Septembre 2005 CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES ED 4203 Les effets des rayonnements non ionisants sur l’homme De nombreuses sources naturelles ou artificielles émettent de l’énergie sous la forme d’ondes électromagnétiques. Ces ondes proviennent de champs électriques et magnétiques oscillants qui interagissent de façons diverses avec les systèmes biologiques. Dans la gamme de fréquences (0-300 GHz), toute onde électromagnétique est associée à un photon dont l’énergie est trop faible pour provoquer des modifications moléculaires. On parle de rayonnements non ionisants car, même de forte intensité, ils ne peuvent pas provoquer d’ionisation dans les systèmes biologiques. Définitions On appelle « effets biologiques » des changements d'ordre physiologique, biochimique ou comportemental qui sont induits dans un organisme,un tissu ou une cellule en réponse à une stimulation extérieure. Un effet biologique ne conduit pas toujours à des effets nocifs pour la santé ; il peut manifester simplement la réponse adaptative normale de la cellule, du tissu ou de l'organisme à cette stimulation (par exemple, la sudation quand il fait chaud). Un « effet sanitaire » est un effet biologique qui peut mettre en danger le fonctionnement normal d'un organisme,en dépassant les capacités de réponse « physiologique » à l'action de l'agent extérieur. Des effets biologiques qui sont, ou qui peuvent être considérés, en l'état actuel des connaissances,comme prédictifs de conséquences sanitaires sont qualifiés par les groupes d'experts d'« effets biologiques menaçants ». Les effets des rayonnements optiques (infrarouge, lumière visible et ultraviolet) ne sont pas abordés dans cette fiche. Les diverses études publiées montrent que pour une très large gamme d’intensités, les champs électromagnétiques peuvent avoir un effet sur la plupart des systèmes physiologiques. Les effets biologiques ou sanitaires à court terme connus sont : les effets des courants électriques induits dans le corps humain par les basses fréquences ; ■ ■ les effets liés aux courants de contact ; ■ les effets thermiques dans les tissus provo- qués par les hautes fréquences. CHAMPS STATIQUES Réaction cutanée (champ électrique statique) Les champs électriques statiques induisent au niveau de la peau des personnes exposées l’apparition de charges électriques perceptibles surtout au niveau des poils et des cheveux (seuil de perception 앒 20 kV/m – seuil de sensations désagréables 앒 25 kV/m). Effets divers Pour un niveau d'induction magnétique de l'ordre de 4 teslas (T), des troubles peuvent être observés (nausées,vertiges,troubles visuels…). Blessures par projection d'objet À partir d'une induction magnétique de 3 mT, des objets ferro-magnétiques peuvent se déplacer voire être projetés. CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES « BASSE FRÉQUENCE » (< 100 KHZ) Effets dus aux courants induits Le tableau ci-dessous résume les effets dus aux courants induits en fonction de leur densité. La valeur limite de densité de courant fixée par la directive(1) (10 mA/m2 à 50 Hz) est basée sur ces effets. Dans le milieu médical,les courants induits par une variation très rapide d’un champ magnétique intense sont utilisés en diagnostic pour mesurer la conduction nerveuse ou en thérapie pour stimuler la contraction musculaire. Cette technique est appelée magnétoneuro-stimulation. Effets dus aux courants de contact Les chocs électriques et les brûlures sont des effets indirects des champs électromagnétiques impliquant un contact entre une personne et des objets métalliques se trouvant dans le champ. Dans cette gamme de fréquences inférieures à 100 kHz, les niveaux seuils de courants de contact qui produisent des effets allant de la perception tactile à un choc « électrique » dépendent de la fréquence. Par exemple à 50 Hz, le seuil de perception tactile du courant est compris entre 0,2 et 0,4 mA tandis qu’à 1 kHz, ce même seuil est compris entre 0,4 et 0,8 mA. Le seuil physiologique correspondant à un choc sévère ou une difficulté à respirer est compris entre 12 et 23 mA à 50 Hz et entre 21 et 41 mA à 1 kHz. Pathologie tumorale Plusieurs études épidémiologiques portant sur des groupes d'enfants exposés à proximité de lignes à haute tension ont mis en évidence un risque accru de leucémie. C'est pourquoi le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé les champs électromagnétiques « basse fréquence » comme possiblement cancérogènes pour l'homme (catégorie 2B). Toutefois, ces études sont insuffisantes pour conclure définitivement sur le caractère cancérogène ou non des champs électromagnétiques de basses fréquences. Magnétophosphène Il a été constaté chez des sujets soumis à un champ magnétique variable (autour d’une fréquence optimale de 20 Hz et au-dessus d’un seuil d’intensité de 10 mT),un effet physiologique réversible caractérisé par la perception visuelle de taches lumineuses appelée magnétophosphène. (1) Directive 2004/40/CE du 29 avril 2004. Densité de courant Effets > 1 000 mA/m2 Fibrillation 100 - 1 000 mA/m2 Stimulation des tissus excitables 10 - 100 mA/m2 Effets visuels et nerveux, soudure des os 1 - 10 mA/m Effets biologiques mineurs 2 2 Cham ps électromagnétiques ED 4203 CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES « HAUTE FRÉQUENCE » (> 100 KHZ) Hyperthermie Lors de l’exposition à un champ « haute fréquence », la puissance absorbée par les tissus biologiques par unité de temps peut entraîner une accumulation d’énergie se traduisant par une augmentation de la température (hyperthermie) du corps entier ou localisée. Le débit d’absorption spécifique, dénommé DAS (ou SAR, Specific Absorption Rate) est la grandeur fondamentale associée à l'échauffement des tissus pour les fréquences supérieures à 100 kHz. Une exposition à un DAS de 4 W/kg pendant 30 minutes entraîne une élévation de température corporelle d'un degré Celsius. Ce phénomène a servi de base à la définition de la valeur limite(1) de 0,4 W/kg pour l'ensemble du corps. L’exposition accidentelle à de fortes puissances peut entraîner des brûlures superficielles ou profondes. Effets dus aux courants de contact Les chocs électriques et les brûlures sont des effets indirects des champs électromagnétiques impliquant un contact entre une personne et des objets métalliques se trouvant dans le champ. Dans cette gamme de fréquence, les niveaux seuils de courants de contact qui produisent des effets allant de la perception tactile à un choc « électrique » ne varient pas de façon significative en fonction de la fréquence du champ. Le seuil de perception du courant est compris entre 25 et 40 mA et le seuil physiologique correspondant à un choc sévère ou une difficulté à respirer est compris entre 160 et 320 mA. Symptômes non spécifiques et « hypersensibilité » électromagnétique Quel que soit le type de champ électromagnétique, certaines personnes se plaignent de symptômes dits « non spécifiques » tels que fatigue, troubles du sommeil, maux de têtes, pertes de mémoire, angoisse, palpitations… Toutefois,la perception d’un risque peut elle-même induire des effets non directement liés à la cause. Cela peut notamment être le cas pour les femmes enceintes, c’est pourquoi il est parfois préconisé de soustraire ces personnes à ce type d’exposition si elles sont inquiètes. Effets athermiques diovasculaire, troubles de la reproduction ou modifications du système immunitaire. Des effets non thermiques liés aux champs électromagnétiques « haute fréquence » font l’objet de nombreux travaux et il n’est pas possible à l’heure actuelle de conclure sur la réalité de risques sanitaires tels que modifications de la barrière hémato-encéphalique, cancers, modification du système car- La perception auditive des micro-ondes pulsées dans la gamme de fréquences de 425 à 6 500 MHz (sensation auditive décrite comme un « clic » ou un « buzz ») est un effet validé spécifique aux hyperfréquences dû à l'absorption de l'onde par le liquide céphalorachidien. Effets indirects Les champs électromagnétiques peuvent être à l'origine d'effets indirects susceptibles de provoquer des dommages sur l'homme ou d'aggraver une situation de travail dangereuse. Exemples : ■ projection d'objets ferromagnétiques ; ■ déclenchement d'une explosion ou d'un incendie ; ■ dysfonctionnement de systèmes électroniques et électromécaniques ; ■ mouvements incontrôlés… POUR EN SAVOIR PLUS Sèze (R. de), Élaboration d’une stratégie d’évaluation des risques pour la santé liés aux champs électromagnétiques, coll. « Les notes scientifiques et techniques », INRS, NST 186, 2000. ■ ■ Stimulateurs cardiaques. Perturbations électromagnétiques en milieu professionnel, coll. « Cahiers de notes documentaires », INRS, ND 2014, 1996. ■ Guide pour l’établissement de limites d’exposition aux champs électriques, magnétiques et électromagnétiques, coll. « Cahiers de notes documentaires », INRS, ND 2143, 2001. ■ Guide pour l’établissement de limites d’exposition aux champs magnétiques statiques, coll. « Cahiers de notes documentaires », INRS, HST PR43-218, 2010. ■ Champs électriques. Champs magnétiques. Ondes électromagnétiques. Guide à l’usage du médecin du travail et du préventeur, INRS, ED 785, 2003. ■ COMPATIBILITÉ ÉLECTROMAGNÉTIQUE AVEC LES IMPLANTS Il existe un risque de perturbation des implants actifs en particulier les stimulateurs cardiaques (cf. ED 4206). En pratique, très peu de dysfonctionnements ont été mis en évidence. D’autres implants actifs, tels que les défibrillateurs,les prothèses auditives,les pompes à insuline, les valves cérébrales, peuvent également être perturbés. D'autres implants dits passifs (broches,plaques par exemple) réalisés dans des matériaux ferromagnétiques sont sensibles au champ magnétique. Les conséquences de l'exposition peuvent être l'aimantation de l'implant, son déplacement par attraction, son échauffement par induction. Auteurs : Groupe RNI Ch. Bisseriex, CARSAT Auvergne P. Laurent, CARSAT Centre-Ouest Ph. Cabaret, CARSAT Languedoc-Roussillon Champs et ondes électromagnétiques (0 Hz-300 GHz), coll. « Le point des connaissances sur… », INRS, ED 5004, 2002. Ch. Bonnet, CARSAT Centre Autres fiches thématiques de la coll. « Champs électromagnétiques », INRS, ED 4200 et suivantes disponibles sur le site Internet www.inrs.fr. S. Tirlemont (CARSAT Nord-Picardie) ■ Directive 2004/40/CE du Parlement européen et du Conseil du 29 avril 2004 concernant les prescriptions minimales de sécurité et de santé relatives à l'exposition des travailleurs aux risques dus aux agents physiques (champs électromagnétiques) (dix-huitième directive particulière au sens de l'article 16, paragraphe 1, de la directive 89/391/CEE). ■ E. Marteau, CRAM Ile-de-France G. Le Berre, CARSAT Bretagne A. Becker, Ph. Demaret, P. Donati et R. Klein, INRS Lorraine J.-P. Servent et Y. Ganem, INRS Paris Contacts : P. Deurivet : INRS 03 83 50 85 32 J.-P. Servent : INRS 01 40 44 31 09 Service prévention CARSAT ED 4203 Cham ps électromagnétiques 3 Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles 30, rue Olivier-Noyer 75680 Paris cedex 14 Tél. 01 40 44 30 00 Fax 01 40 44 30 99 Internet : www.inrs.fr e-mail : [email protected] • Cham ps électromagnétiques ED 4203 • • • 1re édition (2005) • réimpression décembre 2010 • 1 000 ex. • Réalisation : Atelier F. Causse • Imprimerie groupe Corlet S.A.