
Les 
nettoyeurs 
de 
la 
plage 
Les 
talitres 
ou 
"puces 
de 
mer" 
(Crustacés Amphipodes) sont enco-
re  très  abondants  dans  les  vieux 
varechs  et  contribuent 
pour 
une 
grande  part  à  la  dégradation 
de 
cette masse 
de 
matière organique. 
Ils  sont  aidés 
par 
de 
nombreuses 
espèces d'insectes détritivores 
dont 
les populations varient 
en 
fonction 
des saisons. 
Les 
plus répandus sont des Diptères 
dont 
une 
espèce,  01ygma luctuosa 
est particulièrement 
abondante 
sur 
les  côtes 
de 
la  Manche.  L'adulte, 
noir et trapu, vit sous les varechs et 
lorsqu'on le dérange, 
il 
s'enfuit 
en 
bondissant plutôt 
qu'en 
s'envolant. 
Ses  larves 
ou 
asticots  grouillent 
dans  la  masse  pourrissante  des 
varechs ensablés. 
On 
peut 
voir  également 
un 
petit 
Staphylin noir,  Cafius xantholoma, 
qui  s'ensable  rapidement 
si 
l'on 
soulève  les  varechs 
ou 
s'envole 
lorsque la température devient trop 
élevée. 
On 
rencontre aussi 
de 
petits 
Ténébrionidés 
de 
la  couleur 
du 
sable, 
comme 
Phaleria cadaverina, 
difficiles  à  repérer 
du 
fait 
de 
leur 
homochromie 
avec le milieu. 
Il 
existe 
bien 
d'autres espèces détri-
tivores mais leurs populations sont 
nettement 
moins 
abondantes. 
D'autres  insectes,  plus  spécialisés, 
s'attaquent 
même 
aux 
bois échoués 
qu'ils finissent 
par 
réduire 
en 
pous-
sière. 
Les 
prédateurs 
Toute cette biomasse 
de 
nettoyeurs 
attire  des  insectes  prédateurs  qui 
interviennent ainsi  dans l'équilibre 
Ligne  de  varechs  échoués 
sur 
une 
plage 
du 
Cotentin (Cliché 
H. 
Chevin) 
de 
ce  micro-écosystème.  Parmi 
eux, 
on 
peut 
citer 
deux 
gros 
Coléoptères 
Carabiques 
:  l'
un, 
Broscus  cephalotes, 
de 
couleur 
noire, est fréquent 
sur 
le littoral 
de 
la  Manche  et  l'autre,  Eurynebria 
complanata, fauve  clair 
moucheté 
de 
brun
, vit 
sur 
la  côte atlantique 
où 
l'adulte 
comme 
la  larve  font 
une 
grande 
consommation 
de 
talitres. 
Commune 
également 
sur 
les 
plages 
de 
l'
Atlantique
, 
une 
Forficule 
de 
couleur 
claire, 
Labidura 
riparia, 
capture 
ses 
proies à  l'aide 
de 
ses 
mandibules 
ou 
de 
sa 
pince 
située à l'extrémité 
de 
l'a
bdomen. 
Toujours 
parmi 
les  grands 
préda-
teurs,  signalons 
un 
Staphylin  gri-
sâtre,  Creophilus  maxillosus 
qui
, 
bien 
que 
n'étant 
pas 
une 
espèce 
inféodée 
au 
littoral, trouve dans les 
tas 
de 
varechs, 
une 
nourriture 
abondante 
principalement 
compo-
sée 
de 
larves 
et 
pupes 
de 
Diptères. 
D'autres 
espèces, 
plus 
petites, 
notamment 
des 
carabiques 
et 
des 
staphylins, 
s'attaquent 
à 
des 
proies 
plus 
faciles 
comme 
des 
insectes 
minuscules 
ou 
de 
jeunes  stades 
larvaires. 
Enfin, 
par 
beau 
temps, 
des 
insectes  carnassiers 
patrouillent 
au-dessus 
de 
la 
plage 
à  la 
recherche 
d'éventuelles  victimes. 
Citons 
notamment 
les  cicindèles 
dont 
plusieurs 
espèces 
vivent  le 
long 
de 
nos 
plages 
ou 
dans 
les 
dunes 
et 
les  estuaires.  Une 
des 
plus 
communes 
sur 
le  littoral 
atlantique est Cylindera trisignata, 
essentiellement 
prédatrice 
de 
talitres 
ou 
de 
mouches. 
On 
peut 
voir  aussi 
un 
Diptère 
I N
SECTES 
Asilidé,  Philonicus  albiceps, 
de 
couleur 
grise et 
au 
vol très 
rapide 
qui 
fond 
sur 
toute 
proie mobile, y 
compris les cicindèles 
dont 
il 
arrive 
à 
perforer 
la cuticule avec sa trom-
pe 
acérée. 
Un 
petit 
Hyménoptère 
Pompilidé, 
Pompilus plumbeus, plus fréquent 
sur la 
dune, 
s'aventure parfois 
sur 
le 
haut 
de 
la 
plage 
à  la 
recherche 
des 
petites araignées 
qu
'
il 
donne 
à 
sa progéniture. 
Ainsi, 
un 
simple  tas 
de 
vieux 
varechs 
échoués 
et 
à  moitié ensa-
blés  constitue 
un 
milieu  écolo-
gique 
complexe 
où 
s'
entremêlent 
plusieurs 
réseaux 
trophiques. 
Les 
matières 
en 
décomposition 
(varechs,  cadavres,  bois 
échoués, 
etc.) 
sont 
dilacérées 
par 
les détriti-
vores, les 
espèces 
les 
plus 
petites 
reprenant 
les  déchets  laissés 
par 
les plus grosses. Puis cette biomas-
se 
de 
décomposeurs 
attire 
des 
prédateurs 
variés,  certains  très 
polyphages 
ou 
d'autres 
encore 
très spécialisés.  0 
Pour 
en 
savoir 
plus 
Basquin 
P., 
1981  -Contribution à 
l
'étude 
du 
peuplement 
entomolo-
gique 
des 
dunes 
de 
Vauville 
(Manche) -Mém.  Soc.  nat.  math. 
Cherbourg, n058,  pp.35-67. 
Caussanel 
c., 
1970 -Contribution 
à 
l'étude 
du 
peuplement 
d'
une 
plage et d'
une 
dune 
landaise -Vie 
et Milieu, n021, pp.59-104. 
Chevin 
H.,  1969 -Végétation 
et 
peuplement 
entomologique 
des 
terrains 
sablonneux 
de 
la  côte 
ouest 
du 
Cotentin -Mém.  Soc.  nat. 
math.  Cherbourg, n0
52
, pp.7-138. 
Coutin 
R. 
1988, 
Les 
côtes 
rocheuses 
atlantiques : 
un 
milieu 
riche 
en 
insectes.  Insectes n070, 
pp.8-12. 
L'auteur 
Ancien 
chercheur 
à  l'
INRA, 
Henri 
Chevin a 
longtemps 
fait 
partie 
du 
comité 
de 
lecture d'Insectes.  C'est 
un 
spécialiste 
des 
Hy
ménoptères 
Symphytes 
qu
'
il 
continue 
à étudier.