
Une autre caractéristique du français est que le sujet (personnel ou impersonnel)
s’exprime de règle, sauf quelques cas limités, fait qui le distingue du roumain où l’expression du
sujet est ressentie comme une sorte d’emphase:
J’ai lu tes poésies. Ţi-am citit poeziile. (neutre)
Eu ţi-am citit poeziile. (emphase)
Il y a pourtant quelques situations où cet ordre est inversé, pour des raisons stylistiques,
et l’on a un ordre régressif: Verbe + Sujet + Dét (Oblig + Fac.) / Dét (Oblig + Fac.) + Verbe +
Sujet. On enregistre deux situations d’inversion stylistique:
avec un sujet nominal, si le verbe est à un temps simple, jamais avec un temps composé: Au
coin de la rue s’élevait la vieille cathédrale. En sa peau mourra le renard. Arrive le printemps.
avec un pronom sujet (personnel, impersonnel, indéfini) après certains adverbes ou locutions
adverbiales. L’inversion est pourtant obligatoire dans la langue littéraire.
A peine semblait-il entendre. (Vercors) En vain fit-il toutes ces démarches, qu’il
n’obtint rien finalement. Peut-être redoute-t-il mon contact. (Jouhandeau) Encore faut-il
croire que ce fantôme a pris la perruque du partisan. Sans doute partira-t-elle à la
maison demain matin. (Mérimée) Ainsi demeura-t-elle un très long moment. (Flaubert)
Aussi faut-il pour leur répondre une certaine habitude de leur monde.
Il y a aussi certains verbes tels que: arriver, être, paraître, rester, suivre, survenir, venir
qui sont suivis du sujet, surtout dans les langues de spécialité (mathématiques, style
administratif, juridique, indications scéniques, etc):
Restent les témoignages des auteurs anciens. Soit le triangle ABC.
Suivit une série de lois draconiennes. Entrent les figurants.
A cela s’ajoutent les propositions intercalées ou incises, définies par M.Grevisse
(1986:138) comme des ”propositions généralement courtes, tantôt insérées dans le corps de la
phrase, tantôt rejetées à la fin de la phrase, pour indiquer qu’on rapporte les paroles de quelqu’un
ou pour exprimer une sorte de parenthèse“:
Donne-lui tout de même à boire, dit mon père. (Hugo)
J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides. (Rimbaud)
3. Classification des phrases assertives
En appliquant le critère formel, on distingue deux types de phrases assertives, selon le fait
que les deux constituants obligatoires sont explicités ou non dans la structure superficielle:
organisées:
En fin d’après-midi, je suis entré à l’hôtel Biron pour voir l’exposition de sculpture
italienne contemporaine. Dans l’affreuse petite chapelle néogothique, un évêque de
Manzù fait un effet extraordinaire de simplicité majestueuse... (Green)
inorganisées (= elliptiques):