Quelques réflections à propos du transformateur de sortie

Quelques réflections à propos du transformateur de
sortie « lignes » des téléviseurs et moniteurs.
Claude Frantz
5 mai 2015
Résumé
Le présent article se propose d’étudier le fonctionnement de l’étage de
sortie « lignes » à tubes et à semi-conducteurs dans le but d’essayer d’en
déduire des méthodes possibles de test du transformateur de sortie « lignes ».
Bien que le fonctionnement de l’étage de sortie « lignes » ait été décrit par
divers auteurs dans de nombreux livres et articles, il faut bien reconnaître qu’il
demeure, en grande partie, hermétique pour un grand nombre de techniciens s’oc-
cupant de télévision et de moniteurs. Il est probable que de nombreuses de ces
descriptions-là restent incomplètes ou plus ou moins impénétrables. Nous entre-
prendrons donc d’abord un nouvel effort pour tenter d’expliquer le fonctionnement
de cet étage. Pour cette explication, nous partirons d’un schéma réduit au strict
minimum de composants, afin de ne pas nous encombrer de détails, qui risque-
raient de voiler l’essentiel. Les valeurs numériques, données ici, ne sont qu’un
ordre de grandeur permettant au lecteur de mieux se faire une idée. Elles n’ont pas
valeur d’évangile. Elles se réfèrent au cas d’un balayage entrelacé à 625 lignes et
25 images par seconde, avec un tube à rayons cathodiques noir et blanc ayant un
angle de déflection de 110˚.
Notre explication se fera par une séquence de phases, qui se répètent dans
l’ordre pour chaque ligne. Même si une répétition de certains termes peut conduire
à une phrase bancale, nous préférerons accepter ce défaut plutôt que de risquer une
possible confusion.
Le présent article se réfère principalement aux circuits utilisés sur les télévi-
seurs. On peut aussi les retrouver sur les moniteurs simples. Dans le cas des moni-
teurs « multisync », les choses sont plus complexes et les circuits aussi. Pourtant,
les bases restent les mêmes.
1 L’étage à tubes
1.1 Structure de l’étage
Le circuit (Figure 1) est construit autour du transformateur de sortie « lignes »
Tr1, ayant de multiples enroulements. Pour l’explication, qui va suivre, nous nous
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V1
V2 L2
L1
L3
L4
Tr1
L5
+Vb
C1
FIGURE 1: Le circuit à tubes
limiterons d’abord à trois de ces enroulements. L’enroulement L4 ne sert que d’exemple
pour un enroulement additionnel. Le tube pentode V1 1est commandé par un signal
presque rectangulaire, si bien qu’on peut presque considérer qu’il est soit bloqué,
soit conducteur au maximum. La diode V2 ainsi que le condensateur C1, dits « de
récupération », jouent un rôle assez particulier qui va être décrit plus en détails.
Les bobinages de déflection L5 sont connectés à l’enroulement secondaire L3. Le
fonctionnement du circuit doit toujours être analysé avec les bobinages de déflec-
tion connectés à L3. L’influence de ceux-ci importe beaucoup. L’enroulement L1
constitue le primaire proprement dit. L’enroulement L2 est une sorte de rallonge
du primaire, mais son rôle est important.
1.2 Fonctionnement
1.2.1 Spot allant du centre vers la droite de la ligne
Au début de la phase : C1 est chargé par la tension récupérée à environ 700 V,
sa tension est négative au point relié à +Vb. V1 et V2 sont bloqués.
Durée de la phase : Environ 25 µs.
Évènement déclenchant la phase : V1 devient conducteur en raison du si-
gnal de commande à sa grille.
Un courant grandissant commence à circuler de +Vb, par C1, L1, L2 et V1. La
tension sur C1 étant en série avec la tension d’alimentation +Vb, c’est comme si
1. Il s’agit presque toujours d’une penthode à faisceaux.
2
l’ensemble L1, L2 et V1 était alimenté par une source, dont la tension serait égale
à la somme de la tension d’alimentation +Vb augmentée de la tension de récupé-
ration présente sur C1. Un courant, transformé par le rapport de transformation,
se retrouve au secondaire auquel sont raccordés les bobinages de déflection. C1 se
décharge quelque peu en raison du courant qui le traverse. En raison du rapport des
choses entre elles, la tension à la cathode de V2 dépasse celle de +Vb au début de la
phase, bloquant donc V2. Mais cette tension à la cathode diminue progressivement.
Lorsqu’elle devient inférieure à +Vb, le tube V2 devient conducteur, si bien que le
tube V1 doit fournir le courant traversant V2 en plus de celui traversant déjà L1. En
raison de l’inductance propre de L2 et en raison de son couplage à L1, le courant
traversant L1 augmente moins vite dans L1, dès que V2 commence à conduire.
Cela aide accessoirement à contrecarrer la distorsion tangentielle inévitable dans
le cas de tubes à rayons cathodiques ayant un angle de déflection non négligeable.
L’interaction des choses est assez complexe durant cette phase. Elle résulte surtout
du couplage entre L1 et L2.
1.2.2 Spot allant de la droite vers le centre de la ligne (balayage de retour)
Au début de la phase : Le transformateur a emmagasiné de l’énergie.
Durée de la phase : Environ 5 µs.
Évènement déclenchant la phase : V1 se bloque en raison du signal de com-
mande à sa grille.
Le transformateur tente de maintenir le courant dans ses enroulements, produi-
sant une surtension de rupture aux bornes de tous ses enroulements. Le signe de
cette surtension de rupture est inverse de celui de la tension, qui était présente sur
l’enroulement juste auparavant (loi de Lenz-Faraday 2). V1 et V2 étant maintenant
bloqués, un courant ne peut s’établir dans L1 que sous la forme d’une oscilla-
tion sur les capacités parasites de l’enroulement auxquelles s’ajoutent les capa-
cités transformées par l’effet du transformateur. Dans certains cas pratiques, une
capacité matérielle peut y être ajoutée. Le courant est de nouveau répercuté sur
l’enroulement secondaire L3 et donc sur les bobinages de déflection. Cette oscil-
lation provoque ainsi une montée de la tension aux bornes des enroulements en
même temps qu’une diminution du courant y affairant. C’est la première partie du
balayage de retour.
1.2.3 Spot allant du centre vers la gauche de la ligne (balayage de retour)
Au début de la phase : L’oscillation continue son cours.
Durée de la phase : Environ 5 µs.
2. Un changement d’état d’un système électromagnétique provoque un phénomène dont les effets
tendent à s’opposer à ce changement. La polarité de la tension induite est telle que si le courant peut
circuler, il génère un flux qui tend à s’opposer à la variation du flux inducteur.
3
Évènement déclenchant la phase : Toute l’énergie est passée de l’inductance
au condensateur. Le courant dans L1 est devenu nul, la surtension est à son
maximum.
La polarité des tensions et courants s’inverse sur et dans les enroulements.
L’énergie emmagasinée dans le condensateur est repassée à l’inductance.
1.2.4 Spot allant de la gauche vers le centre de la ligne
Au début de la phase : L’oscillation tente de continuer son cours.
Durée de la phase : Environ 25 µs.
Évènement déclenchant la phase : Toute l’énergie est passée du condensa-
teur à l’inductance. Le courant a atteint un maximum, la tension est deve-
nue nulle sur l’inductance.
L’énergie emmagasinée dans l’inductance est prête à être repassée au conden-
sateur. La polarité des tensions et courants s’inverse à nouveau sur et dans les en-
roulements. Mais comme la tension à la cathode de V2 devient maintenant infé-
rieure à +Vb, la diode V2 commence à conduire. Rappelons que V1 est et reste
bloqué. Un courant circule donc maintenant dans l’ensemble L1, V2 et C1 en sé-
rie. Le condensateur de récupération C1 se recharge avec l’énergie emmagasinée
par L1 ; il forme un circuit oscillant avec lui et entre en oscillation sur une fré-
quence bien plus faible qu’auparavant, car la capacité de C1 est bien plus grande
que les capacités parasites (et autres) avec lesquelles l’oscillation venait de se faire
durant le balayage de retour.
1.3 Notes à propos du fonctionnement
Nous remarquons que l’énergie n’est puisée sur la source d’alimentation que
pendant que V1 est conducteur, c’est à dire durant la seconde moitié du balayage
avant (voir 1.2.1). L’énergie, utilisée pour toutes les autres phases, ne provient que
de l’énergie emmagasinée durant cette seconde moitié du balayage avant. C’est
aussi de cette énergie-là que provient celle emmagasinée par le condensateur de
récupération.
Le déblocage de V1 ne s’effectue qu’assez progressivement en raison du circuit
de mise en forme (appelé « peaking » en bon franglais) présent dans le circuit de la
grille de commande de V1. Le blocage de V1, par contre, s’effectue de façon bien
plus brutale.
Les bobinages de déflection forment un ensemble très solidaire avec le trans-
formateur de sortie « lignes ». Ces deux composants sont faits pour fonctionner
l’un avec l’autre. Leurs caractéristiques se complètent. L’étage de sortie « lignes »
ne peut pas fonctionner correctement sans les bobinages de déflection. En pratique,
la prise, par laquelle les bobinages de déflection sont connectés au reste de l’ap-
pareil, comporte un moyen d’interrompre le fonctionnement de l’étage de sortie
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« lignes » si les bobinages de déflection sont déconnectés, afin d’éviter d’endom-
mager certains éléments de l’appareil. L’analyse du fonctionnement de l’étage de
sortie « lignes » ne peut se faire qu’en tenant compte des bobinages de déflection.
Le courant dans l’enroulement primaire L1 est toujours lié à une oscillation
avec un condensateur, mais ce dernier n’est pas toujours le même, selon la phase.
De même en est-il de la fréquence de résonance du circuit oscillant que forme L1
avec le condensateur. C’est donc un peu comme si cette fréquence de résonance
était commutée d’une valeur à une autre, selon la phase. Contrairement à ce que
certains auteurs ont écrit, la diode de récupération V2 n’est pas, à elle seule, res-
ponsable de cette commutation. Ceci ressort bien de l’analyse précédente.
1.4 Notes à propos du circuit
Les variantes de ce circuit, rencontrées en pratique, sont innombrables. Pour-
tant, elle ont toutes les mêmes bases communes exposées ici, même si l’examen
du schéma laisse souvent difficilement apparaître le circuit de base. S’ajoutent à ce
circuit de base, selon les cas, divers circuits accessoires. Le plus important d’entre
eux est l’enroulement THT monté sur le transformateur, avec son circuit redres-
seur. Si ce dernier comporte un tube, un autre enroulement du transformateur se
chargera d’obtenir le courant de chauffage de la cathode de ce tube redresseur. Ce
circuit accessoire est toujours présent. On rencontre souvent divers enroulements
additionnels sur le transformateur ou bien des prises sur les enroulements déjà dé-
crits. Ils servent à fournir le signal présent sur le transformateur, à une amplitude
plus réduite, à d’autres circuits de l’appareil. Cela peut servir à obscurcir la trace
sur l’écran durant le retour, à fournir un signal à une VDR afin de pouvoir dispo-
ser d’un signal destiné à stabiliser la largeur de l’image et la tension THT ou bien
encore à alimenter un discriminateur de phase dans le cas d’un système de syn-
chronisation horizontale indirecte. Sur certains appareils plus anciens, la largeur
de l’image pouvait aussi être ajustée en modifiant la connection des bobinages de
déflection sur diverses prises du transformateur. Voici quelques variantes rencon-
trées en pratique, avec le circuit à tubes :
Le condensateur de récupération retourne à la masse plutôt qu’à la haute
tension.
Les bobinages de déflection sont connectés sur L1 à la manière d’un auto-
transformateur. L1 et L3 sont alors partiellement confondus. Habituelle-
ment, l’enroulement THT fait suite à L2, constituant alors aussi un auto-
transformateur. Occasionnellement, les bobinages de déflection peuvent
être connectés à un enroulement, faisant partie de l’auto-transformateur,
à un bout, et à un enroulement séparé, à l’autre bout.
Le condensateur de récupération peut être intercalé entre deux enroule-
ments du transformateur, plutôt que d’être connecté à l’extrémité. Cette
manière de faire se rencontre dans le cas du cadrage électrique. Occasion-
nellement, un condensateur de récupération intercalé peut se rencontrer en
même temps qu’un second condensateur de récupération monté à l’extré-
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