Gènéthique - n°59 – novembre 2004
Interdiction de l’avortement tardif
En octobre 2003, George Bush a signé la
loi interdisant l’avortement tardif ou
avortement par naissance partielle,
pratiqué au deuxième trimestre de
grossesse et au delà, qualifiant ces
avortements par dilatation et extraction, de
« pratique barbare ». Cette loi fédérale est
la première à poser des limites à
l’interruption volontaire de grossesse,
légalisée par une décision de la Cour
suprême, « Roe contre Wade », en 1973.
Personnalité juridique du fœtus
La loi sur les victimes non nées (Unborn
Victims of Violence Act, Public Law n°108-
212 du 1er avril 2004) prévoit que si une
infraction est commise contre une femme
enceinte, le responsable sera poursuivi
pour un double délit ou homicide, contre la
femme et son fœtus ; elle définit l’enfant non
né comme « un membre de l’espèce Homo
sapiens, à quelque stade de développement
que ce soit, porté dans l’utérus ».
Planning familial : financements gelés
L’aide des Etats-Unis fixée à 34 millions de
dollars a été gelée en 2002, l’administration
Bush voulant s’assurer que le Fonds des
Nations unies pour la population (FNUAP) ne
finançait pas de campagne en faveur des
avortements et des stérilisations forcées,
notamment en Chine. Le 22 janvier 2001,
George Bush avait déjà annoncé le
rétablissement de directives interdisant toute
aide financière à des programmes de
planning familial dans le monde, promouvant
les interruptions volontaires de grossesse
comme méthode de contrôle des
naissances.
Les craintes du planning familial...
« Le Monde » rappelle les trois principales
raisons d’inquiétude du Planning familial.
D’abord la nomination de nouveaux juges
à la Cour suprême ; George Bush n’a
jamais caché son opposition à
l’avortement ; le rapport de force pourrait
être inversé et une majorité républicaine
pourrait revenir sur l’arrêt « Roe contre
Wade » qui a autorisé l’avortement aux
Etats-Unis. La seconde inquiétude porte
sur l’interdiction faite par la Food and Drug
Administration de vendre sans
ordonnance la pilule du lendemain. La
troisième concerne l’information sexuelle
auprès des adolescents pour lesquels
l’administration Bush a promu des
programmes d’éducation "à l’abstinence
seulement".
1eres Journées Internationales Jérôme Lejeune, les 8 et 9 novembre : guérir
200 chercheurs, venus du monde entier
pour la première édition des Journées
Internationales Jérôme Lejeune sur les
maladies génétiques de l'intelligence
(trisomie 21, X fragile, Williams Beuren,
syndromes rares...) ont confronté leurs
points de vue pendant deux jours. 30
orateurs parmi les meilleurs spécialistes
mondiaux ont donné le résultat de travaux
sur les apports de la génétique
fondamentale, les études expérimentales et
la clinique dans la recherche d'un traitement
pour ces maladies. Une des particularités de
ce congrès était de permettre la rencontre et
l'échange entre scientifiques travaillant en
génétique fondamentale et ceux au contact
des patients. Ces journées étaient présidées
par le Pr Stylianos Antonarakis, directeur de
la division de génétique médicale de
l’université de Genève, coordinateur du
consortium sur le séquençage du
chromosome 21 et vice-présidées par le Pr
Rethoré, directeur médical de l'Institut
Jérôme Lejeune, membre de l'Académie de
médecine, et le Pr Vekemans, chef du
service de cytogénétique à l'Hôpital Necker.
Connaître la trisomie 21
Aujourd’hui, si l’on connaît les pathologies
associées à la trisomie 21 (cardiopathies,
vieillissement précoce ...), on ne comprend
pas les mécanismes qui en sont la cause.
C’est pourquoi l’Institut Jérôme Lejeune a
lancé une vaste étude épidémiologique afin
de trouver des corrélations entre les
caractéristiques génétiques des patients et
la manière dont la maladie s’exprime chez
certains d’eux. Baptisé Intrepid, ce
protocole devrait inclure jusqu’à 800
patients.
Une voie d’approche thérapeutique
Une autre piste de recherche concerne
l’enzyme cystathionine bêta-syntase,
produite en excès chez les personnes
trisomiques 21, à l’origine d’une partie des
particularités physiques des malades et
sûrement aussi impliquée dans la
déficience mentale. Un programme de
recherche a été lancé sur cet enzyme.
Surnommé CibleS 21, il vise à identifier
une molécule capable d’inhiber la CBS.
D'autres pistes de recherche
Le Pr Antonarakis explique que dans la
trisomie 21, «seuls 5 % de la séquence du
chromosome ont une fonction importante.
Il faut maintenant identifier cette fonction,
puis trouver les séquences en trois copies
qui sont liées à la maladie et, enfin,
proposer une thérapie». Le chromosome
21 porte plus de 300 gènes et on peut
espérer, sinon parvenir à l’inactiver en
totalité un jour, du moins moduler l’action
de certains de ces gènes. Une voie
d’approche thérapeutique serait donc de
contrôler la surexpression de ces gènes en
recourant à des inhibiteurs.
D’autres chercheurs comme le Pr. Michel
Vekemans, travaillent sur la non
disjonction des chromosomes, la cause
première de la trisomie 21.
Soigner : la vocation du médecin
Le Prix scientifique international Jérôme
Lejeune d'un montant de 30.000 euros a
été remis au Pr Stylianos Antonarakis par
Jean-François Mattei, ancien ministre de
la Santé. Il récompense la contribution
exceptionnelle du Pr Antonarakis au
progrès dans la découverte de pistes
nouvelles pour la compréhension et le
traitement des MGI. Le jury présidé par le
Professeur Michel Vekemans associait
10 scientifiques et un représentant des
donateurs de la Fondation Jérôme
Lejeune.
Dans son discours, Jean-François Mattei
confiait "je veux dire mon admiration et
ma gratitude pour un maître auquel je
dois tant ... c'est un honneur pour moi
d'avoir été élève de Jérôme Lejeune" ...
"Jérôme Lejeune était un visionnaire. (...)
Avec l'arrivée et la banalisation du
diagnostic prénatal, il avait senti qu'une
course allait commencer" entre la
recherche pour la guérison des patients
trisomiques et leur élimination. J.-F Mattei
a rappelé que "la vocation du médecin
reste de soigner."
Lettre mensuelle gratuite, publiée par la Fondation Jérôme Lejeune – 31 rue Galande 75005 Paris.
Directeur de la publication : Jean-Marie Le Méné ; Rédacteur en chef : Aude Dugast
Contact : Aude Dugast - adugast@fondationlejeune.org - Tel : 01.55.42.55.14 Imprimerie PRD S.A. – N° ISSN 1627 – 49 89