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Pour toute utilisation du contenu de ce texte, veuillez citer l’auteur, son organisme d’appartenance, la plateforme «
génétique et société », le module DP04 A « Enjeux éthiques généraux de la recherche » de l’école doctorale Biologie-
Santé-Biotechnologies de Toulouse, le titre du document et la date. Merci.
L’Épicurisme développe donc une morale austère, et possède les traits de toute morale
antique. C’est un eudémonisme, car le but de la morale c’est le bonheur individuel (grec
eudémonia) mais par rapport à un bien jugé comme absolu, c’est un naturalisme, car c’est la
nature qui fixe les normes du bien moral, et elle est composée de préceptes et de conseils
très concrets déterminés par la raison humaine. Enfin, dans le cas de l’Épicurisme le
bonheur étant rattaché au plaisir (grec hédoné), on dit que son eudémonisme est un
hédonisme.
b. La morale stoïcienne
Le mot « stoïcisme » vient du grec « stoa » qui signifie portique. C’est en effet sous un des
portiques (galeries couvertes soutenues par des colonnes) qui entouraient la place principale
d’Athènes – l’agora – que le fondateur du Stoïcisme, Zénon de Cittium (335-264 avant J.-C.),
avait coutume d’enseigner. Zénon, jeune marchand originaire de l’île de Chypre (où se
trouvait Cittium), soudainement ruiné à la suite d’un naufrage, se serait converti à la
recherche de la sagesse en suivant l’enseignement de Cratès le Cynique, à Athènes.
D’emblée, dans la nouvelle doctrine qu’il enseigne, Zénon reprend le positionnement
philosophique d’Épicure, dont nous avons vu qu’il était largement déterminé par les
conditions de l’époque : il s’agissait de trouver des règles de comportement qui puissent
mener l’individu à une sérénité heureuse, en dépit des troubles politiques et sociaux qui
l’environnaient. Sa philosophie devint très populaire à Athènes, d’autant plus que Zénon, en
digne élève des Cyniques, ne faisait aucun compromis pour accorder sa manière de vivre
avec ses idées.
C’est dans le monde romain que le Stoïcisme se popularisera largement. La figure la plus
marquante du Stoïcisme romain est celle d’Épictète (50-130 après J.-C.). Originaire d’Asie
mineure (Turquie actuelle), il arriva à Rome en tant qu’esclave, mais son propriétaire,
quoique violent, lui permit de suivre les cours d’un maître stoïcien, car cela était valorisant
dans l’aristocratie romaine d’’afficher des esclaves lettrés. Devenu libre après la mort de son
propriétaire, il ouvrit une première école de philosophie à Rome, tout en vivant de manière
extrêmement sobre. Vers 94, chassé hors d’Italie avec les autres philosophes par
l’empereur, il fonda sa nouvelle école en Épire (Grèce) où il enseigna jusqu’à sa mort. Un
des ses auditeurs, devenu à la fois philosophe stoïcien et homme politique important – Arrien
– retranscrivit ses notes de cours en 8 livres donc 4 nous sont parvenus sous le titre
d’Entretiens. De ces Entretiens, Arrien a tiré un court traité, très pratique, de morale
stoïcienne : le Manuel d’Épictète.
Le but du sage stoïcien est le bonheur. Et celui-ci est apporté par la philosophie. Mais la
philosophie n’est pas seulement le savoir des maximes de comportements qui rendent
heureux. Car ces maximes en elles-mêmes – qui constituent la morale – ne donnent pas la
force requise pour maîtriser son comportement si elles ne sont pas comprises comme étant
en cohérence avec ce qu’est le monde – ce qu’enseigne la physique – et si le sage n’a pas
une connaissance des pouvoirs de sa raison – c’est l’objet de la logique – qui lui permettent
d’établir cette cohérence. La philosophie stoïcienne doit donc être abordée comme une
philosophie systématique, c’est-à-dire en laquelle aucun des domaines – morale, physique
ou logique – ne peut prendre sa valeur sans la possession des deux autres. L’historien