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Les déterminants de l’évolution des prix
1. Eets et limites de la politique monétaire : un tour d’horizon
Comment la politique monétaire peut-elle inuencer les prix des biens et services, c’est-à-dire le niveau des prix?
Cette question aborde ce que les économistes appellent le « mécanisme de transmission » de la politique moné-
taire, à savoir le processus par lequel les décisions de la banque centrale (comme les modications des taux d’inté-
rêt) se répercutent sur l’économie et, en dénitive, sur les prix. Ce processus est d’une complexité extrême : il
évolue dans le temps et dière légèrement selon les pays. La politique monétaire agit sur l’économie comme suit.
La banque centrale est la seule émettrice de la base monétaire, c’est-à-dire les billets et pièces en circulation et les
dépôts des banques auprès de leur banque centrale nationale (réserves bancaires). La banque centrale détient
donc le monopole de l’approvisionnement de la base monétaire. En vertu de ce monopole, la banque centrale
peut inuencer les conditions du marché monétaire et piloter les taux d’intérêt à court terme.
Quelles sont les caractéristiques fondamentales du mécanisme de transmission monétaire ? À court terme, une
modication des taux d’intérêt provoquée par la banque centrale entraîne un certain nombre de mécanismes.
Pourquoi ? Principalement parce que cette modication inue sur les décisions de dépenses et d’épargne des
ménages et des entreprises. À titre d’exemple, lors d’une hausse des taux d’intérêt, il est moins intéressant pour
les ménages et les entreprises d’emprunter de l’argent pour nancer leur consommation ou leur investissement.
Une telle mesure les incite, au contraire, à épargner et non à dépenser. Enn, une modication des taux d’intérêt
peut également aecter l’ore de crédit. Ces phénomènes, après un à deux ans, inuent sur l’évolution des va-
riables de l’économie réelle, telles que la production.
La succession de réactions à une modication des taux d’intérêt décrite ci-dessus comporte plusieurs méca-
nismes et actions de la part des agents économiques à diérents stades. En outre, l’ampleur et la force des
diérents eets peuvent varier en fonction de la situation de l’économie. Il faut, par conséquent, beaucoup de
temps pour que l’action de la politique monétaire se fasse sentir sur les prix. Il est toutefois largement admis
dans les milieux économiques que, à long terme, c’est-à-dire une fois tous les ajustements assimilés dans l’éco-
nomie, une variation de la quantité de monnaie oerte par la banque centrale se traduit uniquement par un
changement du niveau général des prix et n’induit pas de modications permanentes des variables réelles,
telles que le PIB ou le chômage. Une variation permanente de la quantité de monnaie en circulation provoquée
par la banque centrale représente, en n de compte, une modication de l’unité de compte (et donc du niveau
général des prix) qui laisse toutes les autres variables inchangées, comme un changement de l’unité standard
utilisée pour calculer une distance (du kilomètre à la lieue par exemple) ne modie nullement la distance réelle
entre deux endroits.
Ce principe général, que l’on appelle la « neutralité à long terme » de la monnaie, sous-tend tous les cadres de
pensée et théories macroéconomiques traditionnels. En assurant une stabilité crédible des prix, la politique mo-
nétaire exerce une incidence positive sur le bien-être et l’activité réelle. Au-delà de cette incidence favorable de
la stabilité des prix, le revenu réel et le niveau d’emploi d’une économie sont essentiellement déterminés, à long
terme, par des facteurs réels (liés à l’ore) et ne peuvent être accrus par une politique monétaire expansionniste1.
Les principaux déterminants de l’emploi et du revenu réel à long terme sont le progrès technologique, la crois-
sance démographique et tous les aspects du cadre institutionnel de l’économie (notamment les droits de la
propriété, la politique scale, les politiques sociales, les autres réglementations déterminant la exibilité des mar-
chés et les incitations aux apports de travail ou de capital et aux investissements en capital humain).
1 Les facteurs liés à l’ore sont ceux déterminant l’ore de biens et de services, notamment le montant et la qualité du capital et du travail ainsi que le
progrès technologique et la conception des politiques structurelles.