquête statistique
effectuée dans le cadre d’un mémoire de Licence à l’université de Lausanne en 2009, il tente de faire le pont entre la
critique radicale des rapports sociaux issue des analyses des féministes matérialistes et la question de notre rapport
aux animaux. Cette recherche a pour but de comprendre si la discrimination sur la base du critère d'espèce, le
spécisme, entretient des liens avec des formes de discriminations interhumaines, en l’occurrence le sexisme et le
racisme. Les résultats de l'enquête mettent en évidence que le spécisme est une construction sociale, qui fait système,
en interaction avec les classes de sexe, de race, dont il partage les fondements idéologiques, notamment la
naturalisation des catégories. Ils tendent également à démontrer que le spécisme occupe une place essentielle dans les
mécanismes discriminatoires en général et contribue fortement aux divisions sociales qui structurent et hiérarchisent
la société dans son ensemble.
Christiane Bailey
Critique écoféministe de la suprématie humaine
L'humanisme considère acceptable de mutiler, d'enfermer et de tuer certains individus vulnérables sans leur
consentement simplement parce qu'ils n'appartiennent pas à notre groupe biologique. Bien que certaines féministes
aient adhéré à cette forme d'humanisme-suprématiste, plusieurs féministes ont développé une théorie et une praxis
antispéciste qui tient compte du fait que de nombreux animaux autrement qu'humains sont des individus dotés d'une
vie subjective et intersubjective qui leur importe autant que nos vies nous importent à nous. Les approches féministes
en éthique animale sont fondées sur le principe selon lequel la simple reconnaissance d'un être comme un individu
vulnérable qui se soucie de ce qui lui arrive génère des responsabilités de ne pas lui faire du mal, de respecter sa
volonté, mais aussi, dans certaines circonstances, d'en prendre soin (sans tomber dans le paternalisme). Je soutiendrai
que la majorité des formes institutionalisées d'exploitation animale sont des privilèges que nous nous sommes
injustement arrogés sur les autres animaux par la force, la violence, le droit, la religion et la tradition. Enfermer,
mutiler et tuer des individus vulnérables sans leur consentement requiert des justifications fortes qui ne sont pas
remplies par la vaste majorité de nos pratiques actuelles (élevages, abattoirs, laboratoires, zoos, cirques, etc.). Nous
devons nous opposer à ces violences socialement acceptées en adoptant le véganisme comme pratique de
« disempowerment », tout en développant collectivement de nouvelles façons de vivre avec les autres animaux qui
soient non seulement plus durables, mais surtout plus justes et respectueuses envers les autres animaux qui partagent
la planète avec nous.
Séance 2 (1h30). Écoféminisme(s) : Développements théoriques
Marie-Anne Casselot
Écoféminisme et nouveau matérialisme: similarités et tensions
Entre l’écoféminisme et le nouveau matérialisme, y a-t-il des liens théoriques importants? Quelles sont les tensions
de ces deux disciplines? Tout d’abord, je souhaite dresser un portrait de l’écoféminisme et du nouveau matérialisme,
car ce sont deux domaines peu développés dans le milieu de la recherche philosophique francophone.
L’écoféminisme est un mouvement politique et théorique datant des années 1970 et ayant atteint son « apogée » à la
fin des années 1980, début 1990. De l’autre côté, le nouveau matérialisme, plus récent, veut remettre à l’avant-plan la
matérialité « oubliée » par le tournant constructiviste et postmoderne. Accusé d’essentialisme, l’écoféminisme semble
avoir laissé la place au nouveau matérialisme pour théoriser les liens entre nature et humanité. Dans la littérature
écoféministe, il y a un reel intérêt pour le non-humain et l’environnement, ce qui anticipe le « retour » vers la
matérialité du nouveau matérialisme. En outre, au sein de la littérature du nouveau matérialisme, on peut entendre
quelques échos écoféministes dans l’analyse des dualismes tels que la nature-culture, hommes-femmes, l'humain et le
post-humain, etc. Or, quels sont les points de contacts entre les deux disciplines? Autour de certaines figures
importantes de l’écoféminisme (Val Plumwood, Sherilyn MacGregor et Chris J. Cuomo) et du nouveau
matérialisme (Elizabeth Grosz, Rosi Braidotti et Stacy Alaimo), je souhaite identifier leurs thèmes communs ainsi
que mettre en lumière leurs tensions. Ainsi, la pertinence théorique d’un tel projet est d’examiner et comment ces
deux disciplines peuvent être en dialogue de façon constructive et critique.
Dr. Antoine Panaïoti
Analyse de la voie médiane de l'écoféminisme anti-dualiste
Les deux pionnières de l’écoféminisme antidualiste que sont Ynestra King et Val Plumwood appellent à l’élaboration
de voix médianes parallèles, notamment entre féminisme socialiste-constructiviste et (éco)féminisme culturel-
spirituel chez King (« Healing the Wounds », 1989) ou poststructuralisme et essentialisme en rapport au genre chez
Plumwood (Feminism and the Mastery of Nature, 1991). Ainsi, l’association femme–nature, sujette à certaines
qualifications, saurait être mise à profit sans pour autant être réifiée. Plumwood, par ailleurs, s’efforce d’élaborer une
autre voix médiane non sans relation, semblerait-il, à la première, cette fois entre réductionnisme matérialiste quant
au « mental » et diverses formes contemporaines plus ou moins sophistiquées d’animisme. Au cours de notre
présentation, nous tâcherons (1) de montrer que les voix médianes proposées par nos deux auteures souffrent
d’instabilité théorique; (2) d’expliquer en quoi les supposés faux dilemmes sur lesquels elles s’appuient ne le sont
précisément pas et (3) de tirer de cet exercice critique certaines conclusions probantes en vue de l’élaboration d’une
théorie écoféministe antidualiste conséquente.
Séance 3 (1h30). Écoféminisme(s) en pratique
Elise Desaulniers
La prise de parole des femmes sur la question animale
Si l'on met de côté le mouvement ministe, le mouvement animaliste est sans doute le premier mouvement social à
être constitué danss une large majorité de femmes. Il y a certainement quelque chose d'inédit qui mérite d'être
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