Vers une adaptation des territoires au changement climatique par
une orientation des usages et pratiques sur les surfaces agricoles
Mathieu PERRIN(1), Susanna STRADA(2), Nathalie D
NOBLET-DUCOUDRÉ(2), André TORRE(1), Marc STÉFANON(2)
1. Institut National de la Recherche Agronomique, UMR SAD-APT, Equipe Proximités, Paris, France
2. Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, Gif-sur-Yvette, France
1. UNE ACTION CLIMATIQUE POLARISÉE PAR LES ENJEUX GLOBAUX
Une sensibilisation à la question climatique par l’effet de serre
•Un contexte ayant vu les questions climatiques gagner en considération, notamment auprès de
décideurs publics largement sensibilisés à la problématique du réchauffement mondial. Suite
à la signature en 1997 du Protocole de Kyoto, un accord international visant à la réduction des
émissions de gaz à effet de serre, une grande diversité d’acteurs sociétaux ont progressivement
été invités, voire contraints légalement, à s’engager en matière d’action climatique.
•Dans de très nombreux pays, il a ainsi été demandé aux collectivités territoriales d’intégrer cet-
te préoccupation dans leurs différents champs d’intervention, voire de la préciser à travers la
publication de plans climatiques. D’une part, il est attendu de celles-ci qu’elles prennent des
mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre ou à accroître les capacités de
stockage du carbone, satisfaisant ainsi une stratégie d’atténuation du changement climatique,
dans une logique de contribution à un effort global. D’autre part, elles se sont vues chargées
d’établir des solutions visant à réduire la vulnérabilité ou sinon à améliorer la capacité de ré-
ponse des territoires et des écosystèmes aux effets du changement climatique, selon une stra-
tégie d’adaptation portant sur des enjeux généralement plus localisés.
Représentations du climat, global et local, chez les acteurs
•Cette conception duale, entre atténuation et adaptation au changement climatique, n’est ce-
pendantpassansconséquence.Uneanalysedesdocumentsdeplanicationterritoriale–en
l’occurrencedesSchémasdeCohérenceTerritoriale(SCoT)–adoptéssurlarégionÎle-de-France
révèleunetendanceàappréhenderleclimatcommeétantinuencéetmodelableàl’échelle
mondiale, puis comme subi et intangible à l’échelle locale/régionale. (Perrin et al., en prépa-
ration)
Le champ d’actions à envisager en matière climatique, notamment dans un contexte de ré-
chauffement global, se voit ainsi considérablement réduit. A travers ce projet, il est proposé de
réintégrerdanslaréexion,etpourquoipasdanslespratiques,desleviersd’actionomis.
2. EXTENSION DU DOMAINE DE L’ACTION CLIMATIQUE
D’une action climatique urbaine étendue...
•A partir du 20ème siècle, parallèlement à une prise de consience quant à l’impact que peut avoir
l’aménagement des espaces sur la météorologie (e.g. phénomène d’îlot de chaleur urbain) et
la qualité de l’air (e.g. phénomène de couche d’inversion et de smog), puis au développement
d’outils et de méthodologies au sein d’une climatologie urbaine se structurant, ont été réalisés
des plans et cartes en différentes agglomérations du monde visant à intégrer ces aspects de cli-
matologie urbaine.
•Plus récemment, se perçoit une tendance à vouloir agir sur le climat, la météorologie et la
qualité de l’air des milieux urbains en étendant le périmètre géographique à considérer. L’atlas
climatique produit pour la Région métropolitaine de Stuttgart (Baumüller, 2008) est révélateur
de cette tendance, l’objectif étant de faciliter la venue d’air frais depuis les aires forestières
et agricoles périphériques pour renouveller l’air chaud et pollué des parties les plus centrales.
... à une action climatique régionale
Idée d’une action action climatique étendue à des effets/processus (notamment bioclima-
tologiques) et à des échelles spatiales jusqu’alors non considérés.
3. AGIR SUR LE CLIMAT REGIONAL PAR LES PRATIQUES AGRICOLES ?
Exercice de style autour d’une agriculture sans labour
Une très grande variabilité des effets selon les aspects climatiques considérés (températures es-
tivales moyennes versus maximales) et les territoires (partie septentrionale versus méridionale
du continent européen). D’où la nécessité de recourir à des modélisations permettant d’estimer
les impacts d’un usage des sols ou d’une pratique agricole dans un contexte donné !
Explications
des graphs
à insérer
5. NOUVELLE FORME D’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
L’adaptation atténuative comme option additionnelle
•Possibilité d’une action climatique à l’échelle
locale/régionale offrant de réduire la vulné-
rabilité des territoires aux effets du change-
ment climatique global.
Une agriculture multifonctionnelle, se con-
cevant non plus seulement comme une ac-
tivité devant réduire sa propre vulnérabilité
face au changement climatique, mais aussi
comme un potentiel à saisir pour adapter
les territoires.
4. MODÉLISATION CLIMATIQUE REGIONALE À PARTIR DE SCENARII
D’USAGES ET DE PRATIQUES SUR LES SURFACES AGRICOLES
Désenmatièredemodélisation
Le modèle couplé WRF-ORCHIDEE décrit les interactions physiques entre surface et atmosphère
(Dobrinski et al., 2012 ; Stéfanon et al., 2014) et offre ainsi d’évaluer l’impact des occupations/
usages des sols sur le climat. Les résultats obtenus avec le modèle WRF-ORCHIDEE fournissent
les conditions météorologiques pour appliquer le modèle de chimie de transport CHIMERE (Men-
uet et al., 2013) et ainsi évaluer l’impact des occupations/usages des sols sur la qualité de l’air.
Désenmatièrede
scénarisation
Quels leviers d’action envis-
ageables, que ce soit en termes
d’usages des sols ou de pra-
tiques agricoles susceptibles
d’impacter le climat/qualité
de l’air ? Quels scenarii dis-
ponibles pour une modélisa-
tion à l’échelle hexagonale ?
Le Laboratoire d’Excellence BASC (Biodiversité, Agroécosystèmes, Société,
Climat) rassemble dans son projet-phare 1 « Vers une vision intégrée du cli-
mat, de la pollution de l’air, des usages des sols et de leurs impacts sur les
systèmes socio-écologiques à l’échelle régionale » des chercheurs opérant
dans les champs de la climatologie régionale, de la chimie atmosphérique, de
la modélisation des interactions surface-atmosphère ou encore de la plani-
cation territoriale.
Ci-contre : Graphiques exposant les effets d’une
agriculture sans labour à l’échelle européenne sur
les températures maximales quotidiennes en pé-
riode estivale (juillet-août), distribuées par quan-
tiles. Sont exposés ci-contre les gains/pertes va-
riables de température escomptés en raison d’un
changement d’albédo (A & B), d’un changement
d’évaporation (C & D), puis de ces deux facteurs
conjugués (E & F). Données calculées d’après le
modèle climatique régional COSMO-CLM².
Ci-dessous : Cartes exposant les effets d’une agri-
culture sans labour sur le continent européen sur
les températures estivales moyennes (gauche) et
maximales (droite)
Davin, Edouard et al. (2014) « Preferential coo-
ling of hot extremes from cropland albedo ma-
nagement », PNAS 111 (27) 9757-9761.
ORCHIDEE WRF CHIMERE
Land Surface Atmosphere Chimestry
Action Scenarii existants
(références) Région Surface intéressée Faisabilité
modélisation
BIOCARBURANTS
Beringer et al., 2011
De Cara et Thomas, 2008
ANCRE - Rapport
Dufossé et al., 2015
Globe
France
Bourgogne
Picardie
142-454 Mha
(+ 10-30% surf. agri. mondiale)
8-10 Mha
~60-170 kha
~33-43 kha
+++
(avec implémentation
du modèle de culture
STICS dans ORCHI-
DEE)
CULTURES
INTERMEDIAIRES
Justes et al., 2012 (INRA/DEPE)
3 types d’inter-cultures
France ---
IRRIGATION
PAS de scénarios idoines disponibles
(tests de sensibilité possibles :
avec/sans irrigation)
France
+++
REFORESTATION De Cara et Thomas, 2008 France +47500 ha/an jusqu’à 2020
(boisements spontanés) +++